Les Sept Laux est une station située en Isère, dans le massif de Belledonne. Troisième domaine skiable de l’Isère par sa taille (120 km skiables pour 40 pistes), elle est exploitée par une société d’économie mixte, la SEMT7L (Syndicat d’économie mixte des téléphériques des 7 Laux). Les pistes, qui permettent de skier entre 1350 et 2400m d’altitude, se répartissent sur 3 secteurs : Prapoutel, Pleynet et Pipay.
Prapoutel est le centre économique de la station. Non seulement y sont installés les bureaux de la société d’exploitation, mais c’est aussi là qu’on trouve le plus de commerces et, surtout, le plus de lits. Il faut donc qu’il s’y trouve un parc de remontées suffisant pour permettre aux résidents comme aux skieurs venant à la journée d’accéder rapidement au domaine skiable. Précisément, le rôle du téléski de la piscine est de desservir les résidences de tourisme au pied desquelles il se trouve.
Sommaire
- Situation de la remontée
- Du télésiège du Bouquet au téléski de la piscine
- Caractéristiques du téléski de la Piscine
- Reportage photographique
1- Situation de la remontée
Le téléski de la Piscine se trouve sur le secteur de Prapoutel. Construit durant l’été 2005, il est de manufacture Doppelmayr. Sa gare aval est située à proximité immédiate du Centre aquatique estival des 7 Laux, d’où il tire son nom.
2- Du télésiège du Bouquet au téléski de la piscine
Hier : le TSD3 du Bouquet, premier TSD évolutif à gare Delta (historique)
Le téléski de la piscine remplace, sans en reprendre le nom, le fameux télésiège débrayable du Bouquet. Cet appareil mérite qu’on s’attarde un peu sur son histoire, car il a été une étape technologique majeure dans l’apparition et le développement des télésièges débrayables.
1977-1985 : le développement foncier des 7 Laux
Les origines de la station remontent aux années 1970. A la fin des années 1970, le syndicat mixte, qui réunit les différentes communes sur lesquelles la station s’est développée, décide de lancer un vaste programme immobilier. Les premières années ont été financièrement difficiles, les recettes liées à l’exploitation des 7 premières remontées étant insuffisantes. Les élus savent que la station ne pourra se développer que si des lits supplémentaires sont créés, afin d’assurer l’équilibre de l’exploitation. Ils décident donc de lancer un important programme immobilier de 3500 lits à Prapoutel, alors que le parc ne comprenait jusqu’à présent qu’environ 300 appartements.
Parallèlement, en 1979, la Société d’économie mixte des téléphériques des 7 Laux est créée. Elle remplace la Société anonyme des 7 Laux, qui gérait jusqu’à présent le domaine. Le choix est donc fait de confier l’exploitation à une société d’économie mixte. Le programme de construction est lancé, et se poursuivra jusqu’en 1986. Un centre commercial (le « Centre 7 ») et un village de vacances sont construits par le promoteur en charge du dossier.
1980-1990 : le programme de développement du parc de remontées
La multiplication des lits devait nécessairement s’accompagner d’un programme de construction de nouvelles remontées. Entre 1977 et 1985, ce ne sont pas moins de 16 téléskis et 3 télésièges qui voient le jour. La construction du
télésiège du Bouquet, en 1980, s’inscrit dans ce programme. En effet, la mise en place d’un appareil moderne dont la gare de départ serait située à proximité des nouvelles résidences semblait être la clef de la réussite du nouveau programme immobilier.
Sur le plan des pistes suivant, on voit nettement que le TSD3 du Bouquet, dont la ligne est presque parallèle aux téléskis des Cortillets, a pour unique objectif de
desservir les résidences. Sa gare aval est excentrée par rapport au front de neige, et il ne donne accès à aucune piste propre.
