Partie III
De Oehler à Applevage, avant la fin...
Le système Oehler a beau être élaboré, il n'empêche pas certaines difficultés (notamment au niveau des conditions météorologiques). En effet, la TC4 de Bella Lui ne peut fonctionner par des vents dépassant les 60 km/h (en raison de la grande légèreté des cabines puisque celles-ci sont en aluminium). Les stations suisses - dont certaines sont en voie de développement - ne manifestent pas beaucoup d'enthousiasme.
En 1952, le constructeur français Applevage crée la surprise en réalisant une remontée dont le système (développé par Georges Reussner) et l'architecture ressemblent à s'y méprendre à la première télécabine signée Oehler : la TC4 du Jaillet à Megève. En 1954, il récidive en construisant la TC4 de la Kédeuze aux Carroz.
Image 4 : télécabine de la Kédeuze, aux Carroz
Lorsque l'on constate les similitudes générales entre le système Oehler et le procédé Reussner, on peut légitimement s'interroger sur d'éventuelles relations entre les deux fabricants. Afin de bien comprendre le fonctionnement du procédé Reussner, je vous recommande également de consulter
ce topic (lien déjà posté dans le message #3).
En 1954, le constructeur suisse érige également un second appareil - qui plus est de grande envergure - sur territoire helvétique en reliant Wangs aux pistes du Pizol (en deux tronçons Wangs-Maienberg puis Maienberg-Furt).
Mais les choses se précipitent lorsque, en cette même année 1954, la firme helvétique Müller produit sa première télécabine qui assure la liaison entre Ried-sur-Brieg et Rosswald (en Suisse). L'événement est révolutionnaire : il s'agit de la première télécabine monocâble (à cabines fermées et quadriplaces) à être équipée d'un système de pinces débrayables (celles-ci fonctionnant par crémaillère). Le système Müller devient alors l'un des procédés les plus attrayants à travers le pays (comme le monde) et son exploitation allie efficacité, simplicité et sécurité.
Cette fois-ci, les stations ne tardent pas à se manifester. Résultat : Müller croule sous les demandes, à tel point que ses télécabines connaîtront un immense succès dès le milieu des années 50. La firme Giovanola, quant à elle, pointe également le bout de son nez - elle a déjà construit des remontées à cabines "ouvertes" et biplaces dès 1950 - et connaîtra un aussi beau succès dès le début des années 60. Ces deux constructeurs sonnent le glas des télécabines d'Oehler, les faisant disparaître aussi rapidement qu'elles ne sont apparues...
Image 5 : télécabine de Wangs-Maienberg-Furt, soit la deuxième - et déjà la dernière - TC4 d'Oehler construite sur sol suisse (photo tirée du site www.seilbahn-nostalgie.ch)
De son côté, Applevage poursuit ses activités. En 1956, le constructeur français réalise celle qui deviendra la très célèbre TC4 du Moucherotte à Saint Nizier (non loin de Grenoble) et, en 1957, il érige celle qui sera sa (la) dernière télécabine à être équipée du procédé Reussner : la TC4 du Mont Rond (dans le Jura)...
A partir des années 60, d'autres constructeurs - tels que Poma ou Weber - assureront la relève. Les choses sont claires : l'âge d'or de ces télécabines très particulières reste et restera toujours les années 50 (qu'il s'agisse d'Oehler ou d'Applevage)...
Image 6 : télécabine du Mont Rond (partant du col de la Faucille)
Oehler n'a donc pas fait école en ses terres natales. La firme n'a pas été en mesure de rivaliser et de tenir tête à Müller et à Giovanola...mais sa chute, aussi rapide et brutale fut-elle, ne peut faire oublier son statut incontestable de pionnier dans l'histoire des télécabines en Suisse. Quant à Applevage, l'aventure s'est poursuivie avec le marché d'autres types de remontée mécanique (et notamment des téléphériques).
Voilà...c'est la fin de ma petite histoire! Si quelqu'un dispose d'autres informations et photos relatives à ces installations hors du commun, ce topic est là pour ça!
P.S. : merci à Dani et à chin@ill pour leurs ajouts...
Un éléphant, ça Trump énormément ...