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 TSF4 de Fontbelle

L'Alpe d'Huez (Alpe d'Huez Grand Domaine Ski)

Poma

T2 HS
Options techniques :
  • Tapis d'embarquement ou de positionnement
Année de construction : 1994
Année de fin de service en : 2009

Appareil réimplanté
Réimplanté comme :



 
Auteur de ce reportage : benj
Section écrite le 03/12/2009 et mise à jour le 11/02/2010
(Mise en cache le 23/08/2013)

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L'Alpe d'Huez : présentation et historique

L'Alpe d'Huez est une station de sport d'hiver et d'été répertoriée station climatique, située en Isère, au coeur de l'Oisans. Elle est la station centrale du domaine skiable du massif des Grandes Rousses qui réunit autour d'elle les stations d'Auris-en-Oisans (les Orgières), de Villard-Reculas, d'Oz-en-Oisans (l'Olmet) et de Vaujany.
L'espace de ski de l'Alpe d'Huez s'étend entre le village d'Huez, situé à 1500m d'altitude et le sommet du Pic du Lac Blanc à 3330m d'altitude, soit 1830m de dénivelé qu'il est possible de dévaler d'une traite.

L'Alpe d'Huez s'est installée sur les alpages du village d'Huez-en-Oisans à 1860m d'altitude. Si les premiers skieurs fréquentaient le village depuis 1911, l'Alpe d'Huez a commencé véritablement à se développer à partir de 1935, grâce à la modernisation de la route d'accès à Huez et à la construction de la route entre Huez et son Alpe. L'année suivante, c'est l'électricité qui fit son arrivée à l'Alpe, jusqu'au chalet du Touring Club de France, au lieu-dit "les Jeux", jonction entre les pentes du Signal d'Huez et des Grandes Rousses à 1860m d'altitude. Ces deux événements combinés vont initier le développement de la station en permettant aux pionniers d'acheminer facilement les matériaux nécessaires à l'équipement en hôtels et montes-pentes. Ainsi, lorsque l'Alpe d'Huez est devenue une station de ski en 1936, elle comptait 3 hôtels et déjà 2 téléskis sur la douzaine existant en France cette même année. Le mythe était déjà en marche.

Face au succès rencontré, les investisseurs privés poursuivirent l'extension du domaine skiable avec la création de nouveaux téléskis dans les années 40. Développement privé qui trouva son apogée au début des années 50 avec la construction des deux premiers tronçons des téléphériques des Grandes Rousses, chargés de symbole et première étape d'une chaîne de téléphériques qui devait mener à terme au sommet du Pic du Lac Blanc, à 3330m d'altitude.
Mais rapidement l'investissement privé va montrer ses limites : une faible capacité d'investissement et d'endettement empêchant la modernisation ou l'extension de l'existant, une rentabilité hasardeuse, parfois même la surfréquentation sur certains appareils. Les premiers signes de faiblesse de ce mode de gestion apparaissent, et persistent de reprises en reprises. C'est alors qu'en 1958, après 4 saisons d'exploitations non rentables, après plusieurs incidents légers et des pannes sérieuses, le propriétaire des téléphériques abandonna leur exploitation.

Ce dernier événement historique a conduit à la création de la SATA (Société pour l'Aménagement Touristique de l'Alpe d'Huez) dont la première mission était d'assurer la remise en route et l'exploitation des téléphériques des Grandes Rousses déjà devenus indispensables pour le bon fonctionnement de la station.
Réunis autour de la SATA, devenue l'interlocuteur privilégié du développement du domaine skiable, des commerçants, des hôteliers et des habitants de la station vont alors pouvoir montrer très vite leur force et leur capacité d'investissement. Ainsi depuis sa création le 20 octobre 1958, il ne s'est pas passé une année sans que la SATA n'investisse sur le domaine skiable. Investissements qui ont consisté, dans un premier temps, à racheter les installations existantes et à en construire de nouvelles, étendant ainsi le domaine skiable sur le territoire d'Huez d'abord puis à ses voisins ensuite. Avec l'augmentation de la fréquentation, l'agrandissement de la station et la nécessité de garantir un enneigement durable, les investissements ont portés dans un second temps sur l'équipement en neige de culture et l'amélioration des liaisons dans la station et à l'intérieur du domaine skiable. Depuis quelques années les investissements portent sur la modernisation des équipements et l'amélioration de la sécurité des pistes.

