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 TKD d'Alambre 1, 2, 3

Les Estables

Montaz Mautino

T2 ES
Description rapide :
Alambre constitue la ligne historique de la petite station altiligérienne des Estables. Ces trois téléskis desservent la partie supérieure du domaine et des pistes de difficultés variées.

Année de construction : 1968 / 2000

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Auteur de ce reportage : lolo42
Section écrite le 12/04/2010 et mise à jour le 28/08/2020
(Mise en cache le 28/08/2020)

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A 1 346 mètres d'altitude, au cœur du massif du Mézenc, la commune des Estables, plus haut village du Massif Central, est l'unique centre de ski alpin du département de la Haute-Loire (43).
Ce petit bourg authentique de 350 habitants étend ses constructions traditionnelles en pierres au toit de Lauzes sur un vaste plateau d'altitude sauvage borné par les monts Mézenc (1 753 m) et d'Alambre (1 691 m).
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Le petit domaine alpin, principalement destiné aux familles et aux débutants, dispose de 9 pistes, majoritairement faciles, desservies par 7 téléskis. Toute la partie basse se développe depuis le cœur du village sur les pentes douces des prés, idéales pour l'apprentissage, tandis que le secteur "d'altitude" implanté sur les pentes du Mont d'Alambre offre des pistes de niveaux plus variés. Son orientation plein sud lui confère un bel ensoleillement, mais l'absence d'enneigeurs la rend très dépendante des vicissitudes du climat.
La station draine essentiellement une clientèle locale à la journée, venue du Puy-en-Velay et, dans une moindre mesure, de l'agglomération stéphanoise, mais dispose également d'infrastructures d'accueil pour le séjour (village vacances, hôtels).


Ce sont les 3 téléskis d'Alambre, constituant la ligne historique de la station, que remontees-mecaniques vous présente au travers de ce reportage.

Au sommaire

  • Alambre, cœur de l'offre-ski des Estables
  • 1959 : à la conquête du Mont d'Alambre
  • Les téléskis actuels
  • Le potentiel des Estable


Alambre, cœur de l'offre-ski des Estables

Les téléskis d'Alambre 1, 2 et 3 constituent le point le plus haut du domaine des Estables. Ces remontées sont directement desservies depuis le village par les téléskis du Chalet 1 et 2.

Les appareils aboutissent à quelques 1 650 mètres d'altitude. Depuis le sommet, le large panorama qui s'offre aux skieurs est magnifique : vue directe sur le Mont Mézenc, point culminant de la Haute-Loire, et par beau temps, sur la chaine des Alpes.

Les trois téléskis donnent accès à des pistes de tous niveaux : 1 rouge, 2 bleues et 1 verte, auxquelles vient s'ajouter 1 piste noire accessible depuis Alambre 2. Des pistes, pour certaines, plutôt courtes, mais une variété de choix appréciée qui constitue le cœur de l'offre-ski des Estables (les pistes du bas du domaine, toutes vertes, étant destinées aux skieurs débutants).

Cette ligne revêt donc un intérêt de premier plan pour la station. L'implantation de 3 appareils en parallèle offrant débit total de 1 500 skieurs/heure est d'ailleurs loin d'être superflue : leur fréquentation reste, en effet, soutenue durant les week-ends et les vacances scolaires. En dehors de ces périodes, disposer de 3 téléskis permet à l'exploitant d'adapter l'ouverture à la fréquentation, et ainsi, d'optimiser les coûts.

    Les téléskis d'Alambre 1, 2 et 3 répérés sur la zone pochée en jaune :
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    Le tracé des 3 appareils sur les pentes du mont d'Alambre :
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    Snowman43

    Vue directe sur le Mézenc (1 753 m) depuis le sommet de la piste rouge :
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    Fourinas




1959 : à la conquête du Mont d'Alambre

L'implantation de cette ligne d'Alambre aura donné le coup d'envoi de la station de ski des Estables. C'était il y a 50 ans...
Loin des grandes réalisations menées dans les Alpes, la construction du "monte-pente" a constitué une vraie révolution pour l'économie de ce petit village qui, jusque là, vivait essentiellement de l'élevage. Si le projet a rencontré quelques résistances, l'engouement et la détermination de quelques hommes du pays ont permis de mener à bien cette véritable aventure humaine. Parmi eux, le maire d'alors, Régis Leydier, et les membres du Ski Club Vellave, quelques trente bénévoles, qui ont participé entre 1958 et 1959 au défrichage et à la construction du téléski d'Alambre, avec, à la maîtrise d'œuvre, la bonne volonté de François Chaffardon, ingénieur des Ponts et Chaussées.

La station aval et les principaux organes furent commandés chez Pomagalski. Un moteur diesel démonté d'un camion allait servir à mouvoir l'appareil, tandis que l'on acheminait des pylônes de ligne récupérés dans le Jura. Ces derniers, un peu particulier, étaient constitués de deux poutrelles métalliques montées côte à côte, liaisonnées par des traverses à la façon d'une échelle.

