Pour donner suite à la belle
vidéo de Gondelbahn Monde et pour mettre à jour le sujet, je poste ici cet
article de l'ArcInfo relatant la démolition du téléski "Les Hauts-Geneveys - Tête de Ran (Les Gollières)" :
Citation
Val-de-Ruz: le téléski des Gollières sera démonté
ArcInfo - par Matthieu Henguely, 10.04.2024
Le téléski des Gollières sera démonté d’ici l’été. C’est par un communiqué diffusé ce mercredi 10 avril en début d’après-midi que la Commune de Val-de-Ruz tire définitivement le rideau sur la pratique du ski de piste dans cette partie de la vallée.
Le document indique que «la société exploitante de l’installation – à l’arrêt depuis de très nombreuses années – et la Commune ont trouvé un terrain d’entente afin que le téléski soit démonté», précisant que les travaux seront à charge du propriétaire.
Bâtiment de départ vendu
Cet accord a été conclu entre la Commune et la société à responsabilité limitée TDTDR en parallèle à la vente du bâtiment – situé sur terrain communal – abritant la station de départ du téléski, précise Yvan Ryser, conseiller communal chargé, notamment, des bâtiments.
«Le nouvel acquéreur du bâtiment imposait d’être propriétaire du terrain. Il fallait trouver un moyen de libérer cette vente et la Commune était prête à céder une partie de terrain pour autant que l’on puisse régler les autres questions autour du téléski.»
Elle a dès lors délivré un permis de déconstruire. Les travaux doivent ainsi commencer «dans les prochaines semaines» et se terminer d’ici l'été. La Commune précise que les pylônes du remonte-pente, les stations de départ et d’arrivée ainsi que la ligne disparaîtront.
A l’inverse, les socles en béton des pylônes resteront en place. Ceux-ci sont «déjà partiellement recouverts par la végétation», précise le communiqué. «En l’absence d’activité, il s’est créé une riche biodiversité tout au long du tracé qu’il serait dommage de piétiner avec des machines de chantier.»
Projet de télésiège abandonné
Cette déconstruction met également un point final aux projets de développement des Gollières. En effet, un rapport sur le tourisme vaudruzien parlait encore, en 2021, d’un possible télésiège qui aurait pu relier Les Hauts-Geneveys et la crête de Tête-de-Ran.
«Ce projet était allé assez loin et nous aurions pu le soutenir», précise Yvan Ryser. Cependant, des oppositions y ont mis fin.
«Tout ne s’est pas fait en raison des oppositions du WWF et de Pro Natura», remarque le propriétaire de TDTDR Sàrl, qui préfère que son nom ne paraisse pas dans nos colonnes. Lancé avant le Covid, le télésiège imaginé aurait amené les touristes et les skieurs à une buvette avec vue sur les Alpes ainsi qu’à d’autres infrastructures de loisirs.
Démarrant depuis les places de parc proches de la route cantonale, le télésiège aurait fait un coude pour rejoindre le tracé du téléski.
«Ce projet aurait pu profiter à beaucoup de personnes», regrette le propriétaire, qui n’aura jamais pu faire fonctionner le téléski, à l’arrêt depuis une dizaine d’années.
Incident en 2005
La société TDTDR avait en effet racheté le téléski à son ancien exploitant Daniel Besson, qui avait remis l’installation en état en 2008 et l’avait brièvement rouverte. Avant cela, les Gollières étaient déjà à l’arrêt à la suite d’un accident qui avait eu lieu en 2005.
Le 16 octobre, alors qu’un groupe avait loué la buvette des Gollières, trois enfants avaient grimpé sur le contrepoids en béton qui tendait les câbles du téléski, entraînant, pour une raison alors indéterminée, la chute de ce contrepoids. Le câble ainsi libéré avait provoqué de gros dommages, sans faire de blessé pour autant, expliquait début 2006 l’exploitante de l’époque, Isabelle Etienne.
La Commune de Val-de-Ruz précise encore qu’elle participera avec leurs propriétaires respectifs à d’autres discussions au sujet des installations de la Serment et de Tête-de-Ran, également à l’arrêt depuis de longues années.
Quant au tracé du téléski, il sera rendu complètement à la nature. «Finalement, ça ne change pas grand-chose par rapport à aujourd’hui», note Yvan Ryser, le secteur n’était déjà plus identifié comme zone de sport et de loisirs, mais comme zone de crête et de forêt.
