poma74, le 05 juin 2018 - 13:08 , dit :
Ce matin à la radio le PDG de la CMB M. Mathieu Dechavanne parlait oui de 3 hypothèses, la météo qui aurait malmené le câble cet hiver avec le givre, un défaut de fabrication du câble ou un problème avec des garnitures de poulies.
Comme je l'ai déjà mentionné à plusieurs reprises, au vu du profil en long de la ligne (y.c. l'absence d'ouvrages de ligne) et de la capacité des cabines, je considère comme fondamentalement et gravement erroné de n'avoir installé qu'un seul câble porteur par voie.
Dans divers messages postés plus haut j'ai évoqué quelques-uns des arguments en défaveur d'une installation avec câble porteur unique.
Au final, comparé à une installation bi-porteurs traditionnelle très courante en Suisse, les désavantages cumulés d'une exécution mono-porteur ne font finalement qu'augmenter le risque d'incident ainsi que les coûts. Le câble tracteur est plus fortement sollicité (notamment en raison d'effets dynamiques particulièrement importants) et son replacement est également rendu plus difficile de par l'absence de cavaliers, sans compter que l'absence de frein de chariot rend l'épissure obligatoire, ce qui complique massivement un racourcissement ultérieur comparé aux attaches avec têtes sèches. Raccourcir une attache avec tête sèche prend souvent moins de temps que la simple installation de la passerells pour l'épissure.
Parmi les hypothèses mentionnées, il convient de rajouter celle citée par vicen, à savoir une possible erreur lors de l'installation du câble.
Un défaut de fabrication est possible mais paraît malgré tout peu probable vu les exigences de qualité extrêmement élevées, surtout avec les grands fabricants (Fatzer, Teufelberger/Redaelli,...).
Pour ce qui est du givre en soi, si l'installation a été conçue correctement, il n'y a aucune raison qu'il endommage le câble (l'épaisseur maximale de la gaine de glace est déterminés selon l'emplacement de l'installation, celle-ci pouvant fortement varier selon les lieux, même à altitudes smiliaires).
Les garnitures des poulies motrices sont en général différentes de celles des poulies de déviation, par contre à condition que la géométrie des gorges soit correcte, ce qui est facile à vérifier, et qu'il ne subsiste pas d'interstice inadmissible sur la circonférence de la garniture, il n'y a guère de raison d'incriminier les garnitures (les matériaux des éléments des garniture sont spécifiés par le constructeur).
A moins de problèmes mécaniques majeurs improbables et donc de maintenance inappropriée, l'alignement des poulies des stations et galets des sabots ne paraissent pas non plus constituer de cause probable.
De par l'absence de poulies à doubles gorges, les écarts de diamètres de fond de gorge ne sont pas critiques (pas de problématique de forces d'enroulement); pour les répétiteurs de marche il y a une correction pour tenir compte de l'usure des garnitures des poulies de déviation utilisées pour les codeurs.
Bien que les causes effectives des dommages subis par le câble tracteur ne sont pas connus, et de par le fait que des problèmes de dommages au câble tracteur avaient déjà été constatés de par le passé, pour ce téléphérique je considère comme hautement plausible que la conception mono-porteur (impliquant ici l'absence de cavaliers) constitue un facteur influençant très négativement la durée de vie du câble tracteur. Aussi bien au repos qu'en exploitation la boucle de traction est soumise à des effets dynamiques plus contraignants que si elle était supportée de façon conventionnelle au moyen de cavaliers.