Joseph Sanial, enfant du pays, a participé activement à la construction et, ensuite, exploité ce premier téléski. Son témoignage relate mieux que n'importe quel résumé l'aventure de la conquête mécanisée du mont d'Alambre...

« Dans les tout débuts, avec nos deux cantonniers (Marius Chazot et Auguste Jouffre) et des copains, nous étions embauchés pour ouvrir la première piste dans la forêt sur le Mont Alambre : la piste verte reliée par une bretelle pour atteindre le sommet. [...] Nous devions couper des arbres (des pins plus ou moins rabougris) au plus près du sol pour une propreté maximum. Il fallait se mettre à genoux et tirer la loube (scie des scieurs de long). Les arbres étaient rangés sur les côtés. La piste n’était pas bien large. [...]

En 1958, avec Casimir Guilhot, qui était un peu notre chef d’équipe, nous travaillâmes à la construction de la « cabane ». La bouteille de rouge était souvent convoitée, mais la convivialité était toujours là. Monsieur Chaffardon avait bien eu quelques soucis avec l’installation des ces pylônes qu’il avait récupéré dans sa région natale du Jura. Un matin en arrivant, une belle longueur de câble mince avait disparu. " Ils m’ont barboté un câble " dit-il d’un air pas très plaisant.
A l’époque il était impossible de se raccorder au réseau électrique car il était absent à proximité. Un gros moteur diesel, qui était, paraît il, à l’origine, celui d’un gros camion, fût alors placé dans la cabane. Il y avait là aussi une grosse réserve de gazole (5 pipes à gazole de 200 litres chacune). Même par grand froid nous étions bien chauffés ! »


    François Chaffardon et Jean Petiot et quelques enfants du pays au montage du poussard
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    Collection Christian Bertholet


En décembre 1959, les premiers clients empruntent finalement ce premier remonte-pente des Estables, un téléski à perches débrayable de 550 mètres. L'exploitation de cet appareil quelque peu artisanal et de ses pistes permet à quelques hommes du village de trouver un complément de revenus durant l'hiver ; une exploitation parfois laborieuse... Joseph Sanial se souvient...
« Des pannes, il y en avait et parfois des pas drôles ! Les poulies, de petite taille, étaient souvent portées à dérailler. Nous devions alors monter à pied, parfois 3 fois par jour jusqu’au sommet. »
Sans compter sur le fait qu'il faut composer avec le climat parfois très rude du Massif Central...
« Un jour par grand vent de Nord - Nord-Est et grosse burle, il y eut une panne à la poulie aérienne au sommet. La visibilité était tellement médiocre qu’il était bien difficile, pour celui qui était resté au pied du pylône, de cibler, en jetant les clés, ceux qui étaient perchés en haut du pylône.
Un hiver il y eut tellement de givre que les bras de deux bonhommes suffisaient à peine à faire le tour du câble ! »


    Le premier téléski d'Alambre et sa gare Poma
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    Collection Christian Bertholet



Bien qu'ayant ouvert la voie au développement alpin des Estables, ce premier remonte-pente de la fin des années 50, avec son moteur diesel contraignant et son débit modeste, s'avéra rapidement dépassé. Deux nouveaux appareils Montaz Mautino alimentés, cette fois, électriquement viennent le remplacer dès 1968 : Alambre 1, reprenant le tracé de l'appareil précédant, assurant un débit de 560 skieurs/heure, et Alambre 2, qui inaugure pour l'occasion un nouveau tracé, légèrement déporté à l'Ouest et plus long de 87 mètres, permettant la création de la piste noire.

    Téléski d'Alambre rénové en 1968 par MoMa, et la ligne d'Alambre 2 qui se laisse appercevoir sur la gauche
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    Collection personnelle - Photo DR


Les téléskis actuels

La configuration des appareils actuels date de 2000. Pour faire face à l'affluence, le comité de Communes du Mézenc, exploitant de la station, commande à GMM l'installation d'Alambre 3, implanté en parallèle d'Alambre 1. Comme Chalet 2 en 1998, l'appareil est réalisé avec du matériel de récupération issu du démontage des téléskis Montaz-Mautino du Chaulet et de Ventebrun (des équipements construits en 1980 et démontés en 1995 car desservant des pistes orientées nord trop exposées à la burle, donnant une neige souvent verglacée). On profite de l'occasion pour doter Alambre 1 et 3 de lâchers sous poulie (neufs).

    Réimplantation des téléskis du Chaulet et de Ventebrun sur le domaine
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    Geoportail



Caractéristiques des téléskis d'Alambre 1, 2 et 3
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Les stations aval

Les 3 stations de départ sont implantées à 1 500 mètres d'altitude au pied du mont d'Alambre.
Vue face aux appareil, la G1 de Alambre 2 est à gauche, celle de Alambre 1 au centre et celle de Alambre 3 à droite. Du fait de la longueur de ligne modeste, les gares implantées restent de petit gabarit. Elles appartiennent à la gamme "D" de chez Montaz et sont équipées de moteurs électriques asynchrones de petite puissance (35 et 25 kW). Sur les trois, seule celle d'Alambre 3, plus récente, est équipée de sélecteurs avec départ automatique.
Signalons que, comme sur beaucoup de téléskis à perches débrayables, le départ peut s'avérer parfois redoutable pour les débutants.

