TSF2 Tuc de l'Etang - Le Mourtis (Haute-Garonne)
#2
Posté 13 octobre 2016 - 22:58
La dynamique insufflée à la fin de la seconde guerre mondiale par la reprise des activités touristiques autour de pôles tels que Super-Bagnères (Haute-Garonne) puis Saint-Lary (Haute-Pyrénées) a essaimé rapidement dans les Pyrénées Centrales et Ariégeoises où des skieurs téméraires ouvraient maintenant leurs propres itinéraires en randonnée à ski
Des sites tout particulièrement beaux et accessibles (pistes d'exploitations forestières et desserte ferroviaire en fond de vallée) voyaient se réunir durant les vacances et les week-ends des groupes de passionnés constitués à parts sensiblement égales de montagnards locaux et de pyrénéistes citadins qui avaient découverts ces sites l'été et y revenaient maintenant chaque hiver
Les cirque D'escalas à la sortie de la forêt (vue vers le sud-ouest)
Le cirque d'Escalas (vu vers le nord-est depuis le col situé entre le Tuc de l'Etang et le pic de l'Escalas) - En arrière plan : l'étang de Boutère, la combe dite "de Grégoire" -qui est aujourd'hui en partie noyée par le réservoir qui alimente le système de production de neige artificielle- et les crêtes de la serre de Guran qui descendent vers la vallée de Coulédoux et du Ger (nom du cours d'eau qui nait dans la très sauvage et humide "Coume" éponyme -sur le territoire de la commune de Melles- pour descendre ensuite vers Aspet)
Vue vers le versant sud : la vallée de Melles, les crêtes frontalières, le Montlude (en arrière plan à gauche en Espagne)et le massif de la Maladetta en fond
Ce message a été modifié par pan - 15 octobre 2016 - 00:25 .
#3
Posté 14 octobre 2016 - 18:53
Les possibilités de financement s'élargissant sensiblement avec l'avancement du projet, l'appel d'offres organisé en 1964 a vu concourir POMAGALSKI et MONTAZ-MAUTINO pour la fourniture d'un télébenne debout biplace et d'un téléski, descriptif redéfini ultérieurement comme un TSF2 et un téleski de type brevet POMA, concours qui fut remporté par MONTAZ-MAUTINO auquel il fut ensuite demandé de chiffrer deux téléskis de type D-40 à gauche 37 suspentes 113m de dénivelée et D-6 à droite 12 suspentes
Les travaux commencèrent par le montage du téléphérique de chantier nécessaire à l'acheminement des matériels illustré ci-après
Amarrage (versant sud du Tuc de l'Etang)
Pylône sommital (chèvre, transversales et marches d'accès en sapin)
Nacelle sous chariot tandem en chemin (en arrière plan à droite le massif dolomitique du Gar et le Pic Saillant
Poulie supérieure sous chariot tandem
Pylônes en chemin
Ce message a été modifié par pan - 14 octobre 2016 - 18:55 .
#5
Posté 14 octobre 2016 - 19:02
La station d'arrivée
La 1ère cabane sommitale et l'entrée de la piste Noire du Tuc de l’Étang
L'histoire du TSF2 du Tuc de l’Étang est indissociable de celle des premiers bâtiments en dur qui succéder aux cabanes forestières : du grand Chalet-Refuge du Mourtis (qui deviendra l'Hôtel du Tuc de L’Étang), de la chapelle du Mourtis et des deux grands chalets faux-jumeaux construits par la Régie autonome des pétroles (RAP - créée le 29 juillet 1939 pour exploiter le champ de gaz de Saint-Marcet-31) et de la Caisse d'Allocations Familiale d'Agen.
En construction
Atmosphères (1)
La grande salle à manger du Chalet-Refuge du Mourtis, son feu allumé dans sa large cheminée en pierres et son bar seront pendant une douzaine d'années le point focal de la vie de la station.
S'y retrouvaient pèle mêle dans un sympathique brouhaha pour se réchauffer, se restaurer, ou attendre une amélioration météo, skieurs, montagnards, moniteurs de ski, employés de la station ainsi que le bureau du directeur de station.
