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TSF2 du Véga
La Plagne (Paradiski)
Poma



Description rapide :
Télésiège permettant de relier Plagne Centre à Plagne Bellecôte. Équipé de gares tripodes Poma, c'est un appareil atypique et très long qui prend place sous le sommet mythique de la Grande Rochette. Il a été remplacé par le télésiège débrayable de la Bergerie en 2009.
Année de construction : 1980
Fin de service en : 2009
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Télésiège permettant de relier Plagne Centre à Plagne Bellecôte. Équipé de gares tripodes Poma, c'est un appareil atypique et très long qui prend place sous le sommet mythique de la Grande Rochette. Il a été remplacé par le télésiège débrayable de la Bergerie en 2009.
Année de construction : 1980
Fin de service en : 2009

Auteur de ce reportage : remontees
Section écrite le 02/10/2018
(Mise en cache le 04/05/2020)

Au sommaire du reportage :
- La Plagne : toute la montagne en onze stations !
- L'extension progressive de Plagne Centre
- Véga, liaison vers les autres stations d'altitude
- Ligne et infrastructures du télésiège du Véga
- Véga : un appareil insuffisant et obsolète
La Plagne : toute la montagne en onze stations !
La Plagne est l'une des plus grandes stations de la Savoie, située à cheval sur les communes de Bellentre, Aime en vallée de la Tarentaise et Champagny-en-Vanoise en vallée de Bozel. Reliée aux Arcs/Peisey-Vallandry par le téléphérique Vanoise-Express, elle propose un immense domaine skiable composé de 130 pistes et 115 remontées mécaniques entre 1230 m et 3120 m en haut du télésiège du Glacier sous le sommet de Bellecôte.

^^ Découvrez une introduction plus détaillée de la station en cliquant sur le logo ^^
L'extension progressive de Plagne Centre
La station de la Plagne a ouvert officiellement le 22 décembre 1961. On y trouvait alors deux téléskis autour de la zone qui est actuellement le front de neige de Plagne Centre. Le téléski de la Lovatière desservait le front de neige et la zone débutante, et celui du Biolley permettait de skier sur des pentes plus importantes, aujourd'hui desservies par le télésiège débrayable du Bécoin. C'est l'entreprise phare de l'époque, Montaz-Mautino, qui a construit ces premières remontées mécaniques plagnardes.
Pour la deuxième saison, la Plagne a inauguré deux nouvelles remontées mécaniques : les téléskis du Z et le Télé-École pour skier sur les pentes du massif de la Grande Rochette et les « colorados » offrant des reliefs ludiques. Pour la saison 1964/1965, on voit l'ouverture d'un second téléski du Biolley et de l'axe des Aollets, profilant déjà un développement de pistes vers Plagne Bellecôte (notamment avec la piste noire déjà signalée de la Vallée des Ours). En plus, le téléski du Saint Esprit est construit en partant de Plagne Centre afin de rejoindre le hameau des Ours qui deviendra ensuite Plagne Bellecôte.
1965 est l'année du grand chantier qui aura marqué toute une époque de la Plagne : l'ouverture du 2S de la Grande Rochette par Bell&Krens. Cet appareil de haute technologie pour l'époque permettait d'accéder au splendide panorama du sommet de la Grange Rochette et à des pistes beaucoup plus relevées telles que les pistes Carina, Mira ou Véga. On notera également la construction du téléski du Biolley III, plus court que ses deux autres confrères et desservant la partie basse de la piste rouge Sardane, aujourd'hui devenu stade Jean-Luc Crétier en l'honneur du sportif. En 1966, la desserte du front de neige a été grandement améliorée par la création du télésiège fixe 2 places du Boulevard, reliant le départ du téléski des Aollets au front de neige principal. Grâce à son mode "petite vitesse" élaboré par Emile Allais, il était particulièrement adapté pour l'exploitation débutante, mais était tout aussi important pour la liaison entre Plagne Bellecôte (encore nommé hameau des Ours) et Plagne Centre. En fin de journée, les flux étaient néanmoins très importants pour le retour vers Plagne Bellecôte, et les téléskis Aollets / Saint-Esprit ainsi que le 2S de la Grande Rochette n'étaient plus capables d'absorber les flux. La SAP (Société d'Aménagement de la Plagne) a décidé alors de construire le télésiège fixe du Véga, axe qui avait pour vocation de délester les flux de retours du 2S de la Grande Rochette afin de lui permettre de jouer son rôle de desserte de ski propre.

