Posté 11 août 2025 - 17:41
Voici l'article du DL paru la semaine derniere.
Sur 2 000 mètres de dénivelé, une dizaine de grues et des multitudes de sous-chantiers. Bienvenue aux Grands Montets. Ici, la commune de Chamonix et la Compagnie du Mont-Blanc entendent édifier la porte d’accès vers la haute montagne des 50 prochaines années.
Un peu moins de sept ans après l’incendie ayant ravagé la remontée phare de ce domaine de montagne, sa résurrection avance désormais à la vitesse supérieure. Les deux blondins, sorte de téléphérique permettant de transporter 10 tonnes de marchandises à chaque voyage, tournent à plein régime. La télécabine provisoire acheminant les ouvriers jusqu’au top des Grands aussi. Des éléments clé de cette renaissance à 150 millions d’euros. Moins tributaire de la météo, le chantier s’épargne ainsi près de 2 000 rotations d’hélicoptère. Un geste en faveur de l’environnement et une victoire symbolique vers l’aiguille des Grands Montets, de nouveau reliée par le câble.
« Comme pour une armée, le nerf de la guerre se cache dans la mise en place, sauf que nous ne cherchons pas à détruire, mais à reconstruire », livre Mathieu Dechavanne, PDG de la Compagnie du Mont-Blanc, qui tient à remercier l’engagement des 120 ouvriers travaillant en ce moment aux différents étages de cette mue d’ampleur. Les nourrir et les loger de manière confortable fut d’ailleurs peut-être la priorité du futur exploitant actuellement maître d’ouvrage de ce chantier complexe.
Une appli pour réserver un créneau de blondin
« Quand, dans la vallée, vous pouvez mener des travaux neuf mois dans l’année, à 2 000 mètres, il faut vous contenter de six. Et à 3 200 mètres, au top, le créneau n’est que de trois mois », résume Thibaud Guyon, le chef d’exploitation du domaine. Un calendrier serré et surtout une multitude d’entreprises et de corps de métier qui doivent travailler de concert. « Mon rôle, c’est de m’assurer qu’aucun grain de sable ne vienne enrayer cette belle mécanique », ajoute celui qui avoue ne pas se lasser de grimper jusqu’au sommet, afin de constater de ses yeux chacune des étapes franchies.
La construction des deux remontées mécaniques et des gares que contient le projet imaginé par le cabinet de l’architecte italien Renzo Piano exige une logistique millimétrée. Par chance, le talent de jeunes ingénieurs et la technologie aident au bon déroulement de cette symphonie ouvrière. Une application a ainsi été développée pour que chaque société ou sous-traitant impliqué sur le chantier puisse réserver un créneau de blondin, comme on réserve sa benne à l’aiguille du Midi. Une façon d’optimiser le rythme des chargements hissés jusqu’au plateau de Lognan ou carrément jusqu’au top des Grands.
Les artisans de ce chantier se relaient ensuite chaque jour, de 6 à 22 heures. Les aléas inhérents aux travaux d’altitudes n’ont néanmoins pas épargné le chantier. Au sommet du télésiège de la Herse, une avalanche a ainsi plâtré de neige l’intérieur du poste de commande de la télécabine réservée au personnel. Un moteur de blondin s’est écrasé au sol alors qu’on tentait de le transporter jusqu’en haut. Et puis il y a cette flèche de grue sommitale, disloquée à cause du givre, qu’il a fallu remplacer après des ajustements dans sa conception.
Pas de temps mort pour le domaine
Malgré toutes ces difficultés, la reconstruction des Grands progresse à vue d’œil. À Argentière, les bâtiments qui serviront à l’accueil du public et à la vente de forfaits seront prêts pour l’hiver prochain. La gare d’arrivée du premier tronçon et celle qui servira de gare de départ au second sortent peu à peu de terre, sous le regard des moutons pâturant sur les pistes de ski voisines. Les pylônes du téléporté 3S qui transportera à terme 700 personnes par heure, soit le même débit théorique que l’ancienne remontée, devraient même être levés d’ici l’automne et l’hivernage du chantier.
