TPH (pulsé) Panoramic Mont Blanc - Chamonix-Mont-Blanc Dino Lora Totino - Agudio - 1957
#21
Posté 24 mars 2009 - 22:17
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www.skigranddomaine.net
#22
Posté 24 mars 2009 - 22:47
SnowLoup, le 24 03 2009, 15:40, dit :
Merci
Oui superbe reportage qui me replonge 20 ans en arrière et fait ressortir de supers souvenirs de travail là haut...
"A l'époque", on ne parlait pas de "panoramic Mt Blanc", mais "d'Helbronner"
Ambiance:
A l'aiguille:
Malgré l'affluence infernale des jours de beau temps, l'ambiance était différente de celle, fébrile du piton nord ou de l'ascenseur, la clientèle, en général semblait moins speed (trac, sensation de vivre un moment fort...?).
Il ne fallait pas avoir les 2 pieds dans le meme sabot pour faire débarquer/embarquer 24 personnes dans l'intervalle de temps que met le train de 3 cabines à parcourir le "contour" mais celà se passait plutot bien.(malgré quelques rouspétances quand il fallait séparer des groupes pour "meubler" les cabines...) Puis les "permanents" étaient toujours les memes et maintenaient une super ambiance de travail.
J'ai meme eu maintes fois la chance (pour un saisonnier) de conduire la benne de service du rognon avec treuil "à l'ancienne": frein à bande sur motrice actionné par un gros levier émergeant du pupitre, rhéostat à crans, pédale d'homme mort et curseur mécanique pour signaler "à peu près la position de la cabine en ligne" (l'accostage au rognon se faisant à la radio: "50m-20m-10m-5m-2m-stop".
Au rognon:
L'abri "coté Mt Blanc" avec le poele à bois qui enfumait la petite pièce, avec la réserve de bois (qu'il fallait recouper à la scie) à l'arrière, servant aussi d'atelier avancé (un éteau et quelques outils et moyens de levage). tout les matins on emmenait la "boille" d'eau pour la journée (café, vaisselle...).
Le midi le repas arrivait par un train de cabine, dans le panier à skis des cabines d'alors: "rognon pour l'aiguille: la gamelle est dans le train N°....."
Puis la journée passait en se ralayant de chaque coté pour surveiller le passage des trains de cabines dans le pylone, l'abri coté "requin" d'alors n'était qu'un réduit sombre et minuscule contrairement à la vaste pièce lumineuse d'aujourd'hui.
Le soir après avoir arrimé les tracteurs pour éviter qu'un vent violent ne les fasse dérailler, retour par la benne de service.
A Helbronner:
Tout les jours, en été, un "français" était détaché en renfort sur la frontière.
Souvenirs inoubliables de l'acceuil des "italiens" avec leur accent chantant valdotain. Plein d'anciens très trés sympas (en retraite depuis belle lurette) et quelques jeunes dont je sais qu'un est encore présent aujourd'hui).
Travail hyper cool, je revois encore la salle d'attente en lambris bondée jouxtant la "cantine" d'ou s'échappaient des fumets délicieux, les choucas sur la fenetre et, sur le coup des 11h, le défilé des moniteurs de ski, gardes des finances pour discuter des dernières nouvelles etc...puis après un bon repas.
Il faut dire qu'à cette époque Helbronner était très animé, le ski d'été fonctionnait encore (3 TK) et la douane encore en place, donc tout ce petit monde se cotoyait très amicalement .
Fin d'après midi, retour sur l'aiguille.
Sensations:
Après plusieurs jour de mauvais temps (eh oui meme en été!), serrés à 3 dans la benne de service du gros rognon ballotée pas les rafales,un manchon de givre enserrant les cables, visibilité "0" nous allons déblayer les congères formées dans les infrastructures du rognon et controler l'installation en vue d'une ouverture le lendemain, 2 bonnes heures de pelle dans le brouillard et le vent à casser une neige dure comme du béton.
La chance d'avoir pu aller poser mes vibram sur le pylone suspendu à l'occasion d'un remplacement de galets, sortie par la porte de la cabine, escalade de la courte suspente, rétablissement sur le toit et accès au sabot: un grand moment de bonheur....
Tristesse:
Pour m'etre trouvé à Helbronner la veille du jour ou un dameur à perdu la vie alors que sa machine est tombée dans une crevasse alors qu'il entretenait les pistes de ski d'été.
Pour avoir assisté depuis le rognon à la récupération par le PGHM de 2 corps d'alpinistes gisant morts au pied de la tour ronde.
Voilà j'espère que le récit de ces quelques souvenirs ne vous à pas trop lassé, mais je voulais compléter ce magnifique reportage par quelques anecdotes vécues "à l'époque..."
