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TKD de la Lauze Inférieure
Aiguilles (Queyras)
Montaz Mautino



Description rapide :
Inexploité depuis 2006, il s'agissait du plus court des trois téléskis du haut du domaine d'Aiguilles.
Année de construction : 1969
Fin de service en : 2006
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Inexploité depuis 2006, il s'agissait du plus court des trois téléskis du haut du domaine d'Aiguilles.
Année de construction : 1969
Fin de service en : 2006

Auteur de ce reportage : collonges74
Section écrite le 06/11/2020 et mise à jour le 30/11/2020
(Mise en cache le 30/11/2020)
LE TELESKI DE LA LAUZE INFERIEURE
Aiguilles
Montaz-Mautino - 1969 > 2006

Aiguilles
Montaz-Mautino - 1969 > 2006

Bienvenue à Aiguilles !
Aiguilles est une commune des Hautes-Alpes, située au cœur du Parc Naturel Régional du Queyras, à environ 1450 mètres d'altitude dans la vallée du Guil. De près d'un millier d'habitants au cours du XIXème siècle, sa population est tombée à un peu plus de 400 habitants aujourd'hui, notamment en raison des migrations de bon nombre d'habitants vers l'Amérique du Nord. Le village fut en effet frappé par plusieurs incendies très violents, particulièrement en 1746, 1829, 1886 et 1889, forçant une partie de la population à quitter la commune.
L'histoire du ski à Aiguilles est particulièrement riche, puisqu'elle commence dès 1938, avec la mise en service du téléski de Chabataron, alors l'un des plus longs téléskis d'Europe ! Son exploitation cessa à la fin des années 1960, lorsque fut ouvert le télésiège de Peynin. Entre les années 1970 et le début des années 2000, le domaine d'Aiguilles fut un domaine assez étendu, varié, et doté de plusieurs longues pistes en altitude, desservies par un télésiège et pas moins de six téléskis. Mais la situation financière fragile des stations du Queyras eurent raison des pistes d'Aiguilles, puisque le télésiège de Peynin cessa de tourner en 2006, pour permettre de financer les deux télésièges débrayables d'Abriès et de Ceillac. L'arrêt de son exploitation entraîna aussi l'abandon des trois téléskis du haut du domaine.
Les seuls téléskis encore en exploitation à l'aube des années 2010 étaient donc ceux du front de neige, mais deux d'entre eux furent arrêtés à leur tour au début des années 2010. Aujourd'hui, il ne subsiste qu'un seul petit téléski et deux tapis roulants, desservant un espace ludique pour débutants, enneigé artificiellement.
Découvrez une présentation plus détaillée de la station et de son histoire en cliquant sur le logo ci-dessous :


Lauze Inférieure : un téléski clé sur le haut du domaine d'Aiguilles
Construit par Montaz-Mautino en 1969, le téléski de la Lauze Inférieure faisait partie des trois téléskis que comptait le haut du domaine d’Aiguilles. Ceux-ci n’étaient accessibles qu’après avoir emprunté le télésiège de Peynin.
Il s’agissait d’un téléski très classique, dont la principale fonction était de desservir un espace de ski propre très agréable, composé de deux pistes : une piste bleue, qui longeait la ligne du téléski par le nord-ouest, et une piste rouge, qui se trouvait quant à elle au sud-est de la ligne. Toutes deux évoluaient dans un premier temps au milieu des mélèzes, avant de déboucher sur de vastes alpages.
Le téléski de la Lauze Inférieure desservait enfin une troisième piste, bleue elle aussi, qui rejoignait l’arrivée du télésiège de Peynin, d’où l’on pouvait enchaîner sur une piste verte, une rouge ou une noire, qui descendaient toutes jusqu’au front de neige d’Aiguilles. Cela faisait ainsi du téléski de la Lauze Inférieure un appareil de liaison, puisqu’il était le seul moyen de rejoindre l’arrivée du télésiège de Peynin et les pistes qu'il desservait via une piste facile. Il était en effet aussi possible de rejoindre l'arrivée de ce dernier depuis l'arrivée du téléski de la Lauze Supérieure, mais il s'agissait d'une piste noire. Si l'on souhaitait, depuis les pistes du téléski du Col de la Lauze ou de la Lauze Supérieure, accéder aux pistes du télésiège de Peynin sans emprunter cette piste noire, il fallait ainsi descendre jusqu'au départ du téléski de la Lauze Inférieure pour l'emprunter.
Le téléski de la Lauze Inférieure était un appareil très classique, avec motrice en aval et tension en amont par contrepoids, sans particularités notables. Issu de la gamme T, véritable succès commercial de Montaz-Mautino, il était toutefois le seul téléski d’Aiguilles à reprendre le schéma de couleurs des remontées du Queyras en vigueur jusqu’à la fin des années 1970, qui consistait à avoir un pied de pylône et des poulies peints en noir et le reste du pylône ainsi que les potences peints en bleu ciel. Précisons toutefois que le téléski a été rallongé par l'amont en 1979, avec l'ajout de trois pylônes, pour permettre un retour facile vers l'arrivée du télésiège de Peynin. Il a par la suite connu une remise à niveau en 1983, lors de laquelle la gare aval fut remplacée (il s'agissait auparavant d'une gare nettement plus petite, tenant sur un pied, qui fut réutilisée sur le téléski du Clos du Lapin).
Malgré une fin d’exploitation en 2006, le téléski de la Lauze Inférieure est toujours intact : le câble est toujours en place et, contrairement à ses deux voisins de la Lauze Supérieure et du Col de la Lauze, aucune poulie n’a été prélevée, aucun pylône n’a été modifié. On pourrait presque croire qu’il tourne encore tous les hivers !
Situation sur le plan des pistes d'Aiguilles juste avant la fermeture du haut du domaine :

