[nicobsa]

Sir Arthur CONAN DOYLE était un habitué de la station de DAVOS (Suisse) et y avait découvert le ski au point qui, le 23 Mars 1894, il avait réussi à atteindre à skis le col de la Furka en compagnie des frères Branger. Il déclara alors au Strand magazine : « la descente de la montagne qui, en été, est une fatigue presque aussi grande que la montée, n´est plus, en hiver, qu´un délicieux plaisir auquel je ne saurai en comparer un autre ». Il avait néanmoins ajouté : « mon tailleur m´avait garanti que l´ « Harris tweed » était indestructible. Eh bien, il s´agit d´une vue de l´esprit qui ne résiste pas à l´expérience : s´il se donne la peine d´aller se promener entre la Furka et Arosa, il y trouvera de nombreux lambeaux de son étoffe renommée ».
Mais Conan Doyle parla aussi de la façon dont il utilisait ses skis.
« Extérieurement, une paire de skis ne présente en soi rien d´extraordinaire et personne ne peut, à première vue, imaginer la nature de leur pouvoir magique. Vous les chaussez, vous vous retournez, souriant, vers vos amis pour vérifier qu´ils vous regardent et, au même instant, vous vous précipitez comme un fou la tête dans un tas de neige et vous vous débattez jusqu´au moment où, à moitié relevé, vous enfoncez à nouveau dans la neige sans espoir de salut. Vos amis jouissent ainsi d´un spectacle dont ils ne vous croyaient pas capable. Cela est à peu de choses près ce qui arrive généralement à un débutant. En tant que tel, on s´attend à des difficultés et l´on est rarement déçu mais, lorsque vous avez réellement réussi à faire des progrès, les choses se gâtent encore car les skis sont des engins les plus capricieux du monde. Un jour tout marche à merveille, une autre jour, avec la même neige et dans les mêmes conditions, vous n´arrivez à rien. Leur malice se manifeste précisément au moment où l´on s´y attend le moins. Accroupi au sommet d´une pente, vous vous préparez à effectuer une descente rapide mais vos skis se mettent en marche et vous tombez en avant la tête la première. Ou bien vous vous trouvez sur une surface plate comme une table de billard et, un instant plus tard, les voilà qui filent vers le bas comme des flèches, vous laissant à l´envers contemplant le ciel. Pour un homme affligé par un sens exagéré de la dignité, le ours de ski norvégien est alors particulièrement recommandé « .
Et Conan Doyle, aussi intuitif que son héros Sherlok Holmes, ajoutait : « il n´est pas loin le temps où la Suisse et le Tyrol seront envahis en Janvier, Février et Mars, par des légions de touristes, amateurs de ce sport ».

Origine document : Yves BALLU « l´épopée du ski »