#24
Posté 25 mars 2009 - 21:34
tes croquis sont comme d'hab' très explicites et réussis
pour l'ancienne génération de cabines , j'ai lu un article selon lequel ces cabines serait entreposées dans un terrain vague
comme les bennes du TPH de l'aiguille. sont elles toujours entreposés ?en vue d'être restaurées pour une expo ? avis aux chamoniards...
@rapallo : ton récit est très intéressant , un point de vue de quelqu'un qui a travailler la dedans enrichie ce reportage déjà bien complet !
Ce message a été modifié par undertaker - 25 mars 2009 - 21:36 .
#25
Posté 26 mars 2009 - 12:42
rapallo, le 24 03 2009, 21:47, dit :
Lassé ? Certainement pas ...au contraire ! Merci pour ces témoignages très enrichissants qui, effectivement, complètent agréablement l'oeuvre de Raphaël B...
Oui, ça devait être quelque chose de bosser là-haut à cette époque (anciennes commodités, anciennes cabines, ancien domaine de ski d'été, etc)...
Ce message a été modifié par Nanouk - 26 mars 2009 - 12:49 .
#27
Posté 28 mars 2009 - 15:23
La liaison vers Courmayeur
Le comte Dino-Lora totino auréolé de son succèsdu à son précédent record " Le TPH de Breuil Cervinia " en 1938, il décide donc de construire sur le versant Italien du Mt Blanc, le TPH du Col du Géant qui aboutit sur l'antécime de la Pointe Helbronner .( Cette dernière est à Courmayeur ce que L'Aiguille du Midi est à Chamonix.). C'est donc un accès au Glacier du Géant et à un refuge de Haute montagne, le refuge Torino (symétrique à celui des Cosmiques).
Confirmant donc un second record mondial d'altitude en TPH (3462m) et de portée (2.5 Km sans pylônes pour le second tronçon ) pour l'époque .
Lors de l'achèvelent du pulsés, il a été judicieux de faire une liaison entre la pointe Helbronner et le le Refuge Torino
La succession des trois Téléphériques permettant de relier la Pointe Helbronner à la station Valdôtaine de Courmayeur
Schema permettant de visualiser les trois TPH
(Plan parut dans les années 80)
Sur un ancien plan des pistes (parut sur http://www.alpinforum.com)
voir la discussion très intéressante sur le post consacré Ancien ski d'été sur le Glacier du Géant
Vue sur la totalité des trois lignes depuis Helbronner
La gare du refuge Torino
L'une des cabines du TPH8 Torino-Helbronner
La gare du Pavillon
Les cabines à l'inter du Pavillon
à droite TPH Pallud-Pavillon , à gauche TPH Pavillon-Torino, l'on remarque la disposition des deux gares imbriquées l'une dans l'autre et
Vue sur la ligne du premier tronçon depuis le Pavillon
et depuis la Pallud
La gare de la Pallud
Je m'excuse du peu de photos , j'ai emprunté la ligne en septembre 2007 sous une météo exécrable.
#28
Posté 28 mars 2009 - 22:55
Un gros bravo à Raphaël B
#30
Posté 06 avril 2009 - 01:04
Je me permets de lancer le débat sur le "constructeur" de cette RM. En effet, tu fais référence à Agudio. Je sais bien qu'il est difficile d'attribuer cette RM à un constructeur unique. Mais je ne pense pas qu'Agudio était dans la partie à l'époque. Les 2 vrais techniciens du projet étaient :
- le Pr. Ugo Carlevaro, qui avait fondé avec Felice Savio la société Carlevaro & Savio (Piemonte Funivie en Italie). Pour mémoire, ils sont les pères des pinces à ressort modernes, utilisées en France sous licience à Villard de Lans ou à l'Index sur les premières TC2 de Mancini. Leur entreprise n'a été revendue à Agudio qu'en 1969.
- l'ingénieur Vittorio Zignoli, qui s'était illustré au TPH du Fürggen à Breuil-Cervinia en 1949, réalisé avec Carlevaro. Ils s'étaient appuyés sur les Ateliers Mécaniques de Savigliano, qu'ils ont peut être sollicités à nouveau pour la Vallée Blanche.
Rendons à César... Le vrai constructeur est peut être Carlevaro & Savio, Carlevaro & Zignoli, ou les ateliers de Savigliano, mais sans doute pas Agudio, même si la Ligne Entrèves / Helbronner / Aiguille est mise en valeur comme une réalisation propre dans leurs anciens catalogues.