1980 : la naissance d’un concept, le TSD3 à gare Delta du Bouquet
Les Sept Laux font appel à l’entreprise POMAGALSKI, qui avait déjà construit plusieurs autres remontées présentes sur le domaine. La station des 7 Laux, comme bon nombre de ses voisines iséroises, a su profiter de sa proximité géographique avec le siège principal de l’entreprise Pomagalski pour profiter, avec plus ou moins de bonheur, de ses
innovations technologiques. Poma propose alors d’implanter un
appareil prototype : un télésiège débrayable à gare Delta.
Historiquement, cet appareil est le premier du genre. Il est équipé de pinces « T », qui succèdent aux anciennes pinces « S ». La gare Delta est modifiée en conséquence. Il ne s’agit donc pas d’une gare évolutive, comme on le connaîtra plus tard avec les gares Alpha. En effet, des lanceurs à section triangulaire (et non pentagonale) sont intégrés à la gare (et non ajoutés à elle dans son prolongement). Le TSD3 du Bouquet fut non seulement le premier appareil de ce type, mais il fut l’un des deux seuls exemplaires qui existèrent. Le second fut construit l’année suivante, en 1981. Il s’agit du
TSD3 de Pincerie, situé toujours aux 7 Laux mais sur le versant Pleynet. Cette image du
TSD3 Pincerie, extraite du reportage de Valloire++, nous montre clairement les lanceurs triangulaires intégrés à la gare Delta :
La gare aval du TSD3 de la Pincerie (1981-2006) (photo Valloire++)
L’innovation est importante, car outre l’arrivée des pinces « T » qui connaîtront un grand succès commercial, le TSD3 du Bouquet est le premier appareil débrayable sur la base d’une gare compacte. Jusqu’alors, les installations débrayables (surtout des télécabines) avaient une gare motrice installée dans une imposante construction souvent bétonnée, sur le modèle du
TSD3 Clos Bertrand. On relèvera cependant le précédent que fût l’atypique
TSD3 Cret du Merle à La clusaz
Voici les principales
caractéristiques du TSD3 du Bouquet :
- Type d’appareil : TSD –Télésiège débrayable
- Nom de l’appareil : LE BOUQUET
- Constructeur : POMAGALSKI
- Maître d’œuvre : Syndicat mixte des 7 Laux
- Exploitant : SEMT7L
- Année de construction : 1980
- Saison d'exploitation : hiver
- Type de véhicules : sièges arceaux Poma à pince « T »
- Capacité : 3 personnes
- Type de gare : Delta
- Sens de montée : droite
- Débit : 1200 personnes/heure
- Vitesse d'exploitation : 4 m/s
- Altitude aval : env. 1400 m
- Altitude amont : env. 1600 m
- Dénivelée : 215 m
- Longueur développée : 745 m
- Pente maximale : env. 40 %
- Pente moyenne : env. 32 %
- Temps de trajet : env. 2 minutes
- Tension : probablement aval
- Type de tension : hydraulique
- Motrice : aval
- Nb Pylônes : 6 ou 7
Voici à présent quelques photos du TSD3 du Bouquet. Elles datent du début des années 1990, et certaines montrent que le télésiège avait assez mal vieilli.
Vue générale de la ligne, dont le tracé est matérialisé par les pylônes
(droits réservés)
La gare aval, située à l’emplacement de la gare aval actuelle du TKE de la Piscine.
(droits réservés)
(droits réservés)
La ligne, où on remarquera que, comme sur le TSD3 Pincerie, les sièges n’ont pas de repose-pieds. On observe aussi la présence d’un porte-skis sur le côté du siège, qui prouve que cet appareil était exploité à la descente. Cela permettait le retour à la station en siège en cas de manque de neige.
(photo A. Lombard, droits réservés)
Sur cette seconde photo, on voit d’ailleurs que l’appareil est exploité à la descente.
(photo A. Lombard, droits réservés)
La gare amont, avec ses lanceurs triangulaires très caractéristiques de ce prototype, située à côté de l’arrivée des téléskis des Cortillets.
