monchu, le 15 septembre 2024 - 12:18 , dit :
Les RM de Megève étaient gérées jusqu'en 2015 par une société d'économie mixte qui a accumulé les difficultés financières en raison de sa mauvaise gestion, épinglée par la chambre régionale des comptes : forte dette liée aux opérations hors RM comme la construction et la gestion d'un restaurant d'altitude, d'une garderie et de 2 parkings souterrains, mais aussi masse salariale importante, fortes indemnités versées aux propriétaires fonciers, généreux forfaits gratuits etc... Le poids de la dette pèsera encore longtemps sur les comptes malgré la reprise par la CMB.
Juste pour rebondir sur ce point : la situation financière de la SRMM est aujourd'hui plutôt confortable. D'un point de vue bilan (patrimonial), si l'endettement reste élevé (33M€), il est à mettre en perspective des disponibilités (trésorerie à disposition immédiate de l'entreprise) à hauteur de 35M€, ce qui donne une dette financière nette négative. La SRMM est dans une situation d'excellente solvabilité, avec une couverture de dette négative (elle peut investir sans avoir recours à l'emprunt) et des fonds propres élevés (ce qui indique que la valeur de l'entreprise est détenue en grande partie par ses actionnaires, et non des créanciers externes – banques, fournisseurs ou État). Concernant sa performance opérationnelle, ici aussi la plupart des voyants sont au vert malgré la pression sur les marges (en raison des diverses inflations subies depuis le début de la guerre en Ukraine) : le résultat net reste élevé à 3,2 M€ et la capacité d'autofinancement de 35% du CA (7,7 M€) permet d'envisager les investissements qui sont nécessaires. L'entreprise a d'ailleurs été en mesure de distribuer des dividendes aux actionnaires (CMB à 54%) sur 3 des 4 derniers exercices (année Covid oblige), à hauteur d'1,7M€, 3,5M€ et 2,3M€ (je vous laisse mettre ça en perspective avec le coût d'un appareil).
Je vois un point d'attention majeur : l'actif immobilisé (en l'occurrence, il s'agit des bâtiments, remontées travaux et matériels divers) est fortement amorti*, ce qui traduit des installations anciennes (je ne vais rien vous apprendre) dont le coût de maintien en service va croissant et le remplacement et à anticiper. A titre de comparaison, les remontées mécaniques mégevanes sont amorties à hauteur de 77%, contre 58% chez le voisin Saint-Gervolain. C'est d'ailleurs cette notion d'amortissement de l'actif qui rentre en ligne de compte pour le calcul de la valeur de reprise de la DSP en cas de changement de concessionnaire.
Tout ça pour dire qu'avant la situation financière, c'est principalement les considérations juridiques et politiques évoquées précédemment qui plombent la situation du domaine.
Pour les courageux, voici les rapports annuels de la
SRMM et de la
STBMA. Outre les données financières, ils incluent également des informations sur la gestion des sociétés, le contexte socio-économique et les perspectives d'avenir.
*Lors d'un investissement, ce n'est pas le montant total qui est utilisé pour calculer la performance financière de l'année, mais une fraction (1 / nombre d'années d'utilisation estimées) qui dépend de la longévité attendue de l'actif (pour une remontée, chaque composant va être amorti séparément, de 15 ans pour les installations électriques ou balanciers à 25 ans pour les installations lourdes – câbles/gares/pylônes). Les années suivantes, cette fraction sera de nouveau appliquée, en déduction du résultat opérationnel et en diminution de la valeur de l'appareil comptabilisée au bilan (initialement de 100% moins la première année d'amortissement). Une fois l'amortissement terminé, bien que l'installation existe toujours, elle n'est plus valorisée dans les comptes.
Ce message a été modifié par 0xigen - 25 septembre 2024 - 22:10 .