Bonsoir à tous !
Je vous propose de redécouvrir dans un nouveau reportage le TSD4 Louvets situé à Auris-en-Oisans.
Vous y découvrirez une présentation complète de la station, un historique de la ligne des Louvets et la description de l'appareil.
Note concernant les photos de ce reportage : l'orientation de la ligne de montée du télésiège des Louvets ne permet pas de réaliser des photos de bonne qualité. Le matin, la ligne est à l'ombre ce qui rend les photos très sombres. L'après-midi, la montée se fait avec le soleil en plein dans la ligne, ce qui rend les photos inexploitables. Pour corriger la très faible luminosité lors des prises de vue le matin, j'ai dû appliquer un filtre à l'ensemble des photos. Je vous remercie de votre indulgence sur ce point.
Bonne lecture.
Auris-en-Oisans : présentation et historique
Auris-en-Oisans est une commune du département de l'Isère située au cœur de l'Oisans. Auris réunit autour de son chef-lieu plusieurs hameaux dispersés entre la montagne de l'Homme et les gorges de la Romanche. C'est au hameau des Orgières, à 1550m d'altitude, que la station de sport d'hiver et d'été d'Auris s'est installée. Elle est reliée à l'Alpe d'Huez et fait partie du domaine skiable Alpe d'Huez Grand Domaine.
L'espace de ski d'Auris s'étend entre le hameau de Maronne à 1440m d'altitude et le sommet du Signal de l'Homme à 2170m d'altitude, soit 730m de dénivelé qu'il est possible de descendre d'une traite, sans reprendre de remontée mécanique. Le domaine skiable d'Auris-en-Oisans inclus le secteur de Maronne situé sur la commune de La Garde-en-Oisans.
La station d'Auris est ouverte depuis 1970, année où les premières remontées mécaniques et les premiers skieurs ont fait leur apparition.
Pourtant les pentes d'Auris ont été fréquentées bien avant. Quelques skieurs en peau de phoque s'aventuraient déjà sur le Signal de l'Homme depuis le début des années 1950. Des avions ont même atterri à son sommet pour y déposer des skieurs attirés par des pentes techniques, orientées nord, qui conservent la neige longtemps et qui donnent une vue imprenable sur tout le massif des Grandes Rousses.
Mais d'autres pentes bien plus ensoleillées de la commune vont attirer les investisseurs. La création d'une station de ski à Auris va se faire à l'initiative de messieurs Soucher et Bardaglia à partir de la fin des années 1960. Ils créent pour ce faire la Société d'Aménagement de la Montagne de l'HOmme (SAMHO) et obtiennent de la mairie les autorisations nécessaires pour l'aménagement et l'exploitation de la station et de son domaine skiable.
La SAMHO commence par installer deux appareils sur le domaine en 1970 : le téléski des Bauchets (qui rejoignait le sommet de Piégut) et le TSF2 des Sûres (sur le tracé de l'actuel TSF4), tous deux construits par Weber. L'année suivante, Montaz-Mautino va prendre des parts dans la SAMHO en réalisant trois nouveaux appareils desservant le Signal de l'Homme : le TSF2 Signal de l'Homme (au départ du col de Maronne), le TKD Fontfroide (l'actuel Fontfroide 1) et le TSF2 des Gorges permettant de remonter les skieurs depuis les gorges de Sarenne.
Si au départ la liaison avec le prestigieux domaine skiable de l'Alpe d'Huez n'est pas envisagée par la SAMHO, il ne manque pourtant pas grand chose pour qu'Auris soit reliée à l'Alpe. La SATA, qui convoitait depuis quelques temps déjà le Signal de l'Homme, va profiter de cette occasion pour commander la construction du TSF2 Rif Brillant à Transtélé. Le lien qu'il manquait entre l'Alpe d'Huez (par le front de neige naissant des Bergers) et Auris (par le départ du TSF2 Gorges) sera construit également en 1971.
Fin 1972, la SAMHO rencontre des difficultés et cesse d'exploiter le domaine skiable. La commune d'Auris va alors déléguer l'exploitation de son domaine skiable à la SATA, candidat idéal, qui va l'étendre puis améliorer son équipement en front de neige. Malgré la reprise par la SATA, toutes les remontées mécaniques construites à Auris jusqu'en 1985 l'ont été par Montaz-Mautino.
A la fin des années 1980, un projet de liaison avec la station voisine des Deux Alpes aurait dû placé Auris au centre d'un immense domaine skiable relié. Les liaisons sont donc améliorées à cette époque et l'abandon du projet va faire connaître à la station une période de quinze années sans évolution.