Plus de cinquante ans d'évolution résumés par ces événements marquants de l'histoire de la SATA et du domaine skiable de l'Alpe d'Huez et du massif des Grandes Rousses :

  • la construction du troisième tronçon du téléphérique des Grandes Rousses par Neyrpic entre 1960 et 1962, un appareil ultra moderne, le plus grand du monde à l'époque ;
  • la liaison vers le domaine skiable d'Auris en 1971 puis son exploitation à partir de 1973 ;
  • la transformation des deux premiers tronçons du téléphérique des Grandes Rousses en télécabine débrayable moderne en 1975 ;
  • la profonde mutation de la station et l'amélioration de la desserte du domaine en 1986 : DMC des Grandes Rousses, TCD Marmottes 1, TSF Eclose, Bergers et Romains ;
  • l'ouverture du domaine skiable aux nouvelles stations d'Oz-en-Oisans et de Vaujany entre 1987 et 1989 ;
  • et enfin la finalisation du deuxième accès au domaine d'altitude avec la construction de Marmottes 2 en 2000 et de Marmottes 3 en 2003-2004 superbement conclut par le remplacement de Marmottes 1 en 2009.
Pour les années à venir les défis sont multiples : il faudra continuer à moderniser les équipements en réduisant le nombre de remontées mécaniques sur le domaine skiable et en rationalisant les déplacements dans la station ; développer la capacité d'accueil en construisant de nouveaux lits ; continuer à garantir l'enneigement des pistes les plus fréquentées et les plus réputées du domaine skiable ; le tout en réduisant l'impact environnemental des activités liées au tourisme en station de ski.



Le télésiège de Fontbelle : historique

Après les lourds investissements de l'année 1986 et l'ouverture du domaine skiable aux nouvelles stations d'Oz en Oisans et de Vaujany entre 1987 et 1989, les investissements en remontées mécaniques nouvelles se sont fait plus rares. Et dans un premier temps les remontées nouvelles étaient d'occasion. C'est le cas pour le TSD4 Auris Express en 1991 et construit à partir des éléments du TSF4 Prérond qu'il a remplacé ; le TSF2 Louvets également en 1991 (démonté en 2006) construit à partir des éléments du TSF2 du Col de Maronne ; et puis le TSF4 de Fontbelle en 1994, objet de ce reportage, conçut à partir des éléments du TSF4 de Puy Chalvin à Serre-Chevalier.

Avant la construction de Fontbelle, le front de neige des Bergers était constitué de la TCD Marmottes 1, des téléskis triple des Bergers, et des téléskis débutant des Poussins et du Rif Nel. Dans cette configuration, la seule véritable liaison avec le front de neige des Jeux passe par la télécabine et le petit mur emblématique de la piste bleue du dahut. Une liaison pas vraiment adaptée aux skieurs débutants souhaitant varier leur choix de pistes vertes.
Il s'agit donc de créer une remontée permettant une liaison facile vers les Jeux, d'accès aisé, reposante et qui pourrait pourquoi pas désengorger la télécabine : un télésiège s'est donc avéré parfaitement adapté à cette configuration.
Pour limiter au minimum les dépenses liées à cette opération, c'est un télésiège d'occasion qui sera installé. N'en ayant pas sous la main, la SATA va s'orienter vers le village de Puy Chalvin relié au domaine skiable de Serre Chevalier par un TSF4 qui n'a presque pas fonctionné depuis sa construction en 1988.

L'histoire du télésiège de Puy Chalvin est mouvementée et les sources d'information sur cet appareil sont précises concernant sa période d'installation à Puy Chalvin et beaucoup moins précises sur son démontage et la période qui s'en suivit.
Commençons donc par les certitudes : cet appareil desservait le versant sud du Prorel, entre 1600m et 2000m d'altitude et se situait juste en dessous du TSF4 du Rocher Blanc. Un secteur très peu enneigé à cette altitude, tout du moins à cette période, à tel point qu'il semblerait que le télésiège de Puy Chalvin n'aie jamais été ouvert au public. Il était composé d'une gare aval à poulie retour fixe, d'une gare intermédiaire à la cote 1950 et d'une gare amont motrice et tension de type alpha. Le sens de montée était à gauche.
Continuons par ce que j'ai glané de ci de là sur le web : le télésiège de Puy Chalvin a été démonté en 1992 ou 1993 après une saison ou deux de disparition du plan des pistes de Serre-Chevalier.

Les éléments récupérés ont servis à la construction de deux appareils distincts en 1994 : le télésiège de Fontbelle à l'Alpe d'Huez et le télésiège du Lac de la Vieille à Valloire. A propos de ce dernier, voici ce que disait le magazine Aménagement & Montagne dans son numéro de Février 2003 : "[...] cet appareil a déjà été récupéré et reconstruit en 1994 avec des composants provenant d'autres installations. La ligne vient en partie d'Ax les Thermes où elle n'avait jamais été montée. Les gares proviennent de Briançon, via l'Alpe d'Huez. Elles comptaient 80 heures de rodage.[...]"
Tout semble à peu près clair : la ligne du télésiège de Fontbelle vient de Serre-Chevalier, par contre pour les gares, on ne sait pas d'où elles viennent ou si elles sont neuves. Mais la phrase "Les gares proviennent de Briançon via l'Alpe d'Huez" sème un peu le trouble. Pourquoi les gares de Puy Chalvin seraient venues se perdre à l'Alpe pour finir à Valloire, mystère.

Sources :


Le télésiège de Fontbelle : situation

Le télésiège de Fontbelle avait pour rôle principal de créer une liaison facile vers les Jeux depuis les Bergers. Il permettait aussi de diversifier l'offre de pistes vertes au départ des Bergers. Certaines de ces pistes n'étaient d'ailleurs plus entretenues ces dernières saisons. La piste Fontbelle présentait la particularité singulière d'être la seule piste verte à bosses du domaine, spécifité qui l'a fait devenir bleue depuis 2007.

