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Les téléfunis Histoire et fonctionnement

#1 L'utilisateur est hors-ligne   Fael 

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Posté 30 août 2017 - 12:30

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Introduction

Ce document constitue une brève introduction à l'histoire et au fonctionnement des téléfunis qui sont, pour simplifier, des funiculaires sur câble. L'unique véhicule roule sur deux ou quatre câbles porteurs et est entraîné par un câble tracteur. Le long du tracé, des supports soutiennent les câbles porteurs à intervalle régulier afin qu'ils ne touchent pas le sol. Ils ont été développés par un ingénieur suisse dès 1964 et ont été commercialisés essentiellement en Suisse pendant environ 15 ans. Il s'agit d'appareils de petite capacité qui sont exploités généralement à titre privé soit pour le transport de matériel, le plus souvent dans des exploitations viticoles, soit pour le transport de personnes. Quelques rares installations ont été ouvertes au public pour permettre l'accès à un hôtel ou à un restaurant. Certains téléfunis sont encore en service mais aucun n'est ouvert au public.


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Un téléfuni destiné au transport de matériel (Rte des Tassonières - Rte du Manoir, Fully VS). Comme ici, la plupart des téléfunis dans les vignes sont équipés d'un simple chariot (photo : www.standseilbahnen.ch - Markus Seitz).

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Un téléfuni permettant l'accès à un hôtel, équipé d'une cabine (photo www.standseilbahnen.ch - Markus Seitz, Via Consiglio Mezzano - Hôtel Mon Désir, Orselina TI).


Histoire

Le premier téléfuni

L'histoire des téléfunis commence aux environs de 1960 lorsque Fridolin Scherer, un ingénieur zurichois plus connu sous le nom de Fred Scherer, achète une surface viticole relativement étendue à proximité du village de Chardonne (VD) en Lavaux. Les vignes qu'il a achetées sont situées sur un terrain relativement escarpé et se trouvent loin de tout chemin. Pour cette raison, elles ont été délaissées par les vignerons de l'endroit car l'accès et donc le travail de ces parcelles sont difficiles.

Après l'acquisition de ces terrains, Scherer conçoit et construit en 1964 une installation longue d'environ 140 mètres pour presque 60 mètres de dénivelé qui lui offre un accès mécanisé à ses vignes, il s'agit du prototype des téléfunis. Contrairement aux installations qui suivront, la voie n'est pas constituée par des câbles porteurs fixes, mais par des tiges métalliques qui sont tendues à la manière d'un câble. C'est la seule installation à avoir été construite de cette manière. Plusieurs années après, ces tiges métalliques seront remplacées par des câbles en raison de la corrosion.

Le problème de l'accès aux vignes

À cette époque, l'acheminement du matériel dans les vignes se faisait le plus souvent à dos d'homme. On y trouvait peu de routes carrossables, si bien que beaucoup de parcelles étaient loin des chemins. Dans les vignobles escarpés du Lavaux (VD) ou de la vallée du Rhône (VS), l'accès se faisait en général par des escaliers. Cependant, certains aménagements ont été tentés dès la première moitié du XX e siècle afin de faciliter la culture de la vigne dans ces zones. Quelques funiculaires ont été implantés durant cette période. Deux d'entre eux, construits en 1927 et en 1951 respectivement, sont encore en exploitation dans le vignoble du Dézaley, la partie la plus abrupte du Lavaux. Comme la construction d'un funiculaire demande des travaux de génie civil importants, leur nombre est resté très faible.


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Funiculaire viticole dans le Dézaley (Lavaux).


Quelques années plus tard, différents modèles de téléphériques adaptés aux travaux viticoles ont vu le jour. En général, ces engins ont une charge utile assez faible et ne permettent pas le transport de personnes. Le modèle le plus courant possède une benne qui peut être descendue jusqu'au niveau du sol, en utilisant un système proche de celui des blondins. Certains de ces téléphériques sont toujours exploités.


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Début de la ligne d'un téléphérique, toujours dans le vignoble du Dézaley (Lavaux). La plateforme peut être abaissée jusqu'au sol. On remarque d'ailleurs qu'elle n'est pas solidaire du chariot.


