TKF de Panisset
Jasserie du Pilat
Autres constructeurs
L´histoire d´un lieu et d´une famille au travers de celle du premier téléski de la Loire, et, plus largement, des remonte-pentes du site, des années 1920 à nos jours.
Options techniques :
- Motrice amont
Année de fin de service en : 1940
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Pilat Jasserie du Pilat téléski Jasserie Saint-Etienne Loire 42
C'est au lieu dit « La Jasserie », dans les montagnes du Pilat, sur les hauteurs de Saint-Étienne, que nous conduit ce reportage. Transformée, depuis déjà longtemps, en refuge-auberge, lieu de passage, de séjour, cette bâtisse en pierre coiffée d'un clocher est située à la source du Gier, sur des prés bucoliques qui se développent en amphithéâtre à 1 300 mètres d'altitude au pied du point du culminant du massif. L'endroit, tenu depuis plus de 80 ans par la famille Masson, a vu passer de prestigieux visiteurs tels Gilles de la Tourette ou Jean-Jacques Rousseau et demeure un lieu riche en histoires. C'est celle, passionnante, d'un doyen des téléskis français que je m'en vais vous conter et, plus largement, de ces remonte-pentes qui ont équipé le lieu de la fin des années 1920 aux années 1990.
La Jasserie du Pilat
Le Mont-Pilat
Le Mont-Pilat (comme il est de coutume d'appeler l'endroit jusque dans les années 1970) est un massif montagneux de moyenne montagne situé sur les contreforts du Massif central. Il culmine au Crêt de la Perdrix à 1 432 mètres d'altitude et jouit d'une situation privilégiée offrant un panorama sur l'Auvergne et la plaine du Forez au nord-ouest, et sur les Alpes et la vallée du Rhône au sud-est. Le Pilat attire dès le XIXe siècle les riches touristes qui viennent trouver là refuge pour passer des vacances estivales au grand air. En 1898, inspiré par le succès du célèbre établissement du Righi, en Suisse, on y inaugure sur la Chaux d’Égallet, à 1 260 mètres d'altitude, le luxueux « Grand Hôtel du Mont-Pilat » dit « le Sanatorium ». La bâtisse fût malheureusement ravagée par un incendie en 1931 et la ruine, jamais reconstruite, fût rasée en 1999. Cet hôtel a cependant su montrer la voie du développement touristique du Pilat et a inspiré l'ouverture d'autres établissements de différents standings. A la ferme-auberge de la Jasserie, on construit ainsi tout une aile dédiée à l'hébergement et l'on développe l'activité de restauration avec les produits de la ferme.
Le Grand-Hôtel du Pilat, luxueux établissement inspiré par le célèbre Righi Suisse. (DR)
Dès le début du XXe siècle, avec l'émergence des sports d'hiver, le Pilat voit arriver les premiers skieurs...
Dès 1909, l'association des Sports d'hiver Foreziens est fondée, tandis que des concours internationaux de sports d'hiver sont organisés à Saint-Genest-Malifaux sur les hauteurs sus de Saint-Étienne. D'ailleurs, à Saint-Étienne même, la Manufacture Française d'Armes et Cycle propose toute une gamme de luges, skis et bobsleighs vendus dans toute la France. En l’absence de moyen de transport efficace pour gagner les Alpes, le Mont-Pilat s'impose rapidement comme le haut-lieu des sports d'hiver stéphanois malgré son altitude et son enneigement aléatoire, ce, grâce à la volonté de certaines figures locales parmi lesquelles Eugène et Jean Masson, qui développent autour de la ferme-auberge de la Jasserie une activité hivernale avec la construction de remonte-pentes ou de tremplins.