Vue sur le domaine de Plagne Centre (D.R., collection François05).
Véga, liaison vers les autres stations d'altitude
Le télésiège du Véga démarrait du front de neige supérieur de Plagne Centre, entre le funitel de la Grande Rochette et le départ du télésiège du Colorado. Il montait au beau milieu des pistes situées sous le sommet de la Grande Rochette sur un secteur intermédiaire avec Plagne Bellecôte. Cette situation centrale lui conférait un rôle de liaison majeur vers Plagne Villages, Plagne Soleil et Plagne Bellecôte. En fin de journée, ce télésiège était donc essentiel pour rejoindre ensuite Montchavin-Les Coches et les Arcs en empruntant le télésiège de l'Arpette, ou même pour tout simplement revenir sur Plagne Bellecôte.
Au sommet du télésiège du Véga, trois pistes étaient accessibles :
- La piste bleue du Véga, longue descente le long du télésiège qui revient vers le bas de Plagne Villages et le front de neige de Plagne Centre. On peut l'apparenter à l'offre de ski propre de l'appareil.
- La piste bleue Mira, piste d'accès à Plagne Villages et Plagne Soleil. Via sa variante Trieuse au sommet du téléski du Saint-Esprit, on peut également retourner à Plagne Bellecôte.
- La piste bleue Ramy, liaison vers Plagne Villages. En continuant par la piste Bridge, on retourne une fois de plus à Plagne Centre.

Situation du télésiège du Véga sur le plan des pistes de la Plagne.
Ce télésiège était équipé d'une gare tripode motrice-tension en aval, modèle très rare de la part de Pomagalski. Ceux-ci ont équipé en immense majorité des télésièges fixes, comme par exemple dans la station voisine des Arcs les télésièges Plan des Violettes et Pré Saint Esprit (respectivement 1982 et 1980). On notera aussi l'utilisation de ce modèle pour la télécabine pulsée du Télévillage entre Huez et l'Alpe d'Huez. Notons que la poulie retour-fixe de la gare amont a été changée peu avant 2009.
Voici donc les caractéristiques de ce télésiège :
Caractéristiques administratives
TSF-Télésiège à pinces fixes : VÉGA
Exploitant : SAP (Société d'Aménagement de la Plagne)
Constructeur : Pomagalski
Année de construction : 1980
Année de démontage : 2009
Caractéristiques d’exploitation
Saison d'exploitation : Hiver
Capacité : 2 personnes
Débit à la montée : 1200 personnes/heure
Vitesse d'exploitation maximale : 2,1 m/s (2,3 m/s théoriquement)
Embarquement : Dans le sens de la ligne
Équipement d’aide à l’embarquement : Non
Caractéristiques géométriques
Altitude aval : 1980 m
Altitude amont : 2304 m
Dénivelée : 324 m
Longueur développée : 1530 m
Pente maximale : 80 %
Pente moyenne : environ 21 %
Temps de trajet : 12 minutes 9 secondes
Caractéristiques techniques
Type de gare amont : Tripode
Emplacement motrice : Aval
Puissance développée du moteur de petite vitesse (PV) : 90 kW
Puissance développée du moteur de grande vitesse (GV) : 235 kW
Puissance développée en marche de secours : 320 Cv
Emplacement tension : Aval
Type de tension : Hydraulique
Nombre de pylônes : 19
Dispositif d'accouplement : Pince fixe Mono2100
Type de véhicules : Goutte d'eau 2 places
Ligne et infrastructures du télésiège du Véga
La gare aval
La gare aval du télésiège du Véga était située à 1980 mètres d'altitude, accolée au départ du télésiège débrayable six places du Colorado. Sur la gauche, on accédait par gravité au funitel de la Grande Rochette. Par cette position surélevée, il était difficile d'y accéder en arrivant depuis le secteur du Biolley et Aime 2000.
Cette station était issue de la gamme tripode Pomagalski et joue le rôle de motrice-tension.

Vue d'ensemble du départ des télésièges Véga et Colorado.

Zoom sur la gare aval.

Vue de face depuis la file d'attente du télésiège débrayable du Colorado.

Vue en contexte de la gare aval depuis la fin de la piste bleue du Véga.

