Les Paccots
La station des Paccots, située dans les Préalpes fribourgeoises, propose des pistes de différents niveaux desservies par neuf téléskis et un fil neige. Elle compte une majorité de pistes bleues ainsi qu'une piste rouge et une piste noire, qui s'étendent entre 1064 et 1487 mètres d'altitude. Cette station familiale située au-dessus de Châtel-St-Denis est à la fois proche de la Riviera vaudoise et de Fribourg. Malgré le fait que la plupart des pistes ne sont que peu ensoleillées, la station est pénalisée par sa basse altitude lors d'hivers peu enneigés. Elle est composée de trois secteurs, chacun desservi à l'origine par un seul appareil.
Le téléski de Corbetta
Histoire du secteur de Corbetta
Le secteur de Corbetta a été le premier des Paccots à être équipé d'une remontée mécanique. Il s'agissait d'un téléski à ceintures, construit en 1937 par Oehler selon un brevet de Beda Hefti. Il se trouvait sur le tracé de l'actuel téléski de Corbetta. C'était un appareil très simple, équipé de pylônes en bois. Le bon fonctionnement de ces installations était dépendant d'un important engagement du personnel. Un grand nombre de tâches devaient être effectuées à la main. Ce téléski a permis l'ouverture de deux pistes : la piste A rejoignant les Paccots par la Cierne, sur le versant ouest de Corbetta et la piste B passant par les Vérollys, sur le versant opposé.
Le départ du premier téléski de Corbetta. L'embarquement devait obligatoirement être assisté par le personnel sur ces appareils (collection Laurent Berne).
À cette époque, le secteur ne comptait que ce téléski qui assurait à lui seul la desserte de tous les itinéraires. La ligne étant relativement pentue et longue, le téléski à ceintures n'offrait plus un confort suffisant. Par conséquent, en 1962, la première installation des Paccots a été remplacée par un téléski à enrouleurs, toujours de construction Oehler. Cet appareil, premier en son genre aux Paccots, a été équipé de pylônes métalliques et a permis d'augmenter considérablement le débit. À l'origine, il était équipé d'arbalètes en bois comme tous les téléskis à enrouleurs de l'époque.
En 1966, presque trente ans après la dernière construction nouvelle sur ce sommet, un téléski a été installé pour desservir les pentes de la Cierne (la piste A), sur le versant ouest de Corbetta. En effet, des deux pistes accessibles par l'appareil existant, c'était celle qui demandait le plus de marche, avant et après la descente à ski. Même si cette nouvelle installation a facilité l'accès à ce versant, il restait 350 mètres à parcourir à pied entre les gares amont de la Cierne et de Corbetta. C'est seulement en 1977 que la construction du téléski de la Saira a permis d'éviter cette marche.
En 1972, le propriétaire du restaurant du lac des Joncs a fait construire un court téléski entre les parkings des Joncs et son établissement, dans le but d'en améliorer l'accès. La piste qu'il dessert est idéale pour les débutants. Cet investissement était une amélioration pour la station, car pendant les trente-cinq premières années de son histoire, seules des pistes plutôt difficiles et longues avaient été équipées de remontées mécaniques.
La piste de Corbetta, dont la plus belle partie se trouve entre le sommet et les Vérollys, avait pour inconvénient d'obliger les skieurs à traverser deux fois la route reliant les Paccots aux Joncs. Une fois au village, il fallait encore marcher pour regagner le départ de l'installation. Pour pallier cet inconvénient, un téléski reliant les Vérollys au sommet de Corbetta a été construit en 1979. En 1982, un téléski à enrouleurs doublant ce nouvel appareil sur le bas de son tracé a été installé. Depuis cet investissement, le dernier de la station, le téléski des Joncs est moins utilisé par les débutants car plus difficile. Quelques années plus tard, en 1986, les anciennes arbalètes du téléski de Corbetta ainsi que les enrouleurs ont été remplacés par des sellettes. La piste de montée a également été améliorée par la même occasion. Elle sera à nouveau retravaillée en 1992. C'est également à la fin des années 1980 que la station amont originale a été démontée et remplacée par le pilier en béton présent actuellement. L'ancienne était semblable à celle qui équipe encore aujourd'hui le téléski de la Cierne et se trouvait bien plus près du dernier pylône.
La station amont d'origine de l'actuel téléski de Corbetta telle qu'elle se présentait quelques années après sa mise en service. Photo : F. Minder et P. Charrière pour « Fribourg Illustré », archives en ligne https://doc.rero.ch/.
