Sommaire :
I- A la conquête du Chard du Beurre !
II- Le télésiège du Covetan : une ouverture vers Crest-Voland
III- Le remplacement du TSF2 du Covetan
IV- Le télésiège du Covetan, nouvelle version
V- Situations
VI- Caractéristiques de l’appareil
VII- Photos
Avec la participation de DarkHunt et de Guillaume69
I- A la conquête du Chard du Beurre !
Les Saisies, station de ski située dans le Beaufortain en Savoie, a véritablement concrétisé la pratique des sports d’hiver sur ses vastes plateaux enneigés avec la mise en service du téléski de Bisanne durant l’hiver 1963/1964, sur les pentes de la montagne éponyme. Virent également le jour cette saison-là les téléskis de l’Ecole et de l’Accès, ce dernier servant de retour vers la station depuis les pentes basses du mont Bisanne. Peu après, devant le succès des premiers appareils, apparurent les téléskis du Manant en 1965, de la Forêt en 1966 et de la Légette en 1968. Celui-ci marqua d’ailleurs l’extension du domaine sur un autre des sommets surplombant Les Saisies à plus de 1800 mètres d’altitude : la Légette. Cependant, au début des années 70, une de ces montagnes restait tout de même encore vierge de tout équipement, le téléski de l’Accès mis à part : le Chard du Beurre. Pourtant, celui-ci offre de grands champs de neige du côté du plateau du Bénéton, ainsi que des pentes plus soutenues au sein de la forêt du Covetan, faisant de ce sommet un terrain de jeu idéal pour la pratique du ski alpin.
La conquête du Chard du Beurre débuta dans le cadre d’une politique d’expansion du domaine skiable. Pour ce faire, un projet de grande envergure fut d’abord lancé au début des années 70 sur le secteur du mont Bisanne, suite à un constat de la part des gérants du domaine et des habitués : il n’y avait encore aucun secteur proposant de dénivelée significative aux Saisies. Ce projet visait à construire des pistes et des remontées mécaniques entre le chef-lieu de Cohennoz et le sommet de la montagne de Bisanne, assurant ainsi une dénivelée d’environ 1000 mètres. Malheureusement, après études géologiques, les terrains s’avérèrent peu à même de supporter de tels ouvrages, et le projet fut avorté. En résultèrent tout de même les téléskis de la Palette et du Chamois, dont la dénivelée d’environ 200 mètres était cependant bien faible comparée à celle du projet initial.
Déçue de ce résultat, la station lança dans le même temps des travaux sur le Chard du Beurre. Furent d’abord réalisés sur les pentes basses de cette montagne les téléskis parallèles du Boëtet 1 et 2, à quelques dizaines de mètres sur la gauche du téléski de l’Accès. Par leur situation, partant du pied des pistes de Bisanne et terminant le long de la route traversant la station des Saisies, ils permirent de conforter le retour station et d’agrandir l’offre débutante du domaine. Arriva ensuite la construction du tout premier téléporté des Saisies : le télésiège à pinces fixes deux places des Périos, accessible directement depuis les téléskis du Boëtet. Démarrant en haut de la station, ce télésiège fut le premier appareil à atteindre les pentes du Bénéton, permettant ainsi l’exploitation de celles-ci, certes peu pentues, mais plutôt bien fournies en neige. Il permit également de faciliter la liaison avec le téléski de la Légette, jusque-là isolé du domaine skiable. A noter qu’un petit téléski avait également déjà été construit quelques années auparavant dans le prolongement des téléskis du Boëtet, en parallèle de la partie aval du télésiège : le téléski des Périos, agrandissant encore un peu plus l’offre pour les skieurs non aguerris. Il était de plus complété par le téléski de l’Aiglon, réalisé pratiquement en même temps, et situé quant à lui non loin du Col des Saisies.
Fin 70, la conquête du Chard du Beurre a donc commencé. Néanmoins, malgré les quelques remontées mécaniques installées, le sommet n’est toujours pas atteint : restent en effet à franchir une centaine de mètres de dénivelée et un peu plus de 800 mètres de distance. Ce sera chose faite en 1981, avec l’implantation du téléski du Chard du Beurre, première remontée à rejoindre le haut de cette montagne avec le deuxième téléporté de la station également réalisé en 1981 : le télésiège du Covetan.
