[gipsy]

Bonjour , mon mari (coordinateur électrique ) et moi souhaiterions nous installer au Québec. J'aimerais savoir si la réglementation est la même qu'en France ou s'il faut qu'il fasse une nouvelle formation ?

[jclf]

Je me permet une réponse, car même 3 ans et demi après celle-ci peut donner lieu à une discussion constructive.

Les remontées mécaniques au Québec sont assujettis au chapitre VII du Code de construction et au chapitre V du Code de sécurité. Tout le détail est disponible ici : https://www.rbq.gouv...mecaniques.html

Si tu souhaites comparer à la réglementation française, elle est disponible à cette adresse : http://www.strmtg.de...ments-r170.html
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PS : faudra que je lise tout ça un jour, par pure curiosité (...et un poil de masochisme ?)

Ce message a été modifié par jclf - 20 avril 2017 - 01:05 .

[Velro]

Les ingénieurs étrangers doivent-ils toujours passer un examen spécial pour utiliser ce titre au Québec? Je n'ai pas vérifié si c'est toujours le cas.

Pour l'électrotechnique, la pratique nord-américaine (UL/CSA) diffère passablement de la pratique européenne basée elle sur les EN du domaine électrotechnique (normes européennes du CENELEC, en partie harmonisées IEC).
Pour le contrôle-commande on arrive encore à peu près à s'y faire, par contre pour le courant fort basse tension c'est assez différent, en particulier aussi pour ce qui est des protections. Le câblage est également très différent (tubes flexibles genre Anaconda, fils tirés dans des tubes en acier, etc.). Sans compter la manière totalement différente de faire les schémas, à mon avis les schéams US sont de loin plus difficiles à lire que les schémas électriques européens et allemands en particulier (qui font référence).
Paradoxalement les codes des fonctions de protection ANSI/IEEE ("Device Numbers") sont utilisés également en Europe (les code EN sont eux trop compliqués), en général pour les relais de protection en moyenne tension et, surtout, en haute tension.

Bonne chance avec les rangées de portes de tableaux verrouillées avec une tringle lorsque l'installation est sous tension! Génial pour rouvrir une porte quand il y a un problème avec la tringle ou le flexible de manoeuvre... Sans compter certaines couleurs de conducteurs très bizarres pour nous Européens, les schémas d'alimentation avec couplage de transfos surprenants sont également source de dépaysement.

Ce message a été modifié par Velro - 20 avril 2017 - 06:44 .

[jclf]

Velro, le 20 avril 2017 - 06:33 , dit :

Les ingénieurs étrangers doivent-ils toujours passer un examen spécial pour utiliser ce titre au Québec? Je n'ai pas vérifié si c'est toujours le cas.

Oui/Non, en fait ça dépend d'accords bilatéraux avec les pays, car ici le titre d'ingénieur (et donc la capacité à prendre les responsabilités, primordial en particulier dans le bâtiment) est régi par un ordre (Ordre des Ingénieurs du Québec). Il existe un entente entre la France et le Québec, ainsi qu'avec d'autres pays (liste ici), mais ce n'est pas le cas de Suisse.

Le cheminement général interactif est visible à cette page : https://www.oiq.qc.c...scription.aspx#

