La Grande Histoire


 

Les précurseurs

Les skis ont vraisemblablement été utilisés 4000 ans avant J.C., notamment dans les pays nordiques. Ces engins ont été progressivement améliorés au cours des siècles jusqu'à ce que l'expédition Nansen de 1888 contribue à les faire mieux connaître.


La préhistoire


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Chasseur Tchérémisse ;
gravure du XVIe siècle.

Les peuplades qui campaient en montagne après les périodes glaciaires avaient à supporter des conditions d'enneigement qui devaient leur causer de grandes difficultés d'où la nécessité de créer des «outils » pour y faire face. Les premières gravures rupestres nous montrant des ébauches de skis se situant vers 4000 ans avant JC. On a, en outre, exhumé en Norvège, des restes de ski datant de plus de 4000 ans.
On connaît aussi les principales origines géographiques :


  • Origine arctique : toundras de la Sibérie centrale (Baïkal, Altaï...)
  • Origine sub-arctique : Scandinavie
  • Origine "méridionale" : pays baltes, Slovénie, Pologne.










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Skieur lapon gardant son troupeau de rennes.

Bien que l'on sache que le ski s'est répandu dans les pays scandinaves dès le Xe siècle, on est réellement documenté à partir du XVIe, notamment sur la place déterminante que le ski prit dans le soulèvement organisé par Gustav VASA (futur roi) pour la libération de la Suède. On sait aussi qu'en 1539, des combats ont été menés par des soldats Finlandais équipés de skis : après 1750 nombreuses étaient, semble-t-il, les unités de soldats-skieurs en Norvège et en Suède.

Quelques siècles de "découvreurs"


D'autre part, au XVIe et, surtout, au XVIIe siècle, de nombreux voyageurs ont commencé à découvrir des skis lors de voyages en Scandinavie, voire même au Kamtchatka (Charles de Lesseps) et même à les essayer sans pourtant que l'on sache précisément ce qu'ils en ont pensé.












Les débuts de la première diffusion


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Charles de Lesseps, consul de France,
interprète du Roy dans l'expédition de
Monsieur le Comte de La Pérouse au
Kamtchatka.

C'est en tous cas la région de Télémark (Norvège) qui, rapidement, va s'intéresser au développement du ski. On y organise en 1867 le premier concours et on y crée, en 1881, la première école de ski.
1888 est l'une des dates les plus marquantes de l'évolution du ski : c'est celle de l'expédition Nansen qui traverse le Groenland à skis. Le retentissement est mondial : il provoque la naissance d'un besoin de connaissance du matériel «ski» et de ses utilisations possibles. Les militaires vont être parmi les plus intéressés et seront, dans certains pays, les véritables «promoteurs» de l'usage du ski.














 

Les militaires

Les états scandinaves ont, dès le XVe siècle, équipé des soldats de skis.
C'est au XIXe que des initiatives militaires françaises codifient l'usage du ski et contribuent à sa diffusion.



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Des bataillons d'archers progressant
en "souliers à neige"

Les prémices


Pour les précurseurs, l'utilisation militaire du ski n'a pas tardé : c'est ainsi que, dès le XVIe siècle, des bataillons d'archers étaient équipés de «chaussures à neige» plus semblables à des skis qu'à des raquettes. En 1539 les Finlandais dotent déjà de skis des soldats-skieurs tandis que les Norvégiens ouvrent des écoles d'instruction à Trondheim et Kongvingen. D'autres exemples suivent mais il faut attendre le XVIIIe et le début du XIXe siècle pour constater une évolution notable.









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Soldats du régiment des patineurs
en Norvège.

Le ski s'appelle Clerc


En France, après la lourde défaite de 1871, l'Etat-major installe des garnisons de chasseurs à pied dans des hautes vallées alpines et, dès lors, se préoccupe de remédier à leur isolement.
C'est alors que le capitaine François Clerc, en garnison au 159e régiment d'infanterie alpine de Briançon, se fait le prosélyte du ski. Il achète en Norvège une douzaine de paires de skis dont il équipe ses hommes il fait ensuite avec eux de nombreuses sorties à ski et expérimente le transport de blessés sur des traîneaux.






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Les skieurs des bataillons alpins
à l'entraînement.