II- Le télésiège du Covetan : une ouverture vers Crest-Voland
Le télésiège à pinces fixes 2 places du Covetan a été tracé à travers la forêt éponyme, sur les pentes ouest abruptes du Chard du Beurre. Ce fut une véritable révolution à l’époque car il offrit à la station sa première vraie piste difficile de descente sur plus de 300 mètres de dénivelée. Encore aujourd’hui, cette piste dénommée Sangliers est l’une des plus prisées du domaine.
Au début des années '80, les projets d’extension et d’amélioration du domaine skiable des Saisies ne manquaient pas. La même année que la réalisation du téléski du Chard du Beurre et du télésiège du Covetan, le téléski du Boëtet 2 fut déplacé et vint remplacer en lieu et place le vieux téléski de l’Accès, devenu obsolète. Deux ans plus tard, en 1983, un troisième téléporté fut construit sur le bas de la station afin de seconder les téléskis du Boëtet pour le retour station : le télésiège à pinces fixes 3 places des Challiers, seul appareil de cette capacité qui sera jamais construit aux Saisies. A tout ceci viendra s’ajouter en 1984 l’installation d’une remontée mécanique sur des pentes jusque-là inexploitées : le téléski du Lac, qui ouvrit le premier véritable secteur débutant isolé de la station, ainsi qu’une nouvelle porte d’entrée sur le domaine pour tous les résidents de la Forêt des Rennes, quartier déjà bien développé au début des années '80. Secteur qui fut d’ailleurs complété l’année suivante par le téléski de l’Aiglon, en provenance directe de son ancien emplacement au-dessus du Col des Saisies.
Mais le SIVOM, exploitant des pistes et des remontées mécaniques des Saisies, souhaitait voir plus loin, et à une période où les projets de liaisons entre stations commençaient à fleurir, il fut décidé, dans cette dynamique d’amélioration et d’extension, de créer le premier espace de glisse entre Beaufortain et Val d’Arly : l’Espace Cristal, visant à relier les domaines skiables alpins et nordiques des Saisies et de Crest-Voland/Cohennoz.
Pour ce faire, les 2 stations devaient étendre leur domaine alpin respectif. Du côté des Saisies, le téléski du Chard du Beurre et le télésiège du Covetan, en plus du ski propre offert, furent réalisés dans cette optique. Ils permirent entre autres d’atteindre la limite administrative des communes de Hauteluce et de Crest-Voland, située au niveau de la gare aval du télésiège du Covetan. Quant à la station de Crest-Voland, elle avait encore tout à faire pour espérer rejoindre le pied du télésiège.
Au début des années '80, le sommet de la montagne du Lachat, sur laquelle est perché le village de Crest-Voland, n’était pas encore atteint. Les remontées mécaniques déjà construites n’arrivaient pourtant pas très loin, à seulement quelques petites centaines de mètres - voire même à une dizaine de mètres pour le téléski des Moliettes. Force fut de constater que le passage par le point culminant du Lachat était une condition obligatoire pour rallier le télésiège du Covetan, et donc par la même Les Saisies. En effet, entre ce sommet et le bas de cet appareil, il n’y a qu’une distance d’environ 1,5 kilomètre à vol d’oiseau et une dénivelée effective de quelques centaines de mètres, chiffres certes suffisants à eux seuls pour penser à la bonne réalisation de la liaison. Néanmoins, en regardant de plus près, on remarque assez vite que la topographie en "V" des lieux est quelque peu compliquée : si l’on tire la ligne tout droit depuis l’arrivée des appareils existants, on se retrouve sur les vastes étendues plates de la tourbière des Saisies, de fait impraticables en ski alpin, et surtout déjà utilisées pour le ski de fond. Mais si l’on veut chercher de la pente, on atterrit en plein dans le canyon du Nant Rouge, escarpé et étroit. Pour que les pistes réalisées aient un minimum d’inclinaison, et pour s’affranchir de toutes ces contraintes, partir de la plus haute altitude possible, en l’occurrence ici, le sommet du Lachat, apparut donc comme une évidence.
