Les Hommes


 

Des primitifs à "l'homo touristicus"

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Vivre et penser au néolithique avec aux pieds des skis que l'on vient d'inventer est un sujet captivant mais dont nous ne pouvons pas connaître les détails. Ce n'est que beaucoup plus tard que les relations des explorateurs et les images qui les illustrent peuvent nous donner un aperçu de ce que vivaient les premiers skieurs. Les débuts ultérieurs du tourisme nous font découvrir son unité constitutive, "l'homo turisticus", un explorateur transformé en voyageur "de plaisir". C'est son accession au niveau du "sportif " qui fera du ski un loisir de masse, une sorte de phénomène social.











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Un lapon déguisé en skieur.

Cro-Magnon à skis ?


Les hommes du paléolithique, qui avaient probablement inventé le ski quelques millénaires avant J.C. vivaient sous des climats supposés très rudes. Ils.devaient être abondamment couverts de fourrure, ce qui ne facilitait certainement pas leurs évolutions à skis, notamment pour la chasse de gibiers rapides et éventuellement combatifs.







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Le ski est-il utile ?


Les premiers explorateurs des régions arctiques n'ont pas eux-mêmes utilisé le ski et n'en ont guère rapporté qu'un constat d'existence sans que leur intérêt aille au-delà. Mais tout change lorsque l'explorateur norvégien Nansen (en 1888) réussit la traversée du Groenland à skis.





Une nouvelle culture : le tourisme


Avant même la naissance du tourisme moderne, beaucoup de voyageurs ont commencé à visiter les montagnes avec des objectifs divers. Ils constituent dès lors l'embryon de "l'homo turisticus" qui va bientôt proliférer pour constituer quasiment une race nouvelle.



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Un grand mouvement de foule !

Un sport qui va faire fureur


Les objectifs des voyageurs en général et des skieurs en particulier ont largement évolué dès le début du XXe siècle, notamment à partir de 1930.Ces skieurs qui, auparavant, renâclaient devant la moindre pente vont désormais privilégier la descente. Cela conduira à la création de pistes adéquates et à la construction de remontées mécaniques pour les desservir. "L'homo turisticus" n'est plus alors une exception mais, au contraire, l'expression d'une tendance qui ne va pas cesser de s'accélérer. Les "sports d'hiver " deviennent un véritable phénomène de société.











 

Zélateurs et novateurs

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Les "découvreurs" du ski n'en ont fait qu'un "objet de curiosité" sans en tirer les conséquence. Plus tard, ceux qui essayèrent de les utiliser en devinrent progressivement les "zélateurs" car ils souhaitaient y intéresser leurs congénères.
La plupart d'entre eux furent également des "novateurs". Ils s'efforcèrent, d'une part, d'inventer des améliorations matérielles qui conforteraient leurs objectifs. et, d'autre part, de créer des méthodes d'utilisation. Enfin, quand le tourisme s'empara du ski pour en faire un sport, de nouveaux "zélateurs" se firent "promoteurs" pour apporter au ski les motivations et les moyens de devenir un phénomène de masse.

















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Raconter les découvertes


Les anciens qui rencontrèrent le ski, soit par on-dit, soit "de visu" (Saint-Grégoire, John de Bremble, Guillaume Rubrouk, Sigismond de Herbenstein, Olaeus Magnus, Barentz, Adams Oelenschlager, Francisco Negri, Joannès Scheffer, Charles de Lesseps, le chanoine Outhier, Bourrit...) le considérèrent comme une rareté liée à des besoins spécifiques aux coutumes locales. Ils n'avaient évidemment aucun moyen et aucune raison d'imaginer un avenir à cet engin











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Henri Duhamel (1853-1917)

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Hannes Schneider

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Emile Allais en 1958

Un "ustensile" qui peut servir "


Quand les explorateurs commencèrent à s'essayer à la pratique du ski, ils ouvrirent la voie à Nansen qui réussit la fantastique traversée du Groenland qui eut un retentissement mondial.
A partir de ce moment on comprit que le ski, en tant qu'outil, pouvait être matériellement amélioré pour s'adapter à des activités élargies. Les "novateurs" (Sondre Norheim, Henri Duhamel, Capitaine Clerc, Mathias Zdarsky...) s'y efforcèrent et, devant des résultats encourageants, devinrent des "zélateurs", entraînant leurs amis à s'en servir.
Dans la foulée, Sir Arnold Lunn fit de tels efforts de propagande qu'on le considéra bientôt comme "le père du ski alpin".


