Bonjour à tous,
Voici un dossier concernant les gares des téléskis Pomagalski. Celui-ci se décompose en plusieurs parties : les sept premières sont consacrées aux différentes générations de gares, la huitième à une explication technique du fonctionnement d’un téléski. La dernière est une conclusion sur l’avenir du téléski débrayable Poma.
Des premiers appareils aux structures treillis
Comme vous le savez certainement, les premiers téléskis installés par Mr Jean Pomagalski sont apparus dans les années 1940/1950. On peut citer par exemple le téléski du Chabataron (Aiguilles – Hautes Alpes, réalisé sous licence Pomagalski).
A cette époque, on pouvait observer des gares à structure en treillis. Ces gares sont vendues pendant un court laps de temps, environ 5 ans. Elles comportaient quelques particularités : deux glissières (une sur le brin montant et l’autre sur le brin descendant), une poulie motrice penchée vers l’arrière et un moteur penché vers l’avant et positionné en aval de la poulie.
Puis Poma a développé les gares treillis à départ progressif comme il en existe encore aujourd’hui. Ces gares se composent d’une structure avec une poulie motrice inclinée pour rattraper la adapter la largeur de la voie et une poulie de sortie de gare inclinée (ou alors la poulie du premier pylône). Ces gares ont eu plus de succès que leurs ancêtres puisqu’elles se sont vendues en masse de 1950 à 1970. En voici quelques exemplaires :
Téléskis de la Loze A&B à Courchevel (1955).
Téléski de l’Altiport à Méribel (1964).
Téléski du Col à Saint-Lary-Soulan (1965).
Les gares B : de 1950 à 1970
Ce type de gare se démarque par sa légèreté et sa faible emprise au sol. En effet, la structure se présente sous une forme triangulaire, avec une motorisation au sol via un arbre de transmission. Ces gares ont surtout été utilisées sur des appareils courts, ou destinés aux débutants.
Il existait cependant quelques exceptions avec par exemple l’ancien téléski de la Pierra à Superdévoluy qui comportait une gare B mais une longueur de 1113m, un dénivelé de 310m et trois virages ! Sa gare aval était par ailleurs assez massive et pouvait stocker un grand nombre de perches.
Quelques exemples de gares B :
Téléski du Col de la Trappe à Guzet (1962).
Téléski Baby à Rouge Gazon (1970).
Téléski du Signal – Le Chalet Reynard (1971).
De la structure treillis à la structure tubulaire : les gares T (1960 à 1972)
En 1960, Pomagalski sort une nouvelle gamme qui marque un changement assez important : nous passons des structures treillis à celles tubulaires.
Les gares T se démarquent par deux fûts portant une structure en trapèze et la suppression des poulies inclinées. On peut noter aussi le fait que le moteur soit d’abord à l’avant de la poulie motrice pour se retrouver, sur les dernières gares, au-dessus de celle-ci. L’avantage des gares T est le fait qu’elles prennent moins de place, l’emprise au sol est diminuée et le nombre d’éléments est réduit (plus besoin de poutrelles en tout genre pour constituer la structure treillis etc.).
Téléski de Pramouton aux Orres (1966). La motorisation est à l’aval de la poulie motrice.
Téléski des Barres à Serre Chevalier (1968). On remarque la motorisation sur la poulie motrice.
Téléski du Véret à Flaine (1970).
Les structures modernes pour appareils moyens à longs : les gares H (de 1967 à nos jours)
En 1967, Pomagalski développe un type de gare qui remplace les gares T : le modèle H.
Ces gares sont adaptées pour des appareils moyens à longs. Elles ressemblent clairement aux gares T modernes. Cependant, on peut les différencier par le fait qu’elles possèdent dans la plupart des cas un fût avant et une poutrelle reliant le haut du fût arrière au bas de celui-ci situé à l’avant. Le tout supporte la glissière et les poulies d’entrée et de sortie de gare. La motorisation est au-dessus de la poulie motrice et le fût arrière ne supporte pas forcément une potence de décablage. A noter que ces gares peuvent contenir un grand nombre de perches, contrairement à leurs sœurs, les gares T modernes.
Les gares H peuvent avoir un nombre derrière, qui correspond au nombre de perches qui peuvent être stockées dans la gare (exemples : H110, H130, H210…).
A noter qu’il y a quelques exceptions avec quelque gares monofût (téléskis des Sources au Mourtis et du Champ de Mars à Briançon).
En voici quelques exemples :
Téléski du Lo Bac à Puigmal (1986).
Téléski des Bruyères à Puy-Saint-Vincent (1991).
Téléski du Mur à Superdévoluy (1995).
Les structures modernes pour appareils courts : les gares T modernes (1968 aux années 2000)
Après 1967 et les gares H qui remplacent les T, encore un nouveau modèle pour le constructeur isérois !
Ce type reprendra l’abréviation « T » en référence à son pylône tubulaire qui soutient l’ensemble de la gare motrice. Pour différencier les deux modèles de gares T, on accolera le terme « moderne » après l’abréviation pour les gares T de 1968 à 2007.
Les gares T modernes succèdent aux gares B. En effet, les gares T modernes sont recommandées pour équiper un appareil destiné aux débutants. Ces gares ressemblent en quelque sorte aux gares H mais ne comportent généralement qu’un seul fût supportant une potence de décablage (même si on rencontre parfois quelques appareils ayant un deuxième fût à l’avant). Ce fût a plusieurs poutrelles secondaires permettant à la glissière de tenir plus facilement. Dans un souci de simplicité pour l’accouplement, la motorisation est directement au-dessus de la poulie motrice et l’accouplement est effectué par des courroies.