Aujourd'hui la SATA et la commune terminent un programme de rationalisation des remontées mécaniques, programme entrepris en 2006. Il s'agira à l'avenir de rendre le domaine skiable moins dépendant des conditions d'enneigement qui reste encore une problématique importante à Auris.
En effet, la commune ne dispose pas de ressources en eau suffisantes. L'essentiel de la consommation de la commune provient du Lac Blanc et donc de la commune d'Huez. Dans l'état actuel des choses, il n'est pas possible d'augmenter les prélèvements dans ce lac, le réseau de neige de culture reste donc très limité à Auris et se cantonne aux versants les plus exposés au soleil. La création d'une retenue collinaire pour l'installation d'un réseau de neige de culture sur Sarenne permettra à Auris d'être un peu plus autonome à l'avenir.
Le premier télésiège des Louvets
Le télésiège débrayable des Louvets a remplacé en 2006 un TSF2 installé en 1991 sur un tracé plus court par l'aval et dont l'année de première mise en service date de 1980.
Pour bien comprendre l'origine du premier télésiège des Louvets, replaçons-nous plusieurs années en arrière, pendant la saison d'hiver 1980. Voici d'ailleurs ce qu'aurait pu être le plan des pistes d'Auris-en-Oisans lors de cet hiver :
Depuis son ouverture, le front de neige d'Auris n'est toujours équipé que des deux premiers appareils installés dix ans plus tôt : le TKD Bauchets et le TSF2 des Sûres.
Au fil des ans, le domaine skiable s'est pourtant étendu au Signal de l'Homme en 1971, puis à Maronne en 1976. Or pour rejoindre ces deux secteurs ou l'Alpe d'Huez depuis Auris, il faut d'abord prendre le TSF2 Sûres. De plus le domaine n'est pas adapté aux skieurs débutants ou aux enfants.
Il est donc décidé de remédier aux problèmes en démarrant une restructuration du front de neige programmée sur 4 étés. Les travaux débuteront en 1980 avec la construction d'un nouveau télésiège établissant la liaison directe entre la station et le TSF2 du Signal de l'Homme. L'appareil est court et seulement composé de 4 pylônes de ligne, mais très pratique. Au-delà de l'aspect liaison, il dessert plusieurs pistes moins pentues que sur le versant Piégut.
Voici ses caractéristiques :
Caractéristiques administratives :- TSF - Télésiège à attache fixe : COL DE MARONNE
- Exploitant : SATA
- Constructeur : Montaz-Mautino
- Année de construction : 1980
Caractéristiques d'exploitation :- Saison d'exploitation : hiver
- Capacité : 2 personnes
- Débit : 1029 personnes/heure
- Vitesse d'exploitation : 2,1 m/s
- Temps de montée : 3 min 30
Caractéristiques géométriques :- Altitude gare aval : 1600m
- Altitude gare amont : 1710m
- Dénivellation : 110m
- Longueur développée : 425m
Caractéristiques techniques :- Station motrice : aval
- Station de tension : aval
- Type tension : hydraulique
- Sens de montée : gauche
- Nombre de pylônes : 4
- Type de véhicule : siège 2 places Montaz-Mautino
La gare aval était très proche du TSF2 des Sûres qui a été rénové par Montaz-Mautino cette même année.
Le départ du télésiège dans son environnement lors de sa première année de mise en service
Quelques années plus tard, avec le TSF2 Piégut
La ligne entre les pylônes 2 et 3
L'arrivée du télésiège du Col est proche du départ pour le Signal de l'Homme
Grâce à ces nouveaux espaces dédiés à l'apprentissage du ski, le domaine devient plus attractif pour toute la famille.
Mais le ski en famille ne peut se limiter qu'à Piégut et aux Sûres à Auris car rejoindre l'Alpe depuis Auris n'est pas chose facile pour tous les skieurs. En effet, pour ce faire il faut atteindre le sommet du Signal de l'Homme, passage obligé de la liaison, et descendre les pistes difficiles qui partent de son sommet.
Pour contourner la difficulté, la SATA commande en 1987 la construction du TSF4 du Pré Rond à Poma. Son sommet rejoint l'épaule ouest du Signal de l'Homme, évitant ainsi au skieur le premier mur terrible de la descente sur Fontfroide. Le reste de la piste n'est guère plus aisé mais l'itinéraire plait aux usagers. D'autre part, la liaison entre l'Alpe d'Huez et les Deux-Alpes via Auris semble se confirmer.
