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 TSF4 de Pincerie

Les Sept Laux

Doppelmayr

T2 ES
Description rapide :
TSF4 Doppelmayr à motrice enterrée

Options techniques :
  • Tapis d'embarquement ou de positionnement
  • Motrice enterrée
Année de construction : 2006

Remplace l'appareil suivant :



 
Auteur de ce reportage : fufu
Section écrite le 11/02/2008 et mise à jour le 14/02/2008
(Mise en cache le 23/08/2013)

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Histoire de l’appareil et détails de l’investissement

Le TSF4 de Pincerie a été construit en 2006. Il remplace le TSD3 du même nom dont il emprunte le tracé en tous points, seule la gare de départ ayant été déplacée afin de libérer de l’espace sur le front de neige. Construit en 1982, l'ancien TSD3 était alors un engin qui faisait figure de précurseur en matière de téléportés, en ce sens ou il était le deuxième TSD3 léger construit par Pomagalski. Le premier, démonté en 1998, avait également été installé sur les pentes des Sept-Laux, à Prapoutel. Le TSD3 des Lattes à Corrençon en Vercors, sur le domaine de Villard-de-Lans, était le troisième appareil de ce type. C’est aujourd’hui le seul et unique représentant de cette génération de télésièges débrayables tri-places à gares Delta.

Le TSD3 de Pincerie faisait partie de l’un des grands plans d’investissements des Sept-Laux visant à poursuivre l’équipement du versant Pleynet dont la capacité en hébergements s’accroît de saisons en saisons (Jusqu’à 1200 lits vont être créés jusqu’en 1985). D’autre part, il est essentiel de dynamiser ce secteur qui est la clé de l’ouverture des Sept-Laux à la clientèle chambérienne. En effet, rallier la capitale de la Savoie à Pleynet est équivalent en temps que rallier Grenoble à Prapoutel ou Pipay. Ce télésiège constitue une liaison nouvelle vers le plateau de Pincerie situé à l’Est du domaine.

La SEMT7L (Société d’Economie Mixte des Téléphériques des 7 Laux), exploitant du domaine, a inscrit le remplacement de cet appareil dans son dernier plan neige (comprenant la modernisation de la quasi-totalité des liaisons) en raison de la vétusté de l’appareil et des problèmes électriques dont il faisait l’objet. De plus, le TSD3 de Pincerie devant subir une grande visite à court terme dont le coût était non négligeable, le remplacement était devenu logique. C’est donc en 2006 qu’il a été décidé de procéder au démontage de l’appareil Poma et à la construction d’une nouvelle installation. Le choix de la SEMT7L s’est porté sur un TSF4.

Le nouvel appareil

Surprenante aux premiers abords, ce que l’on pourrait qualifier de « marche arrière technologique » se révèle être un choix judicieux de la part de l’exploitant. La technologie fixe a été dictée par le montant de l’investissement et la simplicité d’entretien d’un TSF4. D’autre part, affichant un débit de 2400 p/h, Pincerie offre un moment de puissance largement supérieur à son prédécesseur qui transportait 1300p/h. Augmentation des performances, diminution des coûts, rationalisation du parc de remontées mécaniques du domaine et un excellent confort offert aux clients caractérisent donc cet investissement. D’un point de vue de l’exploitation, il n’était pas rare de ne pas pouvoir démarrer l’ancien appareil, pris dans la glace. De ce fait, un télésiège fixe à treuil enterré offre une bien meilleure disponibilité en cas de mauvaises conditions climatiques, ce qui est vérifié tout au long de la saison : Quelques soit les conditions, le TSF4 s’avère être l’un des premiers appareils à être mis en service.

Le télésiège de Pincerie est le troisième TSF4 construit par Doppelmayr en France après les TSF4 du Glacier (La Plagne), de Pré-Novel (Val-Cenis). Il s’agit en outre du premier et du seul TSF4 Doppelmayr équipé d’un treuil enterré.