La mise sur le marché des téléfunis par Willy Bühler SA

Le téléfuni présente sur ces deux anciens systèmes des avantages incontestables. Les travaux de génie civil nécessaires à la construction sont beaucoup moins importants que pour un funiculaire alors que la charge utile est plus grande que pour un téléphérique, puisqu'elle peut atteindre 500 kg. De plus, au moment de leur mise en service, la plupart des téléfunis étaient homologués pour le transport de personnes. Pour toutes ces raisons, Fred Scherer estime que son nouveau moyen de transport est promis à un bel avenir et il le fait breveter dans plusieurs pays européens en 1965. Pour des raisons administratives, il n'est pas autorisé à déposer lui-même le brevet. Il approche donc l'entreprise Willy Bühler SA qui le fait à sa place, Scherer étant mentionné comme inventeur (lien vers le brevet). En 1966, Willy Bühler construit un téléfuni pour accéder à sa villa située sur un escarpement dominant Sion (VS). À partir de 1967, des téléfunis sont vendus en Suisse par la société Bühler (voir la publicité ci-dessous). Au moins trois installations sont construites cette même année.


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À gauche : publicité pour les téléphériques pour vignes et les téléfunis fournis par la société Bühler, parue en 1967 dans le Nouvelliste du Rhône (source : presse numérisée - http://doc.rero.ch/s...?cc=PRESS&ln=fr). À droite : publicité de la société Gebauer parue en 1978 dans la Schweizerische Bauzeitung. Les téléfunis y sont mentionnés (source : Revues suisses en ligne - http://www.e-periodica.ch).


Téléfuni SA

En 1968, Fred Scherer reprend avec sa femme une entreprise, nommée Machines Léman SA fondée en 1957, qu'il rebaptise Téléfuni SA. C'est en utilisant cette société, basée à Chardonne (VD) à son lieu de résidence, qu'il commercialise dorénavant son système. Elle a également pour but la vente de machines de diverses natures. En 1969, Fred Scherer quitte Téléfuni SA qui est reprise par l'entreprise zurichoise A.K. Gebauer & Cie. À cette occasion, le siège est transféré à Lausanne (VD). Téléfuni SA devient une filiale de cette société zurichoise, qui est active principalement dans le domaine des ascenseurs et des escaliers roulants. C'est pour cette raison que la société Gebauer mentionne également les téléfunis dans ses propres encarts publicitaires (voir ci-dessus). Par ailleurs, les téléfunis construits durant cette période sont fabriqués directement dans les usines Gebauer.


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Imprimé publicitaire non daté de la société Téléfuni SA. Les images des pages 1 et 2 ainsi que celle du haut de la troisième page montrent Fred Scherer lui-même sur son téléfuni expérimental des Bedaules (-est) à Chardonne, datant de 1964. Au bas de la page 3 et sur la page 4, on voit le téléfuni de Sion, construit en 1966 par Willy Bühler, reconnaissable à sa cabine. Même si le téléfuni des Bedaules-est possédait à l'origine un réservoir pour le transport de liquides (comme mentionné dans le document), les installations construites ultérieurement n'en étaient pas équipées. Si nécessaire, une citerne amovible pouvait être déposée sur le chariot (DR - archives A. Neyroud).


La construction de l'autoroute Lausanne - Vevey

En 1970, le tronçon de l'actuelle autoroute A9 reliant Lausanne à Aigle est ouvert à la circulation. Sa construction a nécessité l'utilisation d'une grande surface viticole en Lavaux. À la suite du chantier, un remaniement parcellaire est mis en place afin de restituer aux vignerons concernés une partie de leurs terrains. Dans la foulée, la construction d'un certain nombre de chemins permettant un meilleur accès aux vignes est envisagée. Fred Scherer y voit une opportunité d'augmenter l'utilisation de ses appareils. Il propose d'installer des téléfunis pour améliorer l'accès aux vignes plutôt que de construire des routes. Il s'oppose ainsi au processus de remaniement parcellaire. Après une longue bataille juridique, il doit renoncer à son projet. Il obtient néanmoins que sa parcelle ne soit pas traversée par les nouveaux chemins, afin qu'ils ne coupent pas le tracé de son téléfuni.

En 1972, alors qu'il s'apprête à installer un nouveau téléfuni parallèlement au prototype de 1964, Fred Scherer vend sa propriété. L'acheteur achèvera tout de même la construction de ce deuxième téléfuni en 1973. Les deux appareils ont fonctionné simultanément pendant des années avant que le téléfuni situé à l'est de la parcelle, le plus ancien, soit démonté en 1998.