Le téléski est donc démonté après environ 12 ans d'arrêt, et il y a fort à parier que les téléskis de La Bosse et de La Serment suivront bientôt (leur exploitation n'aurait plus beaucoup de sens sans le téléski des Gollières). C'est vraiment dommage que le projet de télésiège n'ait pas pu aboutir. En effet, le ski à cette altitude et avec cette exposition n'a plus vraiment d'avenir, même s'il y aurait bien sûr des hivers où l'installation pourrait tourner quelques semaines. Ce devait être de belles et longues pistes, probablement les plus intéressantes de la région et face à un panorama exceptionnel, mais il faut s'avouer vaincu par le réchauffement climatique. Notons quand même que c'est l'unique station neuchâteloise qui avait mené une étude assez poussée pour installer des canons, mais ça s'est évidemment avéré trop coûteux.
En revanche, un télésiège en lieu et place du téléski (qui remplace lui-même une vieille télécabine) aurait eu tout son sens. Déjà parce que le départ est un endroit stratégique (à quelques minutes à pied de la gare et au bord de la route de la Vue des Alpes reliant la Chaux-de-Fonds à Neuchâtel. Mais aussi parce que le sommet vaut vraiment la peine, avec un panorama 360° magnifique et une superbe vue sur les Alpes. Le coin est vraiment beau et une buvette au sommet avec terrasse panoramique aurait certainement eu du succès. De plus, le télésiège aurait donné accès à plusieurs sentiers de randonnées notamment sur les crêtes. On aurait aussi pu imaginer du VTT, avec les nombreux parcours qui sillonnent la région. Les parapentistes sont également très nombreux à monter la haut pour décoller. Grâce à l'exposition ensoleillée, le télésiège aurait pu tourner en mode "estival" dès le printemps et jusqu'aux portes de l'hiver. Et en hiver justement, le télésiège aurait pu donner accès aux deux autres téléskis qui descendent moins bas en altitude et qui pourraient être ouverts un peu plus régulièrement. Il aurait aussi et surtout permis de donner accès à une belle piste de luge, aux sentiers raquettes et piétons sur les crêtes ainsi qu'à la longue piste de ski de fond.
Bref, pour moi, s'il y avait bien un endroit dans l'arc jurassien où un domaine skiable avait eu une chance de se tourner vers du 4 saisons intéressant, c'était la Tête de Ran. Les autres domaines n'en vaudraient souvent pas vraiment la peine en été excepté pour du VTT. A la Tête de Ran, entre la multitude d'activités possible sans construction de trop d'infrastructures annexes, le panorama exceptionnel et l'accès aisé, ça aurait vraiment eu une chance, notamment à l'ère du MagicPass. On a l'exemple avec la Robella qui tourne assez bien et qui pourtant ne propose presque plus de ski (mauvais enneigement), et qui n'a pas le même panorama que la Tête de Ran.
Certes les raisons de l'abandon sont certainement aussi financières, mais visiblement ce sont les oppositions qui ont vraiment fait capoter le projet. On voit une fois encore que les associations telles que ProNatura ou WWF affichent en façade qu'elles sont pour des projets 4 saisons durables, mais en réalité elles ne sont pour rien du tout. Elles ne souhaitent que la disparition de toute économie touristique un tant soi peut intéressante et la disparition de toute infrastructure hors zone urbaine. La Tête de Ran aurait été un exemple 4 saisons, mais non, les quelques mètres carrés utilisés par deux gares et un restaurant valaient mille fois plus qu'une infrastructure touristique utilisable toute l'année par les touristes et les habitants et jeunes de la région... C'est d'autant plus hypocrite que le Jura est déjà une zone immensément préservée et que les quelques domaines skiables qui y subsistent ne vont probablement pas durer des décennies. Je ne vois vraiment pas en quoi un télésiège ça et là dans le canton nuisent aux valeurs que prônent ces associations à savoir l'écologie et la préservation de la nature... Le projet ne consistait pas en un téléski utilisable uniquement l'hiver avec un réseau de canons... Mais tant pis, les touristes monteront en voiture à la Tête de Ran comme ils le font déjà, iront en voiture dans les préalpes pour profiter d'infrastructures touristiques, et elle est belle l'écologie !