Dès le début des années 1990, une modification du tracé de la piste de Corbetta a été envisagée. En effet, elle était à la fois dangereuse et inintéressante. Pour améliorer ceci, un nouveau tracé impliquant le déboisement d'environ 4500 mètres carrés de forêt a été imaginé et mis à l'enquête en 1995. Les travaux permettant la création de cette nouvelle piste ont été réalisés durant l'automne 1997. En 1998, des travaux de mise en conformité du téléski de Corbetta ont été effectués. C'est à cette occasion que des passerelles de maintenance ont été installées sur l'ensemble des pylônes.
Entre 2018 et 2020, différents travaux ont été entrepris afin de mettre aux normes les téléskis de Corbetta et de la Cierne. Tous les balanciers ont été révisés par une entreprise spécialisée et le câblage de la ligne de sécurité a été partiellement refait. De plus, les enrouleurs de la Cierne, dont la plus grande partie était d'origine, ont été retirés du service et ont été remplacés par des enrouleurs Röhrs équipés de sellettes qui étaient jusque-là en service à Corbetta. Ce changement a réduit le débit des deux installations, mais a assuré la poursuite de leur exploitation pour quelques années.
Le secteur de Corbetta vu depuis le sommet de la Cagne. Les gares aval des téléskis de Corbetta et de la Cierne ne sont pas visibles.
Le téléski de Corbetta aujourd'hui
Ce téléski assure comme autrefois la desserte de tout le secteur de Corbetta. Il permet ainsi l'accès aux pistes des Vérollys et des Joncs à l'est et à la piste de la Cierne à l'ouest, via le téléski de la Saira. C'est le seul téléski de la station à partir du village des Paccots. Il propose un accès direct au domaine aux résidents de la station et à ceux qui viennent en transports publics. C’est aussi le seul accès au domaine pour les usagers souhaitant utiliser l’un des grands parkings situés au village des Paccots, indispensables lors des jours de très forte affluence, lorsque le parking des Vérollys est complet. Le téléski de Corbetta joue alors un rôle essentiel. Cependant, la relative difficulté de la montée et surtout son éloignement de la piste de descente en font une installation peu adaptée aux débutants. La gare aval est le point le plus bas de la station, à 1064 mètres d'altitude, mais grâce à l’exposition au nord l’enneigement reste souvent acceptable plus longtemps que sur d’autres pistes pourtant plus hautes en altitude.
Cet appareil a perdu beaucoup de son attrait lors de la construction du téléski des Vérollys en 1979. Des efforts ont pourtant été faits pour rendre la piste de Corbetta plus intéressante. Le tracé a été modifié et ne traverse plus la route. Néanmoins, il n'aboutit pas exactement au bas du téléski, il faut marcher le long de la route sur environ 100 mètres pour l’atteindre. Alors qu’il s’agissait autrefois de la seule installation permettant l’accès au sommet de Corbetta en venant des Vérollys, il est aujourd’hui employé pratiquement uniquement comme accès au domaine. Pour skier sur le secteur de Corbetta, la grande majorité des skieurs lui préfère le téléski des Vérollys, même s’il dessert une piste plus courte et que l’affluence y est bien plus importante.
Pour toutes ces raisons, cette installation est peu utilisée. Tandis que de longues attentes ne sont pas rares sur tous les autres téléskis des Paccots, Corbetta fonctionne souvent presque à vide, à l’exception de quelques heures le matin lorsque les usagers gagnent le domaine pour la première fois de la journée. Depuis quelques années, cet appareil est exploité presque uniquement le mercredi, le week-end et durant les vacances scolaires, lorsque l’affluence est importante et que les parkings des Vérollys ne suffisent pas à absorber l'afflux de visiteurs. Le reste du temps, il reste le plus souvent fermé. Un trajet sur cette installation utilise trois cases de l'abonnement à points.
Situation de l'installation sur le plan des pistes.
