Au sommaire de ce reportage :
1. Le Revard
2. Les débuts du ski au Mont Revard
3. Le téléphérique et le premier remonte pente
4. L’Observatoire au cours du temps
5. Observatoire : un tracé historique
6. Ligne et infrastructures du téléski de l’Observatoire
7. Un appareil rare sur un tracé historique
Le Revard
^^Découvrez une présentation plus détaillée de la station en cliquant sur le logo ^^
Les débuts du ski au Mont Revard
Le Revard est accessible pour la première fois depuis Aix les Bains en 1878 grâce à la CAF qui ouvre un chemin qui en permet l'accès. Le Mont Revard était accessible après 4 heures de marche pour un marcheur doté d'un bon niveau.
14 ans plus tard, un train à crémaillère fut construit pour en permettre l'accès sans se fatiguer. Au lieu de quatre longues heures auparavant, le sommet du mont est désormais accessible en une heure quinze de trajet. Jusqu'en 1908, ce service n'était effectué que durant la saison estivale, c'est-à-dire de Mai à Octobre.
Cependant, le Revard est un terrain propice aux activités hivernales, ce qui donna l'idée à un groupe de skieurs d'étendre la saison d'exploitation de la Crémaillère, à ses risques et périls car celui-ci n'était pas équipé pour affronter la neige et le froid.
Durant l'hiver 1908-1909, ce fut chose faite, ce qui permit au Revard de faire partie de l'une des premières stations de ski Françaises.
Pour permettre une ouverture optimale du train, il sera rajouté pour la prochaine saison hivernale une étrave qui a pour rôle de dégager la neige de la voie. Le Revard possède des pistes de faible dénivelé, ce qui encouragea les premières descentes avec les planches. Grâce à cette exploitation hivernale, le Mont-Revard deviendra la première station de ski créée de toute pièce (de deuxième génération).
Une voiture en ascension (D.R).
Le plateau du Revard et le terminus du Crémaillère (D.R).
En 1922, le PLM investit dans des Citroën 10hp avec système Kégresse à chenillettes, qui permettent de gravir des pentes enneigées jusqu'à 30 %. Elles seront utilisées pour remonter les skieurs.
Skieurs tractés par une Citroën 10hp avec système Kégresse à chenillettes (D.R, collection Laurent Berne).
Quelques hivers plus tard, le village voisin de la Féclaz ouvre un remonte pente, permettant de remonter quinze personnes à la fois.
Le train à Crémaillère sera remplacé en 1935 par un téléphérique flambant neuf avec des caractéristiques impressionnantes. Malgré tout, le Crémaillère sera exploité jusqu'en 1937 pour permettre de transporter des marchandises.
Depuis la gare de Mentens, située à 682 mètres, jusqu'au sommet du Revard, qui lui culmine à 1526 mètres d'altitude, le téléphérique permet de gravir les 844 mètres de dénivelé en 6 min 40 secondes.
La gare aval du téléphérique du Revard, sur la commune de Mentens (D.R).
La gare amont, située sur le belvédère du Mont Revard (D.R).
Une cabine et le lac du Bourget (D.R).
Le téléphérique et le premier remonte pente
L'année suivant la construction du téléphérique, le PLM réinvestit pour permettre aux skieurs arrivant de la vallée de chausser les skis en sortant de la cabine. Avec cette nouvelle installation, les va-et-vient incessants des chenillettes ne sont plus qu'un mauvais souvenir.
Le monte pente de l'Observatoire est un appareil assez particulier. C'est grâce à cet appareil que le nom "téléski" s'est démocratisé. Cette installation est imaginée par l'ingénieur Charles Lenoble, avec un système à deux câbles possédant des véhicules tracteurs à brassières. Pour se faire tracter, le skieur plaçait ses coudes dans un cintre à courroies souples.
Le système de brassière du téléski (D.R, collection Laurent Berne).
Les deux câbles tournent à une vitesse légèrement différente par le biais d'un étage de réduction en gare motrice. Lorsqu'un véhicule est utilisé par un skieur, le poids exercé sur ce dernier vient libérer le chariot qui était jusque-là pincé sur le câble inférieur par un ressort de compression. Le câble de traction se déroule alors en douceur jusqu'à arriver en butée. Il est ensuite entraîné par le câble supérieur, d'un diamètre plus conséquent. Au niveau du lâcher, le chariot, libéré de la force exercée par le skieur, vient de nouveau se pincer au câble supérieur et, sous l'action du différentiel de vitesse des deux câbles, la brassière est automatiquement remontée. (source reportage du TPH de lolo42)
Configuration du téléski PLM à deux câbles (D.R, collection Laurent Berne).
Principe de blocage/déblocage du chariot sur le câble inférieur (D.R, collection Laurent Berne).