Mais comment s'en servir ?


Avec les perfectionnements apportés aux skis et à leurs fixations le rôle des zélateurs devint plus facile mais encore fallait-il que les adeptes sachent les utiliser. On va donc assister à la naissance de "méthodes" concrétisées le plus souvent par des "manuels techniques" (Paulcke, Vivian Caufield, Hoek-Richardson...).
Il y aura aussi les manuels militaires (Capitaines Clerc et Rivas) puis, surtout, point culminant, la méthode de l'Arlberg, inventée, puis enseignée et diffusée dans les années 1920 par l'Autrichien Hannes Schneider.
Elle devait pourtant être largement surpassée par la méthode française de ski inventée en 1957 par Emile Allais et codifiée par Paul Gignoux. Cette technique très en avance sera labellisée par de retentissants succès dans les compétitions internationales.


De l'expérimentation à l'exploitation


Arrivé à ce point du développement du "phénomène ski " (voir dans le titre "le phénomène ski "), les zélateurs deviennent légion, ne serait-ce que pour suivre l'engouement pour ce nouveau sport. Quant aux novateurs il leur appartient maintenant de continuer à améliorer le matériel. C'est le cas, entre autres, de l'entreprise Rossignol qui atteindra le premier rang mondial avec une production atteignant 300 000 paires de ski de haute technicité en une année (voir dans le titre "les planches technifiées"). Elle étudiera aussi et réalisera les aménagements propres à en assurer une pratique aisée et attractive. Ils auront de plus à promouvoir des créations de stations (voir dans le titre "domaines skiables"), leurs aménagements, leurs équipements de base (Baron de Rotschild, Michaud, Chappis, Schnebelen...) notamment en remontées mécaniques (voir dans le titre "transports de montagne" - Pomagalski, Montaz, Constam, Bleichert, Creissels...).
Simultanément éclot une race de compétiteurs dont les "stars " (voir dans le titre "la compétition" - Rudolf Rominger, Zeno Colo, Toni Sailer, Emile Allais, James Couttet, Léo Lacroix, Jean-Claude Killy...), entraînées par de remarquables "leaders" (Honoré Bonnet...) contribuent à développer le ski en le faisant encore mieux connaître à la fois comme sport, comme loisir et comme spectacle.









 

La compétition et les J.O.

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Les premiers défis.
Qui dit loisir dit recherche avant tout d'un plaisir d'être et qui dit sport sous-entend habileté, courage et défi. Il n'est donc pas étonnant que la pratique du ski, conçue d'abord comme une simple utilité, puis comme un loisir, soit devenue un sport. ce qui engage progressivement ses pratiquants à faire progresser leur maîtrise. Cette activité engendra donc d'abord quelques rivalités individuelles génératrices de confrontations spontanées. S'ensuivirent de petits concours locaux qui débouchèrent plus tard sur des compétitions d'autant plus soigneusement organisées et médiatisées qu'elles finirent par avoir un statut international.















Du ski utile au ski d'agrément


Dès que les populations de montagne se sédentarisèrent en s'installant dans des villages enneigés pendant de longs mois, elles se trouvèrent confrontées à des loisirs forcés qu'elles meublèrent tant bien que mal, avec, par exemple, des concours de glissades.
Lorsque commencèrent à fréquenter la montagne des "étrangers" munis de skis et avides de les expérimenter dans des excursions locales, les "gens du pays" se mirent en tête de les égaler, puis de les dépasser dans leur habileté à dévaler les pentes de leur domaine.



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Le départ d'une course féminine en 1920.

De l'émulation à la compétition


Au fil des années, les manifestations sportives s'intensifient et s'institutionnalisent principalement à partir du premier concours international de ski de Montgenèvre en 1908 organisé par les militaires et le Club Alpin Français (voir dans le titre "les militaires").
Petit à petit, dans tous les massifs montagneux, les "mordus" du ski multiplient les concours qui, outre leur intérêt sportif, leur offrent l'occasion et le plaisir de rencontrer leurs émules d'autres régions, voire, plus tard, d'autres nations..











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Un défi, un spectacle, une affaire


Les épreuves de ski se sont progressivement développées comprenant, outre le fond, le saut et la descente, le slalom (inventé par Zdarsky), puis, plus tard, le ski acrobatique et, enfin, le "surf " (voir dans le titre "les nouvelles glisses") et le "kilomètre lancé".

