jb92i, le 25 septembre 2019 - 19:09 , dit :
remontees, le 25 septembre 2019 - 17:48 , dit :
Pour ma part, je pense qu'il serait plus qu'indispensable de confronter ces deux visions pour comprendre pourquoi en Europe, les téléphériques n'apparaissent pas comme vraiment pertinents pour le moment. Est-ce purement culturel ou est-ce qu'il y a des raisons plus profondes ?
A l'étranger le plus belle exemple est La Paz:
-300 000personnes transportées en moyenne par jour (avec des pointes à 500 000personnes)
-10lignes de TC pour 34km et 34 stations.
-1200 cabines.
Selon moi l'unique critère qui joue est la typologie du terrain et l'architecture de la ville.
Par exemple : une ville "carré"(avec des avenues rectilignes et larges) et avec de fortes pentes sera plus adaptée à recevoir un télécabine qu'un tramway ou métro.
A mon sens le problème en Europe et en France est que nos villes sont très denses avec des rues étroites et surtout tortueuses. C'est donc difficile d'insérer une telecabine dans ces conditions. De plus nos principaux axes de transports ont historiquement été organisés autour du chemin de fer (train, métro, tram). Nos réseaux sont donc déjà bien équipés vis à vis de la demande.
En France, je dirai que les télécabines urbaines sont un marché de niche, pour completer ponctuellement le réseau existant, et répondre à moindre coûts aux coupures urbaines:
- coline (ex : 3S de toulouse),
- Faisceau ferré (ex téléphérique d'orleans, ou Televal)
- autoroute, fleuve, port...
- ou toursime
Si je peux me permettre, je pense justement que la très grosse erreur d'analyse est de penser que le relief est la seule raison valable pour implanter une télécabine ET son seul créneau de pertinence. Je te rejoins néanmoins sur ton commentaire quant à la géométrie tortueuse dans la plupart de nos villes (excepté les grands boulevards, mais "bizarrement" les projets n'émergent pas non plus pour les grands boulevards rectilignes).
Je reprends un début d'argument amorcé plus haut. Outre le temps de parcours, je pense que le point de départ de la réflexion doit se situer au niveau des caractéristiques propres de la télécabine en termes de desserte du territoire. Autrement dit :
- Franchissement de relief (OK, mais pas prépondérant à mon avis) OU d'obstacles +/- importants (de bâtiments à rivières/mer en passant par les routes ou les voies ferrées par exemple).
- Tracé en ligne droite (pour un virage, impose une station technique ou une gare intermédiaire commerciale => surcoûts en cas de station commerciale en temps et frais d'investissement/maintenance qui grèvent la pertinence et le rentabilité de l'appareil).
- Débit constant (si on ne veut pas décycler de cabines en cours de journée) ou vitesse à faire varier (avec le temps de parcours qui varie… comme dans les transports en commun classiques comme le métro parisien par exemple !).
- La distance entre les arrêts (et c'est pour moi le plus important, de très loin !!). Pour qu'une télécabine soit pertinente, je pense que les arrêts doivent au moins être éloignés de 800 m/1 km sauf exceptions. Les temps de parcours entre gares sont globalement constants (point positif) mais les temps d'attente en gare sont plus longs que pour un bus ou un tram. Le créneau de pertinence d'une télécabine est clairement pour un axe aux interstations plus longues qu'un tram ou qu'un bus classique (en général), mais pas trop longues non plus (pas plus de 2 ou 3 km) car les autres modes de transports redeviennent plus intéressants (sauf cas particuliers comme le relief ou un endroit tellement encombré qu'aucun autre mode de transport viable et efficace ne peut être implanté). Actuellement, dans la plupart des villes, un tramway ou un bus dessert aussi bien voir mieux (en termes d'arrêts, de souplesse d'exploitation ou encore de temps de transport) qu'une télécabine. C'est notamment ce type d'arguments qui a conduit à laisser de côté des projets comme la liaison Fontaine-Vercors autour de Grenoble. En effet, les localités intermédiaires sont quand même bien habitées et rien ne remplace un autocar (au demeurant pas si lent que ça) qui peut desservir toutes les localités intermédiaires (j'explique en gros
).
Je ne connais pas suffisamment la Paz mais j'aurais tendance à croire que le réseau de télécabines fonctionne à cause de la typologie du terrain et du fait que les pôles générateurs de trafic sont relativement éloignés, ce qui permet de faire l'économie de stations intermédiaires afin d'optimiser les tracés. Après je ne vais pas m'avancer trop sur cet exemple, ne le connaissant pas assez.
Je te rejoins aussi sur le fait que les réseaux actuels sont relativement efficaces (même si loin d'être optimaux et parfaitement adaptés aux besoins dans la plupart des villes et des agglos) et encore une fois, que la plupart des besoins en déplacements ne sont pas forcément propices à l'installation de télécabines et qu'il y a davantage lieu de flécher les financements sur d'autres types de moyens de transport correspondant davantage aux besoins.
Au fait : Lyon, ville avec de fortes pentes, possède un métro à crémaillère, des funiculaires et des bus/trolleybus tout en s'en sortant très bien.
Je sais qu'on est sur un forum pro-rms (

) et je suis le premier à adorer prendre des remontées mécaniques, quelles qu'elles soient, mais je pense qu'il faut aussi prendre du recul, en particulier sur cette question. On voit bien de toute manière qu'avec les arguments actuels, on n'avance pas.
EDIT : J'oubliais mais je crois que c'est important aussi : il semblerait qu'en France, les pouvoirs publics soient particulièrement hostiles à l'implantation de câbles en ville. Cela peut jouer aussi, au moins de manière marginale (ou pour "tuer" un projet).
EDIT 2 : La priorité actuelle, du moins pour les agglos, est de développer et renforcer le réseau structurant de transports en commun. Je vois assez peu d'endroits où les télécabines et téléphériques pourraient jouer un tel rôle en France (surtout que par définition, un transport structurant, du moins en ville, effectue plusieurs arrêts, parfois assez rapprochés, et souvent sur des distances pouvant varier entre 5 et 10 km). Pour du complément, sur le "dernier kilomètre", comme rapportait une fois Jean Souchal dans Montagne Leaders suite à un entretien entre Guillaume Pépy et lui (je cite ça de mémoire), les remontées mécaniques ont probablement un rôle à jouer en France.
Mais est-ce seulement la priorité, à l'heure où les financements s'amenuisent (OK, il y a eu un appel à projets pour les "transports en site propre" mais ça ne va pas tout régler !) et que les besoins en investissements sont importants tant sur les infrastructures locales que régionales ou nationales ? Une part de la question est également là à mon avis.
Ce message a été modifié par remontees - 25 septembre 2019 - 19:57 .