- Sommaire des parties
- Accéder à la partie : Sommaire
- Accéder à la partie : Bienvenue à Pra Loup !
- Accéder à la partie : La télécabine de Costebelle, un axe stratégique
- Accéder à la partie : Caractéristiques de l’appareil
- Accéder à la partie : La gare aval
- Accéder à la partie : La ligne
- Accéder à la partie : La gare amont
- Accéder à la partie : Véhicules et pinces
- Accéder à la partie : Costebelle, un axe stratégique de Pra Loup
Bonjour, partez à la découverte de la :

Au sommaire de ce reportage :
- Bienvenue à Pra Loup !
- La télécabine de Costebelle, un axe stratégique La télécabine 4 places de Costebelle
- Caractéristiques de l’installation
- La gare aval
- La ligne
- La gare amont
- Véhicules et pinces
- Costebelle, un axe stratégique de Pra Loup
Costebelle, version 1983
L’accident du 25 mars 2018
Le remplacement de la télécabine en 2019
Bienvenue à Pra Loup !
Pra Loup est une station de sports d’hiver familiale de la vallée de l’Ubaye située dans le département des Alpes de Haute Provence. La station est située à 7 kilomètres de la sous-préfecture de son département, Barcelonnette.
On trouve deux fronts de neige, Molanès (ou Pra Loup 1500) et Pra Loup 1600.
Pra Loup est relié au domaine de la Foux-d’Allos skis aux pieds. Réunis, ils forment l’Espace Lumière qui s’étend de 1400 mètres à 2600 mètres d’altitude au sommet de l'Observatoire. Au total, ce groupement commercial offre 180 kilomètres de pistes de tous niveaux desservies par 46 remontées mécaniques. Il est l’un des plus grands des Alpes du Sud, le plus grand étant Serre Chevalier Vallée, dans les Hautes-Alpes.
Pra Loup est née dans les années 60 par la volonté d’investisseurs de la vallée de l’Ubaye et d’investisseurs extérieurs. L’idée fut émise dès la fin des années 50 par André Gandoulf qui s’entoura d’Émile Allais, skieur alpin français, et d’Honoré Bonnet, entraîneur de l’équipe de France de ski alpin. Ce dernier propose 10 000 lits à la place des 3 000 qui devaient être construits. Depuis le sommet de Peguieou (2739 mètres), il trouve le terrain très propice au ski avec le vallon des Agneliers. Ce vallon deviendra la liaison avec la Foux d’Allos en 1977.
La télécabine de Costebelle, un axe stratégique
La télécabine 4 places de Costebelle
La télécabine débrayable quatre places de Costebelle a été construite par Weber en 1965. Cette télécabine faisait partie des premières installations de Pra Loup. L’appareil rencontre un franc succès dès son ouverture. La gare aval se situait dans le même bâtiment qu’aujourd’hui. Lors de ses débuts, aucun bâtiment ne l’entourait.
Côté technique, il s’agissait d’une télécabine à attaches débrayables quatre places, équipée d’attaches type C du constructeur suisse GMD Müller dont le serrage et le desserrage s’effectuaient par une roue dentée sur une crémaillère.
⟶ Pour mieux comprendre ce fonctionnement, vous pouvez regarder cette vidéo sur YouTube illustrant cette pince : https://bit.ly/3dlUoKb
Les lanceurs et les ralentisseurs utilisaient la force gravitaire. En entrant en gare, la roue dentée rencontrait la crémaillère et la pince venait se dégripper du câble. Le véhicule arrivait alors sur une rampe en montée équipée d’une chaîne de cliquets anti-retour. Le lanceur était une rampe en descente équipée à sa fin d’une crémaillère réalisant la fermeture de la pince.

Mais, plus tard, de nombreux immeubles furent construits autour de la gare et les pylônes furent mis en couleur.


Le début de la ligne.





Dès la sortie de la gare, on trouvait un pylône en portique avec des balanciers composés de six galets compressions et de deux galets supports situés aux extrémités des balanciers. Ce portique fut de deux couleurs différentes : rouge dans un premier temps puis vert.

Le portique en rouge. On distingue un téléski « école » dans le fond de la photo.

Le portique, en vert.