Affiche pour les Jeux internationaux d'hiver de 1912. (Doc. M. Achard)
Ski tracté à la Jasserie en 1909. (Hist. du ski et des sports d'hiver dans le massif du Pilat - Ph. E. Pinoncély, col. F. Pinoncély)
Eugène Masson, un ingénieux précurseur
En 1927, Eugène Masson, stéphanois de naissance s’ennuie de sa vie d’agent du Trésor public. Un peu écrivain, un peu poète, un peu rêveur, c’est sur les hauteurs de sa ville natale, à la Jasserie du Mont-Pilat, qu’il va finalement trouver la communion avec la nature qui lui manque. Il s’éprend de l’endroit au point d’aller finalement s’y établir en octobre avec sa famille. L’hiver vient et devant l’arrivée de quelques courageux venus s’adonner à la glisse sur les pentes du Crêt de la Perdrix, il prend conscience de cet intérêt grandissant pour les sports d'hiver...
Eugène Masson à la Jasserie. (DR - Coll. M. Achard)
Les skis sont de sortie à la Jasserie. (DR)
Années 1920 : première tentative de remonte-pente à la Jasserie
Rêveur sans doute, perspicace et ingénieux certainement, l'homme entreprend dès la fin des années 1920 la construction d'un appareil motorisé pour permettre aux skieurs de remonter sans effort les pentes enneigées de « La Cuvette », desservant par la même un tremplin en bois aménagé sur ce pré.
Selon la description qu'en fait Eugène Masson, la conception de l'engin s’apparenterait à celle d'un télétraineau. L'appareil aurait, semble-t-il, été conçu pour fonctionner en va-et-vient et remonter une quinzaine de skieurs sans doute embarqués debout sur un véhicule tiré par un câble, glissant sur la neige. Sa période de fonctionnement reste mystérieuse ; a-t-il d'ailleurs réellement fonctionné ? Une chose est certaine, cette première tentative sera rapidement avortée par la casse de la structure de la gare ; le manque de moyens financiers et mécaniques fera que la construction restera finalement à l'abandon ; les vestiges demeureront présent jusque dans les années 1970.
Situation du monte-pente de la Cuvette. (© Géoportail)
L'ensemble de la ligne avec, à son côté, le premier tremplin. En bas à droite le second tremplin du site.
La G1 du remonte-pente. (Hist. du ski et des sports d'hiver dans le massif du Pilat - M. Achard)
Vue rapprochée sur la G1. (Coll M. Achard)
Photomontage représentant de ce qu'aurait pu être l'appareil. (Photomontage Laurent Berne)
Les restes de la G1, demeurés ainsi durant plusieurs décennies. (DR)
1937 : le téléski de Panisset, un appareil abouti
La famille Masson ne se démotive pas pour autant. Portée par la démocratisation naissante du ski, elle construit un second tremplin, en métal cette fois. L'installation, inaugurée en novembre 1933, permet des sauts de 10 à 20 mètres.
Le nouveau tremplin de la Jasserie, construit en 1933 (collection Laurent Berne)
Enfin, en 1937, elle se décide à retenter l'aventure de la mécanisation de la remontée des champs de neige. Le nouvel appareil, premier vrai téléski du site, est implanté à quelques centaines de mètres de la ferme-restaurant, sur le pré de Panisset, idéalement orienté plein nord. Il mesure près de 230 mètres de long.
Situation du téléski de Panisset. (© Géoportail)
L'appareil, bien que réalisé de façon entièrement artisanale avec les moyens du bord, est, cette fois, nettement plus abouti que la première tentative sur le pré de la Cuvette. Il reprend le principe d'un câble en boucle sur lequel sont fixés des agrès. Si le tout est rudimentaire, on constatera, pour une installation entièrement conçue par des amateurs, l'ingéniosité de l'ensemble, puisque l'on y trouve même un astucieux système de tension…
Précisons que l'appareil est parfois, à tort, présenté dans certaines lectures comme LE doyen français des téléskis. Cette erreur provient de la confusion fréquente faite entre ce téléski de 1937 et le premier appareil de La Cuvette de la fin des années 1920. Avec La Cuvette, nous avons, certes, là un des tout premiers remonte-pentes français, mais, sauf à ce que l'appareil ait évolué par ensuite, les descriptions succinctes le rapproche d'un télétraineau plus que d'un véritable téléski.
