Au sommaire :
- Serre Chevalier Vallée
- Le téléphérique de Serre Chevalier
Le temps des 2 tronçons
Une seconde section pour un sommet mythique
Caractéristiques - Ligne et infrastructures
La gare aval
La ligne
La gare amont
Véhicules et pinces
Au cœur du téléphérique de Serre Chevalier
Autres vues - Conclusion
Serre Chevalier Vallée
La station de Serre Chevalier Vallée est située dans les Hautes-Alpes, à environ 3h30 de route de Marseille et de Lyon.
Implantée dans la vallée de la Guisane, affluent de la Durance prenant sa source au Col du Lautaret, Serre Chevalier Vallée se compose de 3 ensembles de villages et d’une ville : Briançon, Chantemerle, Villeneuve et Le Monêtier-les-Bains. Le domaine s’étend sur 250 kilomètres de pistes tous niveaux. Celles-ci alternent murs en forêt, chemins avec vue imprenable sur la vallée de la Guisane et de la Durance et champs de bosses pour les skieurs les plus expérimentés.
Ces pistes sont desservies par 61 remontées mécaniques allant du tapis roulant à la nouvelle télécabine de Ratier. Le domaine compte d’ailleurs le premier DMC au monde, celui du Pontillas. Les remontées mécaniques de Serre Chevalier Vallée sont composées de 7 tapis et télécordes, de 26 téléskis, de 11 télésièges à pinces fixes, de 10 télésièges à pinces débrayables, de 5 télécabines, d’un DMC et un téléphérique exploité uniquement en été.
L’histoire de Serre Chevalier Vallée a commencé en 1941 avec l’inauguration du premier téléphérique, reprenant le nom du sommet qu’il atteint : le Serre Chevalier. Ensuite, le développement de la liaison avec Villeneuve et des secteurs de l’Aravet, du Prorel et des combes au-dessus de Serre Ratier s’est accéléré jusqu’à l’incendie du téléphérique en 1983. En cette année, la décision est prise d’ouvrir la liaison avec Le Monêtier-les-Bains avec l’installation de plus de 12 remontées mécaniques ! De plus, un nouveau téléphérique est construit sur le tracé de l’ancien. Celui-ci réutilise beaucoup d’éléments du premier appareil. 1983 restera l’une des dates importantes dans la création de Serre Chevalier.
En 1989, le domaine de Briançon est créé avec l’installation de 9 remontées mécaniques dont le fameux télésiège de Puy Chalvin (qui n’a pas fait une saison et qui a été revendu par la suite). Depuis 2004, la station est gérée par la Compagnie Des Alpes (CDA) qui renouvelle progressivement le parc de remontées mécaniques de Serre Chevalier, la plupart des appareils datant des années 80. Le dernier investissement est en date de 2013 avec le remplacement du premier tronçon du téléphérique et de la télécabine de Grand Alpe par la nouvelle télécabine de Ratier.
Chantemerle depuis la piste noire Luc Alphand.
Le téléphérique de Serre Chevalier
Note : Le téléphérique actuel s'appelle Serre Chevalier puisque lors du démontage de la première section, la télécabine qui lui a succédé s'est appelée Ratier. Il n'y avait donc plus de raison d'appeler le téléphérique « Serre Chevalier 2 ».
Le temps des 2 tronçons
Le téléphérique de Serre Chevalier est la remontée la plus ancienne du domaine skiable de Serre Chevalier. Ouverte en décembre 1941, cet appareil a signé la naissance de Serre Chevalier Vallée en gravissant 1191 mètres de dénivelé.
Cet appareil était à l’origine en deux tronçons avec une gare intermédiaire au plateau de Serre Ratier. Les trois gares étaient camouflées dans des chalets en bois. Celui de la gare de Serre Ratier accueillait aussi un restaurant ainsi que l’appartement de service d’un des conducteurs de l’appareil.
La gare aval était située à Chantemerle, au bord de la Guisane et facilement accessible depuis le bourg. Le premier tronçon franchissait la Guisane pour ensuite passer près du hameau des Souliers.
