TCD6 de Belle Plagne / Roche de Mio
La Plagne (Paradiski)
Poma



Une impressionnante installation signée Poma en 1975 entre ski propre et liaison urbaine, avec une gare intermédiaire rajoutée en cours d'exploitation.
Options techniques :
- Gare intermédiaire 2 brins

- Sommaire des parties
- Accéder à la partie : Sommaire
- Accéder à la partie : À la conquête de la Roche de Mio
- Accéder à la partie : Belle Plagne - Roche de Mio, un ascenseur rapide vers le domaine d'altitude
- Accéder à la partie : Ligne et infrastructures des télécabines de Belle Plagne - Roche de Mio
- Accéder à la partie : Belle Plagne & Roche de Mio, des appareils essoufflés
Bonjour, je vous propose un reportage sur la :

Au sommaire de ce reportage :
- La Plagne : toute la montagne en onze stations
- À la conquête de la Roche de Mio
- Belle Plagne - Roche de Mio, un ascenseur rapide vers le domaine d'altitude
- Ligne et infrastructures des télécabines de Belle Plagne - Roche de Mio La gare aval (Plagne Bellecôte - 1940 mètres)
- Belle Plagne & Roche de Mio, des appareils essoufflés
La ligne (premier tronçon)
La gare intermédiaire (Belle Plagne - 2086 mètres)
La ligne (second tronçon)
La gare amont (Roche de Mio - 2732 mètres)
Véhicules et Pinces
Autres Vues
La Plagne : toute la montagne en onze stations
Sise entre la commune nouvelle de La Plagne Tarentaise et celle de Champagny-en-Vanoise en vallée de Bozel, La Plagne est l'une des plus grandes stations de la Savoie.
Son urbanisation nébuleuse se répartit en 11 sites offrant tous types d’ambiances, de l’authentique village station de Champagny en passant par la station village de 4ème génération jusqu’aux grands ensembles typiques de stations intégrées de troisième génération auxquels la rationalité confère une inégalable fonctionnalité.
La station étant reliée depuis fin 2003 aux Arcs/Peisey-Vallandry via le téléphérique Vanoise-Express, le regroupement propose sous le nom de « Paradiski » un très grand domaine skiable comprenant pas moins de 130 pistes et 115 remontées mécaniques, qui s’étagent entre 1230 mètres et bientôt 3055 mètres d'altitude en haut de la future télécabine du Glacier 2 qui se situera sous le sommet de Bellecôte.
À la conquête de la Roche de Mio
À son ouverture le 22 décembre 1961, on trouvait alors à La Plagne deux téléskis autour de l’actuel front de neige de Plagne Centre.
Le téléski « de la Lovatière » desservait la zone débutante du front de neige, celui « du Biolley » permettait de skier des pentes plus ambitieuses actuellement dans le champ de desserte de l’actuel télésiège débrayable du Bécoin .
Ce fut le manufacturier isérois Montaz-Mautino qui construisit à l’époque ces premiers appareils plagnards et enchaîna l’année suivante sur deux nouveaux téléskis, le « Télé-École » et « le Z », tandis que le téléski de la Lovatière était supprimé.
Le téléski du Z arrivait alors au-dessus du départ de l'actuel télésiège des Verdons Nord, de façon à desservir une large aire de ski propre ensoleillée et facile : ce fut ainsi dès 1962 que la piste de la Marie-Chantal fut créée, le téléski « du Cabri » venant quant à lui doubler en 1964 le téléski du Z pour offrir une vraie zone débutante à Plagne Centre.
Le téléski « des Aollets » ouvrit en 1963, offrant la possibilité de descendre vers le vallon de l'Ours par une piste bleue.
Une fois ces bases jetées, l’encore petite station de la Plagne décida l'ouverture d'un grand axe structurant reliant Plagne Centre au sommet de la Grande Rochette au prix d’un investissement record de 8 millions de francs, destiné à installer un téléphérique débrayable 2S innovant et moderne pour l'époque.
En 1971, la SAP (Société d’Aménagement de la Plagne) construisit le téléski des Colosses, permettant le retour vers Plagne Centre depuis la future Plagne Bellecôte sans avoir à descendre jusqu'aux téléskis des Bouclets après avoir descendu la piste bleue du vallon de l'Ours.
Parallèlement à tous ces aménagements, la SAP réfléchit activement à l'équipement des pentes de la Crête des Bourtes et de la Roche de Mio.

