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Auteur de ce reportage : Bovinant
Section écrite le 07/09/2016 et mise à jour le 26/12/2016
(Mise en cache le 05/08/2017)
Je vous présente un reportage sur la télécabine débrayable quatre places des Œufs Blancs aux Deux Alpes :


Au sommaire :
- Les Deux Alpes
- Historique de l'accès au plateau des Crêtes
- Rôles et situation de la télécabine des Œufs Blancs
- Les caractéristiques de l'installation
- La gare aval
- La ligne
- La gare amont
- Véhicules et pinces
- L'appareil, vu depuis les pistes
- Conclusion
- Crédits et remerciements
Les Deux Alpes
Les Deux Alpes est un domaine skiable situé dans le massif de l'Oisans en Isère. Il est implanté sur les alpages de deux villages : Venosc, coté vallée du Vénéon et Mont de Lans, coté vallée de la Romanche.
L'aménagement des Deux Alpes débute dès 1938 à l'Alpe de Mont de Lans avec la construction d'un premier téléski. En 1946, la commune voisine de Venosc réalise à l'Alpe éponyme, un téléski. La création des deux Alpes, résulte de l'unification des domaines aménagés par les deux villages dans les années 1950. C'est d'ailleurs durant ces années que le domaine skiable connaît ses premières extensions. Pendant celles-ci, l'exploitant a d'abord aménagé les pentes situées en aval du plateau des Crêtes, puis dans les années 1970, le glacier de Mont de Lans est atteint puis équipé dans un premier temps avec les téléskis de Puy-Salié. À plus de 3100 mètres d'altitude, ces aménagements marquent le début de l'exploitation du ski d'été. C'est notamment grâce à ce glacier que le domaine des Deux Alpes connaît une importante renommée. On notera en 1985, la construction des célèbres DMC du Jandri Express 1 et 2 qui ont permis d'assurer un meilleur accès au secteur d'altitude. Depuis les années 1990, le domaine skiable se modernise avec le remplacement d'installations vieillissantes comme la télécabine du Diable en 2012 par un télésiège débrayable.
De nos jours, le domaine skiable des Deux Alpes s’étend entre 1280 et 3515 mètres d'altitude, du village de Mont de Lans au sommet de la crête de Puy Salié, sur le glacier de Mont de Lans. Ce domaine se compose de 89 pistes qui totalisent environ 140 km et d'un snowpark qui comporte différents parcours ludiques et modules de saut. Cet espace est desservi par un parc de 47 remontées mécaniques comprenant 1 tapis roulant, 1 télécorde, 1 ascenseur, 1 funiculaire, 20 téléskis, 19 télésièges dont 7 débrayables, 2 télécabines, 1 téléphérique ainsi que 2 DMC.
Les Deux Alpes propose également, lors de la saison estivale, de nombreuses activités tel que du VTT de descente sur des pistes aménagées, de la randonnée ainsi qu'un important domaine de ski d'été sur le glacier de Mont de Lans.
Historique de l'accès au plateau des Crêtes
Dans un premier temps, le domaine skiable des Deux Alpes s'est développé sur le versant Pied Moutet avec la construction de premiers téléskis par les communes de Venosc et de Mont de Lans sur leurs alpages respectifs. Par la suite, les deux villages s'intéressent à l'aménagement du versant opposé du Jandri. En effet, il possède les avantages d'être plus vaste et d'atteindre des altitudes plus élevées. De plus, il dispose d'une meilleure orientation car tourné vers l'ouest. La neige est donc généralement plus abondante sur ce versant. L'exploitation de ce secteur commence en 1951 avec la construction par Cotet-Dubois du téléski à perches fixes de Côte Brune. Cette installation, mise en service en 1952, desservait le front de neige de l'Alpe de Venosc.

Le début de la ligne du téléski de Côte Brune.
En 1955, la télécabine deux places du Diable est construite par Neyret Beylier. Cette télévoiture a permis d'accéder au sommet du plateau des Crêtes, à plus de 2400 mètres d'altitude. Cet appareil desservait ainsi pour la première fois aux Deux Alpes, des pistes difficiles, raides et longues tel que la piste du Diable, proposant un dénivelé de plus de 800 mètres.

Vue sur la fin de la ligne de cette télécabine avec le versant Pied Moutet à l'arrière-plan. Sur la droite, on peut voir le téléski du Petit Diable.
En 1961, le téléski des Crêtes est construit sur le plateau éponyme afin de desservir des pentes douces et bien enneigées, propices à l'apprentissage du ski. Accessible via la télécabine du Diable, mais également depuis 1960 grâce au téléski de la Belle Étoile partant de l'Alpe de Mont de Lans, cette installation a permis de développer le ski d'altitude. La pente du téléski de la Belle Étoile était néanmoins très raide, ce qui le rendait difficile et peu adapté aux skieurs débutants.

