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Domaines skiables : la Compagnie des Alpes conserve son joyau de La Plagne

Au terme d’un appel d’offres qui aura duré presque un an, la Compagnie des Alpes conserve le plus grand domaine skiable d’Europe, qu’elle exploitera jusqu’en 2052. Mais à quel prix ?

La Compagnie des Alpes peut souffler. Le leader européen de la gestion des parcs d’attractions et des domaines skiables conservera jusqu’en 2052 l’exploitation de La Plagne, son plus important actif en altitude, qui figure dans son portefeuille depuis près de 35 ans. Le concédant, le Syndicat intercommunal de la Grande Plagne (SIGP) a rendu son verdict ce mardi soir. Il avait lancé en janvier dernier l’appel d’offres pour renouveler cette délégation de service public à laquelle prétendait également un attelage inédit.

Altiservice, exploitant des deux domaines pyrénéens de Font-Romeu et Saint-Lary, compensait son manque de surface financière (40 millions d’euros de chiffre d’affaires) par une alliance avec NGE Concessions, filiale du géant du BTP (4,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires), comme le révélait le Figaro début novembre. De quoi garantir le paiement d’un ticket d’entrée gargantuesque de 180 millions d’euros en cas de victoire - soit la valeur des biens non amortis, comme les nouvelles remontées mécaniques.

«500 millions d’euros d’investissements»

Les deux parties se contentant de communiqués, la question reste entière : à quelles conditions la Société d’Aménagement de La Plagne (filiale à 98% de la Compagnie) conserve l’un des joyaux savoyards de sa couronne ? «Pour nos actionnaires, cette DSP a été renouvelée dans des conditions de rentabilité conformes aux standards du groupe et sera donc créatrice de valeur pour tous», commentait ce soir dans un communiqué Dominique Thillaud, le directeur général de la CDA, rappelant que «gagner cette délégation de service public iconique était un enjeu stratégique fort pour la Compagnie des Alpes qui souhaite rester un acteur majeur de la montagne».
De son côté, la SIGP annonçait que «l’offre retenue» se caractérisait notamment par «un programme d’investissements inédit, dépassant 500 M€ sur la durée du contrat, permettant la modernisation des remontées mécaniques, l’amélioration des liaisons structurantes [...]».

Poids lourd

Difficile toutefois d’imaginer que le contrat sera aussi rentable pour la filiale de la Caisse des dépôts, cotée en bourse. Et pas seulement parce que, désormais, la coûteuse piste de bobsleigh, unique en France et qui doit accueillir les épreuves olympiques et paralympiques en 2030, intègre le périmètre du nouveau contrat, qui prendra effet en juin 2027. « Depuis 1987, date du premier contrat, le monde a changé pour les deux parties, analyse un ancien cadre de l’entreprise. Pour le concédant, il s’agit de mieux capter et redistribuer la forte valeur dégagée par l’activité sports d’hiver, qui réalise une marge à deux chiffres à La Plagne, même s’il faut rappeler que c’est une activité très capitalistique et gourmande en investissements. »

Côté concessionnaire, il s’agissait d’abord de sécuriser son joyau. La station de Tarentaise, avec ses 225 km de pistes en altitude reliées aux Arcs (également exploité par une filiale de la Compagnie des Alpes), 74 remontées mécaniques, 2,6 millions de journées-skieurs et 57 000 lits touristiques, affiche des revenus annuels qui flirtent avec la centaine de millions d’euros, pour un bénéfice bien supérieur à 10%. Un poids lourd donc, dans la division « Domaines skiables et activités outdoor », qui héberge la dizaine de grandes stations (Les Menuires, Méribel, Val d’Isère, Serre-Chevalier, Flaine…) de la CDA. Lors de l’exercice 2024-2025, elle enregistrait un chiffre d’affaires de 594,2 M€ (+7,5%), soit plus de 43% du revenu global annuel de 1,4 milliard d’euros (+12,8%), juste derrière la branche parc de Loisirs (678 M€) qui compte le Parc Astérix ou le Futuroscope.

« Intrinsèquement, la Compagnie pouvait se remettre de la perte de la Plagne sur le plan financier, interprète un ancien collaborateur de haut niveau. Mais perdre le plus grand domaine d’Europe aurait envoyé un signal très négatif, alors que deux autres grands domaines ont quitté le portefeuille ». Après Les Deux-Alpes (Isère) en 2021, la lucrative Tignes (Savoie) quittera à son tour le giron de la CDA le 31 mai prochain, en s’acquittant d’un gros chèque de sortie d’environ 150 millions d’euros, sa Société publique locale (SPL) prenant le relais.

Diversification

Le gain de la modeste station de Pralognan-la-Vanoise en novembre dernier (230 000 journées skieurs et 5,5 millions d’euros de chiffre d’affaires) s’explique surtout par la volonté de la CDA de marquer son territoire face aux velléités de certains maires de rebasculer en mode de gestion publique, et d’affûter une offre de saison estivale que lui réclament ses clients : « Pralo » est en effet l’une des rares stations françaises à accueillir presque autant de monde en été qu’en hiver.

Les autres DSP offriront à la Compagnie un répit de quelques années sur le front de la montagne. Bourg-Saint-Maurice -Les Arcs (Savoie) est la prochaine station dont le contrat arrivera à échéance, en 2030. Ces derniers mois, la DSP des Menuires (domaine des 3-Vallées en Savoie) a été prolongée par avenants jusqu’en 2037, tandis que Serre-Chevalier (Hautes-Alpes) doit être exploité jusqu’en 2034, désormais. Un délai qui doit permettre à la CDA de poursuivre ses investissements et sa diversification.

Dans les parcs d’attractions, 250 millions d’euros seront injectés d’ici à 2030 dans le parc Astérix, qui vise à intégrer le top 5 européen. Depuis mars 2024, la CDA avance aussi ses pions dans le foot en salle et le padel, à travers l’acquisition de la majorité du capital du groupe Soccer 5. Il compte à ce jour 35 unités dans l’Hexagone. Dans l’hébergement, branche qui s’appuie sur la locomotive MMV (21 clubs en montagne), intégrée en 2022, la Compagnie des Alpes programme l’acquisition de Terrésens. Ce développeur de «lits chauds» premium dans les Alpes, qui réalise à ce jour 68 millions d’euros de chiffre d’affaires, dispose aussi d’un important carnet de commandes, avec 9 résidences en cours de construction en altitude.

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L’objectif est de protéger les installations des investisseurs étrangers qui ont déjà manifesté leur intérêt.