RESUME NON OFFICIEL EN LANGUE FRANCAISE DU
Rapport final du Service d’enquête sur les accidents des transports publics (SEA) sur la chute d'une cabine de la remontée mécanique à mouvement continu "Quoquaire - Videmanette" du 16 janvier 2010 à Rougemont
0 NOTE LIMINAIRE
Le présent résumé non officiel est basé sur le rapport d'accident officiel en langue allemande du Service d’enquête sur les accidents des transports publics (SEA), reg. No 10011601, disponible ici:
http://www.uus.admin.ch/php/udetail.php?id...601&lang=de.
Une traduction complète non officielle du rapport d'accident sera préparée ultérieurement pour le site de
http://www.remontees-mecaniques.net.
1 INTRODUCTION
La télécabine débrayable à mouvement continu avec cabines 4 places de Rougemont - Quoquaire - Videmanette à Rougemont, canton de Vaud, Suisse, comprend deux sections pouvant être exploitées ensembles ou indépendamment l'une de l'autre.
Sur la section entre la station intermédiaire motrice Quoquaire et la station amont (de renvoi, dite également de retour) Videmanette s'est produit un incident le 16 janvier 2010 à 11h50 au cours duquel une cabine vide s'est détachée du câble porteur-tracteur et a chuté. Le câble porteur-tracteur a déraillé.
L'incident n'a causé que des dégâts matériels.
Après la remise en place du câble porteur-tracteur déraillé, les quelque 70 usagers, occupant tous des cabines du brin montant, ont été acheminés normalement en station amont après de la remise en service temporaire de l'installation.
2 RESUME DU DEROULEMENT DE L'ACCIDENT
Le 16 janvier 2010 à 11h33mn59s heure locale (UTC+01h00) un défaut de fermeture de pince de la cabine No 20 a été détecté par un volet de contrôle (gabarit) de fermeture des pinces en sortie de station amont (Videmanette), ce qui a automatiqument entraîné un arrêt de l'installation. A ce moment, environ 70 usagers se trouvaient dans les cabines montantes, les cabines descendantes étant alors elles toutes vides.
Il est à relever que cette remontée mécanique n'est pas équipée de systèmes dits de pesage de pinces permettant le contrôle inline automatique de la force de serrage des pinces; dans le présent cas, le système à volets permet de contrôler une ouverture minimale des pinces, par contre aucun contrôle de l'efficacité réelle du serrage n'est possible.
L'employé présent en gare amont a alors réinitialisé manuellement le volet de contrôle, puis, après un contrôle visuel des pinces depuis le sol, a donné l'ordre de redémarrer l'installation et ce sans retirer la cabine No 20 ni lui faire repasser la zone d'accouplement ni le point de contrôle de fermeture des pinces en sortie de station amont.
A 11h38mn03s un arrêt d'urgence a été initié par la surveillance de ligne suite au déraillement du câble porteur-tracteur (rupture de deux barrettes cassantes au niveau du balancier côté brin descendant du pylône No 33). Les systèmes de sécurité assurant l'arrêt du mouvement du câble porteur-tracteur ont fonctionné normalement.
Chaque cabine est équipée de deux pinces consécutives identiques GMD Müller dont la fermeture et l'ouverture sont assurées par un système de tige filetée entraînée par une roue dentée s'engrènant avec des crémaillères stationnaires installées en entrée et en sortie des stations.
Sur la base des traces relevées sur les différentes parties des installations, il est parti du principe que la pince No 2 (située côté amont lors de la course en question) de la cabine No 20 n'était pas correctement accouplée au câble porteur-tracteur, défaut qui n'avait pu être détecté par le volet de contrôle vu que, après l'arrêt déclenché par la détection de défaut de fermeture des pinces, la cabine n'avait pas été reculée pour repasser la zone d'accouplement ni le volet de contrôle de fermeture des pinces.
Au cours de la descente, la pince No 1 (située côté aval lors de la course en question) s'est mise de travers et est entrée en collision avec le premier guide-câble intérieur côté amont du pylône No 33, ce qui a entraîné un basculement du balancier principal. Suite à ce choc, une vis de fixation de la butée d'anti-retournement côté amont du balancier principal a été cisaillée, ce qui a permis un pivotement à 90 degrés du balancier avec pour conséquence un déraillement du câble porteur-tracteur. Le corps de la pince No 1 a été fracturé, ce qui a entraîné la chute de la cabine No 20.