Vue sur la ligne du téléski des Crêtes.
Durant les années 1960, la station des Deux Alpes se projette une fois de plus dans l’extension de son domaine skiable. Elle imagine alors de nouveaux aménagements dont certains qui ne verront jamais le jour comme ceux prévus sur le versant ouest de la Vallée Blanche, au-dessus du hameau des Travers. En revanche, les liaisons skis aux pieds avec les villages de Mont de Lans et de Bons ont été réalisées. C'est également pendant ces années que la station conçoit les premières ébauches d'un projet ambitieux. Ce dernier a pour objectif de rallier le dôme de la Lauze sur le glacier de Mont de Lans, à plus de 3500 mètres d’altitude puis d'y développer le ski, été comme hiver. La station prévoit également l'aménagement du secteur de la Toura entre 2600 et 2900 mètres d'altitude. Pour relier les Deux Alpes à ce glacier, l’exploitant prévoit de réaliser une télécabine en trois tronçons partant de la station et parvenant jusqu'au Pic Jandri. Une première gare intermédiaire est prévue aux Crêtes afin d'améliorer la desserte de ce plateau et une seconde station est envisagée à la Toura afin de développer ce secteur d'altitude.

Vue d’ensemble des différents projets d'extension du domaine skiable sur le plan des pistes des Deux Alpes de 1964-1965. Un nouvel accès au plateau des Crêtes est alors prévu.
En 1966, le télésiège fixe biplace de Lutins-Crêtes est installé par Montaz-Mautino. Plus confortable que le téléski de la Belle Étoile, ce télésiège a permis aux skieurs peu confirmés d'accéder plus facilement au bas du plateau des Crêtes, à 2100 mètres d'altitude.

Le début de la ligne du télésiège de Lutins-Crêtes. A l'extrême gauche, on aperçoit une partie de ligne du téléski de la Belle Étoile. L'alpe de Mont de Lans était alors peu développée.
Deux ans plus tard, le télésiège fixe deux places de la Séa est construit pas Montaz-Mautino. Il secondait dans sa majeure partie le téléski des Crêtes.

La gare aval et le début de la ligne du télésiège de la Séa.
En 1970, la concrétisation du projet ambitieux du Jandri débute avec la réalisation du téléphérique automoteur du Lac Noir par Neyrpic. Seule la voie sud de cette remontée mécanique est alors mise en service, avec deux cabines. Ce moyen de transport, original et novateur a permis de relier le plateau des Crêtes implanté à 2200 mètres d'altitude au secteur de la Toura situé 500 mètres en amont.

La gare aval de ce téléphérique avec le massif des Grandes Rousses à l'arrière plan.
En 1972, le téléphérique automoteur du Lac Noir connaît un important accident, causant l'arrêt de la mise en place de la seconde voie de l'appareil et la fermeture définitive du téléporté. En effet, lors des essais qui ont eu lieu en octobre de cette même année, les cabines montante et descendante ont été placées sur la même voie. Ainsi lors de la mise en fonctionnement de l'appareil les deux véhicules se sont percutés à vive allure, provoquant la mort des techniciens présents à l'intérieur. Le télésiège fixe deux places du Grand Nord, construit la même année par Montaz-Mautino, reste le seul téléporté permettant d'atteindre à la Toura durant l'hiver 1972-1973. Après le développement l'année précédente du secteur de la Toura avec l'installation d'un télésiège, le domaine d'altitude est de nouveau aménagé en 1972 avec la construction de la télécabine quatre places du Jandri 3 par Poma. Elle a permis de rallier le glacier de Mont de Lans à plus de 3100 mètres d'altitude.

La gare aval et le début de la ligne de la télécabine débrayable du Jandri 3 avec ses cabines multicolores.
Le plateau des Crêtes devient alors dans les années 1970, une véritable plaque tournante du domaine skiable des Deux Alpes car constituant un passage obligé pour les skieurs souhaitant gagner le domaine d'altitude. Le télésiège biplace de la Rouge est par conséquent construit en 1972 par Weber afin de créer un nouvel accès à ce plateau depuis l'Alpe de Venosc.

Vue sur le début de la ligne du télésiège de la Rouge.
Pour remplacer l'appareil automoteur, un téléphérique classique à va-et-vient est réalisé en 1973 par Ceretti e Tanfani, le Jandri 2. Il reprend le même tracé que l'ancienne remontée mécanique et réutilise certains éléments comme les pylônes.