Depuis la reprise de Téléfuni SA par Gebauer, la société possède une succursale à Zürich, permettant la diffusion de ses produits en Suisse alémanique. En 1976, le siège de Téléfuni SA est transféré dans la succursale de Zürich et quitte donc Lausanne. Malgré ces efforts, les téléfunis n'ont pas eu grand succès outre Sarine. Durant cette décennie, peu de nouveaux téléfunis sont construits. La société modernise par contre plusieurs installations existantes. Elle se lance également à cette période dans la fabrication d'ascenseurs inclinés plus classiques, sur rails.

L'arrivée du monorail et la fin des téléfunis

La plupart des téléfunis ont été construits avant 1975. L'apparition des monorails dans les vignobles signifiera la fin de ces appareils. Contrairement aux téléfunis qui exigent un tracé rectiligne, impliquent une tranchée relativement large dans la vigne et dont l'implantation n'est financièrement envisageable que dans des parcelles d'assez grande taille, les monorails, commercialisés principalement par les sociétés Plumett et Habegger, demandent moins d'entretien, sont bien moins chers et ne présentent à peu près aucune restriction dans le choix du tracé puisqu'ils admettent des changements de pente rapide, des virages et même des embranchements. Aussi, malgré leur capacité moins grande, ils ont supplanté rapidement les téléfunis.


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Vue d'un monorail. On remarque la simplicité de la « ligne » par rapport à un téléfuni. La propulsion du véhicule est assurée par un moteur à combustion interne.


Les téléfunis destinés au transport de personnes n'ont pas non plus eu un très grand succès. Malgré cela, la société Téléfuni SA a perduré encore de nombreuses années. Cependant, elle n'avait plus pour but principal l'installation de téléfunis. Au total, entre 15 et 20 téléfunis ont été construits, essentiellement en Suisse, mais aussi en Allemagne et en Italie. Par la suite, plusieurs de ces installations ont progressivement été supprimées en raison de leur âge et de la difficulté que représente leur entretien. En effet, il est difficile de trouver des pièces de rechange pour tous les éléments qui sont spécifiques à ces installations, vu le faible nombre d'appareils construits. Néanmoins, on peut signaler quelques grandes rénovations qui ont été effectuées récemment à Fully en 2015 (Téléfuni de la route du Manoir) et en 2018 (Téléfuni de Plamont, transformé par Von Rotz & Wiedemar), qui ont permis de remettre à neuf ces installations et ainsi leur assurer encore de nombreuses années de fonctionnement.

Quelques détails techniques

La ligne

Sur ces installations, la ligne est en général courte. Les deux téléfunis construits à Fully (VS) sont les seules exceptions avec chacun une longueur de plus de 500 mètres. Ces deux installations ont d'ailleurs été équipées exceptionnellement d'un câble tracteur continu. Les appareils destinés aux transports viticoles, qui peuvent s'arrêter partout le long du tracé, ont une ligne en général assez proche du sol, avec des supports qui sont souvent implantés sur les murs de vigne là où il y en a, ce qui évite de devoir couler un massif dédié. Il existe cependant sur ces installations des zones où la ligne est trop haute pour pouvoir descendre du chariot. D'autre part, les téléfunis équipés d'une cabine possèdent en général une ligne plus aérienne car il n'est de toute façon pas possible de descendre du véhicule en cours de route. Dans ce cas, les supports sont en général fixés au sommet d'un pylône tubulaire.


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Ligne de téléfuni dans les vignes, proche du terrain afin de permettre le chargement de matériel tout le long du tracé (Les Bedaules-ouest, Chardonne VD).

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Ligne de téléfuni dans les vignes, parfois haute au-dessus du sol à l'aval des murs. On remarque aussi le support scellé au mur (photo www.standseilbahnen.ch - Markus Seitz, Vignoble de la Rochenne, Ligerz BE).

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Ligne d'un téléfuni équipé d'un câble continu. Le brin retour passe à gauche de l'axe de la ligne alors que le brin utilisé par le véhicule passe au centre. On remarque également la présence de galets compression sur ces supports. On constate aussi que la section de la ligne visible sur cette image est trop haute pour qu'il soit possible de descendre du véhicule (photo www.standseilbahnen.ch - Markus Seitz, Rte des Tassonières - Rte du Manoir, Fully VS).

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Vue sur la très longue ligne du téléfuni Route des Tassonières - Route du Manoir à Fully (photo : www.standseilbahnen.ch - Markus Seitz).