Je rajoute quelques photos complémentaires des débuts de l'exploitation. Il semble bien que ces cabines n'aient pas toujours été exploitées par trains de 3 cabines. Selon les saisons et la fréquentation, on peut retrouver :
- des trains mono-cabines :
Cabines monotrain au passage des Flambeaux
- des trains de 2 cabines :
Train de 2 cabines arrivant à Helbronner
Train de 2 cabines quittant Helbronner
Train de 2 cabines avant le passage du Rognon
La mise en ligne des cabines s'effectuait manuellement :
Quant à la couleur des véhicules, il semble qu'au début de l'exploitation, les cabines étaient en alu non peint :
Un accident d'hélicoptère la première année a sans doute poussé les exploitants à peindre les toits en rouge :
.. avant que les cabines soient complètement repeintes en rouge quelque temps après l'accident de 1961.
Au sujet de l'accident du 30 août 1961, voici le schéma paru dans la presse :
Le câble tracteur fut sectionné sur le tronçon Rognon -> Aiguille. Un train de 3 cabines venant tout juste de passer le Rognon fut tiré en arrière par la tension du brin de câble restant, dérailla au passage du Rognon et s'écrasa en versant Helbronner, dans la zone d'éboulis au pied du rognon sur cette photo :
Une image d'une benne déchiquetée après la chute :
Certaines cabines proches de l'Aiguille purent être évacuées horizontalement grâce à un treuil. Mais pour la majorité des passagers, l'évacution fut verticale comme ici près d'Helbronner :
Pour finir sur une note positive, voici une vue de la gare originale côté Aiguille, tout en béton, sans les aménagements sommitaux ni les galeries :
Enfin, je rajoute une des premières publicités couleur (1972) avec le célèbre plan :
et le détail du prospectus :
.. qui mentionne bien que le télécabine de la Vallée Blanche était ouvert toute l'année à l'époque.
Ce message a été modifié par monchu - 06 avril 2009 - 08:30 .
#31
Posté 06 avril 2009 - 09:52
Est-ce que quelqu'un sait ce qui est advenu du conducteur de l'avion à la suite de l'accident ?
Ce message a été modifié par Nanouk - 06 avril 2009 - 10:15 .
#32
Posté 06 avril 2009 - 12:30
Nanouk, le 6 04 2009, 09:52, dit :
Sujet extrêmement polémique...
Pour rester factuel : le pilote était Bernard Ziegler, fils du célèbre Henri Ziegler (aviateur, résistant, un des pères du Concorde et d'Airbus). Fraîchement diplômé (X-Supaéro), il fait son service en 1961 à la BA de Luxeuil, n'est pas condamné après l'accident, devint pilote d'essais chez Dassault puis Airbus avant d'en prendre la direction technique en 1985.
Sans entrer dans la polémique, de nombreuses zones d'ombres entourent le dossier, aussi bien pour les circonstances du drame (que faisait le pilote à cet endroit ?), sur la version officielle présentée, sur les suites judiciaires très clémentes et sur sa brillante carrière aéronautique.
Merci papa
#33
Posté 06 avril 2009 - 16:22
Effectivement, on ne s'étonnera guère de la sensibilité du sujet...
Ce message a été modifié par Nanouk - 06 avril 2009 - 18:37 .
#34
Posté 06 avril 2009 - 18:42
Concernant le constructeur , ben , il est vrai que ce n'est pas facile d'attribuer un constructeur à ce genre d'installation, je te l'accorde , j'ai juste pris connaissance sur une doc technique que Chin@il m'avais envoyé il y a quelque temps, que la partie mécanique vient du constructeur Italien Agudio, enfin de compte c'est une réalisation unique
Merci pour nous avoir éclairé un peux plus sur la mystérieuse histoire du pilote de la BA de Luxeuil, je savais juste qu'il était revenu avec son avion allégé d'un réservoir .
Les anciennes cabines avaient à l'origine une livrée grise, ensuite leurs toits furent peint en rouge orangée (je n'en savais pas la cause) , puis elles furent peinte en orange , je me souviens l'avoir pris la première fois dans les années 80 , la fermeture des portes n'était pas automatique et il y avait un petit loquet à l'exterieur
Je trouve le prospectus vintage , génial, la cabine ovale de TAM2 était totalement panoramique. et les tarifs de l'époque 65Frs l'allé-retour Chamonix Helbronner.
#35
Posté 07 avril 2009 - 09:24
Raphaël B, le 6 04 2009, 18:42, dit :
Je pense qu'Agudio s'est "approprié" la réalisation après avoir racheté les parts de Carlevaro en 1969. Ce ne sera pas la première fois dans l'histoire des RM
Raphaël B, le 6 04 2009, 18:42, dit :
Petit HS : il s'agit de la 2ème génération de bennes du second tronçon :
La première génération était plus "carrée", et nettement moins panoramique. A noter que le chariot à l'origine était sans doute équipé d'un paratonnerre ?
