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TSF3 des Marmottes
Val d'Isère (Espace Tignes-Val d'Isère)
Yan - Lift Engineering



Description rapide :
Télésiège fixe du constructeur Yan remplacé en 2008 par un TSD6
Année de construction : 1981
Année de fin de service en : 2008
Télésiège fixe du constructeur Yan remplacé en 2008 par un TSD6
Année de construction : 1981
Année de fin de service en : 2008
Auteur de ce reportage : jclf
Section écrite le 30/04/2009 et mise à jour le 01/05/2009
(Mise en cache le 23/08/2013)
Ce reportage se déroulera en 6 étapes :
I) Un peu d’histoire
II) Situation dans l’Espace Killy
III) Données techniques
IV) Caractéristiques de la ligne
V) Reportage photographique commenté
1) Vue générale de la remontée
2) Gare 1
2) Ligne
3) Gare 2
4) La pince Yan
5) Le siège Yan
VI) Conclusion
I) Un peu d’histoire
Au début des années 1980, au vu de l’augmentation exponentielle du nombre de skieurs, la STVI (Société des Téléphériques de Val d’Isère) décide de remplacer les deux téléskis Mont Blanc qui doublent le second tronçon de la TCD4 de la Daille (second tronçon démonté en 1987 lors de la construction du Funival, il partait de l’actuelle gare d’arrivée et arrivait à l’actuel restaurant le Bellevarde au sommet de Bellevarde, à gauche de l’arrivée du TSF3 Marmottes et à droite du TSF4 Fontaine Froide avant sa gare d’arrivée). Ce remplacement sera effectué par deux TSF3 du constructeur américain LIFTENGINEERING, appelé plus couramment Yan : Mont Blanc et Marmottes. Nous allons nous intéresser au second.
Plan des pistes de 1972, on remarque les doubles téléskis Mont Blanc qui doublent le second tronçon de la TCD4 de la Daille :
Ce télésiège fut construit en 1981, un an avant le télésiège Mont Blanc (il reste donc un mystère à éclaircir car j’ignore en quelle année le double téléski fut démonté). Il s’agit d’un des derniers TSF de la station de manufacture Yan, car 3 ans plus tard, la STVI crée la société Montaval, constructeur qui s’occupera de monter les remontées de la station et de la construction des TSF et des petites remontées (TKF, télécordes …).
On remarquera que ce télésiège fut équipé comme de nombreuses remontées Yan des fameux gardes corps en plastique noir qui ont été changés (date inconnue).
Aujourd’hui (hiver 2009) ce télésiège est définitivement fermé et en cours de démontage. Il est désormais remplacé par un TSD6 BMF de débit 3600 p/h sur un tracé légèrement différent (vous verrez ça dans le futur reportage sur ce TSD6 …), les raisons : queue en permanence, temps de montée assez long, peu de confort (pas de reposes ski), nécessité de prendre un autre télésiège (le TSF4 Fontaine Froide) si l’on souhaitait redescendre par le Funival ou par le téléphérique débrayable l’Olympique, nécessité de prendre un autre télésiège depuis Tignes pour l’atteindre (TSF3 Mont Blanc, voir le reportage qui y est dédié ici) ou de couper en hors piste (qui à force d’être utilisé était aussi fréquenté qu’une piste classique). Son remplacement n’a fait que des heureux puisqu’il a permis de supprimer tous ces désagréments et de remplacer un télésiège vieillissant qui n’avait plus sa place dans le domaine par une remontée réduisant par plus de deux le temps de montée. La remontée a été exploitée jusqu’à son dernier jour de fonctionnement légal car pour pouvoir fonctionner à partir du 1er janvier 2009, la STVI devait lui faire passer sa V3 relativement onéreuse pour seulement une saison d’exploitation (c’est pour cette raison que le TSD6 BMF devait être opérationnel au 1r janvier 2009). La STVI nous aura fait patienter jusqu’au dernier instant puisque le TSD6 n’a ouvert que le jeudi 1er janvier 9h00, sonnant le glas de l’exploitation de ce télésiège qui durant 28 ans nous aura aidé à remonter la pente.
Ayez une petite pensée pour lui lorsque vous emprunterez la nouvelle remontée de BMF.
II) Situation dans l’Espace Killy
Ce télésiège faisait partie du second maillon d’accès au sommet de Bellevarde en partant de Daille (l’accès direct se fait par le Funival), il est également nécessaire aux skieurs venant de Tignes pour se rendre vers le même sommet, de nombreuses personnes coupant en hors piste pour éviter d’avoir à prendre Mont Blanc depuis le sommet de Tovière (les skieurs venant du col de Fresse n’ayant pas ce problème).