(droits réservés)
1980-1982 : la courte saga des TSD débrayables à gare Delta
En 1980 donc, la saga des TSD à gare Delta est lancée. Elle sera courte, puisqu’en dehors des TSD3 Bouquet (1980) et Pincerie (1981), un seul autre appareil de ce genre sera construit, lui aussi en Isère : le
TSD3 Les Lattes, à Corrençon en Vercors (1982). Cependant, ce dernier se distingue clairement des TSD Bouquet et Pincerie, car les lanceurs sont pentagonaux, et ils ne sont pas intégrés à la gare. Autrement dit, seuls les TSD Bouquet et Pincerie sont de véritables gares Delta débrayables, le TSD3 des Lattes étant plutôt un appareil de type évolutif (bien qu’il ait toujours existé dans sa configuration débrayable). Le TSD3 des Lattes a clairement bénéficié d’une amélioration de la technologie utilisée sur Bouquet et Pincerie. À compter de 1982, l’apparition des gares Alpha signe la fin de la commercialisation des gares Delta en général, et donc celle de ces Delta débrayables en particulier.
Cette technologie d’ailleurs ne donna pas tous les résultats attendus. Les difficultés d’exploitation étaient importantes, et les pannes fréquentes. De plus, ces appareils ne pouvaient supporter que des sièges à 3 places, et étaient très bruyants.
1998 : le démontage du TSD3 du Bouquet
Concernant la station des Sept Laux, les investissements immobiliers ne furent pas couronnés de succès. De 1989 à 1992, le manque de neige se fit cruellement sentir, et l’exploitant n’arrivait plus à faire face à ses loyers. Le nombre de remontées était trop élevé, et la survie de la station ne pouvait être assurée que par la réduction drastique du nombre d’appareils. Il était indispensable de réduire les coûts d’exploitation, afin de dégager des marges, et de réaliser des investissements devenus incontournables sur le domaine (neige de culture, remplacement de plusieurs appareils vieillissants).
Le TSD3 Bouquet fit partie de la longue liste des appareils démontés et non remplacés entre 1992 et 1998 (avec les téléskis Brula, Braze, Pincerie par exemple).
Rétrospectivement, l’erreur a peut-être été, en 1980, de ne pas implanter cet appareil sur le front de neige, à la place des 3 téléskis des Cortillets. Non seulement cela aurait diminué le parc de remontées, mais de plus, le front de neige aurait bénéficié d’un appareil débrayable offrant un débit confortable. Le TSD aurait alors très utilement secondé le second appareil du front de neige de Prapoutel, le TSF2 Jasse dessus, tristement réputé pour sa longueur démesurée (plus de 2 km), et donc son temps de parcours interminable (près de 20 minutes). L’emplacement excentré de la gare de la gare aval a confiné ce TSD3 dans un rôle mineur sur le domaine, et sa fréquentation était faible. De plus, cela n’a pas permis de faire de cet appareil une vitrine technologique de la station, le front de neige restant équipé de remontées vieillissantes.
Mais il est toujours plus facile de juger l’histoire que de la faire… En 1980, date de construction du TSD3 du Bouquet, la station a probablement renoncé à démonter une série de trois appareils (les téléskis Cortillets) de conception assez récente. Le troisième téléski des Cortillets avait tout juste 7 ans, puisqu’il fut construit en 1973.
C’est en 1998, lorsque le
TSD4 des Bouquetins est construit, que le sort du premier TSD à gare Delta est scellé. La station décide de remplacer les 3 téléskis des Cortillets par un débrayable à fort débit, le TSD4 des Bouquetins. Mais elle prend la décision d’accompagner ce remplacement par le démontage du TSD3 du Bouquet, qui représentait de fortes charges d’exploitation alors que sa fréquentation restait très faible. Il sera donc démonté après 18 ans de service, sans être remplacé. Quant au TSD3 de la Pincerie, il fut démonté et remplacé, en 2006, par un
télésiège fixe du même nom. Le TSD3 des Lattes reste donc le dernier TSD à gare Delta en exploitation.
