fredo_chato, le 26 novembre 2020 - 18:47 , dit :
Citation
Bref, pour 50000 morts sur 67 millions de français, soit 0,07 % de la population, ça fait des conséquences à mon goût assez disproportionnées.
A ce titre, pourquoi ne pas compter les gens qui meurent des cancers, du tabac, de la faim, et pourquoi ne pas compter aussi le nombre de naissances ? [/i]
Cet argument fallacieux et balancé à toutes les sauces est risible.
Si rien n'avait été fait à aucun moment on aurait eu à gérer entre 0,6 et 0,8% de mortalité dans la population et tout le monde aurait crié au scandale au génocide et touti quanti.
La des mesures sérieuses sont prises pour que la mortalité soit le plus faible possible en ralentissant les contaminations et en lissant les hospitalisation. Au final beaucoup de personnes ne seront même pas contaminés. Mais ça rale encore.
Sans compter que cette manie de ne regarder que la mortalité est idiote dès la base, comme si quelqu'un révait de passer 3 semaines avec un respirateur artificiel pour garder des séquelles plus ou moins lourdes (et dont la répertoriation prendra des années)... Faute de pouvoir répertorier précisment ces gens la rapidement, alors on les oublie.
Le second argument de mauvaise foi totale est le célèbre:
"Mé le ski ce pratik en plin ère sur un TS no souci é le metro on di ri1?? abruti de gouvairneman" (le niveau orthographique de la phrase est au niveau intelectuel de ceux qui sortent cet argument à tout va, à peine modifié de certains commentaires vu ci et la sur les réseaux sociaux et divers sites de passionés de ski).
Comme tant d'autre cette décision m'attriste mais sortir des arguments aussi ridicules déssert la cause plus qu'autre chose.
Ce que beaucoup ne comprennent pas c'est le problème des hôpitaux mais également le brassage de population de diverses régions dans des lieux ma foi fort peut adaptés (Le famaux SHERPA de 50m², les commerces de proximités les activités diverses...). Alors oui, chacun dans "sa" ville, on s'expose également dans ces même commerces, mais selon un paterne beaucoup plus restreint et avec, souvent, les mêmes personnes, celle de son quartier. Sans compter que au quotidien on s'est bien adapaté, gel masque & cie pour tout avoir à portée de main et en bon état en toute circonstance. De plus les commerces de villes sont plus à même de recevoir leur achalandage habituel que ceux de montagne...
Il ne faut pas non plus oublier que les vacances amènenent souvent l'insouciance: oublie de masque, non respect des gestes barrières etc etc. Il n'y a qu'a voir les méga soirées organisées par les étudiants, bien souvent dans leur résidence de vacances au ski dont ils louent des étages entiers. (Pour l'anecdote, un collègue en médecine m'avait montré une photo, dans leur résidence ils avaient abattu une cloison entre deux apparts pour "faire un méga dancefloor" et tant pis pour la caution) Pas très COVID tout ça, sans parler des fêtes plein air du nouvel an qui peuvent vite dégénerer faute de moyens policiers sufisant en montagne pour contenir toutes les émotions des vacanciers.
La cerise sur le gateau est de voir sortir une pétition "oui je veut attraper la covid au ski". Le gouvernement n'a plié sur rien, le poids économique de la restauration est sans commune mesure avec le marché du ski et ceux-ci demeurent également fermés...alors intanter des actions ou je en sais quoi relève de la folie (et je ne parle pas des boites des nuits qui arriveront surement à un an de fermeture administrative).
Les comparaison hâtives avec des pays qui autorisent le ski sont également bancales, en effet il faudrait comparer les pays dans leur ensembles et non pas juste sur LE point qui va dans le sens de ce que l'on veut défendre...
Il y aura sûrement des faillites...c'est triste mais le marché du ski est mature et de nombreuses station sont déjà sur le fin du rasoir avec un enneigement qui va en diminuant, leur sort est déjà scellé à courte échéance.
Je me permets de répondre à ton message, même si ce forum n'est pas vraiment le lieu d'échanges "politiques". Mais comme tu oscilles entre affirmations discutables et mépris affiché, je vais tenter d'ouvrir un dialogue (à continuer en MP si le lieu de ce topic est inapproprié)
Premièrement, je voudrais savoir pourquoi une mise en perspective est un argument "fallacieux" et "risible" ?