Vue sur la gare aval et le début de la ligne du télésiège du Grand Nord ainsi que le milieu de la ligne du téléphérique du Jandri 2. (cliquez sur l'image pour accéder au reportage)
L'année 1973 voit également la construction et la mise en service de la télécabine débrayable du Jandri 1 par Poma (actuelle Œufs Blancs). Cette nouvelle remontée mécanique a pour objectif de relier efficacement le bas de la station des Deux Alpes au secteur des Crêtes. Cette télécabine moderne permet ainsi d'améliorer le débit des appareils permettant l'accès à ce secteur et par conséquent au domaine d'altitude grâce à son lien avec le téléphérique du Jandri 2. Les télécabines débrayables du Jandri 1 et 3 et le téléphérique à va-et-vient du Jandri 2 constituent une véritable chaîne de remontées mécaniques, confortable et rapide permettant de relier efficacement les Deux Alpes au glacier du Mont de Lans. La réalisation du projet du Jandri est ainsi achevée.

Une ancienne carte postale des Deux Alpes montrant sur différentes vues la télécabine du Jandri 1. Les anciennes cabines du téléporté sont visibles.
L'accès au sommet de plateau des Crêtes est également amélioré en 1973 avec l’installation de la télécabine débrayable quatre places du Diable par Poma en remplacement du télévoiture.

Une portée de la ligne de cette télécabine avec le parc national des Écrins à l'arrière-plan. (cliquez sur l'image pour accéder au reportage)

Vue sur l'ensemble des remontées mécaniques permettant d'atteindre le plateau des Crêtes sur le plan des pistes des Deux Alpes de la saison 1980-1981.
En 1985, la colonne vertébrale du domaine skiable des Deux Alpes, comprenant les télécabines du Jandri 1 et 3 ainsi que le téléphérique du Jandri 2, est doublée. L'exploitant investit alors 120 millions de francs dans les DMC du Jandri Express 1 et 2 afin de relier le bas de la station au glacier de Mont de Lans via la Toura. Les deux tronçons de cet appareil ont permis d'améliorer l’accès au domaine d'altitude en apportant un débit plus important et un temps de parcours plus faible par rapport aux anciennes installations.

Le dernier pylône du DMC du Jandri Express 1 avec un ancienne cabine approchant de l'entrée en gare intermédiaire. (cliquez sur l'image pour accéder au reportage)
Avec le développement du quartier 1800 des Deux Alpes, le télésiège débrayable quatre places de Village 1800 est construit en 1988 afin de faciliter l'accès au plateau des Crêtes depuis ces résidences.

Vue de trois quarts sur la gare amont de ce téléporté. (cliquez sur l'image pour accéder au reportage)
Le plateau des Crêtes occupe une place considérable dans le domaine skiable des Deux Alpes notamment grâce à son espace débutant. C'est ainsi qu'en 1993, ce secteur est totalement restructuré avec le remplacement du télésiège de la Séa et du téléski des Crêtes par un télésiège débrayable quatre places Poma. L’accès à ce secteur est alors une nouvelle fois amélioré avec l'installation du télésiège débrayable quatre places de la Belle Étoile par Poma en remplacement du téléski éponyme. Le télésiège de Lutins-Crêtes est démonté la même année car inconfortable et inutile du fait des nombreuses installations permettant de parvenir au plateau des Crêtes. Quatre ans plus tard, le télésiège de la Rouge subit le même sort pour des raisons similaires.

Vue en plongée sur la gare aval du télésiège des Crêtes. (cliquez sur l'image pour accéder au reportage)
En 2011, la télécabine du Diable est remplacée par un télésiège débrayable six places par Poma. Il s'agit de la troisième génération de remontées mécaniques permettant de rejoindre le sommet du plateau des Crêtes depuis l'Alpe du Mont de Lans.
Rôle et situation de la télécabine des Œufs Blancs
Depuis la construction du DMC du Jandri Express 1 puis des télésièges du Village 1800 et de la Belle Étoile, le rôle de la télécabine des Œufs Blancs n'a fait que diminuer. De nos jours elle constitue avec le téléphérique du Jandri 2, une alternative à ces installations souvent très fréquentées (notamment pour le DMC) afin de rallier le secteur de la Toura depuis le centre des Deux Alpes 1600. Elle permet aussi aux skieurs débutants de parvenir directement au secteur des Crêtes dans l'objectif de profiter des pentes douces et bien enneigées de ce plateau. Cet appareil est donc principalement un ascenseur vers le domaine d'altitude.
Ce téléporté est également emprunté à la descente. Il est alors soit utilisé lorsque la neige fait défaut sur les pistes de retour station notamment en fin de saison, soit par les skieurs peu expérimentés notamment les enfants fatigués.
La télécabine des Œufs Blancs dessert principalement et directement trois pistes équipées d'enneigeurs:
- Les Demoiselles, une piste verte qui constitue un chemin de retour station pour les débutants. Elle permet également aux skieurs logeant dans le quartier 1800 des Deux Alpes de rejoindre leurs résidences.
- La Jandri 1, une piste bleue familiale qui a été tracée entre 2014 et 2015 afin de créer la piste de retour station qui manquait aux Deux Alpes. Elle constitue avec les pistes du Jandri 2, 3, 4 et 5 un itinéraire de ski tranquille de plus de 1750 mètres de dénivelé entre le dôme de Puy Salié et le front de neige de la station.
- La Valentin, une piste de noire de retour station pour les bons skieurs. Elle évolue droit dans la pente raide, située en aval du plateau des Crêtes.