La gare intermédiaire, implantée à 1900 mètres d’altitude, desservait des appareils permettant de se diriger vers tous les secteurs du domaine (Briançon, plateaux de la Rouge et de Fréjus et Eychauda à Villeneuve ainsi que vers le Monêtier-les-Bains). Le second tronçon est orienté vers le sommet de Serre Chevalier en passant par le plateau de Grand Alpe.
La gare amont est implantée directement au sommet de Serre Chevalier.
Voici quelques visuels de cette époque :
La gare aval.
La gare intermédiaire. DR Cucumelle
La fin du second tronçon depuis la gare amont.
La gare amont
Lors de l’incendie de la gare intermédiaire en octobre 1983, celle-ci est totalement détruite. Pomagalski est intervenu pour refaire entièrement la gare, ce qui a permis une réouverture de l’appareil pour la saison 1985/86. Celle-ci était constituée d’une simple structure métallique bleue comprenant les sabots des deux tronçons ainsi que leurs moteurs respectifs.
En 2007, le deuxième tronçon de la télécabine de Grand Alpe est déposé au profit de l’unique télésiège des Combes. Ce nouvel appareil a contraint l’arrêt du deuxième tronçon du téléphérique l’hiver, l’accès au sommet étant assuré par trois télésièges débrayables (Combes, Orée du Bois et Grand Serre). En 2012, SCV Domaine Skiable, exploitant du domaine skiable, décide de remplacer le premier tronçon de la télécabine de Grand Alpe ainsi que celui du téléphérique par la télécabine de Ratier, appareil performant permettant un meilleur débit sur le front de neige de Chantemerle. Construite en 2013, la nouvelle installation reprend le bâtiment de l’ancienne gare aval du téléphérique. L’implantation de cette remontée mécanique a engendré une rénovation de la gare aval du téléphérique de Serre Chevalier (anciennement du deuxième tronçon) qui est détaillée dans la partie adéquate de ce reportage.
La gare aval de la télécabine de Ratier, intégrée dans l’ancien départ du téléphérique.
Une chaîne rénovée pour un sommet mythique
Le téléphérique de Serre Chevalier est situé en épine dorsale du domaine de Chantemerle : en effet, il relie le front de neige d’altitude (Serre Ratier) au sommet de Serre Chevalier (d’où l’on peut aller sur tous les secteurs de Villeneuve et de Chantemerle ainsi que se diriger vers Briançon et Monêtier). Depuis qu’il ne fonctionne plus qu’en été, son rôle et de monter les randonneurs et les VTTistes au sommet, d’où sont accessibles l’ensemble des pistes de VTT DH (VTT de descente) ainsi qu’un itinéraire de VTT Enduro. Les marcheurs pourront se diriger vers les cols du Prorel, de la Pisse, de la Cucumelle ou encore vers le sommet de l’Eychauda qui sont des balades simples. Les plus chevronnés trouveront à l’arrivée du téléphérique un départ de grandes randonnées.
Le sommet du téléphérique est aussi un formidable point de vue à 360°, des Ecrins aux Alpes italiennes.
Il faut noter que depuis la saison 2014/15, une exposition de vieux plans des pistes racontant le passé de la vallée en termes de ski est présente dans la salle d’attente de la gare amont du téléphérique.
Ce dernier dessert donc des sentiers de randonnées mais aussi des pistes de VTT :
- Soupline : Piste verte simple pour débutants, évoluant entre les plateaux de Grand Alpe et de la Rouge et Serre Ratier.
- Ricelle : La Ricelle évolue essentiellement vers les téléskis Bois des Coqs ainsi que vers le tracé de la piste de ski Vallons.
- Alpage : Cette piste rouge permet de rejoindre l’arrivée du télésiège de la Casse du Boeuf ainsi que les pistes Soupline (partie basse), Orée du Bois et Ecoutes.