Ainsi, seulement quatre années après sa construction, la SATA va démonter le TSF4 Prérond pour simplifier la liaison vers l'Alpe d'Huez en réalisant le TSD4 Auris Express, issu de la transformation du TSF4 du Pré Rond sur un tracé différent. Pour ce nouvel appareil, le départ se situe désormais sur le front de neige d'Auris et l'arrivée en contrebas du Col de Maronne sur le versant Fontfroide. Le TSF2 du Col de Maronne construit 11 ans plus tôt est démonté lui aussi. Il est replacé dans le prolongement du TSD4 Auris Express et dessert alors un nouveau petit espace de ski facile.
Voici ses caractéristiques :
Caractéristiques administratives :- TSF - Télésiège à attache fixe : LOUVETS
- Exploitant : SATA
- Constructeur : Poma
- Constructeur de l'appareil d'origine : Montaz-Mautino
- Année de construction : 1991
- Année de première mise en service : 1980
Caractéristiques d'exploitation :- Saison d'exploitation : hiver
- Capacité : 2 personnes
- Débit : 1000 personnes/heure
- Vitesse d'exploitation : 2,1 m/s
- Temps de montée : 3 min 30
Caractéristiques géométriques :- Altitude gare aval : 1803m
- Altitude gare amont : 1870m
- Dénivellation : 67m
- Longueur développée : 367m
Caractéristiques techniques :- Station motrice : aval
- Station de tension : aval
- Type tension : hydraulique
- Sens de montée : gauche
- Nombre de pylônes : 4
- Type de véhicule : siège 2 places Montaz-Mautino
Un reportage sur ce télésiège est disponible dans la base de données du site :
TSF2 Louvets.
Voici quelques photos extraites de ce reportage :
La gare aval chargée de la mise en mouvement et de la tension du câble
La partie basse de la ligne
Le haut de la ligne avec en arrière-plan le TSD4 Auris Express
La station amont retour fixe
Loin du front de neige et à l'ombre du Signal de l'Homme, le TSF2 Louvets n'attire que très peu de skieurs. Il ne fonctionnera que ponctuellement, pendant les vacances scolaires exclusivement avant d'être définitivement démonté en 2006 et remplacé par un nouvel appareil au tracé beaucoup plus fonctionnel.
Le TSD4 Louvets : présentation et situation
Le nouvel appareil des Louvets est conçu avec un objectif clair : garantir la liaison entre l'Alpe d'Huez et Auris et ce quelles que soient les conditions d'enneigement.
Installé entre les TSD4 Alpauris (débit 2400p/h) et Auris Express (débit 1800 p/h), le débit de ce nouvel appareil n'a pas besoin d'être très élevé. D'autant que dans les circonstances les plus habituelles, il ne sera emprunté qu'à la montée. Dans des circonstances exceptionnelles, il doit toutefois être emprunté à la descente, avec le même débit qu'à la montée.
Pour rester cohérent avec les appareils installés de part et d'autre de son tracé, le choix s'est porté sur un TSD4. Les constructeurs ne proposant plus ce type d'appareil neuf en France, la SATA a fait l'acquisition d'un télésiège d'occasion acheté à la station d'Isola 2000 qui s'en séparait en 2005 après 13 années de service. Une aubaine puisque l'appareil, bien entretenu au demeurant, s'insère parfaitement entre l'Alpauris et l'Auris Express.
Construit initialement par Poma en 1992, le TSD4 Louvets, construit en 2006, fait partie de la gamme de télésiège débrayable Oméga du constructeur isérois. Cet appareil dispose de gares compactes, à couverture basse et reposant sur un seul massif en béton. Les lanceurs/ralentisseurs étant très courts dans cette version de la gare Oméga, il en résulte que pour des questions de confort en gare, la vitesse d'exploitation est souvent limitée à 4,25m/s, ce qui n'est pas très pénalisant pour les TSD à ligne courte, comme c'est le cas pour le TSD Louvets.
Situation sur le front de neige de Fontfroide en 2011 (à l'arrière-plan la station de l'Alpe d'Huez) :
à gauche le TSD4 Louvets, au milieu le TSD4 Alpauris, à droite le TSF4 et les deux TKD Fontfroide
Profil en long de la ligne du TSD4 Louvets et des TSD4 Alpauris et Auris Express
Le télésiège des Louvets dessert directement quatre pistes :
- la piste
gua en direction des gorges de Sarenne ;
- la piste
col en direction d'Auris station ;
- et les pistes
demoiselles et
éterlous qui reviennent sur le front de neige de Fontfroide.
