Pra, le 12 avril 2021 - 09:26 , dit :
Au passage, je fait partir des rares qui aime voir une montagne aménagée, non pas avec des grosses barres d'immeubles, mais plutôt à coup de petite remontées, mais je conçois je ne m'exprime pas assez clairement sur ma vision, j'avoue que c'est difficile à expliquer). Attention cependant, je suis bien évidemment d'accord sur le fait que ces barres d'immeubles ont contribués au plan neige, ce qui a permis de faire sortir nos belles montagnes de la pauvreté.
Maintenant, il faut trouver un autre chemin que ce développement, on l'a vu avec la crise actuelle, les stations village s'en sortaient mieux que les stations ex nihilo, certains membres l'ont très bien expliqué par ailleurs.
Enfin, et comme l'a dit @Clément05 (message super intéressant par ailleurs), le développement du tourisme estival est nécessaire, car c'est bien beau d'avoir diversifié les activités en hiver, mais il faudrait également penser à développer le tourisme d'été. D'un point de vue personnel, je préfère faire du VTT en été, que en faire en hiver, question de paysage je l'admet. Et évidemment il ne faut pas quitter le ski alpin, sinon, c'est la cata assurée, mais bon, à voir.
Concernant l'été, en 2011 une étude a été faite, et il ressortait qu'à cette date, la montagne d'été globalement avait perdu près de 6 millions de nuitées soit 5% de sa fréquentation en 4 ans et 10% depuis 2001 et tous les massifs étaient concernés. Et depuis, ça stagne avec évidemment des disparités entre massif et vallées, les stations village sur une route de passage, un col et/ou avec des atouts naturels et patrimoniaux étant plus avantagées/recherchées.
Le problème des stations françaises d’altitude, c'est qu'elles se sont toujours et uniquement vendues en tant que destination sportive sauf qu’en été, la montagne avec l'effort et le sport (la randonnée, le vtt, l'escalade, les cols à vélo) ça ne concerne qu'une minorité de personnes. Grâce aux revenus du ski, les stations ont pu se diversifier, investir et entretenir (souvent à perte) d'autres activités plus ludiques et accessibles au grand public (luge, parc aventure, piscine, etc) et essaient d’attirer une nouvelle clientèle.
Mais elles ont de la concurrence avec des destinations plus « farniente et détente » qui correspondent mieux aux besoins actuels de clients de plus en plus stressés. Il y a quelques années, la montagne en France arrivait en 4ème position des destinations estivales choisies (après le littoral, la campagne et même la ville) sans parler des voyages à l’étranger. L’été dernier, la fréquentation post confinement a été exceptionnelle avec même une sur fréquentation de certains sites à tel point que certaines communes ont pris des dispositions pour l’été à venir et ont même recruté du personnel pour informer ces nouveaux clients qui ont tout du consommateur et rien de l’amoureux de la montagne. Mais il s’agit plus de sites et massifs à proximité des villes que de stations d’altitude qui elles sont restées à l’écart de la sur fréquentation. Et attendons de voir cet été si la fréquentation sera toujours aussi bonne ou si les clients iront se délasser sur des plages surpeuplées.
Car évidemment, plus on monte en altitude, plus la montagne devient inaccessible au grand public, avec un frein psychologique pour beaucoup, ne serait-ce déjà que l'accès routier qui peut effrayer certaines personnes habituées à rouler sur du plat. Alors c'est sur qu'un ascenseur valléen peut faciliter l'accès "psychologique" aux stations d'altitude, en plus de réduire la circulation en montagne. Et c'est plus facile l'été de monter en station avec une télécabine depuis la vallée car les clients ont moins de bagages.
Certaines stations d’altitude ont enfin compris qu’elles avaient besoin de la vallée en dessous, vallée souvent ignorée voire snobée pendant des années (un peu comme elles ont ignoré la clientèle française au profit de la clientèle étrangère en hiver). L’Alpe d’Huez par exemple qui attire beaucoup de cyclistes grâce à sa montée et aux cols alentours a compris l’intérêt d’avoir aussi une piste cyclable accessible à tous en vallée (et notamment à la famille du cycliste sportif qui vient faire les cols) et du coup des investissements Voie Verte sont faits avec la bénédiction de toutes les communes du haut et du bas, (le type d'investissement qui n'intéressait pas les stations il y a encore quelques années). Et les ascenseurs valléens peuvent servir à la fois à remonter en station les VTT de descente et à descendre en vallée les familles qui veulent faire du vélo facile. Et cette voie verte est aussi très fréquentée par les locaux, moi-même je peux désormais aller faire des courses en vélo depuis mon village
Après il y a encore le problème de l'hébergement dans les stations. L'imaginaire de la montagne, surtout en été, c'est le chalet dans les alpages (bien sur avec tout le confort et même la piscine privative en temps de covid) et non pas les résidences collectives, plus écolo en terme d'occupation du sol mais beaucoup moins séduisantes pour les clients. Le seul élément attractif dans ce cas, c’est le tarif de location et certaines résidences de tourisme dans les stations cassent les prix en été pour attirer du monde. Certains loueurs privés se plaignent d’une concurrence déloyale ou d’une clientèle trop sociale mais ce n’est pas possible de construire partout des chalets au détriment de la nature.
Il y a quand même contradiction entre l’écologie et l’aspiration des clients et c’est pareil pour plein d’autres aspects de la société. On veut vivre à la campagne avec tous les services et transport à proximité, on ne veut plus de centrale nucléaire mais pas non plus d’éolienne dans son environnement, ni même de micro centrales hydroélectriques (Ne parlons même pas de faire de nouveaux barrages). Et en montagne l’été, on ne veut pas de remontées mécaniques dans le paysage mais c’est quand même plus facile de monter au sommet en téléphérique admirer le panorama que de crapahuter à pied pendant 3 ou 4h….
Ce message a été modifié par marie738 - 12 avril 2021 - 15:31 .