Situation sur le plan estival :
Caractéristiques
Voici les caractéristiques de l'appareil :
- Caractéristiques Administratives
TBV – Téléphérique bicâble à va et vient : SERRE CHEVALIER
Maître d’œuvre : Creissels
Maître d'ouvrage : Commune de Saint Chaffrey
Exploitant : SCV Domaine Skiable
Constructeur : Applevage et Pomagalski
Année de construction : 1941
Année de rénovation : 1984
- Caractéristiques d'Exploitation
Saison d'exploitation : Eté
Capacité : 40 personnes
Débit à la montée : 400 personnes/heure
Débit à la descente : 400 personnes/heure
Vitesse d'exploitation : 8 m/s
- Caractéristiques Géométriques
Altitude gare aval : 1902 m
Altitude gare amont : 2478 m
Dénivelé : 576 m
Longueur développée : 2313 m
Pente moyenne : 25,75 %
Pente maximale : 53 %
Temps de trajet : 5 min 20 s
- Caractéristiques Techniques
Emplacement gare de tension tracteur : Amont
Type de tension tracteur : Contrepoids
Type de tension porteurs : Ancrage fixe
Emplacement gare motrice : Aval
Type de motorisation : Continu
Puissance développée : 221 kW
Sens de montée : Gauche et droit
Type d'embarquement : De plain pied
Nombre de pylônes : 5
Largeur de la voie : 5,2 m
Dispositif d'accouplement : Chariot à double chapeau de gendarme
Nombre de véhicules : 2
Ligne et infrastructures
La gare aval
La gare aval est la station motrice du téléphérique. Installée en lieu et place de l'ancien intermédiaire du téléphérique de 1941, elle a conservé l'architecture que l'ancienne gare intermédiaire de 1985 avait adopté. Les façades ont cependant été refaites en harmonie avec la télécabine de Ratier : elles arborent désormais du bois et une couleur noire. Le moteur est logé dans un petit bâtiment qui s'encastre parfaitement avec la gare amont de la télécabine de Ratier. Deux sabots sont présents afin de soutenir les cabines lorsqu'elles sont à l'arrêt. Ils sont soutenus par une structure servant aussi de potence de décâblage.
La gare aval est située sur le plateau de Serre Ratier, entre les gares amont du télésiège du Blétonet et de la télécabine de Ratier. Elle est accessible par une rampe en pente douce permettant de faciliter la montée des vélos. Un accès par ascenseur a été aménagé pour les personnes à mobilité réduite par ailleurs.
Vue générale sur la gare aval depuis la fin de la piste du Stade.
Zoom sur la gare aval depuis le même endroit.
Depuis l'accès au Chalet-Hôtel.
Vues rapprochées de la gare.
De trois quarts.
La gare de presque devant.
La gare depuis la zone de débarquement du télésiège du Blétonet.
La gare depuis la rampe d'accès au téléphérique.
L'entrée progressive de la cabine en gare.
Les sabots avec la structure porteuse.
De côté.
Zoom sur un sabot.
Les gardes-fous.
La ligne
La ligne se compose de 5 pylônes dont la base est en treillis et d’origine de 1941. Le survol maximal s’établit à 42 mètres tandis que la portée la plus longue mesure 698 mètres.
La ligne commence dans la même saignée que le télésiège de l’Orée du Bois pour arriver sur le plateau de Grand Alpe au niveau du pylône 3. La ligne passe ensuite au-dessus des télésièges des Combes et du Grand Serre dans la dernière portée qui est aussi la plus longue.
Vue sur la ligne depuis la gare aval.
Le départ avec le télésiège de l’Orée du Bois à droite.
Les pistes Draye et Stade à gauche.
On progresse vers le P1.
Le P1, vue générale.
La portée entre les deux premiers pylônes.
Vers le P2.
Le P2. On peut apercevoir au fond les pylônes trois et quatre.
Passage au-dessus de la piste verte des Trois Croix.
On se dirige vers le troisième ouvrage de la ligne.
Le P3, croisement avec la cabine descandante.
On sort de la forêt. A gauche le télésiège des Combes.
Vers le P4.
Le P4, la ligne arrive sur le plateau de Grand Alpe.
De gauche à droite : les télésiège des Combes, du Grand Serre, de l’Orée du Bois et de la Forêt.
Le dernier pylône, on passe au-dessus du télésiège des Combes.
Le franchissement de cet appareil.
Passage au-dessus du Grand Serre.
L’arrivée en gare amont.
Vue sur les deux derniers pylônes depuis les abords de la gare amont.