La rupture de deux barrettes cassantes du balancier côté brin descendant du pylône No 33 a été détectée automatiquement par la surveillance de ligne, entraînant ainsi comme prévu un arrêt d'urgence de l'installation.
3 RESUME DES CAUSES DE L'ACCIDENT
Il est parti du principe que lors de la fermeture de la pince No 2 en sortie de station amont, la denture du tube central assurant la transmission du couple de rotation entre la roue dentée et le tube central même a été cisaillée. En conséquence, le mors mobile de la pince n'a pu assurer le serrage de la pince sur le câble porteur-tracteur et l'absence de mouvement de translation a été correctement détectée par le volet de contrôle de la surveillance de fermeture des pinces en sortie de station amont (Videmanette).
La pince No 1, située côté aval lors de la course en question, ayant elle fonctionné correctement, la course s'est déroulée normalement jusqu'au train de galets de compression du pylône No 34 au passage duquel le câble porteur-tracteur est sorti de la pince No 2 restée ouverte avant d'être ramené à côté de l'ouverture de cette pince. La pince No 1 pour laquelle aucun défaut de fermeture n'avait été détecté s'est alors mise de travers, ce qui a permis la collision en entrée du pylône suivant (pylône No 33, les pylônes étant obligatoirement numérotés en ordre croissant depuis l'aval).
La cause même du dysfonctionnement de la pince No 2 est très vraisemblablement liée à la destruction de la denture assurant la transmission du couple de rotation de la roue dentée au tube central lors d'une opération de fermeture de la pince.
Les causes de la défaillance de cette denture sont multiples:
- Le matériau de la pince No 2 présente des signes de porosité et de fatigue, ce qui favorise la formation et la progression de fissures.
- L'irrégularité des dommages affectant la denture du tube central indique un jeu excessif entre le rainurage de l'alésage de la roue dentée et la denture du tube central.
- La denture extérieure du tube central est nettement moins résistante que la denture intérieure cémentée de l'alésage de la roue dentée à denture extérieure.
- L'engrènement de l'assemblage entre la denture intérieure de la roue dentée et la denture extérieure du tube central ne semble pas optimal.
[ Note personnelle:
Par denture et rainurage il faut comprendre ici un assemblage de transmission de couple de rotation à profil géométrique vraisemblablement propriétaire quelque part à mi-chemin entre une denture conventionnelle à évolvente et des cannelures normalisées, voir photos du rapport original. ]
4 RESUME DES RECOMMANDATIONS DE SECURITE
[
Note personnelle:
Les recommandations ci-après sont caduques pour la remontée mécanique en question, la télécabine complète étant en cours de remplacement par une installation neuve sans station intermédiaire dont la mise en service est prévue pour décembre 2010. ]
- La totalité des tubes centraux sont à replacer, une attention particulière sera alors à vouer au choix des matériaux et à la géométrie de l'engrènement au niveau de l'assemblage entre le tube central et la roue dentée.
- Remplacer ou contrôler l'axe principal du balancier côté brin descendant.
- Contrôler et réparer le câble porteur-tracteur.
- Améliorer la formation du personnel d'exploitation. Après un défaut de fermeture de pince, le véhicule (cabine) vide doit être ramené en arrière afin de repasser obligatoirement la zone d'accouplement. En cas de passage infructueux du contrôle le véhicule doit être retiré du circuit.
- L'installation d'un système de pesage de pinces (mesure automatique inline directe ou indirecte de la force de fermeture) est à étudier.
[ Résumé et traduction non officiels par Velro pour remontees-mecaniques.net, basé sur le rapport d'accident officiel en langue allemande. Rév. 01C/2010-11-08/Corr. othogr. 2010-11-10 ]
[ Edité pour corriger des fautes de frappe secondaires; le nom correct de la station intermédiaire selon le lieu-dit est "Quoquaire" et non "Qoquaire". ]
Ce message a été modifié par Velro - 10 novembre 2010 - 23:59 .