La situation de la télécabine des Œufs Blancs par rapport à l'ensemble du domaine skiable des Deux Alpes.

Gros plan sur cette installation et les pistes qu'elle dessert
Les caractéristiques de l’installation
Caractéristiques administratives
- TCD – Télécabine à pinces débrayables : Œufs Blancs
- Exploitant : Deux Alpes Loisirs
- Constructeur : Poma
- Installation électrique : Semer
- Année de construction : 1973
- Saison d'exploitation : Hiver
- Capacité : 4 places
- Débit à la montée : 960 p/h
- Débit à la descente : 960 p/h
- Vitesse d'exploitation maximale : 4 m/s
- Sens de montée : Droite
- Altitude gare aval : 1650 m
- Altitude gare amont : 2190 m
- Dénivelée : 540 m
- Longueur développée : 1656 m
- Longueur horizontale : 1567 m
- Portée maximale : 171 m
- Survol maximale : 25 m
- Pente maximale : 65 %
- Pente moyenne : 34,14 %
- Temps de trajet : Environ 7 min
- Emplacement motrice : Amont
- Type de motorisation : Asynchrone
- Puissance développée : 242 kW
- Emplacement tension : Aval
- Type de tension : Contrepoids
- Tension nominale : 14 906 daN
- Nombre de pylônes : 14
- Type de véhicules : Cabines Sigma SP76 (Cabines Sigma SP4 à l'origine)
- Nombre de cabines : 71 (74 à l'origine)
- Espacement : 60 m
- Dispositif d'accouplement : Double pince débrayable S
- Année de fabrication : 2000
- Fabricant : Trefileurope
- Diamètre : 33,50 mm
- Composition : 6x7 fils
- Type d'âme : Compacte
- Résistance à la rupture : 76 410 daN
La gare aval
Présentation générale
La gare aval de la télécabine des Œufs Blancs est implantée à 1650 mètres d'altitude, sur le front de neige des Deux Alpes 1650. Elle est comprise dans un grand bâtiment qui comprend également la station aval du DMC du Jandri Express 1, les locaux techniques des Deux Alpes Loisirs ainsi que les bureaux de l'ESF. Elle se situe ainsi au niveau de la place des Deux Alpes, à proximité des caisse de forfaits, des résidences du centre de la station et de la gare routière. Il à noter qu'avant la construction des DMC, la gare aval de cet appareil était placée dans un bâtiment de couleur marron foncé.

Gros plan sur le front de neige principal des Deux Alpes 1650, où est implantée la gare aval de la télécabine. Le bâtiment qui l'englobe avec la station aval du DMC du Jandri Express 1 est bien visible.

Vue générale sur ce front de neige depuis la fin de la piste du Jandri 1.

Vue générale depuis l'arrivée de cette piste.

Vue de trois quarts.

Vue de face avec une cabine entrant dans la station.

Vue de trois quarts avec l’accès à l’appareil et le panneau d'information de l’installation.

La zone d'embarquement.
Approfondissements techniques
La gare aval de la télécabine des Œufs Blancs est la station tension de l’installation. Celle-ci est effectuée grâce à un contrepoids développant une tension nominale de 14 906 daN.

Vue sur la poulie tension de la télécabine.

Vue sur le poussard assurant la redirection des câbles de tension en provenance de la poulie vers le contrepoids..
Dans un premier temps, les pinces sont débrayées du câble à l'aide d'une came qui appuie sur les mors de celles-ci. Au niveau de cette came, des pneus de synchronisation sont placés. Ainsi le câble et la cabine sont à la même vitesse, ce qui limite l'usure des pinces. La prise de mouvement de ces pneus est réalisée à l'aide d'autres pneus qui sont en contact permanents avec le câble. Par la suite, les cabines décélèrent à l'aide d'un ralentisseur gravitaire. Des cliquets anti-retour sont placés juste après la came de débrayage afin d'éviter que des cabines ne repartent en arrière. Après, les portes s'ouvrent puis les véhicules sont pris en charge par un convoyeur à olives faisant également office de cadenceur, jusque peu avant le contour. Les cabines avancent alors simplement sur une voie en pente grâce à la gravité, afin de faire demi-tour. Toutefois deux pneus sont présents dans le contour afin de limiter la vitesse des véhicules. Ensuite, c'est l'inverse qui s'opère, les cabines parviennent jusqu'à la zone d'embarquement à l'aide de chaînes équipées de doigts qui se déplacent dans deux glissières. Ces chaînes sont mises en mouvement grâce à un motoréducteur de cadencement, qui tourne plus ou moins vite en fonction du débit souhaité. Par la suite, les portes se ferment puis les véhicules prennent de la vitesse dans le lanceur gravitaire. A la fin de ce dernier, les pinces sont embrayées sur le câble. Au niveau de la came d'embrayage des pneus de synchronisation sont aussi présents. Les cabines repartent ensuite sur la ligne pour un nouveau cycle.