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Ligne d'une installation dédiée au transport de personnes. On remarque les supports situés au sommet d'un pylône tubulaire (photo Artsinol, Place bellevue, Anzère VS).

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Ligne d'une installation dédiée au transport de personnes. Cette installation ayant été rénovée en 1996 par Niederberger NSD, la forme des supports n'est pas typique des constructions originales de Bühler et de Gebauer (photo www.standseilbahnen.ch - Markus Seitz, Via Consiglio Mezzano - Hôtel Mon Désir, Orselina TI).


À partir de 1968, les téléfunis ont été équipés d'un frein parachute qui bloque la cabine sur un câble dédié fixe en cas de rupture du câble tracteur ou si le véhicule se bloque à cause d'un obstacle. Il se trouve au centre de la ligne et passe au travers d'une mâchoire qui se trouve sur le châssis du véhicule. Si le câble tracteur se détend, le mors se ferme automatiquement et bloque le véhicule sur le câble de sécurité. Il semblerait qu'avant l'instauration de ce système, un frein parachute agissant directement sur les câbles porteurs ait été utilisé, notamment sur le téléfuni de Sion (VS) construit en 1966. Certaines installations construites avant 1968 ont été modernisées ultérieurement et munies à cette occasion de ce système de frein. C'est notamment le cas du téléfuni de Zermatt qui a été équipée de ce dispositif à l'occasion d'un remplacement de la cabine et de son châssis en 1972.


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Détail d'un support de téléfuni avec les différents câbles (Les Bedaules-ouest, Chardonne VD). Le câble de sécurité, qui permet le fonctionnement d'un frein parachute, n'est pas toujours présent.


L'entraînement

Presque tous les téléfunis sont entrainés à l'aide d'un treuil à tambour. Celui-ci est relié à un moteur, généralement asynchrone triphasé, par un réducteur d'angle. Un frein de service est monté sur l'arbre rapide. Un frein de secours, généralement actionné par la chute d'un contrepoids, agit directement sur le tambour du treuil. Sur la plupart des installations, il ne sert pas durant l'exploitation normale (il reste toujours ouvert) mais seulement en cas de survitesse. Dans ce but, il est actionné par un détecteur de survitesse électrique entraîné soit par une chaîne soit à l'aide d'un engrenage. Il n'y a en général pas de détecteur de survitesse mécanique sur ces installations. La vitesse des téléfunis varie entre 0.5 et 0.8 m/s environ. La puissance du moteur est presque toujours de moins de 10 kW. Sur les installations à but utilitaire, le moteur n'est en général pas régulé.


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Entraînement typique des téléfunis viticoles avec un moteur asynchrone non régulé. On remarque également la barre qui surveille le bon enroulement du câble sur le tambour (parallèle à l'axe du treuil). Ce dispositif n'est pas toujours présent (Les Bedaules-ouest, Chardonne VD).

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Entraînement modernisé sur un téléfuni destiné au transport de personnes. On devine la couronne dentée du côté gauche du treuil qui entraîne le détecteur de survitesse (en gris clair). On remarque également le contrepoids qui actionne le frein de sécurité, qui agit directement sur le tambour du treuil (photo Erwin Bloch pour l'OFC - www.seilbahninventar.ch, Scheibenwaldweg – Chalet des Écureuils, Zermatt VS).

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L'entraînement d'un téléfuni ayant un câble tracteur continu. Sous les câbles porteurs à droite, on remarque le moteur et le réducteur. L'entraînement du câble est assuré par une poulie à quatre gorges. Le câble passe d'abord sur la poulie tension visible à l'arrière avant d'atteindre l'ensemble poulie motrice - contre-poulie (photo www.standseilbahnen.ch - Markus Seitz, Rte des Tassonières - Plamont, Fully VS).


La commande

Les téléfunis sont commandés à l'aide de simples boutons poussoirs, à la manière d'un ascenseur. Sur les installations destinées au transport de matériel, il est possible d'arrêter le véhicule n'importe où le long de la ligne. Les boutons disponibles sont alors montée, stop, descente. Dans tous les cas, des interrupteurs de fin de course arrêtent l'installation automatiquement en bout de ligne. Les ordres sont en principe transmis à la station motrice à l'aide des câbles porteurs. Des interrupteurs de commande se trouvent aux extrémités, sur le véhicule si la conception de la commande le permet, parfois sur les supports intermédiaires et à tout autre endroit où cela se justifie.