Cette internationalisation confortée par l'organisation (signée FIS) des Jeux Olympiques d'Hiver se répétant régulièrement en alternance avec les championnats du monde, nécessitent des montages financiers et des installations commerciales et techniques de plus en plus lourdes et complexes.
L'enjeu est de taille face à une médiatisation exponentielle qui ne saurait supporter aucune improvisation. Ces colossales manifestations génèrent des éclosions de super-champions désormais considérés et vénérés par le grand public comme des "vedettes".






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Ecole de ski et autres

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Pour s'arrêter, on fait ce qu'on peut !
La diffusion de la pratique du ski n'est possible que dans la mesure où "ceux qui savent " prodiguent leurs conseils à "ceux qui ne savent pas". Cela n'est devenu important que lorsque le nombre des pratiquants est devenu suffisant pour justifier une structuration de l'enseignement. On assiste alors à des créations d'écoles dont les plus célèbres sont celle de l'autrichien Hannes Schneider (père de la méthode de l'Arlberg) et, plus tard, celle de l'école française de Paul Gignoux et Emile Allais, base de l'école nationale de ski français.















Au temps d'un ABC rudimentaire


Les skieurs de l'antiquité avaient certainement d'autres préoccupations que de faire des émules de leur habileté à skis. Mais, dès que cet engin cesse d'apparaître comme seulement un "outil" de la vie quotidienne pour devenir une possibilité de performance, ensuite de loisir, puis de sport, leurs pratiquants éprouvent l'évident besoin de savoir mieux s'en servir. Les "zélateurs" de cette activité furent, bien entendu, les premiers à conseiller et aider leurs recrues. Ensuite l'amélioration du matériel facilite les choses ainsi que les efforts des militaires français qui seront les premiers à créer une véritable école de ski.


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Le plus vieux virage connu :
le télémark.

La naissance d'un "mythe"


En Autriche, Hannes Schneider travaille la question depuis longtemps lorsque, dans les années 1920, il en diffuse le résultat sous le titre de "méthode de l'Arlberg". Il y codifie l'ancêtre du virage, le "télémark " mais, surtout, y ajoute toute une panoplie de mouvements de virages et d'arrêts dérivant de la position de "chasse-neige". Hormis les virages et arrêts sautés d'une utilisation restreinte, tous les "stemmboggen" et "christianias" sont des mouvements "freinés".










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Le fameux virage chasse-neige
ou "Stemmboggen".


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"Attention, application, émulation".

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Une révolution : l'appui sur
les spatules, le dégagement des talons...
c'est la ruade.
Presque simultanément, le docteur Haalberg et Roger Frison-Roche ouvrent en France l'école du Revard qui enseigne à peu près tout ce que l'on sait, à l'époque, en matière d'utilisation des skis.


Les perfectionnements


Avec sa méthode encore pratiquement unique et, en tous cas, complète et efficace, Hannes Schneider a gagné une audience internationale. Elle va durer longtemps bien que des contestataires conduits par Toni Ducia, imaginent des positions et des mouvements bien différents (parallélisme des skis, position en avant) Il en est de même pour Anton Seelos.
La Fédération Française de Ski, créée en 1934, patronne la naissance de "l'école française de ski" qui, pendant quelque temps, va encore enseigner la méthode de l'Arlberg.

Le ski moderne


Les conceptions novatrices de Ducia et Seelos rencontrent les qualités de développement et de synthèse de l'équipe française Paul Gignoux-Emile Allais qui dès 1937, vont les adapter, les améliorer et les compléter pour en faire un instrument de haute efficacité.
La guerre de 1939/45 suspend pendant un temps l'expansion et la diffusion de cette méthode mais, dès la fin du conflit, on ne parlera plus que de la méthode française désormais exclusivement enseignée avec uniformité et orthodoxie par "les écoles du ski français" mondialement imitées.
Durant les décennies suivantes (à partir notamment des années 1960) les techniques de ski évoluent encore en fonction des progrès du matériel, de la configuration des pistes et des objectifs des skieurs mais, sauf pour quelques adeptes d'un renouveau du "télémark", on n'échappera plus au dogme des skis parallèles.
Les "nouvelles glisses" amèneront les moniteurs à l'obligation d'enseigner des techniques nouvelles et différentes et les école du ski français élargiront encore leur éventail de "produits".




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Dernière révision le 22/07/2022 - 16:22