Une chose est sûre, les installations de Jean et Eugène Masson comptent parmi les réalisations pionnières d'avant-guerre au même titre que les téléskis de Megève, de La Féclaz, de Tignes, du Revard, de Montgenevre ou encore de Combloux. Enfin, il convient, bien entendu, de mentionner également L'Alpe d'Huez, qui compte, dès 1937, 3 téléskis, parmi lequel, celui de l'Éclose réalisé entre 1935 et 1936 par un certain Jean Pomagalski, qui s'attachera, toute sa vie durant, à perfectionner cette invention. Des appareils originaux, des personnages créatifs, et surtout, de formidables aventures humaines...
Caractéristiques de l’appareil :
- Nom de l'installation : téléski de Panisset
- Type : téléski à perches fixes
- Constructeur : Jean Masson
- Année de construction : 1937
- Saison d'exploitation : Hiver
- Arrêt d'exploitation : 1940
- Altitude aval : 1 260 m
- Altitude amont : 1 310 m
- Dénivelée : 50 m
- Longueur développée : 230 m
- Pente maximale : 35 % env
- Pente moyenne : 23 % env
- Nombre de pylônes : 4
- Moteur : moteur essence Léon Bollée
- Emplacement motrice : amont
- Emplacement tension : aval
- Véhicule : agrès monoplace avec sellette
- Nombre de véhicules : 60 environ
- Sens de montée : anti-horaire
La ligne du téléski de la Jasserie débute en pleine pente à 1 260 mètres d'altitude, puis, après une cassure à mi parcours, se prolonge sur un relief plus doux jusqu’à l’arrivée.
Vue aérienne du téléski de Pannisset (IGN).
M. de Villoutreys sur le téléski en activité (Coll. M Achard).
Le milieu de la ligne (Auguste Morel.)
L'arrivée est située à 1 310 mètres d'altitude. Elle est abritée dans une construction en bois avec une toiture en tôles, permettant ainsi de protéger des divers aléas climatiques le moteur, récupéré sur une vieille automobile Léon Bollée.
Le haut de la ligne et la gare d'arrivée. (Photo Auguste Morel)
La ligne du téléski est soutenue par quatre pylônes "fait-maison" de type portique. Leur conception est fortement inspirée des pylônes des premiers téléskis Constam-Bleichert. Ces ouvrages sont sans doutes réalisés grâce au bois récupéré du défrichage nécessaire à l'implantation de l'appareil et de sa piste. Le brin montant passe sous le portique et est supporté par un galet en acier coulé tenu à la poutre supérieure par un étrier, tandis que le galet du brin descendant est directement pris sur l'extérieur du pylône, en extrémité de cette poutre.
Une soixantaine de perches fixes sont installées, réparties sur la ligne. L'agrès se présente comme suit : dans sa partie haute on trouve une petite suspente métallique de 30 cm fixée au câble dont la forme permet le franchissement des galets des pylônes et des poulies des gares ; à celle-ci est reliée une longue chaînette, et, à son extrémité, une partie fixe en bois, avec, en son bout, une sellette circulaire similaire à celle que l'on trouve sur les téléskis à perches actuelles. Même s'il n'y parait pas, cet agrès est relativement novateur pour l'époque puisque, jusqu'à alors, les sellettes équipant les téléskis se limitent généralement à une simple barre horizontale - à l'image d'un archet de téléski 2 places - beaucoup moins confortable.
Schéma d'un support et d'un agrès du téléski.
En échange d'une montée par le téléski de Panisset, le père Masson demande la modique somme de 1,5 Franc (voire 1 Franc pour les membres du Comité du ski). Des cartes d'abonnement pour 12 ou même 120 montées vendues à prix avantageux existent également.
L'offre-ski reste bien entendu modeste mais elle comble les nombreux skieurs stéphanois débutants. Notons par ailleurs que La Jasserie est l’un des principaux terrains de jeux du plus jeune des fils Masson, Auguste, dit Dudu, qui devient champion de France de descente en 1936 et 1942 et participe jusque dans les années 1950 à des compétitions internationales, parmi lesquelles les Jeux Olympiques de Saint Moritz.
