Ce 10 avril 2023, La Hannigbahn a fermé définitivement ses portes. C’était l’un des derniers télécabines Giovanola et le deuxième télécabine helvétique le plus ancien. Le premier étant le TCD4 des Marécottes aussi un Giovanola. J’ai eu la chance de m’y rendre une dernière fois pour admirer et immortaliser cette belle et simple mécanique qui faisait de cette installation un témoin de l’histoire riche des remontées mécaniques suisses.
Afin de rendre hommage à cette installation unique, je vous propose un petit historique illustré ainsi que des photographies datant d’octobre dernier et de ce 9 avril.
Ouverte le 16 décembre 1969, le télécabine du Hannig fait partie des TCD4 Giovanola de “nouvelle génération” avec des pylônes plus larges et hauts, des motrices plus puissantes offrant une vitesse de ligne de 3.5 m/s, une mécanique revisitée et des gares plus grandes. Selon les notices de Giovanola, le Hannigbahn offrait à l'origine un débit maximal de 800 p/h pour une vitesse de 3.5 m/s (685 p/h à 3.0 m/s) à l’aide d’une motrice à 210 chevaux et 45 cabines (en comptant probablement les cabines de service).
Le logo de la société d’origine.
Premier prospectus de 1970 avec le plan des pistes.
Les tarifs sont inscrits à l’arrière. On apprend notamment qu’une journée de ski ne coûtait que 14 francs !
Comme pour d’autres constructions, la société Giovanola engagea un photographe régional pour photographier ce nouveau télécabine. Ces clichés enrichissaient un inventaire photographique interne à l’entreprise qui pouvait s’en servir pour des prospectus publicitaires et en envoyer une sélection à des clients potentiels. J’ai eu la chance de retrouver une partie de ces images que je publie ici en intégralité. Elles datent très probablement de fin 1969 ou début 1970 :
En gare de départ avec les rampes de lancement et les cabines engaragées.
(ASSVM)
Multiples photos des volets de contrôle vérifiant le bon serrage des pinces.
(ASSVM)
Autre vue où l’on voit mieux le volet de contrôle présent sous le passage du câble.
(ASSVM)
Troisième vue de ces volets.
(ASSVM)
Arrivée au belvédère du Hannig. Un second tronçon doit continuer plus haut en direction du Mällig. Observons à droite le téléphérique ayant servi à la construction de l’installation.
(ASSVM)
Dernière partie de la ligne depuis le haut de la bande de terrain rocheuse et abrupte.
(ASSVM)
Le pylône à trois têtes, unique construction de Giovanola jamais reproduit ailleurs. On aperçoit juste à sa droite le tracé du télécabine de Plattjen. Ces photographies montrent qu’à cette époque, les installations Giovanola étaient fournies d’origine avec les potences de décâblage mais sans passerelles.
(ASSVM)
Autre vue prise un peu plus bas.
(ASSVM)
Le sommet du pylône et ses trois têtes, tout tenu sur une seule base en treillis. On voit bien l’utilisation d’un interrupteur Sulzerberger par 8 galets. Un second interrupteur par 8 galets sera ajouté par la suite.
(ASSVM)
Une cabine venant de quitter la gare amont devant le puissant Mittaghorn.
(ASSVM)
Bouche d’entrée de la gare amont encore sans filet de sécurité. La base en béton ne porte pas encore le revêtement de pierre et la peinture que l’on connaît aujourd’hui. À gauche, le restaurant est encore en construction.
(ASSVM)
Le dernier pylône depuis la future terrasse du restaurant. Les télécabines de Saas-Grund n’existent pas encore.
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Le majestueux pylône devant le Trifthorn.
(ASSVM)
Autre vue du pylône.
(ASSVM)
Belle cabine rouge CWA Tourist à porte manuelle venant de passer les 24 galets (8 galets par tête) du brin montant du pylône.
(ASSVM)
Autre vue en fin de journée devant la vallée continuant à Saas-Almagell.
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Le pylône devant la vertigineuse falaise du Grundberg.
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Départ d’une cabine depuis la sortie de la gare amont.
