zoreil41, le 03 décembre 2020 - 11:21 , dit :
Alors avant de chercher a tout prix, vouloir skier en trouvant la parade, n'oubliez pas que le prix a payer peux être définitif ...
Sans forcément entrer dans un débat sans fin, je crois qu'il faut élargir le regard.
Bien sûr il y a les victimes directes du Coronavirus. Que ce soit des personnes qui décèdent, ou qui ont de graves séquelles. Et pour les personnes concernées c'est dramatique.*
Mais il y a aussi toutes les victimes indirectes, à court ou à long terme.
Entre autres :
- les personnes pour qui l'isolement social forcé (ou le chômage partiel ou encore les graves difficultés financières) peut avoir de graves conséquences psychologiques. On en parle pas ou peu mais une dépression c'est probablement aussi merdique voir plus que les séquelles du COVID sur le moyen terme. Et je ne parle pas de toutes les autres addictions qui peuvent être renforcées par les mesures de protection prises. Sans compter aussi les suicides (j'ai vu passer un article disant qu'au Japon le COVID avait "provoqué" plus de mort par suicide que par la maladie elle-même, par exemple)
- les personnes qui ont du mal à boucler leur mois, et qui peuvent avoir du mal à se nourrir correctement. Cela a des conséquences à court/moyen terme, mais éventuellement aussi à long terme.
- tous les enfants, les adolescents, les jeunes, les étudiants etc. pour qui les études à distance sont une source de décrochage forte. A long terme si on en fait pas gaffe c'est potentiellement une génération entière qu'on risque de sacrifier, donc aussi l'avenir du pays à long terme...
- toutes les dettes qu'on accumule à force de vouloir protéger absolument tout le monde en fermant tout. Que ce soit chez les petites entreprises ou les particuliers fortement touchés par la crise, ou au niveau de l'état et qu'il va bien falloir rembourser ou en tout cas payer les intérêts. Est-ce cela qu'on veut léguer aux générations à venir ?
De plus particulièrement en ce qui concerne la Suisse, il faut aussi voir la réalité des stations. Bien sûr fermer les remontées mécaniques va avoir un impact certain sur leur économie, mais ce que les cantons alpins disent moins fort, c'est qu'avec ou sans remontées mécaniques, les stations comptant beaucoup de résidences secondaires risquent d'être très remplies**. Et que si le ski de piste est trop restreint, les gens vont se rabattre sur les autres activités disponibles type les terrasses des cafés voir les piscines (à priori elles recouvrent le 14 décembre en Valais par exemple), etc. De fait, il vaut clairement mieux laisser les gens aller se défouler sur les pistes que de rester concentrés en station. Surtout que la clientèle "résidence secondaire" sort probablement bien moins le soir.
(à moins que vous vouliez mettre en place des restrictions de déplacement type Italie ou Espagne pour les fêtes, mais cela ne passera pas auprès de la population suisse, et les bases légales manquent, il n'y a qu'à voir au printemps quand le gouvernement en était presque advenu à sublier les suisses de ne pas se rendre pour Pâques au Tessin).
C'est aussi en partie pour ça que je ne comprends pas la position française. On encourage presque les gens à aller en station (pour limiter la grogne, les conséquences économiques, etc.), mais tout en leur interdisant à peu près tout et en accusant le ski de piste d'être la source de tous les maux. Alors certes dans les grandes stations alpines cela aura un effet sur la fréquentation, par contre dans les stations où la part de résidents secondaires est élevée, il risque d'y avoir pas mal de monde, qui ne pourra basiquement que faire deux choses : se promener en montagne ou dans les stations ou rester à l'intérieur, chez soi (ie en invitant potentiellement des amis).
Bref, ne tombons pas non plus dans un catastrophisme contre-productif, la situation est grave, mais le COVID c'est de loin pas l'Ebola ou la Rougeole. Ebola parce que le taux de mortalité est au moins de 20% (là on aurait sérieusement raison de flipper), Rougeole parce que l'infectiosité est probablement dix fois supérieure.
*il faut cependant mettre ces chiffres en perspective. Depuis février, il y a eu 4700 décès en Suisse lié directement au COVID. Cela parait beaucoup, mais en même temps environ 9000 personnes par an meurent d'un cancer et environ 9000 personnes par an de maladies cardio-vasculaires. D'ailleurs je me suis amusé à calculer le total des décès en Suisse entre 2019 et 2020, sur la même période (semaines 1 à 47). Pour les moins de 65%, les chiffres sont comparables à 2019. Pour les plus de 65%, l'augmentation est d'environ 5-6% (la différence étant d'environ 3000 décès). Avec il est vrai de fortes disparités régionales qui n'apparaissent pas dans les chiffres mais que l'on peut trouver ailleurs (la suisse romande a été beaucoup plus touchée que la suisse allemande).
Source : https://www.bfs.admi...l.15020727.html
**je serai d'ailleurs TRES curieux de voir les chiffres de fréquentation de certaines stations suisses durant cet été. A mon avis on risque d'avoir certaines surprises si on regarde en détail...
Ce message a été modifié par chris2002 - 03 décembre 2020 - 23:08 .