Les champs de ski de la Jasserie sur le pré de Panisset.
Auguste Masson sur la piste des Glaciers à Chamonix. (coll. Monchu)
Un succès malheureusement avorté
"Certains dimanches de bonne neige, nous enregistrions jusqu'à mille cinq cents remontées" soulignait Eugène Masson ; énorme pour l'époque, sachant que la pratique du ski était encore réservé à quelques élites! Ce remonte-pente a effectivement connu un succès important, les Stéphanois se pressant à la Jasserie dès la précieuse poudre blanche tombée, l'endroit était effectivement un haut lieu du ski ligérien de l'entre-deux-guerres.
Foule des grands jours sur le pré de Panisset à l'arrivée du téléski.
Malheureusement, la seconde guerre mondiale portera un coup fatal à l'exploitation du remonte-pente : essence et skieurs viennent à manquer, les câbles sont récupérés... L'appareil restera définitivement à l'abandon ; les pylônes et la cabane de la gare d'arrivée seront démontés après-guerre. Pour autant, les solides piliers de la gare aval et amont, ainsi que leur poulie demeurent toujours présents 75 ans plus tard... Des vestiges qui permettent aujourd'hui de partir sur les traces de ce doyen et d'en découvrir le fonctionnement.
La gare aval et la vue sur le pré Panisset où se développait la ligne.
Sur les traces du téléski de Panisset
La gare aval est située en lisière de Forêt, tout en contrebas du pré de Panisset, l'endroit le plus enneigé du site. Elle se compose d'une poulie épousant le profil de la pente reposant sur un pilier réalisé en béton. La gare n'héberge pas la motorisation, mais possède un astucieux système de tension. Il est à noter que du fait de l'époque à laquelle a été réalisé l'appareil, les éléments de métallerie nécessaire au téléski sont assemblés par rivets ou boulons et non soudés.
Un discret massif en béton est implanté au bas du pré de Panisset : il s'agit de la G1.
Intéressons-nous de plus près au fonctionnement du système de tension...
Comme on peut le constater sur la photo, la poulie retour n'est en effet pas directement fixée sur le massif béton, mais :
- solidarisée grâce à un système d'étriers pouvant si nécessaire coulisser sur le profil métallique en U solidaire du massif béton
- et fixée à un bout d'une grosse tige filetée...
Cette tige circule au milieu du profil en U et est boulonnée sur ce dernier à son extrémité (on la voie d'ailleurs dépasser sur la partie avant du profil métallique).
Pour régler la tension, rien de plus simple, il suffit de régler les écrous de positionnement sur la tige filetée.
La poulie coulisse alors sur le rail jusqu'à l'endroit voulu.
La poulie et le profil en U sur lequel elle peut coulisser
Vue rapprochée sur le profil en U
A l'intérieur, une tige fileté permet le réglage manuel de la tension
Aujourd’hui, les pylônes en bois ont disparus et rien ne laisse supposer qu'il y a 75 ans ce paisible pré de Panisset accueillait des centaines de skieurs.
Le tracé de la ligne vue depuis le haut du pré.
Un peu plus loin, sur le haut de la ligne le profil de pente devient plus doux. Dans son prolongement se situe la gare amont. S'il ne reste aujourd'hui plus de trace de cet abri, il subsiste, à l'image de la gare aval, le massif béton, et la poulie, ici motrice, directement boulonnée sur le pilier. On distingue également le support du treuil et la roue crantée sur laquelle ce dernier s'engrenait afin d'assurer la motricité.
La cabane en bois n'existe plus, mais le pilier en béton et sa poulie motrice sont toujours en place.
Vue rapprochée sur la gare amont.
Vue rapprochée sur la gare amont.