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Un interrupteur de commande d'un téléfuni dans les vignes, avec les trois boutons poussoirs montée - stop - descente (Les Bedaules-ouest, Chardonne VD).


Les câbles porteurs sont isolés électriquement entre eux et par rapport à la terre. Un des câbles est maintenu à un potentiel donné. On donne un ordre en établissant le contact entre ce câble de référence et un des autres câbles. L'un est dédié aux ordres de montée et un autre aux ordres de descente. Il s’agit de commandes à impulsion, une fois le moteur en marche, le bouton peut être relâché et l’ordre est maintenu automatiquement. Si le quatrième câble est utilisé, il assure le bon fonctionnement de l'interrupteur de surveillance de fin de course qui ne se trouve pas à la gare motrice. Dans ce genre de configuration, l'ordre stop peut être obtenu en donnant simultanément un ordre de montée et de descente. Un système de relais permet ensuite d'alimenter convenablement le moteur.


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Détail d'un support équipé d'un interrupteur de commande. Le système est identique sur l'autre groupe de câbles. Sur les supports qui ne possèdent pas d'interrupteur, il n'y a pas de fils électriques (Les Bedaules-ouest, Chardonne VD).


Il est arrivé qu'avec le temps, la qualité des isolations au niveau des supports se détériore, ce qui fait que la commande ne fonctionne plus de manière optimale. Dans certains cas où une réparation aurait été trop complexe, la commande par les câbles porteurs a été abandonnée au profit de câbles électriques dédiés circulant le long de la ligne. Il n'est alors plus possible de commander l'installation depuis le véhicule et des interrupteurs doivent être disposés à intervalle régulier le long du tracé.

Les véhicules

Les téléfunis, suivant leur but, ont été équipé soit d'un chariot ouvert, soit d'une cabine. Certaines caractéristiques sont néanmoins communes aux deux cas. Si le véhicule est équipé d'un interrupteur de commande, le contact électrique avec chaque câble porteur est assuré par une pièce en charbon frottant sur le câble. Le véhicule dispose bien sûr de roues qui lui permettent de se déplacer sur les câbles porteurs. Suivant les installations, le nombre d'essieux est de 2, 3 ou 4. Les charbons sont fixés soit juste après soit juste avant l'essieu ou le groupe d'essieux qui se trouve à l'aval du véhicule.


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Un chariot vu depuis dessous. (Les Bedaules-ouest, Chardonne VD).

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Dessous d'un chariot à quatre essieux au passage d'un support. Cet appareil ne possède pas de câble de sécurité. Les contacts en charbon se trouvent à l'avant de la cabine côté aval (photo www.standseilbahnen.ch - Markus Seitz, Rte des Tassonières - Rte du Manoir, Fully VS).

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Détail d'un essieu au passage d'un support (Les Bedaules-ouest, Chardonne VD).

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Détail d'une des paires de contacts en charbon permettant la transmission des ordres depuis le véhicule. Ils sont plaqués contre les câbles à l'aide de ressorts qui sont visibles sur la droite. Un léger déplacement des charbons est donc possible, ce qui est nécessaire au passage des supports (Les Bedaules-ouest, Chardonne VD).


Les installations équipées de chariot se trouvent en général dans les vignes. Il est alors possible de transporter des machines ou des objets encombrants. En général, les chariots se présentent sous la forme de plusieurs (en général trois) compartiments « en escalier ».


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Un chariot de téléfuni typique à trois compartiments. On remarque les contacts en charbon au dessus de l'essieu aval, l'interrupteur de commande sur la cabine et les galets de guidage du câble de sécurité (photo www.standseilbahnen.ch - Markus Seitz, Vignoble de la Rochenne, Ligerz BE).


Pour les appareils équipés de cabines, il s'agit soit d'une cabine construite exprès pour cette forme d'installations, soit d'une cabine de télécabine posée sur le châssis du téléfuni.


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Installation équipée d'une cabine. Il y a ici quatre essieux. La cabine est de fabrication CWA et n'est pas d'origine (photo Erwin Bloch pour l'OFC - www.seilbahninventar.ch, Scheibenwaldweg – Chalet des Écureuils, Zermatt VS).


Liste des téléfunis construits

J'ai tenté ci-dessous de faire une liste exhaustive de tous les appareils de ce type à avoir été construits. Certains n'ont pas été construits par Téléfuni S.A., il s'agit d'une liste des installations utilisant ce système. Si vous connaissez un téléfuni qui ne se trouve pas dans cette liste ou si pouvez la corriger ou la compléter, merci de me le signaler afin de la rendre la plus précise possible.


