Télésiège du Prodkamm, à Flumserberg (Kilano18)
Après avoir contenu la hausse du franc suisse à la valeur de 1,20 franc pour 1 euro depuis 2011, la Banque Nationale Suisse a créé la surprise en annonçant le 15 janvier dernier qu'elle laisserait flotter sa devise. Le franc suisse s'est apprécié en une journée pour atteindre la parité, soit 1 franc pour 1 euro environ.
Cette décision a porté un coup sévère à l'attractivité des stations suisses. Déjà pénalisées par le faible enneigement du début de saison et la désaffection de la clientèle russe touchée par la chute du rouble, elles sont devenues du jour au lendemain 20% plus chères pour les skieurs de la zone euro. Pour skier une journée à Zermatt, un Allemand déboursait 66 euros : il lui en coûte désormais 79 euros.
Le rapport qualité/prix pèse maintenant fortement en faveur des pays limitrophes, alors que les exploitants helvétiques accusent encore un retard sur les Autrichiens dans la modernisation de leurs infrastructures, la rationalisation des remontées ou la solidité financière des sociétés d'exploitation. Le nombre annuel de journées-skieurs a chuté en 25 ans de 34 à 24 millions, un mouvement qui pourrait s'accentuer cette saison. Les stations de taille moyenne risquent d'être fortement impactées, car leurs tarifs deviennent hors de portée pour la clientèle familiale, déjà touchée par la crise en Europe. Seules les destinations prestigieuses comme Zermatt ou la région de la Jungfrau devraient résister à l'envolée de la devise.
A l'inverse, le franc fort augmente le pouvoir d'achat des skieurs suisses à l'étranger, qui commencent à délaisser les pistes du Valais ou des Grisons pour la Haute-Savoie ou le Vorarlberg. Certains domaines skiables ne peuvent baisser leurs tarifs et en appellent au patriotisme des Suisses. A l'inverse, les stations des Portes du Soleil, contraintes par la double tarification euros/francs, ont été obligées de rogner sur leurs marges et de baisser leur grille tarifaire en francs : le forfait journée passe ainsi de 61 à 52 francs.