Vue sur des pinces lorsque les cabines sont présentes dans la zone d'embarquement.

Le début du lanceur gravitaire. On se rend alors bien compte de la pente qui permet à la cabine d'accélérer. Sur la gauche, on peut voir les pneus assurant la prise de mouvement des pneus de synchronisation.

Vue sur la fin du lanceur, au niveau de la came d'embrayage. Les trois pneus de synchronisations sont alors bien visibles.
Une fois la journée ou la saison terminée, les cabines sont rangées, une partie en gare aval et l'autre en gare amont durant le décyclage. Pour ce faire, elles entrent tout d'abord en gare puis sont dirigées à l'aide d'un aiguillage vers la zone de stockage. Les aiguillages sont actionnés manuellement à l'aide d'un système composé d'une corde et de poulies. Pour pouvoir ranger les véhicules sans que le personnel n'ait à les pousser, le rail de la zone de stockage est en pente afin qu'ils puissent accéder par gravité à l'espace où ils sont entreposés. Les cabines sont donc d'abord montées à l'aide du convoyeur à olives vers ce rail. En début de journée où de saison, il faut replacer les cabines sur la ligne. Il s'agit du cyclage. Il est donc nécessaire de remonter les cabines depuis leur lieu de stockage. Un autre convoyeur à olives fait office d'ascenseur. Ensuite un aiguillage est actionné pour acheminer les cabines vers la zone d'embarquement.

Vue sur une partie des voies de stockage. A l'arrière-plan, on peut voir un chariot de service.

Vue sur deux cabines entreposés sur des rails.
La ligne
La ligne de la télécabine des Œufs Blancs parcourt 1030 mètres de longueur pour 530 mètres de dénivelé afin de rallier le lieu-dit de la Séa, situé sur la plateau des Crêtes à 2190 mètres d'altitude.
Dans un premier temps, la ligne est peu pentue de la gare aval jusqu'au pylône 4. On longe alors l’espace débutant du front de neige des Deux Alpes 1600 ainsi que l'espace ludique de La Piste aux Étoiles, tous deux desservis par le téléski des Lutins. L'ouvrage 4 imprime une forte pente au téléporté. Peu après, la ligne survole la piste du Jandri 1. La montée est ensuite raide mais régulière jusqu'au pylône 9. Ce denier commence à redresser la ligne avant de parvenir sur le plateau des Crêtes. Après le second survol de la piste du Jandri 1 par la télécabine, les ouvrages 10 et 11 replacent la ligne à la quasi horizontalité. Elle est alors très peu pentue jusqu'au pylône 13. Durant ces portées, la ligne survole l'espace débutant de ce plateau comprenant notamment le tapis des Petites Crêtes ainsi que le télésiège des Crêtes et leur piste éponyme. Enfin, la ligne descend du pylône 13 au pylône 14 qui marque l'entrée en gare amont.
Cette installation comporte 13 pylônes treillis et 1 tubulaire dont 12 compressions et 2 supports, équipés ainsi :
- P1 : 8S/8S
- P2 : 12S/12S
- P3 : 8S/8S
- P4 : 8C/8C
- P5 : 8S/8S
- P6 : 8S/8S
- P7 : 8S/8S
- P8 : 16S/16S
- P9 : 16S/16S
- P10 : 16S/16S
- P11 : 6S/6S
- P12 : 16S/16S
- P13 : 16S/16S
- P14 : 12C/12C

Vue sur la majorité de la ligne depuis les abords de la gare aval.

Le P1.

La tête de cet ouvrage.

Retour arrière et vue sur le début de la ligne.

La portée vers le pylône 2.

Le P2.

La portée vers le pylône 3. On se situe sur la partie peu pentue de la ligne.

Le P3.

La portée vers le pylône 4.

Le P4. Il imprime une forte pente à la ligne.

Le P5.

La portée vers le pylône 6. La ligne survole la fin de la piste du Jandri 1.

Le P6.

Vue arrière sur la première partie de la ligne. La pente de la ligne atteint alors son maximum de 65 %.

La portée vers le pylône 7.