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Liens

Voici pour terminer une liste pour chaque installation des autres informations, photos et vidéos présentes sur internet :



Finalement, on peut signaler ce document, une brochure publicitaire de Téléfuni SA, datant de la fin des années 1970. Elle montre les téléfunis de Cademario (pages 1 et 2), de l'hôtel Mont Désir (page 3 et 4, état en 1977) et de Zermatt (pages 5 et 6, état après rénovation). On voit également aux pages 7 à 14 trois exemples d'ascenseurs inclinés (sur rails) construits par cette entreprise.

Conclusion

Les téléfunis, ces installations inhabituelles, un croisement entre un funiculaire et un téléphérique, sont devenus une rareté. Malgré les avantages incontestables qu'ils présentaient par rapport aux funiculaires et aux autres solutions équivalentes, ils n'ont eu que peu de succès. Dans le cas des exploitations viticoles, les contraintes trop grandes dans le choix du tracé, mais surtout le prix et la construction de nouveaux chemins d'accès ont freiné le développement de cette technique. L'arrivée du monorail, beaucoup moins cher et plus flexible, a mis fin à la construction de téléfunis dans les vignes. Pour les particuliers, il s'agissait d'un gros investissement pour un usage qui ne présente tout de même pas le même confort qu'une route et qui demande un certain entretien. Néanmoins, les quelques téléfunis encore en service, même s'ils sont privés, sont d'intéressants témoins de cette technologie, qui n'a finalement été utilisée que durant quelques années.


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Un grand merci à Markus Seitz, responsable du site www.standseilbahnen.ch, pour m'avoir mis à disposition certaines de ses images. Merci également à Alain Neyroud, propriétaire du téléfuni des Bedaules-ouest, pour ses documents d'archives et ses nombreuses informations historiques et techniques ainsi qu'à Artsinol pour son image et ses quelques informations.

Texte : Fael, Photos : Fael (si aucun auteur n’est spécifié dans la légende), Markus Seitz - www.standseilbahnen.ch, Erwin Bloch pour l'OFC - www.seilbahninventar.ch et Artsinol.

Sources






Voilà pour cette petite présentation de ce système atypique. J'attend vos commentaires, corrections et réactions dans ce sujet ou par MP. Surtout, si vous disposez d'informations supplémentaires, n'hésitez pas à les partager, car elles sont rares et assez difficiles à trouver.

Ce message a été modifié par Fael - 31 juillet 2023 - 23:19 .

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#2 L'utilisateur est hors-ligne   10sami52 

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Posté 30 août 2017 - 13:09

Merci Fael pour ce document très complet sur ces installations peu ordinaires. ;)

Juste une question, qui pourrait paraître bête, beaucoup de ces Téléfunis sont privés et quelques uns transportent des personnnes, est-ce qu'ils sont soumis à une concession cantonale ou fédérale? :huh:

Ce message a été modifié par 10sami52 - 30 août 2017 - 13:09 .

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#3 L'utilisateur est hors-ligne   Fael 

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Posté 30 août 2017 - 17:35

Merci pour ton commentaire.

Les téléfunis où le transport de personnes est autorisé (mais attention, pour ceux qui sont encore en service actuellement, ce n'est pas du transport public, c'est à but privé uniquement) sont soumis à intervalles réguliers à des contrôles du concordat intercantonal sur les téléphériques et téléskis (CITT ou IKSS en allemand). Si les résultats sont concluants, le transport de personnes continue à être autorisé jusqu'au prochain contrôle. Si des problèmes sont détectés, des modifications/réparations seront demandées et si ce n'est pas possible de les faire, l'installation peut continuer à être exploitée, mais sans transport de personnes. C'est ce qui est arrivé en 2012 pour les deux téléfunis de Fully. Ils n'ont pas pu ou pas voulu faire les travaux exigés par le concordat et depuis le transport de personnes est interdit sur ces installations.

Les téléfunis où le transport de personnes est interdit ne sont à ma connaissance pas soumis à ces contrôles. Après au moment de la construction, il faut bien sûr des autorisations comme pour tout. Il est probable que ces installations soient tout de même annoncées au CITT.

Pour ceux qui ne sont pas en Suisse, je ne sais pas comment ça se passe.