La gare amont
La gare amont est en charge de la tension du câble tracteur. D’architecture robuste, elle est classée Monument Historique, notamment grâce à la conservation de la structure de 1941. Depuis l’arrivée, un magnifique panorama à 360° s’offre aux visiteurs, des Ecrins aux Alpes italiennes.
La gare amont depuis la ligne.
Les quais.
La vue depuis le quai central.
Structure de 1941 VS sabots de 1985 !
La sortie de la gare.
En partant vers les pistes de VTT Soupline et Ricelle.
La gare depuis le sommet de Serre Chevalier (2491 m).
La gare amont de trois-quarts.
Vue de côté.
La gare en contre-plongée.
L’entrée progressive d’une cabine en gare amont.
Véhicules et pinces
Le téléphérique de Serre Chevalier est équipé de deux cabines rouges pouvant accueillir 40 personnes debout et 1 cabinier. Ces cabines sont reliées aux câbles par un chariot composé de deux chapeaux de gendarme qui solidarisent le câble tracteur et de 8 galets qui roulent sur le câble porteur.
Une cabine en partance pour le sommet.
Sur le brin opposé, arrivée de la cabine à Serre Ratier.
La cabine de côté.
Une cabine arrivant au sommet de Serre Chevalier.
Depuis la gare amont.
Vue détaillée du chariot.
Avec l’intégralité de la suspente en triangle.
Au cœur du téléphérique de Serre Chevalier
Entraînement du câble tracteur
Le câble tracteur est entraîné en gare aval par un moteur à courant continu relié à une poulie motrice via un réducteur. En raison de la proximité des câbles porteurs, la poulie motrice n’est pas à la largeur de la voie et de ce fait, deux séries de galets fixes permettent la déviation horizontale du câble tracteur. Le tout est intégré dans un bâtiment prenant la forme d’une “caisse” bardée de panneaux noirs.
Le bloc moteur depuis l’extérieur.
La poulie motrice.
Le frein de service et le frein d'urgence, qui agissent sur la poulie motrice.
On voit bien que la poulie n’est pas à la bonne largeur.
Ancrage et tension des câbles porteurs et tracteur
Les câbles porteurs sont enroulés en amont sur des tomes d'ancrage et ancrés en aval par des paniers à salade reliés aux tirants d'ancrage et équipés d'un dispositif de contrôle de force. Ils sont déviés vers les ancrages par des sabots. Le câble tracteur est tendu par un lorry relié à un contrepoids en gare amont. Le tout est placé dans une profonde fosse. Le câble est dévié vers le système de tension par deux poulies redirectrices.
Un sabot en gare aval.
L’autre.
Une poulie redirectrice en gare amont pour le câble tracteur.
Celle du brin droit.
Le lorry de tension : on peut apercevoir la poulie retour.
Commandes
Le téléphérique possède des commandes uniquement en gare aval. Autrement, le lancement des cabines et leur décélération peut être effectuée dans les cabines elles-mêmes.
Le pupitre en gare aval.
Une armoire avec dessus le schéma électrique du téléphérique.
Ici une autre avec notamment les relevés des différents instruments de mesure présents sur la ligne : vent, vitesse des cabines...
L’intérieur.
Le compteur électrique.
Les commandes à l’intérieur de la cabine.
Et celles pour fermer et ouvrir les portes.
Autres vues
Voici maintenant trois photos du paysage visible depuis la gare amont :
Vue vers le Sud.
Vue vers le Nord-Est.
Vue vers le Nord-Ouest.
Conclusion
Le téléphérique de Serre Chevalier est un exemple de reconversion de remontée mécanique : sa tâche hivernale de monter les clients au sommet de Serre Chevalier pouvant être assurée par une chaîne de télésièges, le téléphérique a été fermé l’hiver pour n’ouvrir que l’été. Il a ainsi été conservé pour le plus grand bonheur des randonneurs et des VTTistes. Celui-ci a encore de beaux jours devant lui…
Texte & bannière : Clément05
Photos : Clément05 (le 17 juillet 2014, le 31 juillet 2014 et le 17 août 2015)
A bientôt.