Il dessert de très nombreuses pistes de tous niveaux, et en particulier des nombreuses pistes vertes, ce qui fait qu’il est très fréquenté par les débutants. Il a fait partie, durant un mois (de novembre 2008 au 31 décembre 2008) de la zone « ski tranquille » située entre ce télésiège, le TSF4 Fontaine Froide, les 2 TKD Santons, le TSF4 Grand Pré et le TSD4 Borsat Express.
Situation sur les pistes : plan 2009 ; son tracé est rajouté en rouge, en bleu le nouveau TSD6 BMF :
Sur le plan 2006 :
III) Données techniques
VAL D'ISERE (73)
TSF-Télésiège à attache fixe : MARMOTTES
Constructeur : LIFTENGINEERING
Année de construction : 1981
Saison d'exploitation : Hiver
Capacité : 3 personnes
Dénivelée : 257 m
Longueur développée : 1265 m
Puissance développée : 221 KW
Pente moyenne : 21%
Pente Maxi : 35%
Débit : 1800 personnes/heure
Vitesse d'exploitation : 2,5 m/s
Nombre de sièges en ligne : 159 sièges
Système de tension : contrepoids abrité dans le fut arrière de la gare
Diamètre du câble : 40 mm
Ame : Textile
Type de câblage : Lang à droite
IV) Caractéristiques de la ligne
La ligne comporte 17 pylônes, le pylône 1 étant intégré à la gare, et chaque pylône supporte le brin montant et le brin descendant (contrairement à de nombreux autres TSF3 Yan de Val d’Isère).
Le sens de montée se fait à droite.
La ligne ne comporte qu’un seul compression à la sortie de la gare de départ, elle a ensuite une pente régulière jusqu’au P9, à partir du P9 et jusqu’au P13 le télésiège survole une cuvette. Après cette section, le télésiège poursuit sa route sur un dénivelé quasi nul jusqu’à la gare d’arrivée avec une hauteur de survol que je qualifie d’assez impressionnante.
Vous remarquerez que les pylônes ont été directement coulés dans leurs massifs d’origine (on pourrait dire aujourd’hui à la Montaval, à cette époque c’était à la Yan) et que les galets du brin descendant ont un diamètre inférieur à ceux du brin montant chargé (ce sont ceux utilisés ordinairement en compression).
Ligne :
P [numéro du pylône] : [brin descendant] - [brin montant]
Gare 1 : 1S - 1S
P1 : 8C - 8C
P2 : 2S - 8S
P3 : 4S - 8S
P4 : 4S - 8S
P5 : 2SC - 4SC
P6 : 2SC - 4SC
P7 : 8S – 8S
P8 : 4S - 8S
P9 : 4S - 8S
P10 : 2SC - 4SC
P11 : 2SC - 4SC
P12 : 4S - 8S
P13 : 8S – 8S
P14 : 8S – 8S
P15 : 2S - 8S
P16 : 2S - 8S
P17 : 4S - 8S
Gare 2 : 1S – 1S
(Je précise que non, on ne peut pas redescendre avec ce télésiège, maintenant, il y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes ... :-) )
V) Reportage photographique commenté
1) Vue générale de la remontée
Vue d’ensemble depuis l’arrivée du TSF3 Mont Blanc, on aperçoit à gauche les pylônes du futur TSD6 :
Zoom depuis le même lieu :
Depuis la piste moutons :
Depuis la piste verte, à gauche de la remontée :
Depuis la piste Mont Blanc :
La gare 1 dans son ensemble, avec le restaurant, le TSD4 Borsat express et au loin les deux TKE1 Slalom et Snow Park :
2) Gare 1
Le départ de la remontée est située juste à l’aplomb du TSD4 Borsat Express, quelques mètres après sont départ. On faisait donc la queue juste en dessous de ce télésiège, et suite aux nombreuses chûtes de neige des skis des utilisateurs du TSD4, la STVI a implanté il y a quelques années une sorte d’abri constitué de planches en bois pour éviter ces quelques désagréments chroniques.
Comme je l’ai écrit précédemment, ce télésiège est un point de passage vital pour tous les skieurs de Tignes se rendant sur le domaine de Val d’Isère (hormis le secteur de la Daille), cela engendre un temps de queue qui peu s’avérer relativement important et relativement vexant car il renvoie pas mal de monde 20 à 30 ans en arrière où l’on passait sa journée à faire à queue aux remontées mécaniques (il y avait alors plus de places disponible pour se loger que de débit aux remontées mécaniques), d’autant plus vexant que ce télésiège 3 place se transforme vite en 2 places car la place de droite était occupée continuellement par les écoles de ski. En conséquence, de nombreux skieurs venant de Tignes tiraient directement sur la Daille d’où ils prenaient la navette gratuite pour le centre de Val d’Isère (ou même jusqu’au Fornet), ou ils prenaient le Funival pour atterrir au sommet de Bellevarde ; conséquence intrinsèque à cela, la queue au Funival était un peu plus importante, la Verte (piste verte nommé Verte qui descend jusqu’à la Daille) était un peu plus encombrée, et la navette souvent bondée.