Situation sur la carte topographique des lieux :


Situation sur la carte topographique des lieux :

Caractéristiques de l'appareil
Caractéristiques administratives :
- Type de remontée : RDP – Téléski à perches débrayables
- Nom de la remontée : LAUZE INFERIEURE
- Exploitant : QUEYRAS DEVELOPPEMENT
- Constructeur : MONTAZ-MAUTINO
- Année de construction : 1969
- Année d'arrêt d'exploitation : 2006
Caractéristiques d’exploitation :
- Saison d’exploitation : Hiver
- Capacité : 1 personne
- Débit à la montée : 525 p/h
- Vitesse d’exploitation : 3,37 m/s
- Sens de montée : Par la gauche
Caractéristiques géométriques :
- Altitude aval : 1916 m
- Altitude amont : 2154 m
- Dénivelé : 238 m
- Longueur développée : 782 m
- Longueur horizontale : 745 m
- Pente moyenne : 31,95 %
- Pente maximale : 52 %
Caractéristiques techniques :
- Tension : Amont
- Type de tension : Contrepoids
- Motrice : Aval
- Nombre de pylônes : 11
- Dispositif d'accouplement : Douille auto-coinçante
- Nombre de suspentes : 67
- Puissance développée : 29 kW
- Diamètre poulie motrice : 1250 mm
- Diamètre poulie retour : 1550 mm
Caractéristiques du câble :
- Année de pose : 2006
- Composition : 6*7 fils
- Diamètre : 12 mm
- Type de câble : Lang à droite
- Revêtement : Clair
- Âme : Compacte
- Résistance à la rupture : 9949 daN
- Masse linéique : 0,54 kg/m
- Pas de câblage : 80 mm
- Pas de toronage : 39 mm
Ligne et infrastructures du téléski de la Lauze Inférieure
La gare aval
La gare aval du téléski de la Lauze Inférieure se dressait à 1916 mètres d'altitude, à quelques centaines de mètres à l'est du hameau de Peynin. On avait ici affaire à une classique gare de type T80, assurant le stockage des perches en attente de skieurs, ainsi que la mise en mouvement du câble grâce à un moteur asynchrone d'une puissance de 29 kW.
Premier aperçu de la gare aval :

Vue de profil. Les perches n'ont pas bougé depuis 2006 :

Gros plan sur le haut de la gare. On distingue bien le bloc moteur à droite de la poulie motrice :

Vue de trois quarts depuis le début de la ligne, avec le chalet de commandes à droite :


Vue de profil. Les perches n'ont pas bougé depuis 2006 :

Gros plan sur le haut de la gare. On distingue bien le bloc moteur à droite de la poulie motrice :

Vue de trois quarts depuis le début de la ligne, avec le chalet de commandes à droite :

La ligne
La ligne du téléski de la Lauze Inférieure, longue de 782 mètres et gravissant un dénivelé de 238 mètres, ne présentait pas de particularités notables. Avec une moyenne de 31% environ, la pente était relativement importante tout au long du tracé, avec une partie particulièrement raide entre les pylônes 8 et 9, dépassant les 50%. Bien que construit par Montaz-Mautino, le téléski du Col de la Lauze présentait quelques éléments issus du constructeur Poma, vraisemblablement récupérés sur d'autres téléskis du Queyras, à l'instar des potences des pylônes 9 et 11.
Caractéristiques de la ligne :
- P1 : S / S
- P2 : S-C / S-C
- P3 : S-C / S-C
- P4 : S-C / S-C
- P5 : S-C
- P6 : S / S-C
- P7 : S
- P8 : C
- P9 : S
- P10 : S / S
- P11 : S / S
S = poulie support
C = poulie compression
S-C = balancier support-compression
Coup d'œil sur le début de la ligne depuis les environs de la gare aval :

Le premier pylône :

Sur le brin descendant, la poulie support est inclinée, de manière à réduire la largeur de voie pour éviter à la poulie motrice d'avoir à être trop large :

Vue arrière du premier pylône, avec la gare aval juste derrière :

P2 :

Portée P2-P3. A droite, le sommet de la Lauze (2910 mètres) :