Le P7.

La portée vers le pylône 8.

Le P8.

La portée vers le pylône 9.

Le P9. Il redresse la ligne avant l'arrivée sur le plateau des Crêtes. La cabine survole une seconde fois la piste du Jandri 1 après cet ouvrage.

La portée vers le pylône 10.

Le P10.

Le P11. Il s'agit du seul ouvrage tubulaire de l'appareil. La ligne survole le tapis des Petites Crêtes. Sur la gauche, on peut voir la gare amont du télésiège du Village.

Vue sur ce pylône lorsque le télésiège des Petites Crêtes était encore exploité. On comprend alors, l'intérêt du caractère tubulaire de cet ouvrage.

La portée vers le pylône 12. La ligne est désormais peu pentue. Le téléporté survole la piste des Petites Crêtes.

Le P12. La cabine survole la ligne du télésiège des Crêtes.

La portée vers le pylône 13. L'installation survole la partie finale de la piste du Jandri 2.

Le P13. On peut voir la gare amont du télésiège de Thuit-Crêtes sur la gauche.

La portée vers le pylône 14. La cabine descend jusqu'à l'entrée en gare amont.

Le P14.
La gare amont

L'entrée en gare amont.
Présentation générale
La gare amont de la télécabine des Œufs Blancs est implantées à 2190 mètres d'altitude sur le plateau des Crêtes, au lieu-dit de la Séa. Elle est comprise dans un grand bâtiment qui abrite également la station aval du téléphérique du Jandri 2. En effet ces deux installations ont été construites la même année et constituent une chaîne de remontées mécaniques permettant d'atteindre la Toura. Cette gare se situe à proximité des stations amont des télésièges du Village 1800 et de Thuit-Crêtes ainsi que du téléski des Ancontres.

Gros plan sur le lieu-dit de la Séa depuis la piste du Jandri 2.

La gare amont dans son environnement vue depuis la fin de la piste des Crêtes. On remarque notamment, les gares amont du téléphérique du Jandri 2 et des télésièges débrayables de Village 1800 et de la Belle Étoile. On aperçoit également le téléski des Ancontres.

Vue de plus près sur la gare amont depuis l'arrivée de cette piste. Le massif des Grandes Rousses et particulièrement le Pic Blanc, culminant à 3323 mètres d'altitudes sont visibles à l'arrière-plan.

Vue en plongée sur le bâtiment comprenant la station aval de cette remontée mécanique.

Vue de trois quarts depuis l'arrivée de la piste du Jandri 2. A droite, on peut voir les derniers pylône du télésiège de Thuit-Crêtes.

Vue sur l'entrée et la sortie de chacun des deux appareils.

Vue de profil sur la partie du bâtiment comportant la gare aval de la télécabine.

Vue de trois quarts sur l'entrée de la station et le dernier pylône de la ligne.

Vue plus générale sur l'avant du bâtiment.

Vue de face. On aperçoit la zone intermédiaire de la Toura à l'arrière-plan.

Vue de trois quarts.

L'avant de la station amont de la télécabine par rapport à l'arrière de la station aval du téléphérique.

Vue de trois quarts sur l'entrée de la gare amont et le pylône 14.

Idem mais vue de plus près.
Approfondissements techniques
La gare amont de la télécabine des Œufs Blancs est la station motrice de l’installation. Le câble est entraîné à l'aide d'un moteur électrique asynchrone développant une puissance de 242 kW. Le mouvement de ce dernier est transmis via des courroies au réducteur qui permet en abaissant la vitesse, d'augmenter le couple au niveau de la poulie motrice. Ce moteur est relié à un volant d'inertie sur lequel agit un frein de service. Deux autres freins dits d'urgence sont également placés au niveau de la poulie motrice. En cas d'avarie sur le moteur principal, un moteur thermique de secours peut être accouplé à l'arbre rapide du réducteur via l'intermédiaire de cardans et d’une boîte de vitesse.

Schéma de l’entraînement de la télécabine.

Le moteur thermique de secours et la boite d'accouplement.

Une autre vue sur ce moteur.

Vue sur les cardans, la boite de vitesse ainsi que l'arbre rapide relié au moteur principal par des courroies qui entre dans le réducteur.

Gros plan sur l’accouplement entre le moteur thermique et la boîte de vitesse.

Zoom sur la boîte de vitesse.

Gros plan sur les courroies.

La poulie motrice et le réducteur.

Gros plan sur les deux freins d'urgence.