Si chaque situation individuelle est un drame, faire de la politique de santé publique nécessite de sortir de l'émotion et d'envisager l'ensemble des paramètres. Soyons clair, je ne suis pas complotiste, je ne porte pas de critiques affirmées sur les décisions qui sont prises (car je m'interroge toujours en me demandant "qu'est-ce que j'aurais fais si j'avais été à la place des dirigeants". Et honnêtement, je n'en sais rien, tant la situation revient à choisir entre la peste et le choléra), mais il ne me semble pas illégitime de s'interroger. Et aujourd'hui, la question qui se pose, est de savoir si le remède ne risque pas d'être pire que le mal. Une fois encore, je n'en sais rien mais la question ne me semble pas illégitime. Car le sanitaire ne s'oppose pas à l'économique : les 2 sont intimement liés. Et une crise économique tue également physiquement. Penche toi sur l'espérance de vie de ceux qui vont devoir vivre dans la précarité, sur les morts des gens âgés qui ont fait des syndromes de glissement car ne supportant pas l'isolement qui leur a été imposé, sur la vague qui semble poindre de dépressions en tout genre qui aboutira (peut-être) à une augmentation des suicides, sur ceux qui, terrassés par une peur entretenue de façon exacerbée (de mon point de vue) par les médias et politiques, ne sont pas allés à l'hôpital et seront diagnostiqués trop tard sur des pathologies cardiaques ou cancéreuses. J'ai certains de mes patients qui ne sont plus sortis de chez eux depuis des mois tellement on leur a fait peur pour une maladie qui, oui, ce sont les chiffres officiels, à un taux de mortalité de 0.07% (en France), un taux de létalité apparent à 2.3% (données du jour pour la France) et un taux de létalité réel estimé autour de 0.7% par l'Institut Pasteur. Cela ne veut pas dire "oh ben les morts on s'en tape, faisons n'importe quoi, embrassons nous, organisons des fêtes à 150 dans 40m2", mais il ne faut pas non plus surjouer la peur, car elle a des conséquences désastreuses, même si cela sera moins visible que les morts directs.
Je te rejoins sur le fait qu'il n'y a pas que la mortalité à prendre en compte, et comme pour les stats des accidents de la route, il faut regarder les séquelles à moyen et long terme. Mais il y a aussi les dommages collatéraux des décisions prises. Et il y a aussi (et heureusement) bon nombre de patients guéris complètement. Et si le but était de ralentir l'épidémie afin d'éviter la sursaturation d'un hôpital qui l'est déjà en permanence (et je peux t'en parler en connaissance de cause, mon grand-père est mort il y a 3 ans d'une mauvaise prise en charge car les services étaient sursaturés, et pas à cause de la Covid), on peut toutefois s'interroger pour savoir si le protocole proposé est le plus pertinent, ce qui m'amène à ta 2ème "attaque"
Oui, c'est scientifique, le risque sur un télésiège en plein air est bien plus faible qu'un métro confiné. Je te rappelle qu'à ce jour, aucune étude scientifique (à ma connaissance, mais si tu as des sources n'hésite pas à les partager) n'a d'ailleurs démontré l'intérêt du port du masque en extérieur. Je te rappelle qu'il y a encore peu de temps (je ne crois pas que cela ait changé), on considérait un cas contact comme quelqu'un ayant été en contact avec un patient positif en face à face sans masque pendant 15min en atmosphère confinée. Se pose en revanche la question des cabines. Mais pourquoi ne pas envisager à ce moment là une ouverture partielle basée sur les TS et les TK ?
Je n'attaquerai pas tes arguments avec des insultes comme tu le fais car je ne considère pas que celui qui ne pense pas comme moi soit forcément d'un niveau intellectuel (avec 2 "l" pour info
) inférieur. Je veux bien entendre ta réflexion sur le "brassage de population". Mais alors, à ce moment là, pourquoi autoriser à partir du 15 décembre les déplacements inter-régions ? Pourquoi autoriser des gens à partir à l'étranger dans des pays ayant des règles sanitaires que nous ne maîtrisons pas, qui vont s'agglutiner dans des halls d'aéroport où le brassage sera bien plus important ? En quoi mon voisin de quartier serait-il moins dangereux que mon voisin de sherpa ? En quoi, si les règles sont respectées (1 client pour 8m2, gel à l'entrée masque obligatoire sur la bouche ET le nez), le Sherpa serait-il plus dangereux que mon Carrefour Market de quartier ?
Quant aux comportements inconscients, dis toi bien qu'ils existent déjà. J'ai moi-même engueulé plusieurs fois des patients (et un certain nombre de "séniors" notamment) qui avaient des comportements inacceptables (certains ont pris la porte de mon cabinet d'ailleurs). Mais le respect des règles ne sera pas différent en montagne qu'en ville.
Alors oui, je trouve cette décision de fermeture ahurissante sur la forme (on discute et on affirme une fermeture sans se laisser le temps de suivre l'évolution de l'épidémie) mais surtout sur le fond, ce qui ne veut là encore pas dire "vivons comme si de rien était, on se fout des malades dans les hôpitaux". Entre le tout ou rien, il y a certainement un équilibre à trouver pour permettre de "sauver les meubles" de l'économique, tout en assurant un niveau élevé de règles sanitaires. Parmi les pistes, pourquoi ne pas fermer les TC et TPH, limiter le nombre de forfaits, laisser les restaurants (mais pas les bars) fonctionner en journée uniquement et seulement en terrasse avec des règles strictes... Bref, plein de possibilités moins abruptes qu'une fermeture nette et définitive qui, de mon point de vue, n'a aucune logique par rapport aux décisions prises par ailleurs.
Et de manière générale, restons humbles dans nos affirmations. Beaucoup de chiffres brandis ci ou là, que ce soit par les "rassuristes" ou les "pessimistes" seront sûrement remis en question avec le recul lorsque les chercheurs reprendront l'ensemble des données une fois l'épidémie derrière nous.
Bonne nuit