Construit par Pomagalski en 1994, ce télésiège fait partie de la longue lignée des TSF4 Poma à gare alpha avec motrice et tension en aval et retour fixe en amont. D'une longueur de plus de 1700m, ce télésiège était plus emprunté par nécessité qu'autre chose en particulier depuis la construction du TSD6 des Romains en 2005 qui a rendu la liaison vers les Jeux plus rapide.

Le télésiège de Fontbelle dessert directement deux pistes vertes : fontbelle et centrale permettant toutes les deux de rejoindre au choix le secteur des Bergers ou le secteur des Jeux. Du haut de fontbelle, l'on pouvait rejoindre le carrefour des pistes de 2100. Il permettait donc aussi d'éviter la télécabine Marmottes 1 pour la liaison vers Oz/Vaujany.

Voici la situation du TSF4 de Fontbelle sur le plan des pistes saison 2008/2009 :

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Une vue sur les 2 premiers tiers de la ligne, en soirée, avec en toile de fond la bien nommée chaîne des Grandes Rousses :

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Les caractéristiques de l'appareil

Caractéristiques administratives :

  • TSF-Télésiège à attache fixe : FONTBELLE
  • Exploitant : SATA
  • Constructeur : POMA
  • Année de construction : 1994
Caractéristiques d'exploitation :

  • Saison d'exploitation : hiver
  • Capacité : 4 personnes
  • Débit : 2057 personnes/heure
  • Vitesse d'exploitation : 2,5 m/s
  • Temps de montée : 12 minutes
Caractéristiques géométriques :

  • Altitude gare aval : 1806m
  • Altitude gare amont : 2137m
  • Dénivellation : 331m
  • Longueur développée : 1747m
  • Pente moyenne : 19%
  • Pente maxi : 38%
Caractéristiques techniques :

  • Type de gare : Alpha 350
  • Station motrice : aval
  • Station de tension : aval
  • Type de tension : hydraulique
  • Sens de montée : droite
  • Nombre de pylônes : 18
  • Nombre de sièges : 210
  • Espacement entre les véhicules : 16,63m


La gare aval (photos prises le 3 janvier 2009)

La gare aval du télésiège de Fontbelle est une gare alpha de type 350 à 7 vitres. C'est dans cette gare que se font la motorisation et la tension de l'appareil. La gare aval est équipée d'un tapis d'embarquement autorisant ainsi l'exploitation du télésiège à 2,5 m/s.

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La ligne

Le relief traversé par la ligne de Fontbelle est plutôt calme et l'on monte doucement jusqu'en gare amont. Le début de la ligne permet d'admirer le fonctionnement du TSD6 Romains tout proche. Le
reste du voyage se déroule au dessus des champs de neige et la vue sur la chaîne des Grandes Rousses.

Concernant le profil de la ligne, une légère impulsion est marquée au niveau du P6, seul pylone compression de la ligne.

La ligne du télésiège de Fontbelle n'est pas symétrique et se décompose ainsi :
G1 : 16C
P1 : 6S
P2 : 4S / 6S
P3 : 4S / 6S
P4 : 4S / 6S
P5 : 4S / 6S
P6 : 16C
P7 : 4S / 6S
P8 : 4S
P9 : 6S / 8S
P10 : 4S / 8S
P11 : 4S / 8S
P12 : 6S / 8S
P13 : 6S
P14 : 4S / 6S
P15 : 4S / 6S
P16 : 4S / 8S
P17 : 6S / 8S
P18 : 8S
G2 : 1S

Un dernier coup d'oeil sur la gare aval avec un morceau du TSD6 Romains :
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Entre G1 et P1 :
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La montée se poursuit doucement avec sur la droite la ligne du TSD6 Romains :
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On approche du seul pylône compression de la ligne, P6 :
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Le pylône 6 en entier :
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Nous voilà dans la pente maximale de la ligne :
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Puis la pente réduit progressivement jusqu'en gare amont :
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A l'approche du P12 :
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Le P14 est également support du P11 du TKD du Lac Blanc :
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A l'approche du P18, attention à ne pas tomber du siège, la gare amont n'est plus très loin :
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La gare amont

La gare amont est une poulie retour fixe classique :
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Véhicule et pince

Le télésiège de Fontbelle est équipé de sièges 4 places de type Arceau :
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Un zoom sur la pince :
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Conclusion

Le télésiège de Fontbelle était un appareil secondaire du domaine. Il était globalement peu utilisé mais pouvait être utile les jours de forte fréquentation lorsque la télécabine ne débitait pas suffisamment.
Avec le remplacement de la TCD6 Marmottes 1 par un TSD6 à bulle au débit 50% supérieur et la création d'une piste bleue facile à l'arrivée du nouveau télésiège, le télésiège de Fontbelle est devenu inutile. Il a donc été démonté au cours du mois d'octobre 2009. Il sera déplacé sur le domaine skiable, vraissemblablement à Auris, en remplacement du TSF4 des Lombards.





Appareils en relation :