TSF3 de la Bergerie
La Clusaz (La Clusaz-Manigod - Les Aravis)
Poma
Un télésiège bien particulier, figurant parmi les derniers triplaces construits en France et desservant de nombreuses pistes dans la combe de Balme et permettant l'accès à la combe de Torchère.
Année de construction : 1988
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- Sommaire des parties
La Clusaz est une station de sport d’hiver située en Haute-Savoie. Avec les stations du Grand-Bornand, de Manigod et de Saint-Jean-de-Sixt, elle forme le massif des Aravis.
La commune se compose de trois grandes zones habitables :
- le centre du village de La Clusaz : situé à l’entrée de la commune, il est le centre administratif de la commune.
- la vallée des Confins : cette vallée suit la chaîne des Aravis, du massif de l’Aiguille à la Tête Pelouse (2537m).
- les Aravis/Etale : cette vallée part du centre de la station et monte vers les cols des Aravis, de la Croix-Fry et de Merdassier.
L’équipement du domaine skiable démarra vers 1935, mais ce n’est qu’en 1955 avec la construction du téléphérique de Beauregard que la station prit de l’ampleur.
Actuellement, le domaine skiable s’étend de 1050m à 2485m et comporte une trentaine de remontées mécaniques pour 130 kilomètres de pistes réparties sur quatre secteurs : le massif de Beauregard, le massif de l’Etale, le massif de l’Aiguille et le massif de Balme.
N'hésitez pas à consulter avec ce reportage la description de la station de la Clusaz et le dossier complet réalisé par Guillaume sur "l’histoire du développement du tourisme, du ski et du domaine skiable de La Clusaz".
Au sommaire :
- La Bergerie : vers la conquête de la Combe de Torchère
- L'un des derniers télésièges "Delta" construit par Pomagalski
- La gare aval
- La ligne
- La gare amont
- Clôture
La Bergerie : vers la conquête de la combe de Torchère
La combe de Balme, de part son orientation et sa géographie l'ayant dotée d'une altitude élevé, d'une grande largeur et d'une double communication avec sa voisine la Combe de Torchère était la plus propice au développement d'un nouveau domaine skiable projeté dès le milieu des années 1950. Ce ne fut qu'en 1962, sous l'impulsion d'une nouvelle société privée de remontées mécaniques dénommée "Société de la Haute Vallée des Confins" (SHVC), que virent le jour en haut des combes deux téléskis exploités à l'origine de fin janvier jusqu'à la mi-juin destinés au ski "de printemps", mais surtout la télécabine biplace de Balme du constructeur suisse Mueller qui permettait d'y accéder.
Les deux téléskis furent construits par Montaz-Mautino qui a fourni bon nombre de téléskis à cette station. L'un deux, le téléski de Torchère, équipa la combe du même nom, créant de bonnes pistes sur ce secteur. Le second était le court téléski de la Bergerie qui eut comme rôle principal l'accès skieur vers la Combe de Torchère. Toutefois, il permit également la desserte de piste à l'intermédiaire de la Combe de Balme. Ce téléski était situé au pied d'un gros rocher nommé à juste titre "la Petite Torchère".
La Combe de Balme, rapidement prisée des skieurs pour sa difficulté des pistes et son cadre paysager toujours émerveillant, comme avec ici la "Petite Torchère" (en haut à droite), imposant rocher au-dessus de la Bergerie...
Un second tronçon de la télécabine existante vers le col de Balme était également prévu. Ce ne fut qu'en 1979 sous la forme du télésiège biplace du Col de Balme que ce tronçon fut achevé, ce qui augmenta encore l'attractivité du secteur mais satura de façon permanente la vieille télécabine pourtant optimisée au maximum de ses capacités qui ne put donc plus assurer correctement la montée des skieurs vers le Col de Balme et la Bergerie. Toutefois, en 1983 suite à de nombreuses avalanches sur le téléski de Torchère, celui-ci fut remplacé par le nouveau téléski à enrouleurs de Torchère. De plus, la télécabine douze places de Balme vint ainsi remplacer durant l'été 1986 la première télécabine, permettant d'améliorer considérablement l'accès au secteur grâce à son fort débit, ce qui put ainsi permettre de nouveaux investissements sur le haut de la combe. Car la fin des années 1980 fut marqué par les "hivers sans neige". Or, seule la combe de Balme située suffisamment haute en altitude put ouvrir. Ainsi, la SATELC remplaça en 1988 le téléski de la Bergerie par un télésiège trois places et en 1993 le télésiège deux places du col de Balme disparut au profit du télésiège quatre places du Col de Balme, ces deux appareils apportant confort et débit sur ce secteur très enneigé.
