[nicobsa]

Un champion olympique décide de créer une station nouvelle dans un site de toute beauté à près de 2000 mètres d'altitude. Il n'y a que des alpages et un mauvais chemin pour y accéder depuis la vallée.
Notre champion (appelons-le Jean) décide de faire appel à un ami photographe pour réaliser une sorte d'inventaire en images dus futurs terrains de ski. Rendez-vous est pris dans le fond de la vallée au lieudit l'Ardoisière.
* où est la route ? demande le chevalier de la plaque sensible,
* y en a pas, on va prendre la benne à Ulysse, répond Jean,
* qui c'est çui-là ?
* c'est l'ardoisier : tu vois la carrière d'ardoises, elle est tout en haut de la falaise...
Effaré, le photographe découvre un câble... presque vertical (?) se lovant en bas sur un treuil.
* Quoi, c'est ça la benne ? : Un plateau de 4 mètres sur 2 avec de ridicules ridelles de 40 centimètres.
Les deux compères embarquent et c'est parti ! Ulysse a lâché l'autre plateau avec 200 kilos de belles ardoises de montagne...
Littéralement incrusté dans les planches mal équarries du plateau, le photographe ne veut surtout rien voir, mais il entend. Il entend comme des milliers d'abeilles en furie, il jette un oeil : les deux poulies, grosses comme des tartelettes, "font" du 12 mètres/seconde en projettant une confiture noire - la graisse - un peu partout, y compris sur son visage. Assis sur une ridelle, Jean rigole : un champion olympique, c'est à l'aise partout.
Soudain, le bruit s'amplifie. Le photographe jette un oeil par -dessus bord et voit passer quelques mètres en dessous le plateau d'ardoises qui descend à une vitesse qui lui paraît supersonique. Deux secondes plus tard il a disparu dans le brouillard.
* Alors, ça va ? une voix venue du ciel, sans doute ? Le copain Ulysse, au bord de son nid
d'aigle, tend un crochet pour amarrer le plateau.
Blême, les genoux s'entrechoquant, remerciant Sainte Véronique patronne des photographes
(c'est elle qui tenait le suaire du Christ) et persuadé d'avoir échappé à la mort, l'as de l'objectif débarque sur les planches instables d'un simili débarcadère et boit coup sur coup trois verres du vin blanc d'Ulysse bonifié (le vin !) par l'altitude.
Epilogue
Après avoir pris ses images notre héros ne devait pas hésiter un 250e de seconde :
* Merci les gars, je vais descendre à pieds, ça me fera du bien !
Il arriva à M... trois heures plus tard, les "arpions" en sang !
A la terrasse du bistrot, Ulysse et Jean attaquaient leur cinquième bouteille de Crépy.
L'attente, ça assoiffe...

(Origine : "la saga des remontées mécaniques")