Caractéristiques techniques
Caractéristiques administratives
TKE-Téléski à enrouleurs : CORBETTA
Exploitant : Monte-Pente de Corbetta SA
Constructeur : Oehler
Année de construction : 1962
Montant de l'investissement : 430'000 CHF
Caractéristiques d’exploitation
Saison d'exploitation : hiver
Capacité : 1 personne (dès 1986), 2 personnes (1962 - 1986)
Débit maximal : 800 personnes/heure (1962 - 1986), ~580 personnes/heure (1986 - 2019), ~330 personnes/heure (dès 2019)
Vitesse minimum : ~1,0 m/s
Vitesse maximum : ~3,5 m/s
Temps de trajet : ~6 minutes
Caractéristiques géométriques
Altitude aval : 1064 m
Altitude amont : 1373 m
Dénivelé : 309 m
Longueur développée : 985 m
Longueur horizontale : 944 m
Pente maximale: ~50 %
Pente moyenne: 32,6 %
Caractéristiques techniques
Emplacement tension : aval
Dispositif de tension : contrepoids
Emplacement motrice : aval
Type de motorisation : moteur électrique Anton Piller, type Schrage
Puissance : 100 CV
Nombre d'assiettes : 125 (1986 - 2019), 65 (dès 2019)
Sens de montée : gauche
Nombre de pylônes : 8
Fournisseur des enrouleurs : Oehler (1962 - 1986), Röhrs (dès 1986)
Dispositif d’accouplement : pince fixe
La gare aval
Le départ est abrité dans un petit bâtiment qui se situe dans le village des Paccots, à l'amont de la route cantonale Châtel-St-Denis - Les Paccots. La gare est accolée à un chalet qui se trouve dans le prolongement de la ligne. Un poste de vigie se trouve sur la gauche du départ, dans un petit abris séparé de la gare. Il abrite une billetterie, ce téléski étant une des deux portes d'entrée principale de la station. On accède à cet endroit exclusivement à pied, puisque la piste aboutit au bord de la route un peu plus loin en direction des Joncs. De nombreuses places de parc se trouvent à proximité. Au niveau technique, la gare est motrice-tension. La tension est assurée par un contrepoids qui se trouve dans une fosse à l'arrière du bâtiment. Comme c'était le cas sur une partie des téléskis Oehler de cette époque, l'entraînement est assuré par un moteur à décalage de balais, aussi connu sous le nom de moteur Schrage. Ces moteurs, équipés à la fois de bagues et d'un collecteur muni de deux jeux de balais mobiles, ont la particularité d'avoir une vitesse variable. La vitesse d'exploitation de l'installation peut donc être modifiée en tout temps, de façon beaucoup plus souple que sur les installations équipées d'une boîte à vitesses.
Le chalet situé dans le prolongement de la ligne ainsi que la gare aval vu depuis la route. On devine le début de la ligne à l'arrière-plan.
L'accès à la gare depuis la route. On aperçoit sur la gauche la billetterie. La gare proprement dite se trouve dans le bâtiment beige à l'arrière.
Après avoir traversé la billetterie et franchi les bornes de contrôle des forfaits, on arrive devant la gare aval, abritée dans un bâtiment. L'embarquement n'est généralement pas assisté.
L'intérieur de la gare. On remarque la poulie motrice-tension. Afin d'assurer la tension du câble, l'ensemble de la partie motrice peut se déplacer sur des rails fixés aux murs, que l'on aperçoit. Dans le fond, on distingue le système de tension. Le contrepoids se trouve dans l'angle droit du local.
Le moteur principal. Il est équipé d’un frein de service magnétique, visible au centre de l’image, d’une ventilation forcée, située sur le côté (non visible ici) et d’un dispositif permettant le décalage des balais et ainsi la variation de la vitesse du téléski. Un servomoteur permet une rotation automatique des balais tandis qu’un petit volant situé sur le dessus du moteur permet une action manuelle si nécessaire. Ces deux éléments sont visibles ici en haut de l’image.
Détail de la ventilation forcée du moteur principal, qui se trouve sur le côté gauche de celui-ci.
La ligne
Elle est relativement longue et évolue presque entièrement dans la forêt. Les premiers mètres traversent le village et sont relativement peu pentus. Au niveau du pylône 1, la ligne passe sous une ligne électrique, ce qui fait l'objet de protections. Tout de suite après, la pente augmente et le téléski s'enfonce dans la forêt. Entre les pylônes 2 et 3, il traverse un chemin forestier qui est utilisé comme « sortie de secours » en cas de chute. Après le pylône 6, la pente s'accentue brièvement. Ensuite, le téléski quitte la forêt et atteint le lâcher.
Profil en long de la ligne.
Ce téléski est relativement difficile. La principale raison à cela est que la montée est loin de toute piste de ski. Seul le chemin forestier qui traverse la ligne entre les pylônes 2 et 3 permet de s'échapper du tracé et de regagner la piste. En cas de chute, il faut donc redescendre le long de la piste de montée jusqu'à atteindre la sortie de secours ou la gare aval. Ce téléski étant le point le plus bas de la station (aucune piste n'est accessible depuis le bas de l'appareil), il est impératif d'arriver en haut pour pouvoir regagner le reste du domaine. L'autre difficulté de ce téléski est due à sa longueur. Presque toute la ligne est relativement raide et se trouve en forêt. De plus, lorsque l'affluence est faible, la vitesse d'exploitation est réduite ce qui augmente le temps de trajet. Cette ligne difficile pose problème en cas de très forte affluence. En effet, dès que les parkings des Vérollys sont complets, les clients se parquent aux Paccots. Ceux pour qui le téléski de Corbetta est trop difficile doivent monter à pied jusqu'au départ des autres téléskis, aux Vérollys.
Le début de la ligne vu depuis la gare aval.
Vue arrière sur la gare aval. On voit le Niremont (1514 m) à l'arrière.