Vue de la Roche de Mio depuis les airs en 1965. Au premier plan, nous pouvons observer la Crête des Bourtes (cliché http://www.perso-laplagne.fr)

Vue sur le secteur de Belle Plagne et la Crête des Bourtes depuis le secteur des Colosses en 1968.
Au cours des années 1970, l'urbanisation ne cessait d’accroître la station. C'est en 1974 que fut construit un immense édifice de dix étages à Plagne Bellecôte, très moderne pour l'époque. Le site adopta immédiatement le rôle de plaque tournante pour le domaine de la Grande Plagne. L'accès au site de Champagny-en-Vanoise fut rendu possible la même année avec la construction du téléski du Col de Forcle I. La même année, la construction de la télécabine de Belle Plagne avait déjà commencé mais fut très vite arrêtée avec l'arrivée de la neige en septembre. En 1975, la réalisation des télécabines de Belle Plagne et de la Roche de Mio était enfin achevée.
En même temps que la réalisation de la télécabine de la Roche de Mio, la SAP s'était attelée à développer une offre de ski propre de qualité. Ainsi, on fit appel à l'entreprise BOTTO et à ses bulldozers pour réaliser près de 5000 mètres linéaires de pistes en 850 heures. Pour garantir le retour vers Plagne Bellecôte quelles que soient les conditions météorologiques, l'entreprise Truchtet Tanzini construisit le tunnel des Inversens, 110 mètres de long, entre 1974 et 1976. Aujourd'hui, il accueille la piste bleue du Tunnel.

L'aménagement du secteur de la Roche de Mio.
- Télécabine de la Roche de Mio
- Téléski des Quillis
- Téléski des Bourtes
- Tunnel des Inversens
- Téléski des Verdons
- Télésiège des Colosses
- Téléski du Leitchoum
- 2S de la Grande Rochette
- Télésiège de l'Arpette
- Téléski de la Salla
- Téléski du Dos du Rond
- Téléski des Pierres Blanches
- Téléski des Aollets
- Téléski des Borseliers
- Téléski de la Rossa
Légende des pistes :
- Piste de la Carella
- Piste des Inversens
- Piste des Bourtes
- Piste des Ours
- Piste des Leitchoum
- Piste de la Belotte
- Piste de Mercédès
- Itinéraire de Montchavin
Dans sa configuration d'origine, la télécabine de la Roche de Mio reliait d'un seul trait Plagne Bellecôte à la Roche de Mio. Les skieurs embarquaient dans des cabines du modèle SP6, en s'ayant trois par trois dos à dos. Poma avait donc livré ici un appareil sans précédent qui fut un véritable moteur de développement d'un nouveau secteur. La télécabine n'ayant cessé d'évoluer au fil des années, je vous propose de revenir rapidement sur certaines de ces caractéristiques d'origine.
TCD - Télécabine à attaches découplables - ROCHE DE MIO
Longueur développée : 3760 mètres
Longueur horizontale : 3610 mètres
Dénivelé : 791 mètres
Pente moyenne : 21,91 %
Vitesse d'exploitation : 4 m/s
Temps de parcours : 15 minutes et 40 secondes
Puissance du moteur principale : 2*360 ch
Fournisseur des moteurs électriques : C. E. M.
Puissance du moteur thermique (marche de secours) : 250 ch
Nombre de pylônes : 37
Nombre de cabines : 141
Débit théorique : 1440 personnes/heure
Cadencement : 15 secondes, soit 40 mètres
À présent, je vous propose quelques clichés de la télécabine dans sa configuration d'origine :

La télécabine faisant la une du magazine Aménagement et Montagne. Nous observons ici la ligne après le passage de la Crête des Bourtes.

La solitaire télécabine arrivant au sommet de la Roche de Mio.

L'entrée de la gare amont. Remarquez ici l'absence de portes pour protéger l'intérieur de la gare des divers aléas climatiques.

Le garage accueillant les véhicules.

Le bâtiment accueillant la gare amont. Cette photo a été prise avant la construction de la télécabine de Bellecôte et la réalisation d'importants terrassements. (Cliché DR, Éditions CIM)
En 1978, il fut fait appel à Poma pour prolonger la télécabine jusqu'au Glacier de Bellecôte, pour une ligne de près de six kilomètres. Un transfert avait été réalisé entre la télécabine de la Roche de Mio et celle de Bellecôte mais il ne fut jamais utilisé. Ainsi, il était possible de parcourir en un peu moins d'une demi-heure 1000 mètres de dénivelé.