2005 à aujourd’hui : le TKE1 de la Piscine
De 1998 à 2004, aucun appareil n’existe sur la ligne. En 2005, la station est sortie des difficultés financières, et les programmes immobiliers ont pris leur envol. La fréquentation du TSD4 des Bouquetins, qui a remplacé en 1998 les téléskis des Cortillets et le TSD3 du Bouquet, est importante, et l’appareil est souvent saturé le matin. En conséquence, la station envisage de construire un nouvel appareil pour desservir les résidences, sur le même tracé que le TSD3 du Bouquet. Plus question, cependant, de refaire les erreurs du passé. Compte tenu du débit nécessaire, un télésiège ne s’impose pas. C’est donc un téléski à enrouleur, le téléski de la Piscine, qui sera construit. La ligne retenue est légèrement plus courte que celle du TSD3 du Bouquet, afin de diminuer le temps de trajet, mais aussi de protéger cet appareil du vent.
Sa
gare de départ est située à proximité immédiate des principales résidences touristiques de la station. Elle se trouve au même endroit que la gare aval de l’ancien TSD3 du Bouquet. D’ailleurs, son rôle essentiel est, comme l’ancien TSD3 du Bouquet, de desservir ces lits, en permettant aux clients de rejoindre le domaine sans avoir à emprunter le TSD4 des Bouquetins, souvent chargé aux heures de pointe. Pour cette raison, sa fréquentation reste raisonnable, sauf le matin entre 9h et 10h ou en début d’après-midi. Il est donc très souvent fermé en dehors des périodes de vacances scolaires.
Vue sur la gare aval avec, en arrière-plan, les résidences toutes proches
Sa
gare d’arrivée est située un peu en dessous de la gare amont du TSD4 des Bouquetins. Les clients qui l’empruntent ont ainsi accès à la
piste verte Souchette, et à une petite
piste rouge, Bolet. Ces deux pistes redescendent sur le front de neige. Les skieurs qui veulent rejoindre le domaine d’altitude peuvent toutefois le faire en empruntant le téléski de l’Ardoisière, dont le départ est situé en contrebas de la G2 du téléski de la Piscine.
3- Caractéristiques du téléski de la Piscine
- Type d’appareil : Tke -Téléski à enrouleurs
- Nom de l’appareil : PISCINE
- Constructeur : DOPPELMAYR
- Exploitant : SEMT7L
- Année de construction : 2005
- Saison d'exploitation : hiver
- Type de véhicules : enrouleurs Doppelmayr
- Capacité : 1 personne
- Type de gare : MTDS10
- Puissance du moteur : 55 KW
- Sens de montée : droite
- Débit : 855 personnes/heure
- Vitesse d'exploitation : 3 m/s
- Altitude aval : env. 1362 m
- Altitude amont : env. 1521 m
- Dénivelée : 159 m
- Longueur développée : 534 m
- Pente maximale : 31 %
- Pente moyenne : 31 %
- Temps de trajet : env. 2,5 minutes.
- Tension : aval
- Type de tension : hydraulique
- Motrice : aval
- Nb Pylônes : 6
4- Reportage photographique
La gare aval
Gare de type une MTDS10. Toute la poutrelle horizontale de la gare, qui supporte poulie et treuil, sert de lorry.
Poulie motrice
L’armoire électrique
C’est cette gare, qui assure la tension du câble. Le vérin de tension est situé à l’avant de l’appareil
Il est piloté par une centrale fixée sur le support principal de la gare
La ligne
Le pylône 1
Le pylône 2
Le pylône 3
Le pylône 4
Le pylône 5
En se retournant
Le pylône 6
La zone de débarquement, après le lâcher en P6
Gare amont
Poulie retour
Vue de la zone d’arrivée avec, au fond, la G2 du TSD4 des Bouquetins
Zone de lâcher avec le bouton-poussoir d’arrêt d’urgence
Vue générale de la ligne depuis le P4, avec le plateau des Petites Roches en arrière-plan (Chartreuse)
Détail d’une sécurité par barrette cassante
Détail d’une tête de pylône (P6)
Véhicules
Un agrès
Site Internet des 7 laux :
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Texte et mise en page : Antidote/David
Photos : Lolo42/Laurent Berne (sauf pour la partie historique)