Situation du télésiège sur le plan des pistes :
Le télésiège de la Bergerie permet de monter les skieurs jusqu'au niveau du passage permettant l'accès à la Combe de Torchère. De cet endroit part trois pistes. Celle de la Bergerie, seule piste bleue sur la partie supérieure du massif, est un vaste chemin traversant la largeur de la combe pour revenir au départ de l'installation. La piste des Choucas redescend quant à elle au départ de l'installation qu'elle longe. On notera que cette courte piste noire est très régulièrement damée, un moyen pour les skieurs de commencer par une piste noire facile avant de se lancer dans d'autres, beaucoup plus complexe... Le télésiège dessert également la piste du Lachat, située quant à elle dans la combe de Torchère où il est d'ailleurs possible de rejoindre le téléski du même nom. Cette piste descend dans la partie basse de la Combe pour rejoindre plus bas la piste de la Balme.
L'un des derniers télésièges à gare "Delta" construit par Pomagalski
Le télésiège de la Bergerie fut donc réalisé durant l'été 1988. C'est l'entreprise Pomagalski qui a été retenu pour réaliser cette installation qui possède des particularités. Tout d'abord, il possède l'une des dernières gares "Delta", remplacé progressivement depuis 1982 par les gares "Alpha". De plus, le premier pylône de sortie de gare habituellement en portique et sur cet appareil un simple pylône monofût. La gare amont est quant à elle surmontée d'une plate-forme en bois de type "piste d'atterrissage", plus classique. Ceci dit, à cette époque, la quasi-totalité des télésièges avaient des débarquements naturels...
Le télésiège de la Bergerie possède un débit suffisant sur l'ensemble de la saison. Ajouté au fait qu'il n'est pas très vieux, ce télésiège a encore de très longues années devant lui.
Les caractéristiques actuelles du télésiège de la Bergerie :
Caractéristiques administratives :
- Nom de l'installation : la Bergerie
- Type d'appareil : télésiège à pinces fixes
- Secteur : Combe de Balme
- Commune : la Clusaz
- Exploitant : Société d'Aménagements Touristiques et d'Exploitation de La Clusaz (SATELC)
- Saison d'exploitation : hiver
- Constructeur : Pomagalski
- Année de construction : 1988
Caractéristiques géométriques :
- Altitude de la gare aval : 1867 m
- Altitude de la gare amont : 2104 m
- Longueur : 514 m
- Dénivelé : 237 m
- Pente moyenne : 52%
- Pente maximale : 73%
Caractéristiques techniques :
- Emplacement de la station motrice : aval
- Type de gare motrice : gare Delta à 7 vitres
- Emplacement de la station de tension : aval
- Type de tension : hydraulique
- Nombre de vérins : 2
- Aide à l'embarquement : aucun
- Capacité des sièges : 3 personnes
- Nombre de sièges : 63
- Type de sièges : sièges "Arceau"
- Dispositif d'accouplement : pince fixe
Caractéristiques de la ligne et d'exploitation :
- Nombre de pylônes : 7
- Nombre de virages : 0
- Sens de montée : gauche
- Vitesse en ligne : 2.3 m/s
- Temps de montée : 3mn 43s
- Débit : 1500 p/h
La gare aval
La gare aval est située à l'intermédiaire de la Combe de Balme, à 1867 mètres d'altitude près de la gare amont de la télécabine de Balme et de la gare aval du télésiège du Col de Balme. C'est ici que ce trouve la partie motrice-tension de l'appareil. Elle se compose d'une structure métallique avec des traverses formant deux triangles sur la longueur. Un chariot mobile, supportant l'ensemble moteurs, est positionné sur cette structure et permet d'effectuer la tension du câble par le biais de deux vérins hydraulique placé de chaque côté de la gare. Les skieurs se présentent sous la structure à l'arrière de la gare, et se placent à l'embarquement à l'ouverture des portillons. Le poste de conduite principal se trouve ici, accolé à la gare.
Situation de la gare aval au sommet de la télécabine de Balme :
La gare et le premier pylône :
Vues sur la gare :
L'embarquement du télésiège :
La ligne
Au départ, la compression en sortie de gare et le pylône 1 accentuent considérablement la pente qui atteint son maximum. Toutefois, la ligne ne s'adoucie que très peu après le passage des pylônes suivant : elle reste soutenue jusqu'aux pylônes 6 et 7 qui rétablissent la ligne au niveau de la gare amont.