Vue du début de la ligne avec ici le pylône 3.

Le début de la montée vers Plagne Bellecôte

La ligne avant que la gare intermédiaire ne soit construite. On aperçoit également le téléski du Col de Forcle. (cliché http://www.perso-laplagne.fr)

Vue du début de la ligne en 1981. On aperçoit la gare aval du téléski des Colosses mais surtout, à l'arrière-plan, une grue du chantier du quartier de Belle Plagne. (cliché http://www.perso-laplagne.fr)

La ligne, en 1981, filant entre les habitations avant que la gare intermédiaire ne soit construite. (cliché http://www.perso-laplagne.fr)

La traversée du chantier de Belle Plagne pendant l'hiver 1981/1982. (cliché http://www.perso-laplagne.fr)

La ligne continuant son ascension vers la crête des Bourtes. (cliché http://www.perso-laplagne.fr)
C'est en 1976 que l'offre de ski propre fut élargie dans le secteur de la Roche de Mio avec le petit téléski des Bourtes. Très pentu, sa gare aval prenait place au bord de la piste du Tunnel, sa gare aval était quant à elle au niveau de la Crête des Bourtes. L'appareil permettait l'accès à une piste rouge qui serpentait sous la ligne de la télécabine. Le tracé était assez difficile, même ouverte et préparée, la piste restait assez technique. 2001 sonne le glas de ce téléski, à force de n'être ouvert que ponctuellement. La piste des Bourtes est aujourd'hui un itinéraire hors-pistes fréquenté et apprécié pour sa difficulté.

Extrait du plan des pistes de 1977. Le téléski des Bourtes porte le numéro 49 et est situé au-dessus de l'indication "tunnel des inversens". (issu de http://www.perso-laplagne.fr)

Vue du début de la ligne du téléski des Bourtes, on devine déjà une pente très soutenue. (cliché http://www.perso-laplagne.fr)
En 1981, le quartier de Belle Plagne sortait de terre. Conçu pour être entièrement piéton et accessible à skis, la télécabine de la Roche de Mio fut équipée, en 1982, d'une gare intermédiaire. De ce fait, une nouvelle chaîne cinématique fut installée en gare intermédiaire pour l'entraînement du tronçon de Belle Plagne ainsi qu'un nouveau système de tension pour le tronçon de la Roche de Mio.
Face au vieillissement de la télécabine, ou plutôt des télécabines, soumise à rude épreuve (exploitation sur de grandes plages horaires pour le tronçon de Belle Plagne, haute altitude pour la Roche de Mio), la SAP décida d'entreprendre une profonde modernisation de l'installation durant l'été 2003 par Poma dans l'optique de prolonger la durée de vie de l'installation d'une dizaine d'années.
Belle Plagne - Roche de Mio, un ascenseur rapide vers le domaine d'altitude
La télécabine de Belle Plagne - Roche de Mio est un appareil majeur du front de neige de Plagne Bellecôte bien que proposant le débit le moins important. Cette télécabine se différencie des autres appareils du front de neige en ayant un rôle de desserte de ski propre et non de liaison contrairement au TSD6 des Blanchets (accès à Champagny-en-Vanoise), au TSD8 des Colosses (accès aux stations d'altitudes de La Plagne) ou encore au TSD8 de l'Arpette (accès à Montchavin - Les Coches et aux Arcs). À l'origine, la télécabine de la Roche de Mio reliait d'un seul trait le front de neige de Belle Plagne à la Roche de Mio pour permettre l'accès au secteur du glacier (moyennant une rupture de charge). Mais, la télécabine de Belle Plagne - Roche de Mio a su trouver une place dans le ski propre en desservant, depuis son sommet, les secteurs de Belle Plagne et de Plagne Bellecôte, la Combe des Inversens, Montchavin - Les Coches, le secteur de la Carella et de Champagny-en-Vanoise.

Vue globale.

Vue rapprochée.
La télécabine est également exploitée durant la période estivale pour permettre l'accès à la Roche de Mio et au secteur du Glacier (en empruntant la télécabine de Bellecôte) aux piétons ainsi qu'aux VTT.

Vue globale.

