En caricaturant un développement typique de ces deux dernières décennies on pourrait dire qu'avant on faisait la qualité et on assurait la sécurité par la mise en oeuvre de l'expérience pratique alors que de nos jours on investit parfois plus d'efforts dans des aspects administratifs et paperassiers relatifs à la qualité ou à la sécurité que dans la qualité ou la sécurité effective (sans lien avec les RM j'ai vu nombre de fois des personens documenter la qualité dans les moindre détails prévus par les directives internes alors qu'elles se fichaient royalement de la qualité effective).
Avant les gens étaient souvent plus responsables et consciencieux qu'aujourd'hui où l'on met beaucoup l'accent sur des aspects juridiques afin de couvrir ses arrières (en gros, le plus important c'est que quelqu'un d'autre porte le chapeau en cas de problème).
Dans l'ensemble cette approche ne me plaît pas car elle tend à favoriser une confiance parfois aveugle dans le respect des normes, comme quoi il est nécessaire et suffisant de répondre aux prescriptions (c.à.d. "je suis +/- couvert en cas de pépin") et souvent on ne découvre des failles qu'après des incidents que l'on avait soit pas envisagés du tout, soit considérés comme "trop improbables" pour justifier des mesures permettant de diminuer leur probabilité d'occurence et/ou la gravité de leurs conséquences.
A cela s'ajoute cette obsession sécuritaire typique des normojuristicobureaucrates qui s'imaginent que tout se règle à coups de prescriptions, normes, etc.
Si on reprend comme exemple les très petits TPH à va-et-vient genre 2 à 4 places, à moins d'être vraiment débile ou rappeur de banlieue je ne vois pas où est le problème avec des TPH avec des véhicules ouverts très simples, avec une conception générale simple et fiable. D'ailleurs si on totalisait le nombre de courses des petits TPH existants on constaterait qu'ils sont très sûrs et ce sans une débauche de fioritures (pseudo-)sécuritaires.
Des discussions similaires sont possibles pour les TS: s'il est clair que des sièges sans garde-corps ne sont pas envisageables (on en trouve encore dans certains pays) je ne vois l'utilité de dispositifs de verrouillage, de Magnestick, etc.
Il serait plus judicieux de responsabiliser l'utilisateur et que les parents éduquent leurs enfants.
Idem pour les TK, la réglementation CEN impose des contraintes inutiles qui ne font qu'aumenter les coûts mais les constructeurs ont tout à y gagner avec une telle réglementation car elle rend aussi plus rapidement obsolètes des TK existants et rend accessoirement inintéressant le remontage de RM existantes.
Si l'on prend un exemple concret, d'un point de vue pratique il eût été possible de conserver l'essentiel du concept de l'ancien TPH de l'Aeugstenbahn, en remplacement bien entendu le système d'entraînement et en installant des systèmes de sécurité modernes mais sans pour autant changer l'aspect du véhicule, ce qui faisait l'intérêt principal de cette RM.
Malheureusement la réglementation ne permet pas ce genre de réhabilitatio.
Pour en revenir aux constructeurs, comme mentionné, la principale difficulté n'est pas tellement d'ordre technique mais plutôt réglementaire car il faut des moyens financiers importants pour les essais et toute la paperasse. Dans l'exemple d'un logiciel d'automate programmable pour les fonctions de sécurité, la justification formelle, les vérifications, etc. sont beaucoup plus lourdes que l'établissement du programme même.
Un peu hors-sujet mais cela explique en partie pourquoi il est beaucoup plus difficile de nos jours de débuter comme constructeur de RM. En ce sens, dans une certaine mesure, cette normoréglementocratie aveugle et excessive typiquement "européenne" (dans le sens des eurocrates) constitue finalement un frein à l'innovation et à la compétitivité.
Du temps des pionniers des RM comme Willy Habegger ou Karl Garaventa on construisait des RM sûres en se basant simplement sur une ingénierie saine et ce dans un environnement beaucoup moins réglementé et normé qu'aujourd'hui.
Il faut également rappeler que le marché mondial des RM est relativement petit, aussi bien Poma que Doppelmayr ne sont pas de très grandes entreprises. Pour un marché annuel qui se chiffre en dizaines plutôt qu'en centaines de RM il n'est pas si aisé de se faire une place comme nouveau venu. Par contre je suppose que certaines entreprises industrielles pourraient se lancer dans la construction de RM si elles le voulaient. Comme exemple farfelu, je pars du principe qu'une société comme Bolliger & Mabillard Ingénieurs Conseils S.A. pourrait développer les compétence nécessaires pour se lancer dans la conception de RM si elle se fixait un tel objectif, ce qui n'est évidemment pas le cas.
Ce message a été modifié par Velro - 19 juillet 2014 - 06:31 .