Dans mon cas (France/Québec) :
1. Il a fallu faire toute une procédure pour bien prouver qu'on a le diplôme (envoi de document directement par l'école) + divers documents administratifs + payement des frais (625 $ canadiens...)
2. Ensuite une commission de l'Ordre examine le dossier. Celle-ci peut prescrire des examens si le niveau n'est pas comparable (mais cela ne concerne pas la France, pour les diplômes reconnus).
3. La réponse tombe : oui ! On dispose alors d'un Permis Restrictif Temporaire en Génie. Il faut alors immédiatement s'inscrire aux tableau de l'Ordre des Ingénieurs du Québec et donc payer la cotisation annuelle pour les mois restant avant le renouvellement annuel de fin mars (environ 500$ pour une cotisation annuelle).
4. Enfin, on dispose du titre d'Ingénieur Junior (peut importe son age et son expérience). Il s'agit d'une période de juniorat incontournable.
5. Pour obtenir le titre d'Ingénieur (tout court), il faut prouver de 3 ans d'expérience en génie sous la direction d'un ingénieur, dont au moins 1 an au Canada (l'expérience hors Canada peut dater d'avant la demande de reconnaissance). Ce qui fait que tout immigrant est de fait au moins un an Ingénieur Junior sous la direction d'un Ingénieur qui signe tous ses plans.
6. Pendant la durée du juniorat, il faut bien entendu continuer à payer sa cotisation à l'Ordre. Et à la fin de celui-ci, pour obtenir le titre d'Ingénieur (tout court) il faut passer un ultime examen professionnel (examen non technique portant sur le droit, les principes juridiques et les pratiques professionnelles).
7. Enfin, le titre d'Ingénieur est là !
8. Ta cotisation annuelle du payera (qui inclus l'assurance professionnelle, peut être réglée par l'entreprise), tes heures de formation obligatoire (30h par période de 2 ans) tu fera.

Donc c'est un peu le parcours du combattant (et un soucis de plus quand on immigre) mais comparativement aux autres diplômes dont le Ministère de l'immigration du Québec ne donne d'un avis sur un diplôme équivalent, le process est, si on rentre dans ses critères et qu'on respecte les règles et échéances, certain d'amener à la reconnaissance et au titre.

Ainsi, par exemple si toi, Velro, avec (on imagine pour le cas le plus simple) un titre d'ingénieur français, faisait toutes ses procédures, tu passerait un an sous la direction d'un ingénieur qui peut être plus jeune que toi, avec moins d'expérience (cas véridique qui m'a été rapportée), qui va valider tout ce que tu fait, pendant un an. Pour les personnes qui l'on vécu, c'est déroutant et il faut ravaler son égo .
Sinon, dans un pire cas, avec un diplôme suisse non reconnu (qui ne vaut rien ), tu pourrais avoir à repasser au préalable des examens techniques préalables. Enfin, le pire des cas oblige à retourner aux études (il ne me semble pas qu'il existe ici de reconnaisses des acquis par l'expérience pour le titre d'ingénieur qui nécessite quand même de sortir d'une école d’ingénieur, d'ailleurs c'est le cas en France, peu importe ton niveau réel et ton expérience, sans le diplôme délivré par une école habilité, pas de titre), ce qui est assez courant ici.

Certains milieux professionnels ne nécessitent pas le titre d'ingénieur (ex : un programmeur, même si c'est le cas également possible en France) et certaines entreprises ne demandent pas à tout le monde le titre, par exemple un planificateur de travaux sorti d'une école d'ingénieur n'a pas stricto sensus besoin de porter le titre (pas de plans à signer), même s'il le devrait si on suit l'esprit de l'ordre et du titre (mais ici il n'y pas de hiérarchie à la française du style : moi ingénieur versus toi technicien, même si je doit l'avouer que je n'ai pas encore l'expérience locale pour le confirmer, et de toute façon les pratiques varient d'une entreprise à une autre).


A noter qu'ici, utiliser un titre d'ingénieur alors qu'on en possède pas un (c'est à dire inscrit à l'ordre et avoir le titre d'Ingénieur tout court) est puni par la loi (idem pour Ing. Jr.). On peut donc avoir un CV avec diplôme d'ingénieur pas le titre en question !

De plus, on peut être déchu de son titre par l'ordre, ce qui n'est pas le cas en France vu que le titre est lié au diplôme.

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Ensuite, au sujet des pratiques qui diffèrent, et ça je l'ai connu ici en école :
- le vocabulaire (j'ai un collègue ingénieur textile qui est arrivé il y a quelques temps, il nageait en plein océan de terminologie inconnue, il à remercié depuis le Grand Dictionnaire Terminologique !), souvent un mot anglais francisé prononcé à la québecoise (ex classique : une composante), ou le mot anglais tout court dont on ne connait pas ou mal la traduction française (ex : gear, ce qui sur une vue en coupe d'une éolienne donne : boite de vitesse = la gear box....),
- et la folie des mesures impériales (ft, inc, gal, ft², inc³, etc...), le Best étant les systèmes hydrauliques où on part de données impériales, on converti tout ça dans le système métrique (ben les formules, elles marchent mieux dans les unités SI) puis on retourne à l'impérial car le vérin que tu achète, ben la surface du piston il te la faut en pouces cubes, ton débit on l'attend en gallons par minutes (et la tu découvre que 1 gal = 231 inc³ , pourquoi faire simple quand on peut compliquer la vie de tout le monde... ).