(ASSVM)
L’intérieur de la gare amont se caractérise par une salle sombre réduite au strict minimum. Les divers locaux ne sont pas encore aménagés. Plusieurs employés déplacent les cabines, ouvrent et ferment manuellement les portes. L’arrière du bâtiment est considéré comme temporaire puisqu'il devra être démonté pour la construction du second tronçon.
Cabine avant le départ avec la corde de gauche permettant de faire partir manuellement la cabine. Il était probable à l’origine qu’un départ automatique existait déjà sous forme d’un électroaimant libérant la butée de surveillance automatique de la distance. Observons à l’arrière-gauche de la suspente sur la poutre métallique un support en forme de pentagone. Celui-ci sert à élever une barre verticale perpendiculaire soutenant les galets de déviation du câble côté ralentisseur. Dans les installations plus anciennes, de simples courtes barres verticales faisaient office de support. On remarque aussi contre le galet compression un petit appareil appelé “limiteur Maro”.
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Plan général de la motrice à deux massifs en béton. Ce type de motrice a été utilisé pour la première fois sur Montana - Cry d’Er en 1968, ce qui explique l’utilisation d’une cabine Eggli sur le dessin.
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Motrice originale du Hannig. Lors de la rénovation de 1992, Von Roll a récupéré le massif arrière, une partie du support métallique qui a été coupé à son avant ainsi que le moteur. La grande poignée oblique contre le massif en béton permettait d’actionner par un système de câble le frein de service manuellement.
(ASSVM)
Depuis le côté du brin descendant. La porte à gauche de l’image nous montre que le restaurant n’est pas encore construit. On observe le moteur Oerlikon qui a été en service jusqu’à aujourd’hui. Contre le réducteur se trouve la pompe de secours pour l’huile du réducteur et à l’avant le vérin électrique du frein de service.
(ASSVM)
Le grand massif en béton et l’arrière du support métallique seront récupérés en 1992 pour la motrice actuelle. On remarque l’important frein de sécurité placé derrière la poulie qui était similaire à Gant-Blauherd et Cry d’Err. Contre le montant du frein de sécurité se trouve le détecteur de survitesse mécanique.
(ASSVM)
Quelques vues du télécabine en exploitation l’été :
Belle cabine devant le domaine skiable concurrent. Au bas à gauche de l’image se décèle la gare de départ du TCD2 de Plattjen ainsi que le téléphérique pulsé de Spielboden.
Croisement de cabines après le premier pylône devant le Glacier de Fee.
Haut cinquième pylône en sortie de forêt toujours devant le Glacier de Fee.
Découvrez un reportage sur l’inauguration du télécabine datant du 10 février 1970 :
https://membres.remo...nnig/Hannig.mp4
Quelques photos de notre dernière visite estivale en octobre :
(Fael)
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Je vous propose encore quelques nouvelles vues qui viendront compléter, avec d’autres, la partie technique de ce reportage.
(Fael)
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Quelques photos prises ce 9 avril, ma dernière et ultime montée au Hannig
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Voilà pour cet hommage à cette belle installation qui faisait partie intégrante du paysage de Saas-Fee. Après 53 et demi de service, il est désormais temps qu’elle tire sa révérence pour un repos bien mérité. Désormais il ne reste plus que trois télécabines à pinces Giovanola, deux de ce constructeur et une troisième de Habegger. Les Marécottes fermeront probablement en avril 2024 et avril 2025 pour Savoleyres et Vorab. C’est donc une page de l’histoire suisse qui se tourne lentement mais sûrement.
Merci à Fael, Nico05, Gondelbahn Monde, Chamois78 et aux nombreuses personnes qui ont photographié, filmé et immortalisé cette sublime installation. Elle manquera à beaucoup de personnes ! Merci également à M. Buttet de l'ASSVM pour m'avoir ouvert ses archives et encore aux employés Roger, Stefan et Sven pour nous avoir laissés photographier absolument chaque pièce et pour ce partage de passion !
Texte et photos : Jubiproduction avec la participation de Fael