Le début de la ligne passe à proximité de quelques chalets. Peu avant le premier pylône, le téléski passe sous une ligne électrique. On remarque les câbles de protection qui sont tendus par dessus l'installation.
Le pylône 1, support-compression sur le brin montant, compression sur le brin descendant. Il marque le début de la pente et l'entrée dans la forêt.
Durant la longue portée séparant les pylônes 1 et 2, on aperçoit sur la gauche le village des Paccots et à l'arrière le Moléson (2002 m, à gauche) et Teysachaux (1909 m, à droite).
Vue arrière sur le début de la ligne.
Pylône 2, la pente diminue un peu.
Peu après le second pylône, le tracé traverse un chemin forestier qui sert de « sortie de secours » pour regagner la piste de descente.
Pylône 3, la montée continue à travers une forêt dense.
Pylône 4.
Pylône 5, la pente diminue provisoirement.
Peu après le pylône 5, la forêt devient plus clairsemée.
Pylône 6, la pente augmente à nouveau.
Pylône 7, la ligne sort de la forêt et l'arrivée est en vue. On remarque sur la droite les premiers mètres du téléski de la Saira.
Pylône 8. On voit sur la droite le téléski de la Saira et le poste de vigie commun aux deux appareils.
La gare amont
Elle se situe à proximité du sommet de Corbetta. La lâcher s'effectue juste après le dernier pylône. Sur la droite de celui-ci se trouve le départ du téléski de la Saira qui assure la liaison avec la piste de la Cierne, sur le versant ouest de la montagne. La poulie retour fixe se trouve 45 mètres plus loin, à proximité du lâcher du téléski des Vérollys. Toutes les installations de la station sont directement accessibles depuis cet endroit à l'exception des téléskis du Pralet et de la Cierne. Pour se rendre à la Cierne, il faut emprunter le téléski de la Saira, pour toutes les autres directions, il faut descendre la piste des Vérollys.
La poulie retour. On remarque au fond à droite le lâcher du téléski des Vérollys et à l'arrière-plan le massif du Chablais.
La fin de la ligne et la poulie retour vu depuis le chemin venant de la Cierne. On remarque à l'arrière le village des Rosalys, d'où part le téléski du Pralet.
Détail de la poulie retour.
Le lâcher et le dernier pylône. On repère la gare aval du téléski de la Saira sur la gauche.
Le dernier pylône et le téléski de la Saira.
La vue depuis le sommet
Vue vers le nord-est. On remarque au premier plan la fin de la ligne. À l'arrière, on voit de gauche à droite le Moléson, Teysachaux, le Vanil blanc et le Grand Sex.
Vue vers l'est.
Vue vers le sud-est. La fin de la ligne du téléski des Vérollys est visible au bas de l'image.
Les véhicules
Cette installation était équipée à l'origine d'arbalètes. Elles ont été remplacées en 1986 par les assiettes qui sont en service aujourd'hui. Elles sont montées sur des enrouleurs de fabrication Röhrs qui ne sont pas d'origine. Le remplacement des arbalètes par des assiettes a certainement été motivé par le fait qu'elles sont plus agréables pour les personnes seules, les débutants et les snowboardeurs. Ceci est particulièrement vrai sur ce téléski à la ligne longue et relativement pentue. En 2019, environ la moitié des agrès ont été retirées pour être utilisés sur le téléski de la Cierne, ce qui a réduit dans la même proportion le débit de l'installation.
Conclusion
Ce téléski, situé sur l'axe historique de la station des Paccots, assure toujours son rôle au sein du domaine. Néanmoins, depuis le développement du secteur des Vérollys, il est essentiellement utilisé comme accès à la station et il est très rare d'y observer une file d'attente durable. Malgré deux diminutions successives du débit en 1986 et en 2019, l'installation reste suffisante pour absorber la clientèle venant du village des Paccots, qui bien souvent emprunte ce remonte-pente une seule fois dans la journée.
En 2021, dans le cadre de son plan de développement à long terme, la station des Paccots a annoncé que le téléski de Corbetta est l'un des trois du domaine qui est destiné à disparaître à moyen terme. Dès que son maintien réclamera des investissements financiers trop conséquents et que l'accès en transports publics aux Vérollys aura pu être amélioré, cette installation sera démontée sans être remplacée. En attendant, il reste quelques années pour profiter d'un des derniers téléskis Oehler encore en service. La rénovation partielle effectuée entre 2019 et 2020 devrait permettre de prolonger quelque peu sa durée de vie.
Les photos ont été prises majoritairement le 25 janvier 2016 et le 18 janvier 2017. Texte et photos : Fael.
Vidéo montrant en détail le fonctionnement du moteur
Site internet de l'exploitant
Ce message a été modifié par Fael - 03 mars 2022 - 00:45 .