La situation du TSD4 Louvets sur le plan des pistes saison 2010/2011 :
Les caractéristiques de l'appareil en 2011
Caractéristiques administratives :- TSD - Télésiège à attache débrayable : LOUVETS
- Exploitant : SATA
- Constructeur : Poma
- Année de construction : 2006
- Année de première mise en service : 1992
Caractéristiques d'exploitation :- Saison d'exploitation : hiver (et été)
- Capacité : 4 personnes
- Débit à la montée : 2000 personnes/heure
- Débit à la descente : 2000 personnes/heure
- Vitesse maximale d'exploitation : 4,25 m/s
- Temps de montée : 3 min 30 environ
Caractéristiques géométriques :- Altitude gare aval : 1706m
- Altitude gare amont : 1869m
- Dénivellation : 163m
- Longueur développée : 856m
- Pente moyenne : 20%
- Pente maxi : 68%
Caractéristiques techniques :- Station motrice : aval
- Station de tension : amont
- Type de tension : hydraulique
- Sens de montée : droite
- Nombre de pylônes : 8
- Nombre de véhicules : 59
- Type de siège : Arceau 4 places rénové
La gare aval
La gare aval du télésiège des Louvets se situe sur le front de neige de Fontfroide à côté de la G3 du télésiège Alpauris qui fait la liaison entre les domaines skiables de l’Alpe d'Huez et d'Auris-en-Oisans. C'est dans cette gare que se trouve la motrice de l'appareil.
A l'approche de la G1 depuis la piste demoiselles :
Vue sur la ligne depuis la G1 :
La zone de débarquement pour les skieurs ou piétons empruntant l'appareil à la descente :
La zone d'embarquement :
Prêt au départ ?
La ligne
La ligne du télésiège des Louvets est parfaitement symétrique, ce qui se justifie par un débit équivalent à la montée comme à la descente. La ligne démarre avec sa plus forte pente entre les pylônes 1 et 2 puis la pente revient progressivement à l'horizontal jusqu'en G2.
On notera que les fûts des pylônes sont d'origine et que tous les éléments des têtes de pylône sont neufs (potence, galets).
La configuration des pylônes est la suivante :
P1 : 12C
P2 : 8S
P3 : 8S
P4 : 6S
P5 : 8S
P6 : 6S
P7 : 6S
P8 : 4S
Entre les deux premiers pylônes, dans la plus forte pente de la ligne :
Retour sur le P1, seul pylône de compression de la ligne et la G1 :
A l'approche du pylône 2 :
Le petit toit au-dessus de la G1 abrite le moteur :
A partir du pylône 2, la ligne s'adoucit progressivement :
Vue d'ensemble des RM au départ de Fontfroide :
Nous survolons une végétation éparse à cette altitude :
On devine sur la gauche la piste demoiselles, et sur la droite la piste éterlous :
Au-dessus de la piste demoiselles :
A l'approche du pylône 6 :
On devine le TSD4 Auris Express en arrière-plan :
L'arrivée est proche :
La gare amont
La gare amont du télésiège des Louvets est chargée de la tension de la ligne. Elle se situe à côté de la G2 du TSD4 Auris Express pour faciliter la liaison.
Descente obligatoire :
La zone d'embarquement en G2, en toile de fond la chaîne des Grandes Rousses :
Sous différents angles :
Les sièges et le système d'accroche au câble
Le télésiège des Louvets est équipé de sièges Arceau 4 places rénovés. Ces sièges ne proviennent pas du télésiège d'origine.
Un siège en ligne :
Détails d'une pince :
Le télésiège des Louvets vu depuis les pistes
Conclusion
Depuis son installation, le télésiège des Louvets garantit la liaison entre l'Alpe d'Huez et Auris.
Si l'idée pouvait paraître originale et non prioritaire au premier abord, on s'aperçoit que cette liaison a été cruciale pendant l'hiver 2010/2011. Alors qu'en fin de saison près de 90% du domaine skiable d'Auris était fermé, cette liaison skis aux pieds aura permis aux vacanciers hébergés à Auris de venir skier à l'Alpe d'Huez sans aucune difficulté.
Il permet également aux skieurs de niveau moyen ou faible de rentrer paisiblement à Auris en évitant les pistes rouges au départ du Signal de l'Homme.
Il s'est d'ailleurs vu renforcé dans ce rôle cet hiver puisque le nouveau télésiège des Lombards, remplacé et raccourci, fait du télésiège des Louvets le moyen le plus rapide pour revenir à Auris depuis les gorges de Sarenne.
Texte et photos (décembre 2010) : Benjamin Cereghetti