Vue rapprochée.
Le premier tronçon assure, aussi bien en été qu'en hiver, un rôle de liaison urbaine pour les piétons entre Belle Plagne et Plagne Bellecôte, et cela jusque très tard dans la soirée (vers 23 heures). Les deux tronçons sont alors désaccouplés et seul le premier est mis en fonctionnement.
À présent, résumons les caractéristiques hors-normes de ces deux télécabines :
- Tronçon 1 : Belle Plagne
- Tronçon 2 : Roche de Mio
TCD – Télécabine à attaches découplables : BELLE PLAGNE
Maître d’ouvrage : SIGP (Syndicat Intercommunal de la Grande Plagne)
Maître d’œuvre : CETARM 73
Exploitant : SAP (Société d'Aménagement de la Plagne)
Constructeur : Pomagalski
Année de construction : 1975
Année de modification : 1982
Année de rénovation majeure : 2003
- Caractéristiques d’Exploitation
Saison d'exploitation : Hiver et Été
Capacité : 6 personnes
Débit à la montée : 1440 personnes/heure
Débit à la descente : 1440 personnes/heure
Vitesse maximale d'exploitation : 4,00 m/s
Temps de parcours : 03 minutes et 56 secondes
- Caractéristiques Géométriques
Altitude aval : 1940 mètres
Altitude amont : 2086 mètres
Dénivelée : 146 mètres
Longueur développée : 944 mètres
Pente moyenne : 16 % (environ)
Pente maximale : 45,00 %
- Caractéristiques Techniques
Emplacement tension : Aval
Type de tension : Contrepoids
Emplacement motrice : Amont
Type de motorisation : Continu
Puissance développée : 215 kW
Sens de montée : Gauche
Nombre de pylônes : 10
Dispositif d’accouplement : Doubles Pinces-S
Nombre de véhicules : 50 véhicules
Espacement : 15 secondes
- Caractéristiques du Câble
Constructeur : Tréfileurope
Année de fabrication : 1993
Année de pose : 1993
Sens de câblage : Droite
Type de câblage : Lang
Diamètre : 39,80 millimètres
Fonction du câble : Porteur-tracteur
Pas de câblage : 277,50 millimètres
Composition : 6x17 fils
Pas de toronnage : 115,50 millimètres
Type d’âme : Compacte
Résistance à la rupture : 102 000 daN
Section du câble : 614,35 mm2
Section du toron : 102,39 mm2
TCD – Télécabine à attaches découplables : ROCHE DE MIO
Maître d’ouvrage : SIGP (Syndicat Intercommunal de la Grande Plagne)
Maître d’œuvre : CETARM 73
Exploitant : SAP (Société d'Aménagement de la Plagne)
Constructeur : Pomagalski
Année de construction : 1975
Année de modification : 1982
Année de rénovation majeure : 2003
- Caractéristiques d’Exploitation
Saison d'exploitation : Hiver et Été
Capacité : 6 personnes
Débit à la montée : 1440 personnes/heure
Débit à la descente : 1440 personnes/heure
Vitesse maximale d'exploitation : 4,00 m/s
Temps de parcours : 10 minutes et 55 secondes
- Caractéristiques Géométriques
Altitude aval : 2086 mètres
Altitude amont : 2732 mètres
Dénivelée : 646 mètres
Longueur développée : 2620 mètres
Pente moyenne : 26 % (environ)
Pente maximale : 50,00 %
- Caractéristiques Techniques
Emplacement tension : Aval
Type de tension : Contrepoids
Emplacement motrice : Amont
Type de motorisation : Continu
Puissance développée : 600 kW
Sens de montée : Gauche
Nombre de pylônes : 28
Dispositif d’accouplement : Doubles Pinces-S
Nombre de véhicules : 111 véhicules
Espacement : 15 secondes
- Caractéristiques du Câble
Constructeur : Tréfileurope
Année de fabrication : 1993
Année de pose : 1993
Sens de câblage : Droite
Type de câblage : Lang
Diamètre : 39,50 millimètres
Fonction du câble : Porteur-tracteur
Pas de câblage : 277,50 millimètres
Composition : 6x17 fils
Pas de toronnage : 115,50 millimètres
Type d’âme : Compacte
Résistance à la rupture : 109 960 daN
Section du câble : 614,00 mm2
Section du toron : 102,00 mm2
Ligne et infrastructures des télécabines de Belle Plagne - Roche de Mio