C'est la SEIREL qui a fourni l'ensemble de l'équipement électrique de cet appareil, qui est équipé du système de supervision évolué "Suprême". En plus d'offrir les solutions d'exploitation classiques (Ecran tactile, archivage des défauts, déclenchement des tests...), ce produit permet d'enregistrer sur de longues périodes (De saisons en saisons), diverses informations : Courbes de vitesses, rapports d'exploitation... Il est également possible depuis un PC situé dans les bureaux ou depuis les locaux de SEIREL d'accéder au système d'exploitation de l'appareil et éventuellement d'en prendre la main (Hors conduite de l'appareil).

A l’occasion du remplacement, le nom de la liaison devait être modifié : Pincerie était prévu pour s’appeler le TSF4 de l’Ours, dans la continuité de tout les autres appareils qui portent des noms d’animaux de montagne (Bouquetin, Aigle, Eterlou, Chamois, Grand-Cerf, Marmottons, Ecureuil, Loups…). Cependant, afin de maintenir des points de repère connus des clients, le nom de Pincerie a été maintenu, ce qui, de manière plus anecdotique a permis de réaliser des économies de signalétique et de ne pas avoir à refaire le plan des pistes…

Stratégie de l’appareil sur le domaine

Voici l’emplacement du TSF4 de Pincerie sur le domaine :

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L’offre ski offerte par cet appareil n’est pas très importante. Il ne dessert à lui tout seul qu’une piste bleue (au demeurant fort agréable) permettant le retour à Pleynet, en gare aval, ainsi que l’un des trois restaurants d’altitude. Le TSF4 de Pincerie revêt cependant plusieurs casquettes stratégiques :

Il permet le retour le plus facile sur le versant Pipay/Prapoutel via le téléski des l’Ecureuil et le chemin de Chanterelle. Les deux autres liaisons de retour sont les chaines constituées du TSD4 de l’Aigle suivi du TK des Loups ou du TSF4 de l’Oursière. Il est d’autre part l’une des portes d’entrée principale des deux snow-parc du domaine, ainsi qu’au border-cross. Ces deux équipements essentiels pour l’image de la station, et d’une qualité reconnue, sont entièrement desservis par le téléski bi-place du Soleil, qui assure la remontée des usagers. Enfin, il permet aux skieurs de fond d’accéder au domaine de fond situé sur le plateau de Pincerie.

Fort de ces nombreuses fonctions, le succès de cet appareil ne se dément pas comme en atteste sa fréquentation tout au long de la journée, ou il n’est pas rare d’observer une courte attente. Le TSD3 ne semblait pas connaître la saturation, mais la réorganisation de la partie Est de Pleynet (Notamment la liaison facilitée vers Prapoutel et Pipay, et les snow-parcs) a déplacé l’intérêt de la clientèle vers Pincerie, ce qui justifie l’augmentation du débit.

Caractéristiques techniques

Caractéristiques administratives

• Type : TSF
• Année de construction : 2006
• Constructeur : Doppelmayr
• Maitre d’œuvre : DCSA
• Exploitant : SEMT7L

Caractéristiques d’exploitation

• Capacité par véhicule : 4 personnes
• Débit horaire : 2200 p/h
• Capacité en montée : 100%
• Capacité en descente : 50%
• Vitesse : 2,5m/s
• Temps de montée : 8 mn
• Tapis d’embarquement : Oui

Caractéristiques géométriques

• Longueur horizontale : 1115m
• Longueur suivant la pente : 1200m
• Altitude de départ : 1460m
• Altitude d’arrivée : 1895m
• Dénivelé : 435m
• Pente maximum : 75%
• Pente moyenne : 40%

Caractéristiques techniques

• Sens de montée : Gauche
• Position motrice : Amont
• Position tension : Aval
• Type de treuil : Enterré
• Type de motorisation principale : Moteur à courant continu
• Puissance du moteur principal : 380kW
• Type de motorisation de secours : Moteur hydraulique et couronne dentée
• Type de tension : Hydraulique
• Tension nominale : 29000 daN
• Diamètre de la poulie motrice : 4800mm
• Diamètre de la poulie retour : 4800mm
• Largeur de la voie : 4800mm
• Diamètre du câble : 45mm
• Nombre de pylônes : 15
• Nombre de pylônes support : 12
• Nombre de pylônes compression : 1
• Nombre de pylônes support/compression : 2
• Nombre de véhicules : 149

Gare aval

Implantée au plus près de la pente dans un décaissement pratiqué dans le sol, la gare aval a été avancée par rapport à l’ancienne gare du TSD3 qui était situé 30m derrière à la place de l’actuelle aire de pic-nic.