L’arrivée de la neige chassera alors de nouveau les ouvriers qui laisseront leur place aux pisteurs, sans temps mort ou presque. Utilisée l’hiver pour transporter les skieurs, la télécabine de plan Joran sert également le reste de l’année pour les besoins du chantier. « La sursollicitation de cet appareil ne simplifie pas les opérations de maintenance que l’on doit réaliser chaque année, mais on fait au mieux », explique le chef d’exploitation qui sait que les conditions de travail des pisteurs et du personnel des remontées mécaniques sont quelque peu détériorées par les travaux. Mais tous prennent leur mal en patience, avec l’espoir, que si toutes les planètes sont alignées, ils n’aient plus qu’un hiver à tenir sans la remontée phare du domaine. Celle qui transportera les mordus de poudreuse jusqu’à 3 230 mètres d’altitude.
Pour percer le tunnel, un à deux tirs ont lieu chaque jour. Il faut ensuite évacuer la matière extraite à l’aide d’une pelle mécanique.
Aux Grands Montets, malgré tous les plans et la conception réalisés par les bureaux d’études, les ouvriers écoutent surtout la montagne. Réaliser les ancrages qui garantiront la solidité de la future gare cubique en verre inspirée des cristaux de pyrite impose de s’adapter au maximum au terrain si particulier rencontrer là-haut.
Le consortium formé par Spie Batignolles pour le génie civil, Doppelmayer pour les remontées mécaniques et une multitude d’autres entreprises locales spécialisées ou non dans les chantiers d’altitude doit faire corps avec les cimes. Les campagnes de sondages menées par des géotechniciens et des géomorphologues spécialistes du permafrost ont ainsi décidé de l’emplacement de la future gare sommitale. Plus basse et plus excentrée à l’ouest par rapport à l'ancienne, elle viendra se lover sur un rocher plus sain que celui où arrivent actuellement le téléphérique et la télécabine provisoire essentielle au fonctionnement du chantier. Des sondes installées dans la roche permettront d’ailleurs de suivre l’évolution du pergélisol dans ce secteur.
Comme l’entendait la commission des sites, afin de ne pas polluer visuellement le secteur, plutôt que les anciens escaliers, un tunnel est peu à peu creusé dans l’aiguille des Grands Montets depuis le col où s’élanceront les skieurs et alpinistes basculant vers le bassin d’Argentière.
Un à deux tirs sont réalisés chaque jour. Vingt mètres sur les 70 que compte l’ouvrage ont déjà été percés. Là encore, les tunneliers composent avec le granit pour sculpter ce couloir dont l’accès est pour l’heure protégé par une statue de sainte Barbe. Quoi de plus normal qu’une touche de protection divine pour une installation dont l’incendie a fait dire aux Chamoniards qu’ils avaient perdu leur Notre-Dame ? Mais comme la cathédrale de Paris, les Grands renaissent peu à peu de leurs cendres grâce à une multitude de savoir-faire et d’ouvriers dévoués.
Objectif décembre 2026
▶ Même si la météo peut facilement en décider autrement, l’objectif de livraison des deux nouvelles remontées reste pour l’heure décembre 2026.
▶ La télécabine qui reliera Argentière au plateau de Lognan sera à coup sûr prête à accueillir les skieurs à cette date. Elle devrait d’ailleurs déjà servir au personnel du domaine et aux ouvriers dans le courant de l’hiver prochain.
▶ En revanche, pour le top des Grands, le moindre aléa pourrait engendrer un retard de livraison. « Même si on ne peut le mettre en service qu’en 2027, l’essentiel est d’y arriver en toute sécurité », estime le PDG de la Compagnie du Mont Blanc.
Aide
TSD 6 Arpette 
l, le 15 juillet 2025 - 14:01 , dit :
Tony le savoyard 
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