PassionRM, le 02 juin 2022 - 20:44 , dit :
Bonsoir,
je pose le contexte: je suis en fin de 2ème année de BTS électrotechnique, tout a marché sur des roulettes avec félicitations aux 4 semestres des 2 ans de formation et en étant major de promo, des appréciations dithyrambiques de la part de mes profs (je ne me jette pas de fleurs hein, je retranscris juste ce qui m'a été dit

)
Mais, il y a un mais: je suis nul manuellement. Enfin, j'ai 14 de moyenne en TP ce semestre; on m'a dit que j'y ai fourni un travail sérieux et soutenu, mais que j'ai des difficultés dans la réalisation.
Du coup, je me pose une question: est-ce que c'est possible que je devienne ingénieur en étant nul en pratique ? Mon prof me disait: "vous avez un dossier béton pour les écoles d'ingénieur" - "A travers divers stages en école d'ingénieur, vous allez mûrir car il vous reste encore du chemin à effectuer pour être un bon technicien" - etc.
Qu'en pensez-vous ?
"Ca dépend."
J'ai côtoyé des ingénieurs EPF nuls de chez nuls côté pratique, et encore, c'est un doux euphémisme. Après, j'ose espérer que la partie plus orientée pratique de la formation se soit nettement améliorée avec le temps. Cela dit, l'on ne peut pas non plus généraliser à outrance, cela dépend aussi beaucoup de chaque personne, et, pour une même protession, certaines activités requièrent moins de sens pratique du terrain que d'autres.
Pour moi, si un bon ingénieur doit être capable de concevoir, calculer, dimensionner, etc., il doit également avoir un sens technique pratique, idéalement savoir effectuer des travaux de montage, dépanner, avoir des bases en usinage, etc.
Là je me réfère évidemment aux ingénieurs purs et durs comme dans les domaines de l'électrotechnique et de la mécaniques (sauf si l'on opte pour une voie genre recherche, modélisation numérique, donc moins connectée à la pratique). Pas des débilités genre ingénieur en écologie et autres conneries qui sont devenues à la mode plus récemment, en tout cas comparé aux formations d'ingénieurs que je qualifierais d'"historiques" et pour lesquelles les bases sont demeurées pour l'essentiel inchangées (maths, physique, chimie, et, extrêmement important, une bonne maîtrise de l'anglais ainsi que d'une langue locale).
(Je fais référence aux bases mêmes, pas aux outils tels que p.ex. les logiciels, après j'ignore si on doit encore se coltiner les antiques livres russes des éditions Mir, comme ceux de Piskunov...).
La partie liée aux technologies se démode quant à elle très vite, certains profs sont à la traîne car trop flemmards pour rester à la page. Je me souviens de polycopiés dont seule l'année du copyright était remise à jour.
Etre nul manuellement ça peut se corriger... ou pas. Je me souviens de poissards de très haut vol avec qui personne ne voulait avoir affaire pour éviter ce genre de situation:
https://www.youtube....h?v=nJPju1f6p0E
Il y a effectivement des nuls qui attirent les ennuis comme des aimants supraconducteurs, surtout lors des mises en service ou de dépannages. Une horreur sur le terrain, qu'ils aillent faire carrière dans les administations ou l'enseignement, ou à la limite les grosses boîtes bureaucratisées à mort, mais qu'il laissent tranquilles ceux qui doivent vraiment bosser!!!!
J'ignore à quel point l'on peut acquérir des bases correctes côté manuel. Perso j'ai de la chance, par contre je sais que je serai toujours archinul en histoire, littérature, ou philo (heureusement qu'avec le Bac C on s'en fichait pas mal).
Un très bon exemple est le dépannage lors de pannes complexes: aucune formation théorique ne remplace la pratique et, surtout, il faut développer une sorte de 6ème sens.
On peut apprendre jusqu'à un certain point, après, comme mentionné, on peut plus ou moins progresser avec le temps. Au-delà, commes les virtuoses en musique avec la célébrité en moins, il a quelques spécialistes qui finissent pas survoler la mêlée, mais ceux-ci sont vraiment très rares, notamment en raison du manque de pluridisciplinarité.
Pour faire simple, un bon électro doit également avec bon niveau en mécanique, l'inverse est malheureusement plus difficile. Nombre d'ingénieurs sont très compétents dans leur domaine spécifique tout en demeurant hélas pas trop bons dans d'autres, ce qui s'avère souvent désavantageux.
De façon plus générale, la pluridisciplinarité permet d'avoir une meilleure vue d'ensemble, c'est très utile pour la recherche de causes de pannnes ou encore pour des enquêtes technico-scientifiques (même au niveau des polices scientifiques ou de la Suva il n'est pas si évident de trouver des experts internes au top pour des incidents techniques complexes, il est alors fait appel à des experts externes avec plus ou moins de bonheur...).
Pour terminer je soulignerais encore le problème classique des erreurs de conceptions imputables au manque d'expérience pratique dans le montage, la mise en service, l'exploitation ainsi que le dépannage de ce qui sont dans les bureaux. De loin le pire exemple que je connaisse sont les constructeurs automobiles. Leurs ingénieurs devraient être déchus de leur titre à tel point ils font honte à la profession.
Ce message a été modifié par Velro - 02 juin 2022 - 21:54 .