[Jubiproduction]

Je me permets de relancer le sujet par rapport à cette fameuse pince RYL :

La première version de la pince a été soumise le 15 juin 1954 au Ministère de l'Industrie et du Commerce. Ce brevet sera publié en décembre 1955 :


Cliquez sur l'image pour accéder au brevet.
On remarque que cette pince ressemble à la pince inventée par Giovanola: la force de la pince est proportionnelle au poids de la cabine additionné avec celui des passagers. L'ouverture de la pince se faisait à l'aide d'un rail (24) soulevant progressivement le galet(23), ouvrant ainsi les mords (7/8) et libérant le câble. Un loquet de sécurité (26) permettait d'éviter toute ouverture en ligne.

Peut-être que la ressemblance entre les deux pinces étant trop appuyée, Roger Laurent fit une seconde demande de brevet en août 1956 avec la pince RYL54 (était-ce vraiment son nom ou celui de la version précédente?) qui équipa les anciens télécabines Sarrasola (Verdons,...) :

Cliquez sur l'image pour accéder au brevet.

Un télécabine ayant utilisé cette pince:



Cependant la question qui se pose est : de quel type étaient les lanceurs. Gravité? Chariot de lancement? Ou autre?

Une vue interne

Les deux documents parlent souvent de "lancement automatique", ce qui me fait pencher pour l'idée de chariot. Cependant il se pourrait qu'un autre système fut utilisé :



Peut-être que le rail de fermeture de la pince s'abaissait progressivement, ce qui accélérait la cabine par augmentation du frottement entre la pince et le câble.

À voir!

[Jubiproduction]

Récemment, nous avons découvert de nouveaux documents très précieux sur Roger Laurent et la Sacmi. Voilà les quelques photographies en questions, qui sauront nous avancer dans nos recherches ! Ces photos viennent de Jean-Michel Grand et de Loutseu qui nous remercions infiniment de nous avoir autorisé la publication de ces documents ci-dessous !

Le document le plus important est sans aucun doute cette magnifique photo de la fameuse pince RYL54 ! On sait désormais que son système de lancement n'était pas à gravité comme Giovanola, Von Roll ou Neyret-Beylier mais utilisait une courroie placée en dessus le long du lanceur. Similaires aux lanceurs des télécabines Habegger, la courroie accélérait la pince qui rejoignait le câble à l'aide d'un rail légèrement incliné.



Cette pince équipait plusieurs télécabines dont la TCD2 des Verdons à Courchevel :







Quelques photos du TSF1 La Sétaz 2, à Valloire. Une transformation de l'ancien télébenne Sosatel (Julliard) par la Sacmi :









TSF2 Chamrousse :















TSF2 de la Vizelle à Courchevel :







Divers éléments techniques non localisés :








Pied des pistes à Lelex (Jura). Téléski pour débutants :

On aurait là le téléski Julliard de décembre 1936, première remontée de la station. Julliard et Laurent ont longtemps travaillé ensemble





TKE des Plans à La Toussuire :

cette gare pourrait être une récupération/adaptation de celle de Lelex pour moderniser le téléski des Plans à moindre frais au milieu des années 50 (la précédente gare diffère en effet). Des détails et la chronologie concordent. Les photos de Lelex et La Toussuire ont vraisemblablement toutes été prises au début/milieu des années 50 (voitures, poteaux EDF, gare tkd Baby en second plan). Les photos de Lelex montrent une gare au bardage vieux/abimé (car déjà présente dans les années 40), et qui semble être démontée proprement (la ligne du téléski traversant la future route créée avec le télébenne). Et ici à la Toussuire une gare toute propre fraichement installée.

[Lolo42]

Merci Julien pour la mise en ligne de ces précieuses photos.

On peut rajouter que Jean-Michel Grand est le fils de René Grand, qui était associé à la famille Laurent dans l'aventure Sacmi. Il partit ensuite pour s'associer à Montaz Mautino en créant la société SCMM, qui fournit les pinces débrayables à Montaz Mautino.

[Lolo42]

Voici le visuel d'une plaquette commerciale de la société Sacmi, que Jean-Michel Grand a la gentillesse de nous mettre à disposition. Je remercie Jubiproduction et Loutseu pour leur travail de facilitateur !

J'ai profité de ce nouveau document pour faire une mise à jour en page 1 du sujet (lien direct en cliquant sur l'image ci-dessous). Vous y trouverez notamment trois autres visuels présentant le reste du contenu de cette plaquette.



On remarque que la liste des références ci-dessus inclut l'ensemble des téléportés "systèmes Laurent", y compris les installations Sosatel, Clerc-Renaud, Sarrasola, Fives-Lilles Applevage, pour certaines antérieures de plus de 10 ans à la création de la Sacmi, notamment les télébennes Julliard.