Ce message a été modifié par Fael - 30 août 2017 - 17:37 .

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#4 L'utilisateur est hors-ligne   10sami52 

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Posté 30 août 2017 - 21:34

Merci pour ces éclaircissements. ;)
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#5 L'utilisateur est hors-ligne   vincen 

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Posté 02 septembre 2017 - 10:15

Merci pour ce super reportage très détaillé sur ce type de remontées mécaniques dont j'ignorais totalement l'existence :)
2

#6 L'utilisateur est hors-ligne   Rothorn 

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Posté 03 septembre 2017 - 22:21

Même commentaire que Vincent.

On apprend toujours de nouvelles choses, pour moi la "naissance" des monorail était une nouveauté parmi mes correspondances d'avec Habegger; que cela eût un antécesseur était hors de portée d'adolescent :lol:

Merci une fois de plus à ce site splendide RM.net qui fournit des documentations extrêment riches. :) :)
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#7 L'utilisateur est hors-ligne   Jeffrey 

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Posté 10 avril 2018 - 23:37

Bonne nouvelle, le téléfuni désaffecté 'Route des Tassonières - Plamont' à Fully sera entièrement rénové. Les travaux doivent démarrer ce mois.

Après rénovation, le transport de personnes sera à nouveau autorisé :)

Ce message a été modifié par Jeffrey - 10 avril 2018 - 23:38 .

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#8 L'utilisateur est hors-ligne   Fael 

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Posté 02 mars 2019 - 19:44

Comme signalé par Jeffrey ci-dessus, le téléfuni Route des Tassonières - Plamont a été entièrement rénové en 2018 par Von Rotz & Wiedemar. Markus Seitz de https://www.standseilbahnen.ch est allé visiter cette installation et en a ramené une image (ici) et deux vidéos (montée et descente). On remarque que des plateformes de chargement ont été installées à intervalles réguliers le long de la ligne. À première vue, la ligne (supports) a certainement été conservée. Le chariot a probablement été conservé lui aussi mais il a été galvanisé et équipé de protections supplémentaires afin de permettre à nouveau le transport de personnes.

Ce téléfuni possédait jusqu'à sa mise hors service un câble tracteur continu avec renvoi fixe en amont et motrice tension en aval (une image de cette motrice se trouve dans le premier message du sujet). Ce système a été abandonné au profit d'un câble tracteur à l'amont du véhicule seulement avec entraînement en gare amont (probablement par un treuil à tambour comme sur les autres téléfunis). Il y a en fait deux câbles tracteurs parallèles, peut-être pour compenser l'absence de frein parachute. Le téléfuni Rte des Tassonières - Rte du Manoir, qui a été rénové en 2015, reste donc le seul à posséder un entraînement par un câble continu. On l'aperçoit dans cette vidéo (au début). Comme elle est plus orientée sur le vignoble et le vin que sur le téléfuni je ne la mets pas dans la liste de liens ci-dessus.

J'ai également constaté qu'un document édité par Téléfuni SA est disponible au téléchargement ici. On y trouve des images et les caractéristiques techniques de trois téléfunis (Cademario, Orselina et Zermatt). On y apprend également que cette société a aussi construit des ascenseurs inclinés sur rail dont trois exemplaires sont présentés dans la seconde partie du document.

La liste dans le premier message a été mise à jour pour prendre en compte ces nouveaux éléments. Elle compte maintenant quatorze téléfunis (un nouveau a été trouvé à Eigenthal (LU)) dont dix sont encore en place et sept au moins sont encore en activité. J'ai également fait quelques ajouts mineurs au texte et j'ai ajouté quelques liens à la fin (nouvelles vidéos).

Ce message a été modifié par Fael - 02 mars 2019 - 19:53 .

3

#9 L'utilisateur est hors-ligne   benbel 

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Posté 03 mars 2019 - 01:02

Fael, un grand merci pour les informations complémentaires détaillées et la mise à jour.
Merci aussi pour le lien vers la vidéo sur Marie-Thérèse Chappaz, qui m'a intéressé au-delà du seul téléfuni ! :D
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Posté 16 avril 2019 - 19:33

Téléfuni Route des Tassonières - Plamont

Petit article (En allemand)du SI Magazin qui a peut être été publié ailleurs également concernant le nouveau téléfuni :

Article SI Magazin

Avec en photo notamment le treuil à tambour dans la gare amont.
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