Costebelle version 1983
A partir de 1983, la télécabine de Costebelle qui acheminait les skieurs à 2125 mètres d’altitude, était une 6 places qui avait remplacé la 4 places Weber. C’était un axe très important de Pra Loup. En effet, directement implantée sur le front de neige, elle acheminait les skieurs en altitude.
Cette télécabine faisait partie de la gamme des télécabines Poma dite « Plus ». Cette appellation introduisit une amélioration des premières télécabines à pinces S. Cette gamme sera commercialisée par Pomagalski de 1982 à 1986. Elle reprenait toutes les technologies des télésièges légers modulaires à pinces T mais en utilisant les pinces S.

On retrouva donc des composants communs comme les chaînes de traînage à couteaux, le lancement et le ralentissement assuré par des pneus et un design des tôles recouvrant les lanceurs en forme pentagonale inspirés des premiers télésièges débrayables légers. Voici un schéma illustrant l’entraînement par les pneus.

La télécabine de Costebelle permettait l'accès à 5 pistes :
- Sestrières : petite piste verte, elle permet l'accès à la gare aval du téléski de Sestrières.
- Sestrières : assez longue piste bleue permettant dans un premier temps l'accès au téléski de Sestrières puis de ceux des Courtil I & II.
- Bergerie : accessible par une bretelle partant de la gare amont de la télécabine, elle permet l'accès au télésiège des Bergeries.
- Langail : courte piste mais assez technique permettant elle aussi l'accès à la gare aval du télésiège des Bergeries.
- Costebelle : longue piste rouge redescendant jusqu'au la gare aval de la télécabine en longeant une bonne partie de cette dernière et desservant le stade Christel Pascal.
Situation sur le plan des pistes :