Les télécabines de Belle Plagne et de la Roche de Mio appartiennent donc à la gamme des télécabines débrayables Pomagalski typiques des années 1970 à doubles pinces S. L'accouplement et le désaccouplent des véhicules s'effectuent dans une rampe, des leviers sous la pince sont pressés. La mise en vitesse et le ralentissement des véhicules est fait grâce au poids des véhicules. Sur les deux appareils, l'entraînement du câble est réalisé en amont, tandis que la tension s'effectue par des contrepoids en gare aval. Le profil d'autant plus impressionnant de la télécabine à l'origine, c'est-à-dire avant la scission en deux tronçons, justifie cette configuration. Les pylônes adoptent soit une forme tubulaire, soit une forme en treillis composée d'entretoises en « X ». Les pylônes sont dépourvus de passerelles de repos pour l'entretien, mais simplement de « Poma-Pass », obligeant l'exploitant à réaliser la maintenance à l'aide d'un véhicule de service.
Les deux télécabines ayant un rôle clef dans le domaine skiable, il a été fait appel à Poma en 2003 pour rénover profondément les deux appareils. L'entièreté des cabines SP6 ont été remplacées par les cabines plus spacieuses et confortables Diamond6. Ces télécabines sont d'ailleurs les premières à avoir été équipées de cabines Sigma Diamond Les moteurs asynchrones ont été changés par des moteurs à courant continu, l'entraînement à taquets du contour ainsi que les chaînes des rampes de lancement et de ralentissement ont été remplacés par des poutres à pneus et le système de tension s'est vu être refondu (modification du circuit du câble de tension) dans l'optique d'une plus grande sécurité et d'une plus grande fiabilité.
→ Je vous invite à consulter cette vidéo réalisée par Poma traitant de la rénovation de 2003 : Vidéo
À son ouverture, la télécabine de la Roche de Mio était la plus longue télécabine monocâble de Pomagalski et équipée du plus gros câble porteur-tracteur du monde ; ces caractéristiques démontrent le caractère hors normes de cette installation construite avec les techniques et technologies industrielles de 1975.
Face à un profil de ligne assez délicat, des contraintes sont apparues pour l'exploitation. En cas de défaillance technique nécessitant une évacuation de la ligne, un plan de sauvetage adapté aux zones délicates a dû être conçu (passage dans des zones en dévers, au-dessus de zones exposées aux coulées de neige (Crête des Bourtes notamment), passage avec une hauteur de survol importante, zones rocheuses escarpées...).
Ainsi, dans les portions à faible pente (pente inférieure ou égale à 10%), l'utilisation d'un système « Cyclo-Poma » permet l'évacuation des passagers. Ce système ressemble à un siège mis en mouvement par la force du sauveteur pédalant. Dans les portions davantage pentues, on retrouvait un dispositif « Héli Poma ». Ce système prenait la forme d'une simple sellette qui avançait sur le câble grâce à la gravité et était retenue par un système de pales régulant la vitesse par la résistance à l'air. Enfin, le dernier dispositif de sauvetage était composée d'une nacelle entraînée par un treuil entre les pylônes 18 et 19. Les passagers étaient secourus des cabines et déposés au pylône 19 d'où ils pouvaient rejoindre par ski ou par chenillette Plagne Bellecôte.
Face à la complexité de ce système, l'exploitant a décidé de l'abandonner et de mettre en place une plateforme sur le pylône 19 pour faciliter l'évacuation et la maintenance.
De nos jours, l'évacuation s'effectue verticalement (en rappel) ou bien par l’intermédiaire du moteur de secours si la défaillance technique ne provient pas de la chaîne cinématique. La SAP peut également faire recourt à un héliportage pour secourir les passagers dans les sections les plus délicates grâce aux gendarmes du PGHM de Bourg-Saint-Maurice.
La gare aval (Plagne Bellecôte - 1940 mètres)
Aspect extérieur
La gare aval est située à 1940 mètres d'altitude, au cœur du front de neige de Plagne Bellecôte. Il s'agit d'un bâtiment recouvert de tôle ou d'un bardage en bois clair, accompagné de large surfaces vitrées. Sur le bâtiment figure le nom de l'installation ainsi qu'un logo de la Plagne aux dimensions importantes.

