
Willy Garaventa en 2018. © Gaëtan Bally
Ce vendredi 14 octobre 2022 s'est éteint vers 17 heures à l'hôpital le dernier patron homonyme du constructeur GARAVENTA. La mort, à presque 89 ans, de Willy Antoine Garaventa fut inopinée.
Willy Garaventa était doué d'un génie particulier pour la gestion de chantiers. A 19 ans il commença à travailler pour l'entreprise que son père Karl avait créée dès 1928. Il succéda à son père en 1956, à l'âge de 22 ans, mais eut bien vite son propre style. Lors de l'agrandissement de l'ancien téléphérique Seebodenalp au Rigi, Willy et son frère Karl Jr, qui avait créé sa propre société quelques années auparavant, répondirent - sans le savoir - au même appel d'offres et décidèrent par la suite d'unir les deux entreprises sous le vocable Karl Garaventa's Söhne (Les fils de Karl Garaventa), société qui sera rapidement simplement dénommée Garaventa.
Les gros téléphériques se succédèrent bientôt: Kronberg, Rigi Kaltbad, Fiescheralp, Squaw Valley aux Etats-Unis, Hochybrig, Säntis. Le nom Garaventa devenait connu dans le monde entier : en Iran, Egypte et Sri Lanka.
Une particularité de Willy et de la maison Garaventa réside dans le fait qu'ils n'avaient aucune préparation spécifique à leur métier et qu'ils ont tout développé de leurs mains, sans appui financier et moral d'une grande entreprise telle Von Roll.
Willy Garaventa a souffert sa vie durant de douleurs d'œsophage suite à l'ingestion accidentelle d'acide nitrique à l'âge de 3 ans. A plusieurs reprises il a dû se rendre à l'hôpital, ce qui l'empêchait alors de diriger les chantiers. Mais rien ne pouvait contrecarrer sa volonté de tenir le coup et jamais il n'a songé à arrêter. A 59 ans cependant son médecin lui a conseillé de réduire ses activités suite à des problèmes cardiaques. C'est alors qu'il a vendu son entreprise à ses directeurs : Werner Inderbitzin et Karl Trütsch. Ceux-ci ont effectué 10 ans plus tard la fusion avec le groupe autrichien Doppelmayr devenant ainsi l'entreprise leader mondial du secteur.
Dans une interview sur la Sonntags-Zeitung après la parution de sa biographie en 2019 (Willy Garaventa, Biografie des Schweizer Seilbahnpioners), Willy Garaventa a semblé émettre une réserve, comme s'il n'était pas très heureux : "Le management voulait voir de l'argent, je leur ai vendu une société saine". Même s'il était soulagé de voir l'activité perdurer au sein d'un groupe qu'il connaissait bien, Willy Garaventa semble avoir eu des sentiments partagés (peut-être notamment à cause du risque de voir la marque Garaventa disparaître un jour ou l'autre ?).
Puisse-t-il reposer en paix et son nom survivre de nombreuses années.
Pour plus d'informations : La fiche dédiée à Garaventa dans la BDD.