[Fael]

Merci aux différents contributeurs de ce sujet très intéressant. Je souhaite revenir sur une information concernant la pince RYL 54 que l'on peut trouver dans le premier message ainsi qu'à plusieurs autres endroits sur le site :

Lolo42, le 24 mai 2008 - 14:02 , dit :

Le serrage, qui restait à gravité (avec la masse de la cabine), se trouvait désormais renforcé par un ressort en compression emprisonné dans un carter (préfiguration de la pince S).

Si j'ai correctement compris le fonctionnement de ces pinces, cette description me semble partiellement incorrecte. Le brevet dit à ce sujet :

Brevet FR1160724A dit :

Un ressort de rappel 19 prenant appui à gauche sur le mors fixe 5 et à droite sur la butée 20, a pour rôle de ramener le mors mobile 18 vers la droite lors du désaccouplement du chariot.

Il s'agirait donc, comme sur les pinces Giovanola (dont le principe de fonctionnement est presque le même), d'un ressort de faible raideur qui agit contre la force de serrage principale et qui permet d'écarter les mors lors du débrayage. En effet, comme le galet 23 est simplement appuyé contre la « pièce en forme de mortaise » 22, le mors ne bougerait pas (lors du débrayage) sans ce ressort. D'ailleurs, la formule donnant la force de serrage donnée à la page 2 du brevet ne contient pas de contribution provenant d'un ressort mais indique un serrage purement par gravité. Le brevet de la première version de la pince Laurent, également mentionné plus haut dans ce sujet, comporte aussi un tel ressort (numéro 10), placé au même endroit que sur les pinces Giovanola. Le texte précise : « Ils (les deux mors) sont normalement écartés l'un de l'autre par l'action d'un ressort de rappel 10 qui est inséré entre eux, ses extrémités étant engagées dans des logements appropriés creusés dans les deux mors ». Une formule donnant la force de serrage est également donnée, c'est la même que pour la pince RYL 54. 

Même si elle n’a pas eu le même succès, cette pince RYL 54 est sur plusieurs aspects une version améliorée de la pince Giovanola. Le principal avantage par rapport à celle-ci est qu’elle aurait en principe pu franchir des rattrape-câbles en cas de déraillement, grâce à sa forme standard n’empiétant pas à l’intérieur de la ligne. De plus, pour un angle de coulisse et une charge transportée fixés, elle avait une force de serrage plus importante que la pince Giovanola. En effet, comme indiqué dans le brevet, la force de serrage de la pince RYL 54 est donnée par P*L / (sin(α)*l). Pour les pinces Giovanola, la formule correspondante est P / tan(α), ce qui est plus petit (pour le même α) car L > l (et dans une moindre mesure car 1/sin(α) > 1/tan(α)). Je ne connais pas l’angle α utilisé en pratique pour les pinces Laurent donc la force réelle n’était peut-être pas plus importante, mais le mode de construction permettait de l’augmenter plus facilement que pour une pince Giovanola, grâce à la présence du levier 25 (numéro sur le brevet le plus récent).

Roger Laurent a déposé de nombreux brevets. En plus de ceux de la pince Laurent et ceux relatifs au Poma 2000 (déjà mentionnés plus haut dans ce sujet), on peut remarquer (liste non exhaustive) :
- un chariot de 2S avec pince débrayable à gravité et frein de chariot (brevet 1, brevet 2) ainsi que deux types différents de chariots de 2S avec pinces à ressort mais sans frein de chariot (brevet 1, brevet 2),
- une pince débrayable bistable destinée aux installations non-débrayables (qui permet par exemple de ranger les véhicules le soir facilement),
- une disposition innovante des voies de garage et un système d'aiguillage pouvant être commuté alors qu'un véhicule s'y trouve,
- un système de lanceur et ralentisseur à pneus où les pneus sont répartis en plusieurs groupes (dans lesquels chaque pneu tourne à la même vitesse) dont la vitesse peut être modifiée hydrauliquement,
- des variantes de la pince S, notamment une version compatible avec un traînage à pneus et qui peut franchir des virages en ligne ainsi qu'une pince dont les deux mors sont mobiles et s’ouvrent de façon symétrique,
- plusieurs systèmes de contrôle de la force de serrage des pinces : brevet 1 (utilise le poids de la cabine pour tenter d'écarter les deux mâchoires une fois la pince embrayée), brevet 2 (utilise des pneus qui freinent la pince après embrayage), brevet 3 (contrôle la pince en gare à l'arrêt en la fermant sur un une pièce fixe remplaçant le câble).

Il serait intéressant de savoir si certains de ces brevets ont été réalisés.

Ce message a été modifié par Fael - 04 octobre 2025 - 23:01 .

[Lolo42]

Je te remercie, Fael, pour ces explications techniques très claires sur le fonctionnement de la pince RYL.
Je vais prendre en compte ta précision quant au ressort.