En arrivant sur la gare aval.

Vue de trois quarts de la gare aval.

Vue rapprochée avec le télésiège du Colorado à l'arrière.

Vue de face avec le télésiège du Colorado.
La ligne
La ligne du télésiège du Véga était assez longue avec plus de 1500 mètres développés. Après les premiers mètres de ligne, on croisait le funitel de la Grande Rochette avant de monter régulièrement jusqu'au pylône 9. Ensuite, la ligne remontait fortement pour franchir une barre rocheuse puis replonge légèrement avant de se stabiliser pour l'arrivée en gare amont.
Pomagalski a ainsi équipé la ligne de dix-neuf pylônes dont deux support-compression et huit supports :
- P1 : 6S/6S
- P2 : 4S/4S
- P3 : 2S+6C+2S/2S+6C+2S
- P4 : 2S+8C+2S/2S+8C+2S
- P5 : 8S/8S
- P6 : 6S/6S
- P7 : 8S/6S
- P8 : 4S/4S
- P9 : 8S/8S
- P10 : 16C/16C
- P11 : 16C/16C
- P12 : 6S/6S
- P13 : 8S/8S
- P14 : 8S/8S
- P15 : 16C/16C
- P16 : 8S/8S
- P17 : 8S/8S
- P18 : 4S/6S
- P19 : 6S/6S

Ligne depuis la gare aval.

Sortie de la gare aval.

P1.

P2.

Portée vers le pylône 3 sous le funitel de la Grande Rochette.

Le pylône 3 vu depuis le sol.

Détail sur le balancier support-compression du pylône 3.

P4.

Le pylône 4 vu depuis le sol, avec sur la droite le funitel de la Grande Rochette.

Portée montante vers le pylône 5.

P5.

Vue de profil du franchissement de la falaise au pylône 5.

Portée vers le pylône 6.

Passage du pylône 6.

Portée vers le pylône 7.

P7.

Le pylône 8 avec le funitel de la Grande Rochette en arrière-plan.

Survol de la piste bleue du Véga avant le pylône 9.

Une courte portée se profile avant la montée principale.

La montée principale s'amorce enfin.

Succession des deux pylônes 10 et 11.

Vue d'ensemble de cette courte mais impressionnante ascension de falaise.

Dans la montée.

P12.

P13.

Vue sur le passage de la crête.

Vue en plongée depuis l'autre côté, avec Aime 2000 en arrière-plan.

P14.

P15.

Tête du pylône 15.

Portée vers le pylône 16.

P16.

Portée vers le pylône 17.

P18.

P19.
La gare amont
La gare amont était située à 2304 mètres d'altitude directement sous le sommet de la Grande Rochette. Ainsi lorsque l'on descendait, on se retrouvait rapidement au niveau des appareils Aollets et Colosses.
Au niveau technique, c'était une gare retour-fixe tout à fait standard.

Arrivée en gare amont.

Vue rapprochée.

Vue rapprochée.

Vue de trois quarts.

Vue de face.

Vue en contre-plongée avec le pylône 19.
Véhicules et pinces
Le télésiège fixe du Véga était équipé de trois types de sièges 2 places de type "Goutte d'eau". Une partie était équipée de dossiers en lattes de bois de châtaigner ou métalliques. Seul le siège n°87 avait un dossier en skaï.
Ces véhicules sont reliés au câble par des pinces fixes Mono2100.

Croisement de deux sièges équipés de dossier à lattes.

Le siège n°87 avec son dossier en skaï.
Au cœur du télésiège fixe du Véga
La poulie motrice
La poulie motrice était située en-dessous du bloc moteur de la gare tripode. On remarque qu'elle était maintenue par un support en H et qu'elle est équipée de deux freins dits de poulie. À l'avant de la poulie, deux galets guidaient le câble dans la gorge, et le galet en sortie de poulie était relié à une dynamo tachymétrique pour surveiller la vitesse du câble.

Vue d'ensemble sur le montage de la poulie motrice.

Zoom sur la dynamo tachymétrique.
La tension du câble
La tension du câble était effectuée via deux vérins situés entre le pied arrière de la gare et la poulie motrice. La gestion de la force exercée par les vérins était gérée par une centrale hydraulique Volvo située dans le bloc moteur.

Les deux vérins de tension à l'arrière de la gare tripode.