Crest-Voland n’a par conséquent pas le choix : 3 appareils doivent être réalisés, et autant de téléskis virent le jour en 1984. Le premier d’entre eux fut le téléski du Grand Bois, petit remonte-pente faisant le trait d’union entre la cuvette du Lachat et le sommet de cette montagne. Il était accessible depuis les principales remontées atteignant la cuvette, à savoir le télésiège de la Logère et les téléskis du Lachat, des Moliettes, des Reys, ou encore de la Tour du Pin. Le deuxième téléski construit, celui des Bâches, permettait de revenir sur Crest-Voland, en traversant la route départementale D71A et en atteignant le sommet du Lachat. Le dernier téléski réalisé fut quant à lui celui du Nant Rouge, longeant le torrent éponyme, et dont les caractéristiques géométriques montrent bien à elles seules la difficulté de traverser les lieux : 1 kilomètre pour 90 mètres de dénivelée, au bout desquels il rejoignait l’aval du télésiège du Covetan. Trois pistes furent également créées pour l’occasion : Grand Bois, Bâches et Nant Rouge, longeant les appareils portant le même nom. Une piste fut également tracée entre le sommet du mont Bisanne et Cohennoz, au pied du TK des Darbelots situé sur le secteur du Cernix : le chemin de la Palette.
En 1984/85, l’Espace Cristal, première liaison entre Beaufortain et Val d’Arly, fut ainsi créé, conférant au télésiège de Covetan un rôle d’appareil de retour indispensable pour regagner Les Saisies depuis Crest-Voland, en plus de sa fonction de desserte de ski propre.
III- Le remplacement du TSF2 du Covetan
Mais l’ambition de ce nouvel espace relié ne s’arrêta pas là, et dans un contexte stimulé par l’organisation des Jeux Olympiques de 1992 d’Albertville et l’effervescence de la pratique des sports d’hiver, on parla de nouveau de s’agrandir en envisageant une liaison avec les stations voisines du Haut Val d’Arly, dont Les Saisies et Crest-Voland/Cohennoz sont séparés géographiquement par le seul canyon du Nant Rouge – autant dire la porte à côté.
Ce nouvel espace de glisse, qui serait nommé Espace Diamant, relierait dans un premier temps le domaine skiable de l’Espace Cristal à celui du Val d’Arly, regroupant Notre-Dame de Bellecombe, Flumet et Praz sur Arly, et dans un second temps celui de l’Evasion Mont-Blanc, comprenant les stations de Megève, La Giettaz, Saint-Gervais, Saint-Nicolas de Véroce, Combloux et Les Contamines-Montjoie.
Après études, pour réaliser la première étape, seule une interconnexion skis aux pieds entre les stations des Saisies et de Notre-Dame de Bellecombe put être envisagée, le canyon du Nant Rouge étant trop profond pour pouvoir être franchi par un appareil classique et de fait tracer des pistes entre le bas des Moliettes à Crest-Voland et le secteur de la Boulangère sur le domaine bellecombais. Ces stations-villages tenant également à préserver leur cachet, et devant les sommes énormes à dépenser, toute installation de téléporté type téléphérique, qui aurait permis de s’affranchir de ces difficultés topographiques, fut exclue.
Il fut ainsi décidé d’étendre dès le début des années 2000 le domaine skiable des Saisies sur les versants est non encore exploités de la commune de Hauteluce : après 2 ans de retard, et la construction de pas moins de quatre remontées mécaniques et seize pistes, allant de la verte à la noire, l’Espace Diamant ouvrit ses portes au public en décembre 2005, propulsant ainsi l’Espace Cristal dans un tout nouveau domaine skiable, plus grand, et offrant surtout plus de technicités et de variétés de glisse pour les skieurs les plus débrouillards.
Cependant, une fois la liaison créée, il restait encore beaucoup de chemins à parcourir aux six stations nouvellement reliées pour espérer concurrencer les grands domaines de France et d’Europe, ne serait-ce qu’au niveau du parc de remontées mécaniques dont l’âge commençait à sérieusement se faire sentir. Du côté des Saisies, en prévision de l’affluence attendue après l’ouverture de l’Espace Diamant, on remplaça en premier lieu en 2004 le poussif télésiège fixe 4 places du Chard du Beurre par un débrayable 6 places, rénovant ainsi cet axe stratégique de liaisons inter-domaines. Dans le Val d’Arly, Labellemontagne, exploitant des domaines flumeran, bellecombais, pralin et crest-volantin, modernisa en 2007 des axes vieillissants en remplaçant le télésiège de la Varoche par le télésiège débrayable 6 places du Crêt du Midi à Praz sur Arly et en transformant en débrayable 4 places le télésiège du Cernix à Crest-Voland. On facilita même la bascule du domaine pralin vers le secteur du Vorès sur Bellecombe en créant le téléski des 3 Coins en 2009, cette même année ayant aussi vu le début de la modernisation du Mont Rond par le changement du téléski des Gueux en un télésiège et le remaniement de toute la crête de cette montagne.