L’histoire de cette télécabine s’est arrêtée en 2018. Le remplacement de cette dernière, motivée par sa vieillesse et l’accident survenue le 25 mars 2018, devenait presque obligatoire. Un appareil de même type et réutilisant uniquement le moteur est donc construit par Pomagalski durant l’été 2019.
L’accident du 25 mars 2018
Le 25 mars 2018, un accident survient en pleine période d'exploitation de l'appareil. Ce fait majeur marquera la mise à l'arrêt du dernier appareil à pinces S du département.
Ce jour-là, à 13 h 38, la cabine n° 7 se décroche du câble quelques instants après sa sortie de la gare de départ et fait une chute de plus de 10 mètres avant de dévaler la pente sur une centaine de mètres. Avant sa chute, cette cabine, fort heureusement vide, est venue percuter une autre cabine, la n° 28, qui est toutefois restée sur le câble. Un plan d'évacuation est alors mis en place et les 72 passagers ne seront évacués que trois heures plus tard.
Le BEATT - Bureau d'Enquêtes sur les Accidents de Transport Terrestre - mène une large enquête technique avec le soutien du STRMTG, Service Technique des Remontées Mécaniques et Transports Guidés. Il apparaît rapidement qu'un très léger décalage du premier pylône de ligne a empêché la fermeture corrects des mors de l'attache débrayable. Ceux-ci, resté en position ouverte du fait du mauvais positionnement du câble, ont provoqué le glissement de la cabine le long du câble dès que la pente de l'installation est devenue significative. Les sécurités mises en places en sortie de gare et au niveau des pylônes ont bien fonctionné et l'appareil s'est arrêté à deux reprises avant l'accident, avant de redémarrer suite à un mauvais diagnostic de la situation par les opérateurs.
La vétusté de la technologie Poma à pinces S est mise en évidence. Aucun appareil neuf de ce type n'a été construit en France depuis 35 ans et un très léger décalage a été à l'origine d'un incident majeur, ce qui laisse présager d'accidents plus graves si des mesures de sécurité importantes ne sont pas prises.
Dans un soucis d'image et conformément aux recommandations, la station de Pra Loup n'a jamais remis en service commercial cet appareil et a procédé à son remplacement l'année suivante par un appareil presque entièrement neuf.
⟶ Accéder au rapport du BEA-TT en cliquant ici.
Le remplacement de la télécabine en 2019
La quasi-totalité des équipements ont été remplacés sauf le moteur, les bâtiments des gares, les massifs des pylônes et certains pylônes. Certains les pylônes ont été changés, les lanceurs, les ralentisseurs, le convoyage des véhicules, les véhicules, les pinces, le câble, les installations électriques…
Caractéristiques de l’appareil
Voici les caractéristiques de la télécabine de 1983 :
- Caractéristiques Administratives
TCD – Télécabine à attaches débrayables : COSTEBELLE
Maître d’ouvrage : SMA PRA-LOUP
Maître d’œuvre : DDE 04
Exploitant : SMAP
Constructeur : Pomagalski
Année de construction : 1983
Année de fin d’exploitation : 2018
- Caractéristiques d’Exploitation
Saisons d'exploitation : Hiver et Été
Capacité : 6 personnes
Débit théorique à la montée : 1800 personnes/heure (100 %)
Débit autorisé à la montée : 1350 personnes/heure (100 %)
Débit théorique à la descente : 900 personnes/heure (50 %)
Débit autorisé à la descente : 675 personnes/heure (50 %)
Vitesse maximale d'exploitation : 5,00 m/s
- Caractéristiques Géométriques
Altitude aval : 1640 mètres
Altitude amont : 2090 mètres
Dénivelée : 450 mètres
Longueur développée : 1566 mètres
Longueur horizontale : 1500 mètres
Pente maximale : 54,95 %
Pente moyenne : 30, 00 %
- Caractéristiques Techniques
Emplacement tension : Amont
Type de tension : Hydraulique
Emplacement motrice : Amont
Type de motorisation : Continu
Puissance développée : 333 kW
Sens de montée : Gauche
Nombre de pylônes : 14
Dispositif d’accouplement : Doubles pinces S
Nombre de véhicules : 34 cabines (1983), 16 cabines (1997) et 1 véhicule de service
Espacement : 16,0 secondes
- Caractéristiques du Câble
Constructeur : Arcelor Mittal
Année de fabrication : 2011
Année de pose : 2011
Sens de câblage : Droite
Type de câblage : Lang
Diamètre : 40,50 millimètres
Revêtement : Clair
Fonction du câble : Porteur-tracteur
Masse linéique : 5,78 kilogrammes/mètres
Pas de câblage : 292,00 millimètres
Composition : 6x17 fils
Pas de toronage : 118,00 millimètres
Type d’âme : Compacte
Résistance à la rupture : 113800 daN
Section du toron : 108,0 mm2
La gare aval
La gare aval, située à 1640 mètres d’altitude, assurait la tension de l’appareil. Elle était implantée sur le front de neige de Pra Loup 1600. L’accès à l’installation s’effectuait par des escaliers. Nichée dans l’ancienne gare de la télécabine, l’embarquement se faisait latéralement et de plain-pied. Le débarquement pour la descente s’effectuait dans le sens opposé à l’embarquement. Le lanceur et le ralentisseur étaient équipés de poutres à pneus et utilisaient le principe du lanceur/ralentisseur gravitaire pour réduire leur longueur. La tension s’effectuait à l’aide de deux vérins hydrauliques exerçant une tension nominale de 18506.0 daN à une pression nominale de 110.0 bar. La mesure de la tension était assurée par un capteur de pression hydraulique.

Quelques habitations proches de la gare aval.

Vue d’une partie du front de neige depuis le début des escaliers.

Le lanceur gravitaire équipé de poutres à pneu.

Vue de 3/4 de la gare aval.

Les escaliers.

Zoom sur le lanceur.


L’embarquement vu depuis une cabine.

La came de fermeture des portes.

Au tout début du lanceur.

Dans le lanceur.

La fin du lanceur.
La ligne
La ligne était longue 1566 mètres et constituée de 14 pylônes. Toute la première partie de la ligne était doublée par le téléski du Stade. Le pylône 1, seule compression de la ligne, était situé à proximité immédiate de la gare aval. À partir du pylône 3, la ligne suivait un parcours forestier. Au pied du pylône 4 était situé un portique pour les départs des compétions de ski. À partir du pylône 7, la piste H. Bonnet s’éloignait de la ligne de la télécabine mais derrière les arbres, on retrouvait la piste Costebelle. Entre les pylônes 9 et 10, la ligne survolait la piste Sestrières. La très longue portée entre les pylônes 11 et 12 permettait le survol de la partie supérieure de la piste Costebelle. À proximité du pylône 12, on trouvait le départ du téléski de Costebelle. Les pylônes 13 et 14 remettaient la ligne à plat avant l’entrée en gare amont. La liaison de sécurité entre les deux gares est fillaire ;
Pomagalski avait équipé la ligne de 14 pylônes dont 1 compression et 13 supports. Le diamètre des galets était de 420 millimètres. Voici le détail des balanciers :
P1 : 12C/12C
P2 : 6S/6S
P3 : 8S/8S
P4 : 8S/8S
P5 : 6S/6S
P6 : 6S/6S
P7 : 8S/8S
P8 : 8S/8S
P9 : 6S/6S
P10 : 8S/8S
P11 : 8S/8S
P12 : 12S/12S
P13 : 8S/8S
P14 : 6S/6S

Le P1, seul ouvrage compression de la ligne. Le premier galet est situé presque dans le lanceur.