Vue générale du bâtiment abritant la gare.

Vue rapprochée.

Vue de trois quarts arrière.
Aspect intérieur
La gare aval assure la tension du premier tronçon de l’installation (Belle Plagne). Malgré la profonde rénovation de 2003, le système de tension n'a guère évolué puisqu'on retrouve toujours un contrepoids d'une masse de 25 650 kg relié au lorry permettant ainsi le déplacement de la poulie. Au sein du bâtiment, on retrouve également un espace de stockage des véhicules utilisé chaque soir et hors exploitation. L'embarquement s'effectue au niveau de l'entrée de la bâtisse, assisté par le personnel (notamment pour mettre les skis dans les raques).

Vue détaillée du système de soutien des véhicules. On devine les pneus entraînants les véhicules, le poussard bleu au second plan ainsi que la chaîne de traînage de l'entrée du garage et son moteur à droite du cliché.

Vue d'une partie du contour avec également l'aiguillage vers le garage. Il est possible de distinguer le poussard en bleu.

Vue de l'aiguillage menant vers le garage dans l'axe de la ligne.

La chaîne de traînage du garage.

La fin de la zone d'embarquement avec le lanceur et la poulie retour-tension.

Vue de la poulie retour-tension depuis une cabine.

Vue du lanceur depuis la cabine s'apprêtant à descendre sa rampe.
La ligne (premier tronçon)
Le profil du premier tronçon est peu intéressant du fait du terrain assez plat qui est survolé. La ligne est longue de 944 mètres pour une dénivellation de 146 mètres.
Dès la sortie de la gare aval, la ligne est inclinée par le P0 dont le balancier dépasse à peine du complexe. Cette timide pente est rapidement atténuée par le pylône 1 qui précède un long survol des pistes de retour à la station. Le pylône 7 permet à la ligne de remonter vers la gare intermédiaire proche d'habitations. Le pylône 8 "bis" (appellation officieuse) précède le survol de route D224. Les pylônes 9 et 10 (ce dernier n'étant pas d'origine) permettent de replacer la ligne à l'horizontal avant une assez longue portée jusqu'à la gare amont.

La sortie de la gare et le P0 depuis la file d'accès à l'appareil.

Le pylône 1.

Vue arrière du pylône et de la gare aval.

Le pylône 2.

Portée jusqu'au pylône 3.

Le pylône 3.

Longue portée jusqu'au pylône 4.

Le pylône 4.

Le pylône 5.

Longue portée jusqu'au pylône 6.

Le pylône 6.

Le pylône 7.

Le pylône 8.

Le pylône 8 « bis » surplombant la route D224.

Le pylône 9.

Le pylône 10.

Nous nous rapprochons de la gare intermédiaire.
La gare intermédiaire (Belle Plagne - 2086 mètres)
Aspect extérieur
La gare intermédiaire est située à 2086 mètres d'altitude, au cœur du quartier de Plagne Bellecôte. Le bâtiment s'intègre style architectural à l'allure montagnarde. La gare s'intègre parfaitement dans son environnement et reste très discrète.

L'arrivée en gare intermédiaire.

Vue sur le bâtiment de la gare intermédiaire, très discret.

Vue sur la sortie de la gare (donnant sur le tronçon de la Roche de Mio).

La gare intermédiaire observée de trois quarts avec le pylône 10.
Aspect intérieur
La gare intermédiaire assure la liaison entre la télécabine de Belle Plagne et la télécabine de la Roche de Mio. Lors de la scission de la télécabine de la Roche de Mio, une chaîne cinématique fût installée pour le premier tronçon et un contrepoids pour le deuxième. À noter que les tronçons peuvent aussi bien être exploités simultanément que séparément. Un garage permet d'y entreposer des cabines.

La zone d’embarquement et de débarquement. On observe à gauche le rail d'accès au garage.

Le garage.

La poulie motrice du premier tronçon.

Le contour du premier tronçon. On observe au dernier plan la liaison gravitaire entre les deux tronçons.

Le moteur du contour (télécabine de Belle Plagne).

Le contour du deuxième tronçon.

Autre vue. On observe au centre du cliché une partie du système de tension du deuxième tronçon.

La poulie retour-tension et une partie du lorry.