L'imposante gare d'arrivée est accolée à celle du téléphérique, et est présente aujourd'hui encore mais désaffectée.
Pour en améliorer le confort, l'exploitant fera évoluer son appareil en y installant des perches à sellettes monoplaces. Durant un temps, l'éclairage nocturne de la piste était réalisé pour exploiter le monte pente en soirée. Cependant, comme les touristes et les Aixois rentraient chez eux une fois la journée de ski finie, cette activité n'eut pas le succès estompé. Ce système marchait bien et permettait une vitesse d'exploitation rapide, mais les jours de grand vent, les véhicules se coinçaient dans le tambour en gare sommitale.
En 1952, le débit est augmenté de 25 %. Dix années plus tard ce téléski sera déposé, après 26 années de bons et loyaux services.
Le monte pente et sa piste (D.R, collection Laurent Berne).
Gros plan sur un skieur utilisant le téléski à brassières du PLM (D.R, collection Laurent Berne).
L'Observatoire au cours du temps
Ce sera donc en 1962 que le mythique monte pente de l'Observatoire sera démonté pour laisser place à un nouveau téléski débrayable, de manufacture Poma. Par la suite, pour améliorer le débit manquant à cet appareil, un deuxième fut construit sur la gauche du premier.
Sur cette multi vue, les gares aval et amont sont représentées (D.R).
Les lignes dans leur intégralité (D.R).
Les poulies flottantes et le Mont Blanc en arrière-plan (D.R).
En 1981, le secteur des Ebats est relié skis aux pieds grâce à la construction de deux TKD nommés Tessons (de manufacture Montagner) et Col des Ebats (Pomagalski). Avec ce nouveau secteur accessible depuis la station, celui de l'Observatoire se retrouva excentré car séparé du reste du domaine par la route menant au centre de la station.
Malgré cette mise au second plan du secteur de l'Observatoire, la station y investira dans un nouveau remonte pente en 1984, pour ne pas avoir à entretenir les deux premières versions de l'Observatoire qui étaient vieillissantes.
Toujours de manufacture Poma, cet appareil fut construit pour ne pas avoir à entretenir des appareils vieillissants.
Cependant, ce téléski fait partie de la gamme de TKD (téléski à perches découplables "J", c'est-à-dire que les poulies sur les pylônes sont remplacées par des galets utilisés sur les télésièges. Malheureusement, cette gamme ne connaîtra pas le succès et se cantonna à seulement une dizaine d'appareils en France.
Observatoire : un tracé historique
L'Observatoire est le secteur le plus à gauche du domaine. Cette position périphérique lui donne une fréquentation moindre que le téléski du Tesson car il est plus éloigné du centre. De plus seule une piste est accessible depuis son sommet : la piste de la Gaillarde, dont le tracé est inchangé depuis les débuts de la station. Mais il est possible, au sommet du téléski de la Grenouillère, d'emprunter la deuxième piste du secteur et la seule piste verte qui le compose.
Au sommet de cet appareil, les clients n'ont qu'un seul choix :
- La piste bleue de la Gaillarde, seule piste bleue du secteur, qui rejoint le départ de cette installation. Elle possède aussi une variante, qui elle donne accès au départ du téléski de la Grenouillère.
Il donne accès indirectement à la piste verte du Choucas qui redescend au départ du téléski de la Grenouillère. C'est la seule piste verte du secteur.
Situation du téléski de l'Observatoire sur le plan des pistes de Savoie Grand Revard.
Le téléski de l'Observatoire est un téléski classique de la gamme rarissime « J » provenant du manufacturier isérois Pomagalski. Cette gamme est caractérisée par des galets remplaçant les poulies sur les pylônes et des perches avec la suspente déportée pour en permettre le passage.
En gare aval, c'est une station motrice de type "J" qui est présente, et en gare amont, nous retrouvons un LSP de forme assez rare.
Voici donc les caractéristiques de ce téléski :
Caractéristiques administratives
TKD-Téléski à perches découplables : OBSERVATOIRE
Maître d'oeuvre : DCSA
Maître d'ouvrage : SEM/GPN
Exploitant : REGIE DES DOMAINES SKIABLES DE SAVOIE GRAND REVARD
Constructeur : POMAGALSKI
Année de construction : 1984
Année de démontage : 2016
Caractéristiques d'exploitation
Saison d'exploitation : Hiver
Capacité : 1 personne (Transport simultané d'un adulte et d'un enfant autorisé)
Débit à la montée : 900 personnes/heure
Vitesse d'exploitation : 2,9 m/s
Sens de montée : Par la droite
Caractéristiques géométriques
Altitude aval : 1448 m
Altitude amont : 1526 m
Dénivelée : 78 m
Longueur développée : 454 m
Pente moyenne : 17,6 %
Pente maximale : 32 %
Temps de trajet : 2 minutes 36 secondes
Caractéristiques techniques
Type de gare aval : H tubulaire
Emplacement motrice : Aval
Type de motorisation : Asynchrone
Puissance développée : 37 kW
Diamètre de la poulie motrice : 1250 mm
Type de gare amont : LSP type J
Emplacement tension : Amont
Type de tension : Hydraulique
Tension nomiale : 2000 daN
Pression nominale : 130 bar
Diamètre de la poulie retour : 3500 mm
Nombre de pylônes : 6
Caractéristiques des véhicules
Type de véhicules : Perches télescopiques
Nombre de véhicules : 77
Espacement : 4 secondes
Dispositif d'accouplement : Douille auto-coinçante
Caractéristiques du câble (2014)
Fabricant : C.Y.A.E.S.A.