La centrale hydraulique pour les vérins de tension.

La plaque Volvo de la centrale hydraulique de tension.
La mise en mouvement du câble
La mise en mouvement du câble était effectuée en marche normale par deux moteurs électriques asynchrones CEM accouplés par courroies au réducteur qui bénéficiait d'une redirection en coude sur la poulie motrice. Ces moteurs permettaient de tourner au choix en petite vitesse (PV) ou en grande vitesse (GV). La grande vitesse correspondait à 2,1 m⋅s⁻¹ à la fréquence de rotation de 1470 tr⋅min⁻¹ et la petite vitesse à la moitié (1,05 m⋅s⁻¹ à 730 tr⋅min⁻¹). Pour les plus techniciens, le moteur PV tournait sous un courant aux caractéristiques U = 380 V et I = 180 A alors que le moteur GV tournait sous U = 380 V et I = 480 A. Les deux moteurs bénéficiaient d'un couplage triangle. Le frein de sécurité était situé directement sur le disque en sortie de l'axe rapide. Les freins électromagnétiques du moteur étaient alimentés via une armoire électrique Pomagalski.

Schéma de la configuration générale du treuil.

Vue d'ensemble du treuil de la gare tripode.

Le moteur électrique de petite vitesse (PV).

Le moteur électrique de la grande vitesse (GV) avec l'arbre rapide sur la gauche et le disque permettant le freinage.

La liaison entre les deux moteurs électriques (PV et GV).

Vue opposée.

L'accouplement par courroies. On peut voir également un frein à disque de sécurité.

La liaison entre le réducteur et le retour courroies depuis le moteur électrique principal. On voit également le système d'accouplement du réducteur au moteur thermique

L'armoire électrique alimentant en 24 volts les freins électromagnétiques du moteur électrique.
La motorisation de secours était effectuée par un moteur thermique Deutz directement en liaison au réducteur et développe 320 cV. Pour le surveiller, l'exploitant était aidé par un compte-tours.

Le moteur thermique à l'arrière de la gare.

Vue rapprochée avec les différents circuits et les pistons visibles grâce aux inégalités de la coque du moteur.

Turbine permettant de refroidir le moteur thermique.

Le boîtier du moteur thermique avec le compte-tour et un bouton d'arrêt d'urgence.

Le cardan reliant le moteur thermique au réducteur.

La liaison moteur thermique-réducteur.
L'exploitation
Afin d'exploiter le télésiège du Véga, le conducteur de l'installation possédait à sa disposition un pupitre de commande lui permettant d'effectuer toutes les opérations courantes (démarrage, arrêt, réarmement) ainsi que de surveiller les principaux défauts (sécurité sur-vitesse, anti retour).

Les différents boutons du pupitre.

La gestion du cadencement et des portillons.
Véga : un appareil insuffisant et obsolète
Le télésiège du Véga était un appareil indispensable du front de neige de Plagne Centre, assurant à lui seul la liaison vers les stations d'altitude. Il était donc très régulièrement saturé tout au long de la journée. Il était donc plus cohérent de le démonter avec celui des Mélèzes jouant un rôle similaire afin de construire un seul appareil à très haut débit permettant les retours vers toutes les stations. Néanmoins, ce nouveau télésiège nommé Bergerie est victime de son succès. Malgré son débit de 3600 personnes/heure avec contour tronqué, il est régulièrement saturé au point d'y avoir facilement vingt minutes de queue en fin de journée. Quelques photos du démontage sont disponibles sur le site http://www.perso-laplagne.fr.
Un grand merci à la Plagne 78 pour la mise à disposition de ses photos techniques du télésiège et à Christian Vibert, directeur technique pour lui avoir fait visiter et nous avoir autorisé à publier ces clichés. De plus, nous tenons à remercier le technicien d'astreinte sur le secteur d'Aime 2000/Montalbert pour les caractéristiques des moteurs et lolo42 pour son schéma de la configuration du treuil.

Le télésiège du Véga, la liaison majeure de Plagne Centre déchue au profit d'un télésiège ultra-moderne.
Photos : bill, kaldini, la Plagne 78 et pomaman
Texte, bannière et mise en page : remontees
Date des photos : 16 mars 2007, 10 avril 2007, 16 février 2009, 3 août 2009, 7 août 2009 et 14 août 2009.
