Dans les années 60, l'aviation connait des progrès spectaculaires, notamment dans le domaine des avions régionaux-moyen courrier. Le turbopropulseur est en train de ranger le moteur à pistons dans les antiquités préhistoriques. Il est utilisé à la fois sur des gros appareils (Iliouchine Il-18 par ex.), mais également sur des petits appareils. Cette propulsion permet d'atteindre des altitudes de croisière élevées (et donc augmentation de la vitesse de croisière), une vitesse-air plus importante et également une très grande puissance au décollage. De plus, il permet également un excellent freinage en inversant le pas de l'hélice (les "reverses") utilisé en vol pour décélérer rapidement et à l'atterrissage. Cela a donné naissance à une nouvelle génération d'appareils ADAC (Avions à Décollages et Atterrissages Courts) dont l'un des plus connu est le fameux DHC-6 surnommé "Twin Otter".
Produit entre 1965 et 1988 par le constructeur de Havilland Canada (DHC), cet appareil de 19 passagers deviendra la star des ADAC. Capable de décoller ou de se poser en uniquement 300m, il sera utilisé sur les 4 coins de la planète. Evidemment, la montagne devient l'un de ses terrains de jeu favoris et Air Alpes en exploitera dès 1967.
Twin Otter F-GBDB
Cependant, le Twin Otter reste un appareil au confort rustique (non pressurisé, faible rayon d'action...). DHC souhaitait développer un nouvel appareil allongé, capable de transporter 50 passagers dans un confort maximum, tout en conservant les caractéristiques ADAC du Twin Otter. Ainsi allait naitre le DHC-7, ou Dash 7, un avion inégalé à ce jour.
Le Dash 7, malgré son faible succès commercial, présentait de nombreux atout dont voici les principaux :
- 4 turbopropulseurs : une puissance nécessaire pour faire décoller 50 passagers sur 500m minimum.
- silencieux : en effet, les turboprop. du Dash 7 ont été étudiés dans le but de desservir des aéroports en centre ville (London City). Il s'agissait d'un des avions les plus silencieux, voire du plus silencieux de sa catégorie.
- grace à un train rustique, il pouvait se poser sur des terrains non préparés, sur de la neige (le British Antarcic Survey exploite toujours un Dash 7, capable de se poser dans la poudreuse sans être équipé de skis)...
Cet avion n'eut malheureusement pas un gros succès car, mis à part les compagnies intéressées par les capacités ADAC et sa grande fiabilité pour les climats extrêmes, la maintenance restait élevée par rapport aux autres turbos. La production cessera en 1988.
Maintenant, place à Air Alpes...
Pour résumer, cette compagnie fut créée par Michel Ziegler en 1961. Elle développa principalement des liaisons alpines (Chambéry, Megève, Courchevel, Alpe d'Huez...) et également sur d'autres régions (partenariat avec Air France notamment). Elle fut évidemment très intéressé par le Dash 7 dès sa mise en service en 1975. Ainsi, Air Alpes signe un contrat pour la livraison de 4 appareils ; un prototype est même venu effectuer des démonstration à Annecy et Chambéry (cependant, il semble qu'Air Alpes ait renoncé à leur exploitation).
Air Alpes fusionnera avec la compagnie TAT en 1981 qui continuera à exploiter les lignes d'Air Alpes en Fokker F-27 et 28, puis enfin avec deux DC-9.
Cependant, TAT va reprendre l'exploitation de la ligne Paris-Courchevel en Twin Otter. En 1990, à l'approche des JO de 1992, la compagnie cherche à augmenter le trafic de cette ligne. Elle fera appel à la compagnie autrichienne Tyrolean Airways qui fut la dernière compagnie à acquérir des Dash 7. C'est ainsi que l'altiport de Courchevel sera modifié (allongement et changement de l'axe de la piste) pour l'accueillir.