Raphaël B, le 6 04 2009, 18:42, dit :
C'était déjà très cher pour l'époque. 65 FF en 1975 valaient à peu près 56 euros actuels. Le billet Chamonix-Helbronner AR coûtait donc presque aussi cher qu'aujourd'hui (60 euros). Ce qui a fortement augmenté, ce sont les allers simples, comme Chamonix-Aiguille avec descente à ski par la Vallée Blanche (21 FF soit 18 euros actuels alors que le billet est vendu le double aujourd'hui soit 36 euros), ou encore Chamonix-Helbronner avec descente par les téléphériques italiens et retour par le tunnel (39 FF en 1972 qui vaudraient à peu près 34 euros aujourd'hui, alors que l'aller simple est à 50 euros actuellement)
Je reviens 5 minutes sur le tracé du 2S. Aujourd'hui, beaucoup d'auteurs estiment que le tracé du 2S était prévu de longue date par Totino, et qu'il n'a investi dans le téléphérique de l'Aiguille du Midi uniquement parce qu'il comptait le relier rapidement avec le téléphérique du refuge Torino. Pourtant, sur certains documents côté français, une autre option de tracé est envisagée : Aiguille - Rognon - Dent du Géant :
Ce document date de fin 1953. A cette époque, le nouveau téléphérique de l'Aiguille du Midi est déjà en construction. Les 2 options de tracé pour le prolonger sont mentionnées. Ces 2 tracés étaient-ils concurrents ou complémentaires ? S'agissait-il d'une manoeuvre de Totino pour mieux dissimuler son projet ? Ou d'une autre option de tracé plus directe, sans obstacle, pour permettre de s'affranchir du pylône suspendu aux Flambeaux ? En tout cas, le Tunnel du Mont Blanc y figure en bonne place, alorsqu'en 1953 la charte internationale pour sa réalisation n'est pas encore signée (1954 en France, 1957 en Italie). Il ne s'agit encore que de projets locaux à l'initiative de Totino qui en a même commencé le percement sur une courte distance en 1946, sur ses fonds propres, dans le but de l'intégrer à ses équipements touristiques au Mont Blanc.
Pour finir, je vous propose un 6ème nom possible pour cette installation, tantôt appelée par son exploitant "Télécabine Panoramic Mont Blanc", "téléphérique" ou "télécabine de la Vallée Blanche", "TAM3", "Liaison". Sur cette photo publicitaire des années 60, on l'appelle ... "télécabine du Col du Géant" :
Ce message a été modifié par monchu - 07 avril 2009 - 09:29 .
#36
Posté 12 avril 2009 - 19:31
Ca valait bien tout ce temps là !
Merci aussi aux autres contributeurs par leurs témoignages et leurs documents historiques riches
monchu, le 7 04 2009, 09:24, dit :
Raphaël B, le 6 04 2009, 18:42, dit :
Je pense qu'Agudio s'est "approprié" la réalisation après avoir racheté les parts de Carlevaro en 1969.
#37
Posté 26 janvier 2010 - 16:32
Après discussion avec Raphaël, on pense qu'il s'agit justement d'une des anciennes cabines du pulsé.
#39
Posté 04 février 2010 - 22:18
Hans, le 27 01 2010, 15:24, dit :
Il y a une erreur de frappe sur le document. Il s'agit en fait du téléphérique de l'Aiguille du Goûter.
Le projet avait été lancé avant la seconde guerre mondiale. La Société Nationale de Construction de Moteurs exploitait depuis quelques années un laboratoire d'essais au Col du Mont-Lachat, destiné à réaliser des études sur le comportement des moteurs d'avion en altitude. Les restes de ce laboratoire d'essais, qui intégrait une soufflerie, sont encore visibles de nos jours au Col, à proximité de la station "Mont Lachat" du Tramway du Mont-Blanc, à 2079 m, dernier évitement sur la ligne avant le terminus du Nid d'Aigle.
Dans le but d'améliorer les essais, la SNCM soutenue par le ministère de l'air proposa de construire un centre d'essais à une altitude plus élevée, au sommet de l'Aiguille du Goûter à 3805 m. Pour y accéder, elle proposa la construction d'un TPH en 2 tronçons et 3 sections :
- un premier tronçon en 2 sections de 1150 mètres chacune devait relier la station du Mont-Lachat au signal de Tête Rousse à 3228 m, avec pylône intermédiaire et changement de cabine aux Rognes (2747 m), avec des pentes moyennes de 58 et 41% ;
- un second tronçon en une seule section de 860 mètres devait relier Tête Rousse et l'Aiguille du Goûter, sur une pente moyenne de 67%.
La concession fut délivrée le 1er juin 1939.
En 1914, la première guerre mondiale avait stoppé la prolongation du TMB jusqu'à Tëte Rousse et à l'Aiguille du Goûter. Vingt-cinq ans plus tard, la seconde guerre stoppa net les projets de construction du téléphérique du Goûter.
#40
Posté 21 décembre 2010 - 13:21
Bravo à Raphaël !
www.remontees-mecaniques.net