Diamètre : 16,40 mm
Type d'âme : Textile
Composition : 6x7 fils
Type de câblage : Lang à droite
Pas de câblage : 120 mm
Pas de toronage : 52 mm
Section du câble : 113,8 mm²
Section du toron : 19 mm²
Résistance à la rupture : 18 200 daN
Ligne et infrastructures du téléski de l’Observatoire
La gare aval
La gare aval du téléski de l'Observatoire est située à 1448 mètres d'altitude, à la fin de la piste bleue de la Gaillarde, première piste du Revard. Nous retrouvons ici une gare de type "H" tubulaire de conception Pomagalski. C'est ici que l'on retrouve toute la chaîne cinématique assurant la marche normale de cet appareil, ainsi que le stockage des perches en attente d'un client. L'embarquement s'effectue à plat, comme souvent sur ce type d'installation.
Vue éloignée de la gare aval, depuis la piste bleue de la Gaillarde.
Vue rapprochée.
Vue de profil.
Vue de trois-quarts.
La glissière. Remarquez la forme originale des suspentes des véhicules.
Le panneau d'informations des pistes desservies, adossé au pignon de la cabane du conducteur.
La gare aval depuis la ligne.
La ligne
Le téléski de l'Observatoire est long de 454 mètres. Nous pouvons observer 3 parties lors de la montée : la première portée est tout à fait plate, puis la ligne atteint sa pente maximale entre les P1 et P2, pour par la suite se radoucir et devenir relativement régulière jusqu'au lâché de la perche.
Pomagalski a ainsi équipé la ligne de six pylônes, dont deux supports et quatre supports-compressions :
- P1 : 2S+1C/-
- P2 : 2S/2S+Dispositif d'aide à la réduction de la largeur de voie
- P3 : 2S/2S
- P4 : 2S/2S+1C
- P5 : 2S+1C/-
- P6 : 2S/2S
P1.
Portée vers le pylône 2.
P2.
P3.
Portée vers le pylône 4.
P4.
Portée vers le pylône 5.
P5.
P6.
Arrivée en gare amont.
La gare amont
La gare amont est située à 1526 mètres d'altitude, à proximité de l'ancienne arrivée du téléphérique du Revard. C'est un LSP qui est en charge de la tension dynamique du câble, grâce à un vérin hydraulique. Il est possible que ce LSP ne soit pas d'origine et qu'il ait remplacé une poulie flottante datant de la construction de l'appareil.
Vue de dessous.
Vue de profil.
Vue de trois-quarts
Autres vues
L'aire de lâché de la perche, avec en arrière plan le Mont Margériaz, abritant le stade de neige du même nom.
Du sommet de l'appareil, une petite partie du secteur de l'Observatoire est visible.
Au niveau du P5.
Idem, mais depuis la piste de la Gaillarde.
Observatoire : un téléski rare sur un tracé historique
Le téléski de l'Observatoire est situé sur un tracé pionnier pour la station du Revard, sur lequel un grand nombre d'Aixois ont appris à skier avec les différentes générations de montes pentes qui ont équipé cette piste. Le téléski actuel tout comme son ancêtre sont des appareils uniques très peu répandus dans nos montagnes.
Aucun projet de remplacement n'est évoqué car son rôle ne lui donne pas une fréquentation excessive.
La piste de la Gaillarde et les deux téléskis du secteur, dominés par le majestueux Mont Margériaz.
Je tiens à remercier toutes les personnes ayant contribué photographiquement à ce reportage.
Bannière : Kenzo
Texte : Alspace et une partie de lolo42 du téléphérique du Revard
Mise en page : Alspace
Photos : l'alexois, lolo42, Alspace
Date des photos : 20 décembre 2010.
Ce message a été modifié par alspace - 29 décembre 2016 - 23:27 .
Raison de l'édition : Relecture BDD
www.skigranddomaine.net, le site dédié aux stations du Grand Domaine.
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