Notre ascension vers la Roche de Mio débute !
La ligne (second tronçon)
La ligne du second tronçon est très spectaculaire et difficile avec ses passages de barres-rocheuses hostiles, de crêtes et de pentes fortes en dévers. Elle est longue de 2620 mètres pour un dénivelé de 646 mètres.
Dès la sortie de la gare intermédiaire, un balancier imprime la pente au câble qui monte tranquillement vers le pylône 10 "bis". Le pylône 11, gigantesque et massif, est situé au pied du téléski du Tyrolien et réduit considérablement la pente. Le pylône 12 place la ligne en très légère descente. Le pylône 13 marque une importante compression. Le pylône 14 précède une importante portée pour rejoindre une crête. La ligne ne comporte pas de particularité notable jusqu'au pylône 18, très haut. L'ascension de la Crête des Bourtes s'achève aux pylônes 19, 20, 21 et 22, précédant une grande portée en légère descente. Les pylônes 24 et 25 marquent deux compressions rapprochées qui redressent la ligne. Les pylônes 27, puis 28 et 29 effacent cette pente qui sera marquée une autre fois par l'enchaînement des pylônes 31 et 32. Le pylône 34 est synonyme d'arrivée sur le plateau de la Roche de Mio. Le pylône 37 marque l'ultime compression, plaçant la ligne à l'horizontal pour entrer en gare.
Pomagalski a équipé la ligne de 28 pylônes, dont 21 supports, 1 support-compression et 6 compressions, comme ceci :
P10 « bis » : 4S/4S
P11 : 8S/8S
P12 : 8S/8S
P13 : 12C/12C
P14 : 6S/6S
P15 : 8S/8S
P16 : 8S/8S
P17 : 8S/8S
P18 : 4C+8S+4C/4C+8S+4C
P19 : 12S/12S
P20 : 12S/12S
P21 : 8S/8S
P22 : 8S/8S
P23 : 12S/12S
P24 : 8C/8C
P25 : 8C/8C
P26 : 6S/6S
P27 : 12S/12S
P28 : 12S/12S
P29 : 12S/12S
P30 : 6S/6S
P31 : 12C/12C
P32 : 12C/12C
P33 : 6S/6S
P34 : 12S/12S
P35 : 12S/12S
P36 : 12S/12S
P37 : 8C/8C

Le pylône 10.

Le pylône 11.

Le pylône 12.

Le pylône 13.

Le pylône 14.

Portée jusqu'au pylône 15.

Le pylône 15.

Le pylône 16.

Le pylône 17.

Portée jusqu'au pylône 18.

Le pylône 18, particulièrement haut.

Portée jusqu'au pylône 19, on observe la Crête des Bourtes.

Le pylône 19.

Le pylône 20, nous franchissons la Crête des Bourtes.

Le pylône 21.

Le pylône 22. Nous franchissons en dévers une grande combe se terminant au lac des Inversens.

Très longue portée jusqu'au pylône 23.

Le pylône 23.

Le pylône 24, la ligne remonte.

Le pylône 25.

Le pylône 26.

Le pylône 27, rouge et blanc.

Le pylône 28.

Le pylône 29.

Le pylône 30.

La succession des pylône 31 et 31 nous permet de rejoindre la Roche de Mio.

Le pylône 32.

Le pylône 33, on observe en haut à droite de l'image l'arrivée du télésiège de Carella.

Le pylône 34 avec l'arrivée du télésièges des Inversens à gauche.

Le pylône 35.

Le pylône 36.

Portée jusqu'au pylône 37.

Le pylône 37, dernière ouvrage d'une longue ligne.
La gare amont (Roche de Mio - 2732 mètres)
Aspect extérieur
La gare amont de la télécabine de la Roche de Mio est situé sur le sommet éponyme, à 2732 mètres d'altitude. Dans la continuité de ce bâtiment typique des années soixante-dix se trouve la gare aval de la télécabine de Bellecôte, ce dernier ne couvre pas moins de 3000 m2 au sol. On peut ainsi accéder assez aisément aux différentes pistes environnantes soit par gravité, soit en poussant un peu sur les bâtons.

Vue sur le bâtiment en tôle.

Vue rapprochée.

Vue de trois quarts avant.

Vue latérale. On devine la sortie sur la gauche du cliché.
Aspect intérieur
C'est dans cette gare que s'effectue la mise en mouvement du tronçon de la Roche de Mio et autrefois de la totalité de l'installation. La mécanique d'origine n'a pas été intégralement conservée puisque la rénovation technique de 2003 a remplacement le convoyage des véhicules en gare par des poutres à pneus ainsi que la mise en mouvement du câble (remplacement du moteur asynchrone par un moteur à courant continu). Il est également possible de stocker les véhicules du second tronçon dans la gare grâce à un garage semi-automatique équipé de quatre voies automatiques avec une chaîne de traînage ainsi que des rampes à pneus lorsque les voies sont en pente. À noter qu'en 2007, des portes ont été installées à l'avant de la gare pour prévenir toute dégradation de la machinerie par les aléas climatiques.

Arrivée en gare amont.

La rampe de ralentissement des véhicules.

La poulie motrice du deuxième tronçon.