Le logement de fonction de ce dernier -construit quelques années plus tard- sera un autre un chalet de forme delta isocèle construit à quelques mètres à l'ouest de celui-ci (une formule architecturale originale qui essaimera ensuite, dans la station puis dans les vallées avoisinantes (Chalets de vacances - commune de Cierp-Gaud à l'entrée de la vallée de Luchon.
Tous se connaissaient ou presque d'un bout à l'autre de la station au bout de quelques saisons à peine
Se reconnaissaient plutôt
Car si l'on parle aujourd'hui de station "familiale" en citant Le Mourtis, c'était à l'époque une vrai "tribu" qui se constituait et se réunissait ainsi chaque hiver pour célébrer la beauté du lieu et raviver sa magie
En situation
En arrière plan, le massif de l'Escalette à gauche - Au loin à droite l'antécime ouest du massif de Cagire
Ce message a été modifié par pan - 16 octobre 2016 - 15:51 .
#6
Posté 14 octobre 2016 - 20:34
Plus que des lumières magnifiques zébrées par l'ombre des sapins, des panoramas éblouissants et des descentes enivrantes en poudreuse, la signature du Mourtis ce sont des bruits.
Celui des petits gazouillis de rares enfants ayant du mal à se réveiller (j'en étais), serrés contre leur mère dans la moiteur de la cabane de départ, le crissement de la neige remuée avec vigueur et force éclats de voix : ceux d'une bande de skieurs passionnés s'activant aux pelles avec les employés de station à dégager la plateforme de départ, piaffant d'impatience de plonger dans la forêt noyée dans la neige fraiche, pour en découdre, zigzaguant entre les sapins avec des skis de plus de deux mètres aux pieds.
Et le signal d'appel du téléphone deux fils du groupe électrique de sécurité type D.G., une espèce de gémissement d'appeau que l'on aurait branché sur un ampli dézinguée (j'essaie d'expliquer pour les plus jeunes...) qui était immanquablement suivi de quelques parasites et d'une voix crachotante semblant tomber du ciel pour donner des nouvelles du "front".
Difficile d'imaginer que là-haut, dans la brume, des techniciens se battaient avec des sécurités gelées et des galets récalcitrants pour que pas plus d'une centaine de sportifs givrés et collés sur des sièges oscillants pour l'instant dans le vent jusqu'à heurter les pylônes puissent enfin trouver leur bonheur dans une tempête de neige.
Bonne lecture
Ce message a été modifié par pan - 16 octobre 2016 - 15:53 .
#10
Posté 14 octobre 2016 - 21:28
https://vimeo.com/70850388
Une petite VISITE AÉRIENNE du site en fin de travaux d'aménagement au Mourtis en 2013 (décollage à coté de la motrice du TKD Batinore - Cf. : http://www.remontees...showtopic=20370)
A noter en fin de vidéo les cicatrices encore bien visibles des débordements de la Garonne qui ruina cette année là une partie de la ville de Saint-Béat
Ce message a été modifié par pan - 14 octobre 2016 - 23:56 .
#11
Posté 14 octobre 2016 - 22:34
Vu du ciel, le massif d’Escalas ressemble étonnamment à un silex taillé préhistorique fiché dans le sol et dont l’arête tranchante pointerait vers le ciel.
Il a donc tout pour inspirer au parapentiste de passage le respect que l’on doit aux vieilles lames damas si tranchantes mises au point en Espagne à partir du Wootz découvert par les Européens lors des premières croisades.
Et la comparaison ne s’arrête pas là, ses origines minérales étant aussi faites de ruptures et de plissements complexes martelées par les temps géologiques !
Le centre des Pyrénées présente en effet une architecture étonnante. Alors que la majorité de la chaîne s’organise autour d’une arête est-ouest d’où descendent des vallées perpendiculaires, telles celles de Luchon ou d’Aure, de grands sillons y cheminent selon des axes est-ouest sur près de soixante dix kilomètres, entre la haute vallée de la Garonne et Ax-les-Thermes.