Il demeure encore le support sur lequel était fixé le moteur essence Léon Bollée. En sortie de ce dernier, un arbre de transmission engrenait une roue crantée, toujours visible, qui entraînait la poulie motrice.
Le bloc en béton situé sur l'avant supportait l’entraînement.
Un arbre de transmission horizontal animait la poulie motrice...
...via un engrenage.
Les heures de gloire du ski alpin à la Jasserie
L'histoire du ski à la Jasserie ne s'arrête cependant pas de façon aussi brutale. Ces premiers remonte-pentes auront indirectement enfanté plusieurs décennies plus tard plusieurs autres aménagements.
La famille Masson imagine toujours développer l'activité de ski alpin sur le pré Panisset. En 1951, elle fait défricher la partie basse du pré jusqu'au chemin de la Croix des Viriers, à 1200 mètres d'altitude. On obtient ainsi une piste de 500 mètres de long pour 110 mètres de dénivelé. Malheureusement les finances manquent et seul un petit câble tiré par un camion bricolé à cet effet y est installé sur la partie haute.
La piste de Panisset est prolongé en son bas en 1951, mais, faute de financement, aucun appareil n'y prendra place. (IGN)
En 1958, la famille investit cette fois dans un vrai fil-neige. Celui est implanté comme la toute première remontée de 1928, à La Cuvette. Mais c'est finalement en 1967 qu'est installé le nouveau véritable téléski de La Jasserie, avec une gare "type B" (Baby) débrayable, alimentée par un moteur essence déporté de 40 ch. Son départ est également implanté à La Cuvette, mais cette fois-ci, directement en contrebas de la Jasserie. Sa ligne s’étale sur environ 400 mètres, de 1 300 à 1 355 mètres d'altitude et exploite la pente douce en direction du Crêt de la Perdrix. La famille Masson recouvre à cette occasion le Gier sur une centaine de mètres créant ainsi un front de neige élargi et un accès facilité depuis l'auberge.
Un forfait d'époque et un article du Progrès de novembre 1967 montrant la gare "type B" (Coll. M. Achard).
Foule des grands jours en 1968 au départ de l'unique téléski de la Jasserie (Coll. Laurent Berne).
Devant l'affluence constatée, la famille Masson décide, en 1973, de construire un second téléski avec une gare de départ située quasiment à l'emplacement de l'appareil de 1928. L'appareil est commandé à la société iséroise Pomagalski. Le téléski de 1967 est lui aussi rénové et la gare baby remplacée par une station Poma type H identique.
Ces remontées ont, à leur tour, permis durant plusieurs décennies, l'initiation au ski de bon nombre de petits Ligériens. Bravant le vent et le brouillard, les Stéphanois n'hésitaient pas à prendre leur voiture pour la sortie neige à la Jasserie du dimanche après-midi. Certains week-end l'attente pour prendre ces petits téléskis était d'ailleurs mémorable et entre les luges et les débutants, le champ de ski relevait parfois du champ de foire. Un texte de Clic illustre bien l'ambiance de l'époque...
« Petits, on étaient tout petits avec de gros bonnets qui grattent, des moufles de toutes les couleurs tricotées par des grandes personnes qu’on remerciait dressés sur la pointe des pieds avec des baisers mouillés. La Dauphine chauffée à bloc grimpait en direction des monts du Pilat. Nous les mioches on nous avait fait asseoir derrière entre les bâtons et les skis aux lanières toutes emmêlées. “Il fait encore gris, se lamentait ma tante, pourvu qu’il ne fasse pas un vent glacial!” Du vent? Du froid? Et de rire à gorge déployée parce qu’on savait bien que le ski sans geler de la tête aux pieds, ça n’existait pas au Pilat et que c’était même pour ça qu’on avait droit à un bol de chocolat chaud quand raides de froid on se réfugiait en grappe dans un café rougeoyant et surchauffé, embué et bondé, au plancher sonore et ruisselant de tous les pas des skieurs des dimanches de janvier.»