Une autre vue sur ces freins.
Dans un premier temps, les pinces sont débrayées du câble à l'aide d'une came qui appuie sur les mors de celles-ci. Au niveau de cette came, des pneus de synchronisation sont placés. Ainsi le câble et la cabine sont à la même vitesse, ce qui limite l'usure des pinces. La prise de mouvement de ces pneus est réalisée à l'aide d'autres pneus qui sont en contact permanents avec le câble. Par la suite, les cabines décélèrent à l'aide d'un ralentisseur gravitaire. Des cliquets anti-retour sont placés juste après la came de débrayage afin d'éviter que des cabines ne repartent en arrière. Après, les portes s'ouvrent puis les véhicules sont pris en charge par un convoyeur à olives faisant également office de cadenceur. Durant cette étape, le bon fonctionnement des pinces est vérifié à l'aide d'un pesage de la force exercée par celles-ci. Une fois dans le contour, les cabines avancent simplement sur une voie en pente grâce à la gravité, afin de faire demi-tour. Toutefois deux pneus sont présents dans le contour afin de limiter la vitesse des véhicules. Ensuite, c'est l'inverse qui s'opère, les cabines parviennent jusqu'à la zone d'embarquement à l'aide de chaînes équipées de doigts qui se déplacent dans deux glissières. Ces chaînes sont mises en mouvement grâce à un motoréducteur de cadencement, qui tourne plus ou moins vite en fonction du débit souhaité. Par la suite, les portes se ferment puis les véhicules prennent de la vitesse dans le lanceur gravitaire. A la fin de ce dernier, les pinces sont embrayées sur le câble. Au niveau de la came d'embrayage des pneus de synchronisation sont aussi présents. Les cabines repartent ensuite sur la ligne pour un nouveau cycle.

Vue sur le ralentisseur gravitaire. Les pneus de la prise de mouvement ainsi que les cliquets anti-retour sont alors bien visibles.

La zone de débarquement.

Vue sur le moteur et la poulie entraînant le convoyeur à olives. Une cabine vient d'être prise en charge par ce dispositif.

Vue sur le système de pesage des pinces.

Vue sur la fin du convoyeur à olives.

Le contour vu depuis l'accès au téléphérique du Jandri 2.
Une fois la journée ou la saison terminée, les cabines sont rangées, une partie en gare aval et l'autre en gare amont durant le décyclage. Pour ce faire, elles entrent tout d'abord en gare puis sont dirigées à l'aide d'un aiguillage vers la zone de stockage. Les aiguillages sont actionnés manuellement à l'aide d'un système composé d'une corde et de poulies. Pour pouvoir ranger les véhicules sans que le personnel n'ait à les pousser, le rail de la zone de stockage est en pente afin qu'ils puissent accéder par gravité à l'espace où ils sont entreposés. Les cabines sont donc d'abord montées à l'aide du convoyeur à olives vers ce rail. En début de journée où de saison, il faut replacer les cabines sur la ligne. Il s'agit du cyclage. Il est donc nécessaire de remonter les cabines depuis leur lieu de stockage. Un autre convoyeur à olives fait office d'ascenseur. Ensuite un aiguillage est actionné pour acheminer les cabines vers la zone d'embarquement. La gare comporte également une zone de maintenance qui permet de contrôler le bon fonctionnement des pinces.

Vue sur l'aiguillage et le convoyeur à olives permettant de faire monter les cabines sur le rail qui les achemine vers la zone de stockage.

Vue sur les autres voies de stockage de la gare. On aperçoit les cordes permettant de commander manuellement les aiguillages.

La zone de stockage des cabines.

Vue sur une pince dans la zone de maintenance.

Cette pince est particulière. Elle permet en effet, de tester le bon fonctionnement du pesage en vérifiant que le sous pesage de cette pince soit bien détecté. On remarque le second chariot de service à l'arrière-plan.
Véhicules et pinces
La télécabine des Œufs Blancs était initialement équipée de cabines 4 places SP4, qui ont par la suite été remplacées par des SP76 disposant d'un espace intérieur légèrement supérieur. Ces dernières se distinguent des anciennes par la présence de deux vitres panoramiques et non quatre. Elles comportent chacune deux racks à skis extérieurs permettant de ranger quatre skis et deux snowboards. Les véhicules sont reliés au câble par l'intermédiaire d'une double pince débrayable S. Il à noter que c'est le surnom de ces mythiques cabines, couramment appelées "œufs" qui a valu à l’appareil d'être rebaptisé Œufs Blancs en 2010.

Le croisement de deux cabines vu depuis la piste du Jandri 1.

Gros plan sur deux véhicules au niveau de la portée entre les deux derniers pylônes de la ligne.

Une cabine SP4.

Gros plan sur la double pince S, la suspente ainsi que le système d'ouverture et de fermeture des portes.

Vue sur le système d'ouverture des portes en fonctionnement en gare amont.

Gros plan sur les racks à skis.

Une assise.
L'appareil, vu depuis les pistes

Le pylône 13 vu depuis les abords de la gare amont de la télécabine.