On peut noter aussi la particularité de ces gares, qui est de pouvoir supporter les rares perches J sans modification. La seule différence par rapport aux téléskis classiques est sur la ligne (les pylônes sont équipés de galets au lieu de poulies). Voir le téléski de la Goutte à Gérardmer par exemple :
http://www.remontees...rtage-2284.html
Voici quelques exemples de gares T modernes :
Téléski de la Croix de la Nore à Serre Chevalier (1989), démonté en 2014.
Téléski du Clot à Serre Chevalier (1992). On remarque l’attitude penchée de la gare.
Téléski des Rhodos à Manigod (rénové en 1996).
Les gares Génius : dernier modèle de Pomagalski à ce jour (années 2000 à nos jours)
Les gares Génius sont les dernières sorties, elles datent des années 2000. Succédant aux gares T modernes, ce type de gare se démarque par un seul fût incliné supportant la glissière et la partie motrice. Cette dernière est protégée par une structure en forme de demi-cercle et vitrée. Le déclencheur est lui aussi protégé.
Ce type de structure est pratique puisqu’il a une emprise au sol très faible et la gare se fond assez bien dans son environnement, puisqu’elle est de petite taille.
Téléski des Cimes à Méaudre (rénové).
Téléski de la Forêt aux Saisies (rénové en 2001).
Téléski de la Grande Casse à Moûtiers (2007).
Une spécialité Poma : les gares motrices amont
Du fait de leur implantation spéciale, certains téléskis sont équipés de gares amont motrices (gares de type E). Cela impose quelques contraintes en gare aval, avec notamment la présence de la poulie flottante effectuant la tension du câble, mais aussi au niveau de la gare en elle-même.
La gare aval peut être organisée de deux façons : la première consiste à mettre une poulie flottante (avant l’apparition des gares T modernes et H) et la poulie d’entrée de gare est mise sur le brin montant (et une poulie sur le brin descendant afin d’adapter la largeur de la voie), le reste de la gare étant inchangé. La deuxième organisation consiste à ce que la gare aval soit une gare classique mais sans moteur. De ce fait, la gare amont sera en charge de la tension du câble mais aussi de la mise en route de l’appareil.
Quelques exemples :
Organisation 1 :
Téléski de l’Esserailloux à Saint Jean d’Aulps (1975). La gare aval.
La gare amont.
Téléski du Petit Bovin 1 à Crans Montana (Suisse). L’organisation de la gare aval…
… et de la gare amont.
Organisation 2 :
Le téléski de Grevettaz aux Contamines-Montjoie (1981). La gare aval.
La gare amont.
Téléski de l’Aigue Noire à Réallon (1985). Ici la gare aval.
En gare amont.
Fonctionnement d’un téléski débrayable aujourd’hui
Comme son nom l’indique, un téléski débrayable et un appareil qui permet au véhicule de se débrayer du câble. En opposition aux téléskis à enrouleurs et aux téléskis à perches fixes, les appareils débrayables sont équipés d’un système permettant à la perche de se désaccoupler et de s’accoupler au câble.
Nous allons commencer par étudier les différents éléments d’un téléski débrayable :
1 : moteur
2 : poulie motrice
3 : poulie d’entrée de gare
4 : poulie de sortie de gare
5 : glissière
6 : potence de décablage
7 : déclencheur
8 : guides
Le principe reste simple : une fois la poulie d’entrée de gare passée (3), la perche se stabilise grâce aux guides (8) qui lui permettent de faire le tour de la poulie motrice (2). Une fois celle-ci passée, un système de guides font s’aligner la douille et celle-ci glisse sur la glissière (5).
On peut voir ces fameux guides ainsi que le début de la glissière. La perche est ensuite trainée dans celle-ci par gravité.
A noter qu’à ce moment-là, le câble passe toujours à l’intérieur de la douille, mais vu que celle-ci est à l’horizontale, la perche n’a aucune adhérence sur le câble. La perche arrive ensuite au niveau du sélecteur de perche, qui la fait se positionner sous le déclencheur (7).
Une perche dans le sélecteur du téléski Bois des Coqs 1, à Serre Chevalier.
Une fois que le feu bicolore passe au vert, le skieur glisse et pousse une petite baguette. Le fait de pousser cette baguette provoque trois choses : le passage du feu au rouge, le compteur de perches envoyées/skieur à la journée augmente de 1, mais surtout, le déclencheur remet la douille de biais (position orientée vers le bas) sur le câble. Cela s’effectue par une sèche pression sur la douille qui se met de biais sur le câble et qui peut refaire un tour de ligne…
Organisation du départ au téléski de Champcella (Serre Chevalier) :
1 : la baguette que le skieur pousse pour faire signe au déclencheur d’accoupler la perche.
2 : le feu bicolore (qui est vert, nous pouvons donc nous saisir de notre perche)
3 : la perche qui est sous le déclencheur.
Le téléski débrayable Pomagalski : quel avenir ?
A ce jour, le téléski débrayable est largement concurrencé par les télésièges débrayables (qui apportent confort, débit et rapidité) et les téléskis à enrouleurs. Les ventes de téléskis débrayables ont littéralement dégringolé entre 1990 et 2000 à cause de l’apparition de ces innovations. Chez Poma, on peut penser que le téléski débrayable a encore un avenir puisque le développement des gares Génius dans les années 2000 laisse entrevoir que le mythique téléski à perches débrayables, certes en voie de disparition progressive dans nos stations, aura encore une petite place au sein du constructeur de Voreppe…
Merci d’avoir lu ce dossier !
© - 2014 – Clément05 – www.remontées-mécaniques.net
Ce message a été modifié par Clément05 - 11 août 2014 - 10:17 .
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