(texte de Clic)
Les conditions d'enneigement aléatoires ont malheureusement mis définitivement un terme à leur fonctionnement depuis 1992. Si les perches ont été démontées, les gares, pylônes et câbles demeurent cependant toujours en place.
Situation des deux téléskis (© Géoportail)
Caractéristiques des deux appareils :
- Nom de l'installation : Cuvette - Mont-Pilat A et B
- Type : téléskis à perches débrayables
- Constructeur : Pomagalski
- Année de construction : 1967 (rénov : 1973) - 1973
- Saison d'exploitation : Hiver
- Arrêt d'exploitation : 1992
- Altitude Aval : 1300 m et 1310 m
- Altitude Amont : 1355 m
- Dénivelée : 55 et 50 m
- Longueur développée : 400 m
- Pente Maxi : 20 % env
- Pente Moyenne : 15 % env
- Emplacement Motrice : aval
- Emplacement Tension : amont par contrepoids
- Sens de montée : gauche
La Jasserie et les deux téléskis Cuvette - Mont-Pilat (Fourinas).
Le champ de neige et les deux téléskis Cuvette - Mont-Pilat (Fourinas).
La G1 du téléski A en fonctionnement (Photo Alain Masson 1983 - Doc M. Achard).
La G1 du téléski B de nos jours.
Partie haute de la ligne (Fourinas).
L'arrivée, à 1355 mètres d'altitude, avec sa tension par contrepoids.
La fin d'une aventure
La fermeture des deux téléskis de la Cuvette en 1992 vient clore la formidable histoire des remontées mécaniques à la Jasserie, commencée en 1928 par Eugène Masson ! Aujourd'hui, mis à part à la Croix de Chaubouret où un téléski à câble bas Schippers fait la joie des petits depuis 2005, le ski alpin ligérien a quitté les pentes du Pilat pour se concentrer sur les monts du Forez, à Chalmazel. Ce ne sont pourtant pas les initiatives qui ont manqué pour tenter de développer l'activité ! Outre à La Jasserie, les plus anciens se souviennent du téléski à perches fixes et pylônes trépieds du Pré du Curé, offert en 1958 à la commune du Bessat par les autocars Chazot, ou bien, plus récement, le petit centre de ski de Graix, qui avait ouvert en 1982 avec ses deux remonte-pentes Montaz-Mautino des Rebattes (un téléski débutants et un petit débrayable de 78 mètres de dénivelée pour 378 mètre de longueur). Le site avait même investi dans un enneigeur basse pression dans les années 1990. Mais depuis 2005, toute activité hivernale est abandonnée ; le téléski débutants a même été démonté en 2011. Le remonte-pente débrayable connait cependant une seconde vie puisqu'il est désormais exploité l'été pour remonter les dévalkart et le VTT. Une activité qui rencontre un vif succès.
Etat des lieux des remontées mécaniques du Pilat en 2013. (Laurent Berne, carte IGN)
Quant à l'auberge de la Jasserie, avec ses produits fermiers et son cadre bucolique, elle demeure un haut-lieu touristique du Pilat, et reste le point de départ de nombreuses balades familiales, randonnées en raquettes ou en VTT.
"La Jasserie [...] téléskis, restaurant" : panneau souvenir de l'époque glorieuse des sports d'hiver à La Jasserie.
La Jasserie et ses téléskis au pied du Crêt de la Perdrix.
Le tremplin, vestige d'une époque désormais révolue. (Fourinas)
Compléments
Remerciements et références :
- Pierre Montaz - "Les pionniers du téléski"
- Michel Achard - "Histoire du ski et des sports d'hiver dans le massif du Pilat"
- Eugène Masson - "La Jasserie et le Mont Pilat"
- Auguste Morel - photos d'époque
- Christophe "Fourinas" - photos personnelles
- Ainsi que les nombreuses personnes sur internet qui m'ont permis de regrouper ces informations, avec un merci tout particulier à Michel Achard
Discussion
- Sujet sur les téléskis de la Jasserie sur notre forum
Représentation issue du catalogue Manufrance. (Coll. M. Achard)
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