Une partie de la ligne.

Retour sur le P1.

Le P2.

Retour sur le début de la ligne.

Survol de la piste H. Bonnet et…

Longue portée jusqu’au P3.

Retour sur ce pylône.

Longue portée jusqu’au P4.


Le P4 et le départ des compétition au sol.

Zoom sur la tête de ce pylône.

Longue portée jusqu’au P5.


Le P5.

Portée P5-P6.

Le P6.

Le P7.

Retour sur la tête de ce pylône.

Portée jusqu’au P8.

Le P8.

Très longue portée jusqu’au P9.


Le P9.

Portée jusqu’au P10

Le P10, assez bas.

Portée jusqu’au P11.

Le P11.

Survol de la partie supérieure de la piste Costebelle.

Portée jusqu’au P12.

Le P12.

Au sol, de départ du téléski de Costebelle.


L’avant-dernière portée jusqu’au pylônes 13 et 14.



Les deux derniers pylônes, 13 et 14.

Dernière portée jusqu’à la gare amont.
La gare amont
La gare amont, située sur la commune de l’Uvernet-Fours, culminait à 2090 mètres d’altitudes, à proximité du sommet de Costebelle et de son restaurant éponyme. Elle assurait la motorisation du câble à l’aide d’un moteur continu développant une puissance de 333 kW. On trouvait également le garage qui pouvait accueillir la totalité des véhicules de l’installation. Tout comme en gare aval, on retrouvait un coffret de pesage mécanique ayant un seuil d’alarme de 460 daN. Le lanceur et le ralentisseur étaient gravitaires et équipés de poutres à pneu. Le débarquement s’effectuait latéralement et non de plain-pied. L’embarquement pour la descente s’effectuait dans le sens opposé au débarquement.

L’entrée dans la gare amont.

Le ralentisseur.

Une cabine dans le contour.

Vue générale de l’intérieur de la gare amont.

Vue sur la sortie et l’entrée de la gare amont.
Véhicules et pinces
Pomagalski avait équipé la télécabine de 50 cabines SP6. Sur les portes, on retrouvait des porte-skis. En 1983, la télécabine disposait de 34 cabines. En 1997, 16 cabines ont été rajoutées afin d'augmenter le débit de l’appareil.


Zoom sur l’aération de la cabine.

Une des vitres de la cabine.

Vue partielle de l’assise.

Les consignes de sécurité de la cabine.
Les cabines étaient reliées au câble par une double pince S :

Costebelle, un axe stratégique de Pra Loup
La télécabine de Costebelle a acheminé durant 35 ans les skieurs au sommet éponyme. Son emplacement stratégique sur le domaine skiable de Pra Loup la rendait très fréquentée. Lors de sa construction, elle engendra un souffle en désaturant le front de neige. Malheureusement, elle fut très vite rattrapée par la fréquentation. L’ouverture du TSCD6-10 de la Clappe a remplacé la télécabine éponyme et permis une désaturation de la télécabine de Costebelle. L’accident survenu sur le 25 mars 2018 signa sa fin et un remplacement pour un appareil de même capacité mais permettant un plus grand débit.

Costebelle, un axe important de Pra Loup victime de son succès.
Je tiens à remercier très chaleureusement toutes les personnes grâce auxquelles le reportage peut exister à savoir : Yann83 pour ses photos de l'installation, Lion pour ses photos de la construction du nouvel appareil, monchu pour ses clichés historiques et Guigui74 pour ses archives. Sans oublier également louislp pour m'avoir aidé à la rédaction du reportage en écrivant la sous-partie de l'accident et en me conseillant sur certains points du reportage.
Photos & Archives: Yann83, Lion, monchu & Guigui74
Bannière et mise en page : Gusgus3000
Texte : Gusgus3000 & louislp
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