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Vue de la gare aval depuis les pistes

La gare est soutenue par un unique massif en béton qui supporte le lorry de tension composé de deux vérins montés de part et d’autre. La centrale de tension est logée à l’avant du massif.
Il est possible de réaliser des reprises de tension du câble à l’aide des ancrages prévus à l’arrière du massif.

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Vue de la gare aval

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Vue de la gare aval. Notez le peu de course restante des vérins de tension.

La poulie retour est couverte sur sa face supérieure. Afin d’assurer la stabilisation des véhicules, une couronne est prévue sous la gorge afin que les suspentes puissent s’y reposer. De plus, un doigt en matière plastique prend appui sur le dessus de la poulie, au dessus de la gorge. Le siège est donc complètement maintenu. Avant l’entrée, et dès la sortie de la poulie, un rail de guidage prend en charge les sièges en guidant en translation la suspente jusqu’au premier balancier.

L’embarquement est réalisé à l’aide d’un système de départ cadencé et d’un tapis d’embarquement fourni par Emegi. Il s’agit du deuxième tapis d’embarquement du domaine, après celui installé sur le TSF4 de l’Eterlou. Une dynamo tachymétrique positionnée sur une couronne montée sur la poulie donne une image de la vitesse du câble au tapis d’embarquement afin d’asservir leur vitesse.

Le débarquement en descente est prévu immédiatement à la sortie du balancier d’alignement. Pour le faciliter, une cellule photo-électrique détecte l’embarquement de passagers piétons en gare amont, en informe l’automate qui enclenche alors un décompte d’impulsions permettant d’évaluer la position du siège sur la ligne. Au terme de ce décompte, lorsque le siège se présente en gare aval, l’appareil est automatiquement ralenti pour permettre aux piétons de débarquer. Une temporisation fait repasser l’installation en grande vitesse. La détection de non-débarquement en descente est réalisée à l’aide d’une cellule photo électrique qui remplace le traditionnel fin de piste construit autour d’une tige reliée à un capteur. Pour assurer la sécurité de l’ensemble de la gare, le conducteur en poste dispose d’un boitier de commande déporté fixe.

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L’embarquement

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Détail de la poulie retour montée sur son lorry, et de la dynamo tachymétrique.

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Vue de la gare après l’embarquement

Gare amont

La gare amont du précédent TSD3 était située sur une volumineuse butte qui a été supprimée lors de la construction du TSF4 de Pincerie.

A l’image du TSD6 des Chamois, le treuil est enterré, ce qui, pour un TSF est suffisamment rare pour être souligné. Ce choix a été dicté d’une part par le bruit généré par l’appareil, situé à une dizaine de mètre de la terrasse du restaurant de Pincerie. Le silence est une véritable révolution par rapport au TSD qui était très bruyant ! Les conditions climatiques particulièrement rigoureuses le justifient également comme cela a été développé précédemment.

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La gare amont et la machinerie en dessous

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Gare amont

A l’image de la gare aval, des rails de stabilisation latéraux complétant la stabilisation du siège dans la poulie ont été prévus au débarquement et l’embarquement

La zone d’embarquement des piétons a été particulièrement soignée. Un accès délimité, propre, en dehors du volume d’évolution des sièges, permet aux usagers d’accéder en toute sécurité à la zone après avoir obtenu l’accord du conducteur. Celui-ci dispose également de larges zones de circulation et d’une commande déportée.

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Vue générale de la gare amont, de la poulie motrice et de l’arbre de transmission

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Vue générale de la gare amont

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Le débarquement

D’un point de vue technique, l’entrainement principal est réalisé à l’aide d’un moteur à courant continu de 380kW entrainant un réducteur épicycloïdal de facture Doppelmayr-Lohmann, adapté aux treuils enterrés. Le couple est transmis par un arbre parfaitement vertical, et ce, sans l’aide d’aucun cardan. En cas de défaillance notoire, l’appareil est évacué à l’aide de la marche de secours. Un moteur thermique entraine une pompe hydraulique qui actionne deux moteurs hydrauliques qui engrainent sur une couronne dentée prévue sur la poulie motrice. Cette configuration autorise le rapatriement des passagers dans la quasi-totalité des cas, y compris en cas de bris de réducteur.