Vue sur cet ouvrage avec la station amont au second plan.

Le pylône 12 vu depuis la piste des Crêtes. La ligne du télésiège des Crêtes est bien visible sur la gauche. A l’arrière-plan on peut voir le massif des Grandes Rousses. Plus on fond, on aperçoit la chaîne de Belledonne

Vue sur cet ouvrage depuis la piste des Petites Crêtes. La montagne de la Belle Étoile où évolue le secteur de la Fée est visible à l'arrière-plan.

Vu sur les ouvrages 10 et 11 implantés de part et d'autre du tapis des Petites Crêtes. Au second plan, on remarque le secteur de la Vallée Blanche.

Les pylônes 11 et 12 vus depuis le départ de la piste du Jandri 1. Au centre on peut voir la seconde partie du télésiège débrayable des Crêtes et plus au fond, le DMC du Jandri Express 1.

Vue sur les ouvrages 10 et 11 ainsi que les montagnes du massif des Écrins depuis le télésiège des Crêtes

Le pylône 9 qui redresse la ligne avant l’arrivée sur le plateau des Crêtes, vu depuis le début de la piste du Jandri 1. A l'arrière-plan on peut admirer la Roche de la Muzelle culminant à 3465 mètres d'altitude.

Une autre vue sur cet ouvrage depuis cette piste bleue.

Le milieu de la ligne de la télécabine des Œufs Blancs vu depuis cette même piste.

Vue sur la partie la plus raide de la ligne depuis la piste du Jandri 1. A l'arrière-plan, on peut voir le quartier des Deux Alpes 1800 ainsi que le massif des Grandes Rousses.

Le premier survol de cette piste par l’installation.

La seconde partie de la ligne vue depuis le même emplacement.

Vue sur les pylônes permettant d'imprimer une pente importante à la ligne.

Les ouvrages 3 et 4 vus depuis la fin de la piste du Jandri 1.

Vue sur le pylône 2 depuis cette piste bleue.

Vu sur la ligne depuis le chemin d’accès à l'alpe de Venosc.

Le début de la ligne vu depuis le même emplacement. Le front de neige et la station des Deux Alpes sont bien visibles. Le secteur de la Vallée Blanche domine l'arrière plan. Plus au fond on aperçoit le Pied Moutet culminant à 2339 mètres d'altitude.

Vue sur le pylône 2 et la première partie, peu pentue de la ligne depuis la piste du Jandri 1.

Vue de profil du pylône 1 depuis l'arrivée de cette piste. Au second plan, les lanceurs de la gare aval du DMC du Jandri Express 1 sont visibles. Les sommets du massif des Écrins dont la Roche de la Muselle et l'Aiguille de Venosc dominent l'arrière plan.

Vu de face sur le premier ouvrage de la ligne depuis les abords de la gare aval.
Conclusion
Construit en 1973 par Poma, la télécabine des Œufs Blancs, anciennement Jandri 1 est aujourd'hui mythique malgré son rôle peu important. En effet il s'agit d'une des rares installations à pinces S encore en service. Cependant, elle est concurrencée par de nombreux téléportés dont le télésiège débrayable de la Belle Étoile. De nos jours, elle constitue avec le téléphérique du Jandri 2, une alternative moins fréquentée au DMC du Jandri Express 1 pour accéder au secteur de la Toura. Elle permet notamment pour les débutants d'accéder au plateau des Crêtes, propice à l'apprentissage du ski.

La télécabine des Œufs Blancs, mythique télécabine Poma SP4 encore en exploitation.
D'ici à 2020, l'exploitant souhaite totalement restructurer la colonne vertébrale du domaine skiable des Deux Alpes. Ainsi, l'accès au glacier de Mont de Lans depuis la station serait facilité grâce à un débit important et un confort accru. Il est prévu de démonter les DMC du Jandri Express 1 et 2, le télésiège des Glaciers, le téléphérique du Jandri 2 et la télécabine des Œufs Blancs. Une télécabine en trois tronçons serait alors construite avec une gare intermédiaire aux Crêtes et à la Toura. De plus, ces deux secteurs seraient également réorganisés avec le remplacement des anciens appareils par de nouveaux téléportés débrayables.
Crédits et remerciements
Photographies : Bovinant, piedmoutet, la Plagne 78 et Christine Delahousse
Date des prises de vues : 12 avril 2015 et 10 avril 2016 pour les photos de Bovinant
Graphisme et bannière: Bovinant
Texte : Bovinant
Relecture et corrections : remontees
Je tiens à remercier piedmoutet pour sa mise à disposition de ses anciennes photographies du domaine skiable des Deux Alpes, la Plagne 78 pour ses photos techniques et également remontees pour ses relectures et corrections.
2016 - Bovinant - www.remontees-mecaniques.net