NB: les images suivantes sont extraites d'un panoramique réalisé à un peu plus 3 300 m verticale le Mourtis
A l’origine de celles-ci, le soulèvement d’un fond marin provoqué le jaillissement des Pyrénées. Il souleva ces épaisses strates calcaires, faites des corps des organismes marins morts et accumulés pendant des temps immémoriaux , encore bien visibles à l'Escalette, jusqu’à provoquer la rupture de celles-ci, le bord s’effondrant dans la plaie béante entourant le socle granitique rajeuni qui resurgissait alors au centre du massif.
Le magnifique Tuc de Pan, comme ces semblables plus à l’est, ne serait-il donc qu’un tas de gravats émiettés et tordus oubliés au bord d’un colossal chantier ?
Ce serait oublier les quelques millions d’années qui suivirent durant lesquelles la puissance de l’érosion des glaciers qui furent contraints eux aussi, un temps, de s’écouler parallèlement à la chaîne. Puis ces glaciers trouvèrent des passages naturels vers la plaine, tels qu’il en subsiste encore les traces au col de Caube.
Au centre de la photo le village de Boutx - A gauche le défilé de Saint-Béat et les vestiges de ses carrières de marbre blanc - Derrière Boutx le massif du Gar avec le Pic Saillant ( visite aérienne en 1992 : https://vimeo.com/67464421 ) dominant les falaises calcaire tombant sur les villages de Bezins-Garraux et d'Eup - A droite l'Escalette (estives)
Imaginez un instant le panorama offert par le front de glace et les séracs qui dominaient la plaine de Juzet, encadrés par le Gar et le Cagire !
Ils élargirent ces passes jusqu’à ce que n’intervienne l’actuel réchauffement relatif de notre époque glacière (je sais, cela étonne toujours que l’on rappelle que la Terre est effectivement dans une époque glacière. Mais c’est pourtant bien le cas à l’échelle des temps géologiques pour lesquels notre époque n’est qu’un instant infinitésimal...), avant d’être remplacés à l’œuvre par des centaines de torrents et des rivières charriant chaque jour des millions de tonnes d’alluvions qui remodelèrent tout cela en s’enfonçant plus profondément dans le sol, tranchant les derniers verrous comme celui de Saint-Béat, et abandonnant en altitude les versants patinés par le temps qui nous sont aujourd’hui familiers.
Bon, je pars en vrille là... (parapentiste, aussi)
Tout ça pour dire que pour réaliser des fondations qui tiennent la route dans le massif d'Escalas, il faut avoir de bonnes connaissances, l'esprit ouvert, le ciment et le fer torsadé "généreux" (e.g. marchés de gré à gré plutôt que forfaitaires) et faire preuve de bonnes capacités d'adaptation.
Ce message a été modifié par pan - 16 octobre 2016 - 15:55 .
#12
Posté 14 octobre 2016 - 23:10
#14
Posté 15 octobre 2016 - 14:02
Ca te tente ?
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Je lance ici un appel à collaboration
Le Mourtis entre dans sa 51ème année d exploitation cette saison !!
AFIN DE RETRACER CETTE ExTRAORDINAIRE AVENTURE NOUS COLLECTONS tous documents et/ou photos témoignant de son histoire.
L objectif : Rendre hommage à ses batisseurs en numérisant les documents prêtés pour une expo photo ainsi que pour créer un fonds documentaire.
Alors un peu de courage !!! Tous dans vos greniers .... combien de personnes ont appris à skier, travaillé ,ou se sont baladees dans cette station si chére à nos coeurs!
Merci de votre précieuse collaboration !
#15
Posté 17 juillet 2019 - 22:11
Début de la montée avec mon grand-père sur le siège visible :
https://www.vo2cycli...ng_1_Et1968.jpg
Début de la descente avec une vue floue de la ligne et la crête Pique-Poque & Cagire, objet principal de la diapositive :
https://www.vo2cycli...ng_2_Et1968.jpg
Ce message a été modifié par arbisman - 18 juillet 2019 - 23:42 .
Raison de l'édition : photos surdimensionnées