Vue arrière de la portée P2-P3. En toile de fond, sur la droite, le Pic du Béal Traversier (2910 mètres) :

Le P3 disparaît peu à peu derrière un mélèze :

P4 :

Gros plan sur le haut du quatrième pylône :

Vue arrière sur le quatrième pylône :

La suite de la ligne se dévoile peu à peu :

P5, avec la Gardiole de l'Alp en arrière-plan :

P6 :

Le haut du sixième pylône :

Vue arrière du P6 :

P7. Avant l'extension du tracé du téléski vers l'amont, ce pylône accueillait aussi le brin descendant, ce qui explique son hauteur inhabituelle pour un pylône qui ne porte que le brin montant :

Portée P7-P8 :

L'aspect du P8 diffère de celui des autres pylônes puisqu'il date de 1979, année du rallongement de l'appareil :

La pente maximale du tracé est atteinte dans la portée P8-P9 :

Demi-tour sur cette même portée :

P9 :

P10. Tout comme le P8, celui-ci date de 1979 :

Vue arrière du pylône 10 :

Portée P10-P11 :

P11, dernier pylône avant l'arrivée :

Les poulies du haut du pylône. Comme sur le premier pylône, la poulie du brin descendant est inclinée pour permettre un rétrécissement de la largeur de voie en gare amont :


Le premier pylône :

Sur le brin descendant, la poulie support est inclinée, de manière à réduire la largeur de voie pour éviter à la poulie motrice d'avoir à être trop large :

Vue arrière du premier pylône, avec la gare aval juste derrière :

P2 :

Portée P2-P3. A droite, le sommet de la Lauze (2910 mètres) :

Vue arrière de la portée P2-P3. En toile de fond, sur la droite, le Pic du Béal Traversier (2910 mètres) :

Le P3 disparaît peu à peu derrière un mélèze :

P4 :

Gros plan sur le haut du quatrième pylône :

Vue arrière sur le quatrième pylône :

La suite de la ligne se dévoile peu à peu :

P5, avec la Gardiole de l'Alp en arrière-plan :

P6 :

Le haut du sixième pylône :

Vue arrière du P6 :

P7. Avant l'extension du tracé du téléski vers l'amont, ce pylône accueillait aussi le brin descendant, ce qui explique son hauteur inhabituelle pour un pylône qui ne porte que le brin montant :

Portée P7-P8 :

L'aspect du P8 diffère de celui des autres pylônes puisqu'il date de 1979, année du rallongement de l'appareil :

La pente maximale du tracé est atteinte dans la portée P8-P9 :

Demi-tour sur cette même portée :

P9 :

P10. Tout comme le P8, celui-ci date de 1979 :

Vue arrière du pylône 10 :

Portée P10-P11 :

P11, dernier pylône avant l'arrivée :

Les poulies du haut du pylône. Comme sur le premier pylône, la poulie du brin descendant est inclinée pour permettre un rétrécissement de la largeur de voie en gare amont :

La gare amont
La gare amont du téléski de la Lauze Inférieure se dressait à 2154 mètres d'altitude, à l'orée du bois de la Levette et en contrebas de la crête du Pré du Serre. Il s'agissait d'une classique poulie flottante, reliée à un contrepoids situé derrière un poussard tubulaire, assurant ainsi la tension du câble.
Vue de trois quarts de la gare amont :

Vue de profil :

Depuis l'autre côté, la gare disparaît peu à peu derrière les mélèzes :

Gros plan sur la poulie flottante :


Vue de profil :

Depuis l'autre côté, la gare disparaît peu à peu derrière les mélèzes :

Gros plan sur la poulie flottante :

Lauze Inférieure : témoin d'une époque révolue
Malgré des pistes intéressantes, variées et en altitude, le domaine skiable d'Aiguilles a fait les frais des choix de développement des stations du Queyras, qui ont privilégié d'autres domaines, à commencer par ceux d'Abriès et de Ceillac qui ont été équipés d'un télésiège débrayable chacun. Ainsi, à la fin de la saison d'hiver 2005/2006, le haut du domaine d'Aiguilles a fermé ses portes, pour ne garder que les trois téléskis du front de neige (dont deux ont depuis fermé leurs portes en 2013). Aujourd'hui, à l'exception du télésiège de Peynin et du téléski du Cougne, toutes les remontées sont encore en place, parfois toujours câblées, témoins oubliés d'une époque pas si lointaine où l'on skiait au-dessus d'Aiguilles, à plus de 2000 mètres d'altitude...

Combien de temps les pylônes du téléski de la Lauze Inférieure resteront-ils encore en place ?
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Ainsi se termine ce reportage.
Merci de l’avoir lu et à bientôt !
(c) – Novembre 2020 – Yann83 & collonges74 - Tous droits réservés – Modification ou reproduction interdites sans l’accord des auteurs.
Photos : Yann83
Textes, bannière et mise en page : collonges74
Photos prises les 9 août 2012 et 17 août 2015