Des marchepieds escamotables sont positionnés de part et d’autre du massif, permettant un accès aisé aux organes mécaniques (Freins et moteurs hydrauliques, notamment).

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La gare amont vue de dessous.

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Vue de l’aire d’embarquement piétons

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Détail de l’un des moteurs hydraulique (En jaune, débrayé), de son pignon d’entrainement, et de la couronne. La dynamo tachymétrique câble est également visible en bleu.

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Détail du deuxième moteur hydraulique. L’un des freins d’urgence (hydraulique) monté sur la poulie est visible (Bleu)

Ligne

La ligne ne présente aucune difficulté. La pente la plus importante de l’ordre de 70% est située entre le P1 (compression de sortie de gare) et le P2. Le tracé est identique au précédent appareil dont quelques massifs sont encore visibles.
L’équipement en montée et l’équipement en descente diffère. On peut mettre en parallèle cette caractéristique avec la capacité en descente de ce TSF4 qui est de 50%.

A l’instar de certains appareils construits la même année par Doppelmayr, les balanciers utilisés sont issus du marché autrichien. Ce matériel se caractérise notamment par des différences de conception notables entre les balanciers support-compression français et les mêmes issus d’Autriche. La détection de déraillement du câble est uniquement obtenue par rotation des portées de galets, entrainant la rupture d’une barrette cassante. En outre, la détection du câble dans les rattrapes-câbles n’est pas prévue.

Le confort de l’ensemble est tout à fait remarquable, quelque soit le chargement du siège. Le câble de diamètre 45mm est du type lang à droite. Il a été fourni par Tréfileurope.

Voici quelques vues de la ligne :

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La gare aval, vue des pistes

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Le début de la ligne

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Le début de la ligne, vu en direction du front de neige de Pleynet

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Le pylône P3

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Tête de pylône du P3, vue du sol

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Le pylône P4

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Détail des balanciers support

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P9

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P11

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P13

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P14

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La fin de la ligne, au soleil, vue depuis la gare amont

Véhicules

Au nombre de 149, les sièges sont pourvus de trous dans le dossier favorisant la tenue au vent. La moitié des sièges est équipée d’un panier permettant d’y déposer les skis (De piste, de fond, raquettes à neige…) des clients empruntant l’appareil à la descente. En effet, l’embarquement et le débarquement ne s’effectue pas skis aux pieds. Le relevage du garde-corps est obtenu par action d’un ressort relié à l’aide d’une câblette.

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Siége équipé du panier, vu de coté

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La pince fixe Doppelmayr

Conclusion

En se penchant sur le produit offert par la station dans ce secteur, il apparaît que l’intérêt du TSF4 de Pincerie est indéniable, et qu’il convient au cahier des charges imposé. Cet appareil ne semble pourtant pas faire l’unanimité auprès de la clientèle des Sept-Laux, parfois encore surprise par le remplacement d’un TSD par un TSF, bien que le débit soit clairement amélioré. D’aucun n’ont pas manqué de souligner que le temps de montée est plus long, et que les ralentissements et les arrêts sont fréquents (Dont certains étaient justifiés par des problèmes techniques identifiés par la SEMT7L et aujourd'hui résolus).

Parce que la gestion d’un domaine skiable ne doit pas s’arrêter à la performance pure des appareils et à leur vitesse, la SEMT7L a privilégié une vision à long terme du développement de la station : un investissement mesuré lui permettant d’envisager sereinement l’avenir par rapport aux emprunts précédents à rembourser, et ceux à venir après une saison 2006-07 difficile. Ce TSF4 illustre donc parfaitement la politique raisonnée menée depuis de nombreuses années consistant à améliorer sans cesse le domaine, sans jamais hypothéquer sa pérennité.

Aux Sept-Laux, on vous expliquera que l’exploitation d’un domaine skiable et des remontées mécaniques repose sur l’humilité et la modestie de ceux qui le font vivre. N’est-ce pas là un bon exemple de leur part ?





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