L'Etat-major français, influencé par les rapports du capitaine Clerc et le fait que les Italiens aient déjà équipé de skis leurs «alpini», organise des visites de norvégiens à Briançon et, peu après, passe commande de 1000 paires de ski. Aucun fabricant français n'est en mesure de les produire : on fait donc à nouveau appel aux norvégiens...
François Clerc continue à œuvrer pour le développement du ski et entraîne ses hommes pour tenter d'améliorer leur technique mais «l'arrêt Briançon» (simple chute volontaire) n'est guère dépassé.
Le Capitaine Bernard crée l'école de ski de Briançon qui va devenir «l'école normale» de ski.
Le capitaine Rivas qui la dirige apprend aux hommes à skier et à fabriquer eux-même leurs skis.
En 1907, à Montgenevre, le premier concours de ski militaire international connaît un grand succès.












L'important travail des militaires


Jusqu'à la guerre de 1914 l'école de Briançon instruit plus de 5000 soldats skieurs qui forment les premiers bataillons de chasseurs alpins. Ils se retrouvent au combat sur les crêtes des Vosges et doivent ajuster leur technique aux impératifs du terrain et des combats.
En France (et en Europe) la période d'après-guerre voit naître et se développer «les sports d'hiver», ce qui suscite chez les militaires de nouvelles initiatives qui aboutissent à la création de l'EHM (école de haute montagne) en 1932.
Le ski militaire n'est guère présent dans les débuts du conflit de 1940 puisque les bataillons de chasseurs alpins envoyés en Norvège n'y combattront qu'en été. Mais d'autres bataillons feront victorieusement face dans les Alpes aux troupes italiennes. A la cessation des combats, de nombreux skieurs-montagnards rejoignent les rangs de l'organisation paramilitaire «Jeunesse et Montagne» puis, plus tard, les "maquis" combattant notamment en Auvergne, dans le Vercors et autres contrées montagneuses.

 

Le tourisme

Comment les «chargés de mission» d'antan préfigurent les «voyageurs» du XIXe siècle. Les initiatives qui suivent et les manifestations qui en résultent aboutissent à l'invention des «sports d'hiver»


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Premiers contacts avec la descente.

Voyages sur commande


Jusque vers le milieu du XIXe siècle les hardis voyageurs qui s'aventuraient dans les zones arctiques le faisaient généralement dans le cadre de missions d'études. L'une des dernières de ce genre fut celle du professeur Guimard dans «les terres du nord». Il devait conclure à la définitive présence du ski dans la culture lapone. Il y eut ensuite des pionniers du voyage individuel, lesquels étaient aiguillonnés par les histoires répandues par les «encyclopédistes».








Les embryons du tourisme


Dès la deuxième moitié du siècle, les «globe-trotters» anglais, et parmi eux les alpinistes, commencent à hanter les massifs montagneux, (principalement alpins) pour y faire du sport et rechercher des performances. A Chamonix, Zermatt et Saint-Moritz, entre autres, qui deviennent leurs «quartiers généraux», ils s'essayent bientôt à la pratique du ski. Dans le même temps, l'Autrichien Mathias Zdarsky s'acharne à améliorer le matériel. On lui doit sans doute la transformation des planches archaïques en un outil raisonné de déplacement sur neige. Par exemple, la "taille de guêpe" au milieu de l'engin qui facilite l'évolution en virages.





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Les vaillants amis de Duhamel

Les chefs de file


En France, le Grenoblois Henri Duhamel découvre des skis à l'exposition universelle de Paris de 1878, il les achète uniquement par curiosité mais, bientôt en commande d'autres paires pour équiper ses amis avec qui il va effectuer de nombreuses «ascensions» à skis, notamment à la croix de Chamrousse près de Grenoble.
Des clubs se constituent et, déjà, s'ouvrent des magasins de sports spécialisés.





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Le ski est désormais un loisir
offert à tous.

A Chamonix, que le train atteint en 1901, le Docteur Payot visite ses malades à ski et fait le panégyrique de ce «sport norvégien». C'est aussi là qu'a lieu, en 1908 (et après Montgenèvre) le deuxième concours international de ski.
A Saint-Anton, en Autriche, Hannes Schneider fonde l'école de ski de l'Arlberg qui va faire référence durant une longue période de trente ans.
Les premiers jeux olympiques d'hiver se déroulent à Chamonix en 1924 (300 coureurs de 16 nations), avec un impact international considérable.