Mais surtout tu découvre ensuite que c'est pareil en cuisine, ou au lieu de 200 g de farine et 300 g de pommes, il te faut 3/4 de tasses d'huile de canola, 1/4 cuiller à soupe de sucre et 1/2 cuiller à thé de sel, à faire cuire 1h 35 minutes (enfin un système d'unité identique ! Il auraient quand même pu adapter le temps décimal ) à 450°F (mais là, le four il se programme en °C, et pour les tasses, etc. il existe heureusement des ustensiles "poupée russes" dédiés ! ).
Et pour conclure avec des conversion à la volée, j'attends d'aller au états unis avec un compteur de vitesse en km/h...

Ce message a été modifié par jclf - 20 avril 2017 - 17:08 .

[Velro]

Merci bcp pour ta réponse très détaillée.

Perso je n'ai jamais compris comment en tant qu'ingénieur on arrivait à se débrouiller avec les unités de mesure impériales, tout semble tellement plus logique avec le système métrique (SI).
Surtout qu'en plus on est confronté en partie à des fractions non décimales, p.ex. des cotes avec les 1/2^n fractions de pouce (p.ex. 4 11/64" pour 4 pouces + 11/64 de pouce), ce qui est tout sauf intuitif. Sans compte l'usage courant qui fait encore appel des unités exotiques comme le poids de personnes en "stones" (rien à voir avec Emma no Sharon) chez les Anglais, les BTU et j'en passe.

Même pour la consommation d'essence ou Diesel d'un véhicule automobile on parle de miles per gallon (la correspondance métrique serait des [km/litre] ou, en SI, des [m/m3] ou [m^-2]) alors que chez nous en Europe on parle de litres par 100 km (en SI ce serait [m3/m], donc formellement parlant des [m2] mais cela laisserait les gens perplexes si dans les pubs pour les voitures la consommation était indiquée en [m2]). :)/>

Pour les calculs un tant soit peu compliqués la conversion des unités devient vite infernale et on perd la notion de plausibilité du résultat. Souvent en tant qu'ingénieur quand on effectue un calcul on connaît un ordre de grandeur approximatif du résultat pour savoir s'il est plausible ou non. Avec les systèmes d'unité peu familiers c'est souvent impossible.

Il y a longtemps j'avais une fois vaguement envisagé de m'établir au Canada mais paradoxalement le bête prétexte du climat trop rigoureux en hiver m'a empêché de me pencher plus en détail sur cette option. Cela dit le Canada m'aurait bien plu car j'ai toujours eu l'impression que les Canadiens étaient parvenus à faire un mix entre la culture US et la culture européenne tout en ne reprenant pas certains aspects négatifs. P.ex. les grandes autoroutes superlarges avec sorties indiquées en km ou miles (je suppose que c'est le cas aussi au Canada) et les villes quadrillées à l'américaine (très pratique pour trouver une adresse) mais avec des restes de culture européenne et surtout pas cette horrible cuisine US... C'est évidemment un peu caricatural (comme ici, lien image: http://content.iwast...58-heckyeah.jpg). :)

Cela dit cela m'a au moins évité le parcours du combattant pour revalider mon diplôme d'ingénieur suisse (les Dix Commandements de l'ingénieur québecoi? très peu pour moi et en plus cotiser pour des assoc, non merci; si ça continue ce sera comme pour les films avec les acteurs devant être membres du SAG pour participer aux productions autres que "indépendantes", tu parle de libéralisme économique). :)
Je n'ai aucune envie de me replonger dans des maths poussées, depuis les études je n'y ai plus eu recours en pratique.

Ce message a été modifié par Velro - 24 avril 2017 - 07:15 .