Vue du moteur, protégé par une bâche plastique. Au premier plan, on devine la came d'ouverture des véhicules. À gauche de l'image, on devine les deux freins de service.

Vue sur le début du contour. On devine le départ de la télécabine de Bellecôte.

Vue estivale du garage où est stocké une partie des véhicules.
Véhicules et pinces
Contrairement à celle de Bellecôte, la télécabine de Belle Plagne / Roche de Mio n'a pas gardé ses cabines SP6 d'origine, dans lesquelles on voyage trois par trois dos à dos sur des assises de plastique guère confortables... En effet, l'installation a reçu de nouveaux véhicules en 2003 lors de la grande rénovation : on retrouve désormais des cabines Diamond 6 places de couleur blanche à vitres teintées de chez Sigma sur lesquels sont apposées le logo de la station. Les skis peuvent être déposés dans des raques à skis spécialement placés à cet effet à l'extérieur de la cabine. L'assise est de couleur grise, décorée par des points blancs symbolisant la neige et du fameux bonnet rouge et de ces lunettes de la Plagne. Le premier tronçon est équipé de 50 véhicules, le deuxième est quant à lui équipé de 111 cabines.

Zoom sur une cabine sortant de la gare aval.

Vue opposée.

Zoom sur la pince.

L'assise, décorée.

Les pictogrammes de sécurité du véhicule.
Autres Vues
Avant de conclure ce reportage, je vous propose quelques vues depuis les pistes.

Le pylône 36 avec en arrière-plan la gare amont du télésiège des Inversens.

Vue sur le deuxième tronçon de la ligne.

Vue semblable avec au second-plan le pylône 11 et le départ du téléski du Tyrolien.

Vue opposée.

Zoom sur le deuxième tronçon, peu avant le passage de la Crête des Bourtes.

Zoom sur l'environnement de départ du tronçon de Belle Plagne. Cette vue datant de 2011, il faut noter que le télésiège et le téléski des Colosses ont été démontés, au profit d'un télésiège débrayable huit places.

Vue depuis le sol des tous premiers mètres de la ligne.
Belle Plagne & Roche de Mio, des appareils essoufflés
Les deux télécabines de Belle Plagne et de la Roche de Mio ne forme qu'un seul appareil qui se positionne comme l'axe central du domaine de la Plagne, elles desservent un large éventail de ski propre et permettent l'accès au Glacier de la Chiaupe, moyennant une rupture de charge.
Malgré la rénovation coûteuse et efficace entreprise en 2003 dans l'optique de prolonger d'une dizaine d'années la durée de vie des deux installations, elles n'arrivent plus à répondre efficacement à leurs rôles. L'attente en station intermédiaire dépasse souvent la demi-heure, il est souvent difficile de trouver une place dans une cabine en gare intermédiaire. Cependant, on ne peut pas cacher que le tronçon de Belle Plagne jour parfaitement son rôle urbain.
Les deux installations se font vieilles et ne représentent plus l'image que souhaite renvoyer la Plagne et la Compagnie des Alpes. Il est très facile d'identifier ces limites : temps de montée long, débit faible, confort réduit, technologies hors d'âges... En cas d'incident, elles deviennent un véritable handicap, on peut citer l'exemple de 2010 où de nombreux passagers avaient dû être évacués en rappel jusqu'au niveau de la Crête des Bourtes à la suite d'une rupture d'une pièce de transmission.
L'heure a sonné pour ces deux installations qui sont en cours de remplacement. Le long chantier est mené par Poma et Ingélo dans l'optique de remplacer les deux installations à l'horizon 2025, sur un tracé différent passant par le Col de Forcle.

Belle Plagne et Roche de Mio, deux télécabines témoins d'une époque industrielle révolue.
Je tiens à remercier chaleureusement tous ceux qui ont permis la réalisation de ce reportage à savoir le webmestre du site www.perso-laplagne.fr/ pour la mise à disposition des photos historiques, Guigui74 pour son aide apportée sur la partie textuelle, nos photographes à savoir j'ib, l'alexois, la Plagne 78 et pomaman ainsi que Bovinant pour la réalisation de la bannière.
Bannière : Bovinant
Photos : j'ib (le 18 javier 2022), l'alexois (30 janvier 2018), pomaman (13 février 2011), la Plagne 78
Clichés historiques : collection monchu et http://www.perso-laplagne.fr/
Textes et mise en page : Auguste (avec l'aide de Guigui74)
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