Naissance d'un phénomène social


Dès le début des années 1900, un certain nombre de villes et villages de montagne attirent une clientèle variée à la recherche de loisirs inédits. La fréquentation reste cependant modeste et, par exemple à Chamonix, sur 34 hôtels, seuls 5 ouvrent en hiver.
Il en est de même à Zermatt, Saint-Moritz, Saint-Anton et autres mais aussi dans les stations thermales comme Saint-Gervais, Luchon, etc...
Progressivement de nouveaux arrivants qui souhaitent «faire du sport même en hiver» vont découvrir le ski et le pratiquer bientôt avec passion.
C'est grâce à eux que, dès les années 1920, on invente ce qu'il convient désormais d'appeler «les Sports d'hiver».






 

Le phénomène ski

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Congés payès... loisirs... sport.
L'environnement socio-économique en mutation amène des conditions favorables à l'explosion de la fréquentation de la montagne en hiver. C'est alors l'impact croissant des «sports d'hiver», des modes et des compétitions.


Du nouveau en montagne.


C'est dans les années 1930 que s'annonce l'explosion de l'activité «ski» sous l'influence de divers événements :

  • Industrialisation des vallées de montagne (par exemple, en France la Maurienne et la Tarentaise) et apport de populations ouvrières jeunes,
  • Orientation nouvelle des communes vers des activités touristiques,
  • En France les accords de 1936 sur les «congés payés» et la généralisation des vacances,
  • Amélioration des transports : trains de nuit, réseaux d'autocars touristiques,
  • Multiplication des funiculaires et des téléphériques, notamment en Suisse et en Autriche.






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La génération des champions
et championnes est prête à tout.

Ce qui va changer.


Les conséquences directes ou indirectes sont les suivantes :

  • pour les jeunes ouvriers des vallées, l'organisation de leurs loisirs dans la montagne proche,
  • pour les villages, actions de fixation des populations en hiver par la création d'emplois «touristiques»,
  • naissance de groupes d'études pour l'inventaire des domaines skiables et les projets pour leurs aménagements et leur équipement.

C'est ainsi que, en 1921, le baron de Rotschild élabore des projets pour l'aménagement de Megève en station de sports d'hiver. La concrétisation sera, outre la construction d'hôtels, celle, en 1933, du premier téléphérique conçu spécifiquement pour les skieurs : Rochebrune.



On s'organise.


L'école de ski de l'Arlberg fondée par Hannes Schneider connaît une grande diffusion (y compris aux USA) mais, en 1933, le Docteur Halberg, assisté de Roger Frison-Roche crée la première école de ski française au Revard.
L'année 1933 voit la création de la Fédération Française de Ski, qui sera suivie, en 1938, par celle du Syndicat National des Téléphériques de France (S.N.T.F.).
Les compétitions deviennent très nombreuses et l'on commence dès lors à parler plus souvent des «vedettes du ski» : David Zogg, Toni Seelos, Rudolf Rominger, Christel Kranz, ...(voir dans le titre «les hommes»).

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Mais dès 1935, le jeune mégevan Emile Allais fait sensation en cumulant les exploits : Mürren en 1938, Garmisch-Partenkirchen en 1936, Chamonix en 1937. Il suscite la création de la technique française qui supplante rapidement la technique de l'Arlberg.
Les vacances à la neige deviennent désormais à la mode mais le conflit mondial de 1939-45 met le ski en sommeil sauf pour les membres des groupements paramilitaires de «Jeunesse et Montagne» et, plus tard, les combattants des "maquis". Malgré tout en 1942, un groupe de techniciens français commence à étudier la création d'une «station internationale de sports d'hiver».
Bien d'autres projets y feront suite et, notamment, celui de l'aménagement des «Trois vallées» (voir dans le titre : naissance des stations).






Les prémices de l'explosion.


Le tourisme redémarre sérieusement dans les années 1950 et de nombreuses initiatives (communes ou sociétés privées) déclenchent des investissements afin de créer de nombreuses remontées mécaniques. Vient alors la notion de «pistes» avec l'invention de matériels adaptés, puis, plus tard, l'enneigement artificiel.
La technique française et ses améliorations permettent à l'équipe de France de «tenir le haut de la piste» pendant plusieurs décennies grâce, entre autres, à leurs excellents résultats aux Jeux Olympiques (voir dans le titre : «la competition»).
A la fin du XXe siècle, la France possède 30% des domaines skiables aménagés dans le monde ainsi que le plus grand parc de remontées mécaniques.
Le phénomène ski a atteint un niveau énorme (huit millions de skieurs par saison en France) et reste en constante croissance.

Dernière révision le 22/07/2022 - 15:44