Quelques photos :
Photo 1
Photo 2
Photo 3
Photo 4
Photo 5
Photo 6
J'ai gardé la 6e photo pour la fin car, en plus d'être l'un des plus beau clichés, elle montre la TCD4 des Chenus. De plus, sur la majorité des photos de Dash 7 à Courchevel, c'est le OE-LLU qui est à l'honneur. Cet appareil est le 113e et dernier Dash 7 construit.
Pour conclure sur les différents points évoqués :
- TAT (Touraine Air Transport) sera rachetée par British Airways avant de rejoindre Air Liberté. La suite est tristement connue : Air Liberté fera faillite en 2001 peu après sa fusion avec AOM. Elle repart brièvement sous le nom d'Air Lib mais déposa définitivement son bilan en 2003.
- Tyrolean Airways existe toujours. Elle fait désormais partie du groupe d'Austrian Airlines.
- de Havilland Canada développera un nouvel appareil dérivé du Dash 7, mais bimoteur et sans capacités ADAC : le Dash 8. Cet appareil sera décliné en 2 versions 100/200 et 300 (fuselage rallongé). Malheureusement, de Havilland fera faillite en 1988. Tous les avions en cours de production seront arrêtés (dont le Dash 7 et le Twin Otter). Seul le Dash 8 continuera à être produit par Bombardier. En 1996, les versions 100/200/300 seront modernisées et porterons le préfixe "Q" et une nouvelle version allongée fait son apparition (Q400). Toujours produit, c'est le principal concurrent de l'ATR 42/72 franco-italien.
- Si le Dash 7 ne sera jamais repris après 1988, le Twin Otter connaittra une cure de jouvence en 2007 avec une nouvelle version modernisée commercialisée par Viking Air, les nombreux opérateurs du Twin Otter n'ayant trouvé aucun successeur aussi performant à ce jour.
- Aujourd'hui, le Dash 7 conserve encore et toujours son succès, malgré son âge. Certains sont utilisés pour le compte de l'ONU. Parmis les compagnies exploitantes, on notera les principales, Air Greenland et Berjaya Air, qui bien que possédant des appareils récents (Dash 8-Q200 pour l'une et ATR 72-500 pour l'autre) conservent toujours leur Dash 7 pour les aéroports ayant des pistes d'une longueur inférieure à 800m et pour leur résistance aux climats extrêmes, polaire pour l'un et tropical pour l'autre. La société Universal Avionics a même élaboré un nouveau "glass cockpit" destinés aux appareils encore en service.
Egalement, quelques photos de l'exposition très intéressante sur l'altiport de Courchevel et Air Alpes établie à Courchevel 1850, dans la gallerie entre TCD4 Grangettes, TCD8 Verdon etc...
Et enfin, je vous propose cette vidéo de séances d'entrainement des Dash 7 de TYR à CVF. Cela montre entre autre la difficulté technique de se poser à Courchevel, surtout avec un "gros" appareil comme celui là ; ainsi que des performances assez incroyables que cet avion peut faire. Vous pourrez également admirer la beauté du massif depuis les airs...
Allez, je ne résiste pas à l'envie de vous montrer une dernière vidéo. Il s'agit d'une démonstration des capacités ADAC. Je tiens à préciser que l'avion volait à vide et que donc le décollage et l'atterrissage façon porte-avion ci-dessous ne sont pas possible avec des passagers. Y n'empêche que ça reste très impressionant (à vide, la Vr est de 72 noeuds et l'approche se fait à 75 noeuds : vous en déduirez le coup de frein magistral !).
Toute mes excuses si j'ai parlé un peu trop aéronautique au lieu de remontée mécanique mais le Dash 7 est un avion formidable qui est un peu tombé dans les oubliettes. Si notre altiport est connu dans le monde entier, c'est bien grâce au Dash 7...
Bien cordialement
Daphnis, le dashophile-tranportparcabliste />/>/>
Concernant les photos de Dash 7, je ne les ai pas postés directement en raison de droits d'auteur. Elles renvoient vers le site www.airliners.net qui propose un très grand nombre de photos aéronautique d'excellente qualité.
Ce message a été modifié par daphnis - 30 janvier 2013 - 21:01 .