    Les 3 gares aval alignées au pied du mont d'Alambre
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    jeuneloiremezenc.com

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    De gauche à droite : Alambre 2 (1968) / Alambre 1 (1968) / Alambre 3 (2000)
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    La station motrice MM type "D" Alambre 1 et en second plan Alambre 3
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    La station motrice MM type "D" Alambre 2
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    Poulie motrice et plaque constructeur d'époque
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Les lignes

Les téléskis d'Alambre disposent d'une ligne sans difficulté géographique, avec une inclinaison relativement régulière et une pente maximum se situant autours de 30 %. Leur longueur est de 544 mètres pour Alambre 1 et 3, et 637 mètres pour Alambre 2 ; une différence qui s'explique par un tracé légèrement plus déporté en direction de l'Ouest et qui se prolonge plus près du sommet. Sur le bas, les lignes évoluent dans la forêt de pins. La végétation se fait ensuite plus clairsemée, pour disparaitre totalement à l'approche de la calotte sommitale.
Chaque ligne est soutenue par 7 pylônes.

    Le bas des 3 lignes
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    La ligne de Alambre 1 et 3 des pylônes 1 à 3
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    Départ de Alambre 2
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    Vue arrière sur le chalet du conducteur commun aux trois téléskis
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    Pylône 1 S/C d'Alambre 2
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    Pylône 2 d'Alambre 2
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    Vue arrière
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    Pylône 4 et 5 d'Alambre 2
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    Pylône 6 d'Alambre 2
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    Pylône 7 d'Alambre 2, dernier ouvrage de ligne
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Les stations amont

Les téléskis aboutissent à proximité du sommet du mont d'Alambre. Les stations amont d'Alambre 1 et 3 sont implantées côte à côte à 1 650 mètres d'altitude, tandis que le renvoi d'Alambre 2 est situé 16 mètres plus haut à 1 666 mètres et déporté quelques dizaines de mètres sur la gauche. C'est, de ce fait, le seul appareil qui dessert l'unique piste noire, située tout à l'Ouest de l'autre côté de la ligne de la remontée.



Les gares amont d'Alambre 1 et 3 ont été implantées en 2000 par GMM (auparavant Alambre 1 disposait d'un renvoi par poulie flottante). Ces stations, de type lâcher sous poulie, assurent la tension du câble. Pour ce faire, leur poulie de renvoi est montée sur un lorry solidaire d'un contrepoids en béton de 1250 kg dissimulé dans le fut soutenant la structure.

    La zone d'arrivée de Alambre 1 et 3, avec les P7 et les gares amont
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    Les stations de renvoi GMM sont de type LSP et assurent la tension par contrepoids
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La station de renvoi de Alambre 2 deumeure, quant à elle, d'origine. Il s'agit d'un classique poulie flottante maintenue tendue par un contrepoids en béton de 3200 kg suspendu à un pylône poussard.

    La station de renvoi de Alambre 2 : poulie flottante tendue par contrepoids
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    Départ de la piste rouge à l'arrivée d'Alambre 1 et 3
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    Vue sur le Mézenc au départ des pistes du mont d'Alambre
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Le potentiel des Estables


Il est, c'est certain, plutôt rare de trouver dans une petite station une ligne équipée de trois téléskis parallèles. Il est vrai que l'offre de pistes accessibles depuis le sommet des appareils est vaste et conviendra à la famille comme au skieur un peu plus aguerri. La communauté de Communes du Mézenc ne s'y est d'ailleurs pas trompée en investissant dans la modernisation de cette liaison avec la mise en place d'un nouvel appareil et de lâchers sous poulie. Par ailleurs, la grande visite d'Alambre 1 et 2 réalisée 2009 assure désormais à ces équipements une pérennité de l'exploitation pour quelques années encore.

Au delà, le succès des remonte-pentes d'Alambre depuis 50 ans est illustratif de l'intérêt porté à la station tout entière par la population altiligérienne. Si l'exploitation du domaine, sans enneigeurs, reste dépendante de la météo, la fréquentation des Estables une fois la neige tombée prouve tout le potentiel de cette unique station de Haute-Loire.

Texte : Laurent Berne
Photos (hors photos avec mentions) : Valmo*


    Vue sur la zone d'arrivée d'Alambre 1 et 3 et le mont Mézenc en toile de fond
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Remerciement à Marie-Edith Sanial, Joseph Sanial, Alexandre Aubry, Fourinas42 et Snowman43 pour leur participation.

Sites internet :
- les-estables.com
- mezenc-gerbier.com
- lesestables.unblog.fr
- jeuneloiremezenc.com
- cc-mezenc.com



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