Vue panoramique des alentours de la gare
Vue du TSD4 Borsat Express :
Vue depuis la piste montons et de l’arrivée du TSF3 Mont Blanc :
Vue panoramique de la gare :
La poulie retour tension :
La nacelle de service servant de présentoir à des outils de réglages des fixations :
Capteur barrette déclenchant l’ouverture des portillons lors du passage de la pince :
« Roue » servant au déplacement vertical de la gare :
Chaîne assurant la tension de la ligne :
On commence à faire la queue (tiens, on dirait qu’il y a un peu plus de monde ? :-) ) :
Les portillons suspendus et maintenus par la structure de la gare :
La zone d’embarquement :
Vue de la gare depuis votre siège :
De point de vue technique c’est une gare tripode avec réglage de la hauteur permettant un suivi du niveau de neige pour un décollage dans des conditions optimales. Le système permettant de choisir la position de la gare est similaire à celui de son petit frère, le TSF3 Mont Blanc. La gare est soulevée par 3 vérins hydrauliques (1 sur chaque pied) puis maintenue en position par des crans que l’on retrouve sur chacun des 3 pieds.
Agrandissement d’un des pieds où l’on voit le vérin et les crans de blocage :
C’est à cette gare que la tension de la ligne est effectuée grâce à un contrepoids situé dans le fût arrière de la gare. Un chaine est fixée sur le fût arrière, elle fait demi-tour sur une poulie intégrée au lorry, puis elle est déviée grâce à une seconde poulie vers le sommet du fût où elle fait demi-tour grâce à encore deux autres poulies vers le contrepoids caché par le fût.
Schéma brut du système de tension :
2) Ligne
Le pylône 1 (8C - 8C) est intégré à la structure de la gare :
P2 : 2S - 8S
P3 : 4S - 8S
Portée entre le P3 et le P4 :
P4 : 4S - 8S
P5 : 2SC - 4SC
P6 : 2SC - 4SC
P7 : 8S – 8S
P8 : 4S - 8S
Vu de dos :
P9 : 4S - 8S
P10 : 2SC - 4SC
Portée entre le P10 et le P11
P11 : 2SC - 4SC
P12 : 4S - 8S
P13 : 8S – 8S
Enneigeur au pied du P13 et séparation des pistes "3i" et verte :
Vu de dos :
P14 : 8S – 8S
Fondations du P14 : directement coulé dans le béton
Vu de dos :
P15 : 2S - 8S
Fondations du P15 :
Portée entre le P15 et le P16 :
P16 : 2S - 8S
Vu de dos :
Portée entre le P16 et le P17 (dernier pylône) :
P17 : 4S - 8S
3) Gare 2
Derniers pylônes et la gare d’arrivée :
Ça ne va plus tarder ... :
C’est ici qu’est situé l’ensemble moteur. C’est une gare monofût typique de chez Yan que l’on retrouvait souvent dans l’espace Killy (les TSF3 des Tommeuses et le TSF3 Tufs avaient le même type de gare, il ne reste plus que le TSF3 étroits qui existe encore et ait toujours ce type de gare d’arrivée motrice monofût monobloc).
La poulie enchâssée et les freins de poulie en rouge :
4) La pince Yan
Au passage d’un support :
Au passage d’un compression :
Au passage d’un support-compression :
5) Le siège Yan
Siège plutôt inconfortable en raison de son dossier en acier. On remarquera que le garde cops n’est pas équipé de reposes skis, comme de nombreux télésièges Yan ; à l’origine il s’agissait de gardes corps en plastique noir.
VI) Conclusion
Avec la disparition de ce télésiège, c’est une page qui se tourne. C’était l’un des ultimes vestiges des TSF3 Yan qui étaient omniprésents dans l’espace Killy, c’est la fin des queues interminables aux remontées mécaniques, c’est la fin d’une époque où l’on peinait à faire le tour du domaine skiable en une journée ; mais c’est aussi le début d’une nouvelle épopée où la séparation aux départ de la remontée n’est plus nécessaire et où l’on a tendance à oublier le remonte-pente et à skier sans compter.
Crédits :
Photos : Géofrider et Jclf (les photos datent de la saison 2007-2008, année 2008)
Texte : Jclf
Montage photos : Jclf
Documentation technique : Géofrider et le F.I.R.M.
Remerciements :
Aux membres du site www.haute-tarentaise.net qui m’ont permis de combler quelques lacunes historiques et grâce auxquels vous pouvez voir un extrait du plan des pistes de 1972.