La ligne comporte 7 pylônes numérotés de 1 à 7. Dans l'ordre de la montée, cela donne :
- Gare aval : 16C/16C
- P1 : 12C/16C
- P2 : 6S/4S
- P3 : 6S/6S
- P4 : 6S/6S
- P5 : 4S/4S
- P6 : 8S/8S
- P7 : 8S/8S
Vues sur la ligne :
Vue aérienne de la ligne avec l'emplacement des pylônes :
"La Petite Torchère" où une croix trône en son sommet avec la ligne du télésiège de la Bergerie au premier plan :
La totalité de la ligne vue du départ de l'installation :
Le début de la ligne :
La ligne avec le Danay, montagne entouré par les communes de la Clusaz, du Grand-Bornand et de Saint-Jean-de-Sixt, au second plan :
Le haut de la ligne :
La ligne vue de la piste des Choucas :
La ligne vue du sommet :
La ligne au niveau de l'arrivée :
Pylône 1, le fameux pylône monofût en sortie de gare :
Pylône 2 :
Portée entre les pylônes 2 et 3 sous "la Petite Torchère" :
L'un des 63 sièges du type "Arceau" avec assises rembourrées présents sur l'installation :
Pylône 3, avec la piste des Choucas à gauche :
Pylône 4 :
Portée entre les pylônes 4 et 5 :
Pylône 5 :
Pylônes 6 et 7 d'arrivée :
La gare amont
La gare amont est située à 2104 mètres d'altitude au niveau d'un petit passage permettant la liaison entre les parties hautes des combes de Balme et de Torchère. Elle est constituée d'une poulie de retour fixe montée sur un gabarit de débarquement du type "piste d'atterrissage".
Le débarquement :
Vues sur la gare :
Vue sur la zone de débarquement où l'on peut soit allé vers la Combe de Torchère (à gauche) ou rester sur celle de Balme (à droite) :
Clôture
Le télésiège de la Bergerie est un appareil indispensable au secteur. Permettant la desserte en continu de deux pistes de niveaux totalement différent, situées à l'endroit du domaine le plus enneigé ce qui permet une glisse accessible au plus grand nombre. Construit d'abord pour améliorer l'accès à la Combe de Torchère, il permet également d'être une alternative au long et saturé télésiège du Col de Balme. Le débit du télésiège de la Bergerie est suffisant et convient parfaitement pour son rôle.
Bonjour !
Voici une mise à jour technique de ce télésiège.
Commençons par monter dans la gare Delta. Vue générale :
En nous retournant, nous aperçevons une armoire électrique avec un coin maintenance :
L'installation est entrainée par un moteur à courant continu BBC de 171.1 kW :
La plaque signalétique du moteur :
La liaison entre le moteur et le réducteur se fait par courroies :
Le réducteur :
L'arbre rapide avec le volant de freinage :
La plaque signalétique du réducteur :
On retrouve un frein de service électromagnétique agissant à l'entrée du réducteur :
Il y a deux freins d'urgence agissant directement sur la poulie motrice contrôlés par une seule centrale :
Le sommet des freins d'urgence :
En cas d'avarie sur le moteur principal, un moteur thermique de secours peut prendre le relais :
Le moteur :
Le pupitre de commande du moteur :
La plaque signalétique :
La sortie du moteur avec le coupleur et l'arbre de transmission :
Avant le réducteur, on retrouve un sélecteur qui permet de sélectionner le sens de marche désiré. A noter que la marche arrière n'est disponible qu’avec le moteur thermique.
Derrière le moteur thermique, on retrouve le dispositif de déplacement des pinces :
La tension du câble est gérée par une centrale hydraulique alimentant deux vérins disposés de part et d'autre de la structure.
La centrale :
Un des deux vérins :
La structure motrice se déplace sur les montants de la gare Delta à l'aide de quatre galets comme celui ci :
Vue sur la poulie motrice. On aperçoit les freins d'urgence ainsi que la dynamo tachymétrique du câble :
De l'autre coté de la gare, il y a une plateforme de maintenance, surtout utilisée pour le tirage des pinces :
Un siège au niveau de l'embarquement :
Les portillons de cadencements :
Au dessus de la poulie motrice, on retrouve les capteurs déclenchant l'ouverture des portillons :
Passons maintenant à la cabane. C'est ici que l'on retrouve le pupitre de commande général ainsi que les armoires de puissance. Vue générale :
Vue générale du pupitre :
Sur ce pupitre, on retrouve différents compteurs,
Le groupe de sécurité, un afficheur de défaut, les différents états de la machine,
Et des boutons et commutateurs pour la marche normale :
A noter que le télésiège dispose de de quatre vitesses en exploitation normale. La V3 roule à 2.30 m/s ; la V2 roule à 1.90 m/s ; la V1 roule à 1.30 m/s et la TPV roule à 0.40 m/s
Les armoires de puissances sont situées derrière le pupitre. Vue générale :
Sur le coté des armoires, on retrouve les sectionneurs ainsi qu'un synoptique de la machinerie :
Le synoptique en détail :
Les armoires de puissance sont composées de trois parties. Dans la première partie, on retrouve tout ce qui est alimentation :
Dans la deuxième partie, on retrouve le variateur de vitesse :
Et dans la troisième partie, on retrouve toute la commande :
Détails sur la platine de pontages et de tests :
Au dessus de l'armoire, on retrouve une baie informatique pour la gestion des bornes de contrôle ainsi que le boitier de réception de la télécommande Freeman :
Pour en revenir à la question de pourquoi une gare Delta, il semblerait que ce soit une question d’ordre financier. Pour un 3 places à débit égal, la gare Delta aurait été moins chère que l'Alpha.
Mes remerciements à la SATELC pour l'autorisation de prendre et de publications des photos.
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