Mais s’il y a bien un endroit sur l’Espace Diamant pour lequel on envisageait dès le départ une rénovation, c’est la liaison entre Crest-Voland et Les Saisies, via le Chard du Beurre et le Lachat. Unique connexion skis aux pieds de Crest-Voland au reste de l’Espace Diamant, cette liaison possède de ce fait un rôle capital. Malheureusement, celle-ci ne répond plus aux attentes de la clientèle plutôt familiale de l’Espace Diamant, et plus particulièrement de ces deux domaines réputés faciles et ensoleillés : du côté des Saisies, le télésiège du Covetan est assez inconfortable et dessert une piste de catégorie rouge, c’est-à-dire trop difficile pour des skieurs moyens. Et sur Crest-Voland, en plus de proposer des pistes plates et étroites, les appareils sont assez difficiles car ayant un certain nombre de virages pour le téléski du Nant Rouge et présentant une très forte pente au départ pour le téléski des Bâches.
Le téléski du Grand Bois pouvant être mis à part car suffisant à lui seul, surtout depuis sa forte remise à niveau en 2007 lors de la rénovation du télésiège du Cernix, le remplacement de l’ensemble des installations composant cette liaison est programmé, et on parle dès le départ, pour le télésiège du Covetan en tout cas, de 2011, date à laquelle il aura trente ans. L’idée de la Régie des Saisies est en effet simple : plutôt que de financer une grande visite trop coûteuse, autant remplacer le téléporté par du neuf.
L’objectif de ce remplacement, au-delà de changer des appareils vieillissants, est de rationaliser et de dynamiser ces secteurs en les faisant devenir plus que de simples lieux de passage entre stations.
La première optique, la rationalisation, s’opérerait en ne construisant que deux appareils, contre trois actuellement. Pour ce faire, on pense dès l'entame du projet à modifier radicalement le tracé du télésiège du Covetan en le faisant partir du bas des téléskis des Bâches et du Nant Rouge, remplaçant ainsi d’une traite ce dernier et le télésiège. Quant aux Bâches, il serait retiré au profit d’un téléporté aux gares situées aux emplacements de celles de son prédécesseur.
Cette configuration permettrait donc de diminuer les coûts, notamment pour Crest-Voland, qui n’aurait de fait qu’un seul appareil à réaliser, et qui de plus pourrait conserver la seule piste noire de son domaine skiable : le mur des Bâches, la dynamisation de la zone passant en effet d’abord par le maintien des pistes existantes. Cette dynamisation se poursuivrait ensuite par la réalisation de travaux sur les pistes du Nant Rouge et des Bâches pour les élargir et les équiper en neige artificielle afin de sécuriser la liaison. Du côté des Saisies, pour rendre accessible cette liaison au plus grand nombre, une voire deux nouvelles pistes (dont au moins une bleue), également munies de canons à neige, seraient créées dans le bois du Covetan, et seraient directement desservies par le télésiège éponyme.
Pour mieux situer, voici une comparaison par vues aériennes du secteur tel qu’il existait au milieu des années 2000 et tel qu’il est projeté :
A l'ouverture de l'Espace Diamant :
Et tel que projeté :
(nouvelles pistes non représentées car aucune idée de leur tracé)
Le projet est donc arrêté et on lance les études de l’ensemble des travaux à réaliser. Les premiers d’entre eux se concrétisent même assez vite avec la construction d’un nouveau tronçon pour le haut de la piste des Bâches, situé avant le pont skieur, en contrebas du tracé historique. Ce chantier a pour but d’élargir cette piste et de lui redonner un peu de pente, mais surtout de la séparer du téléski des Bâches, qu’elle longeait jusque-là, rendant ce passage dangereux pour les skieurs peu aguerris.
Néanmoins, un imprévu surviendra assez vite à la fin des années 2000. Le nouveau tracé du télésiège du Covetan, s’il démarrera de la commune de Crest-Voland pour terminer sa course sur celle de Hauteluce, aura une partie de sa ligne qui survolera le territoire de Notre-Dame de Bellecombe. Pour réaliser les travaux, il faudra donc obtenir un permis de construire auprès des trois mairies. Si pour les deux premières, à l’origine du projet, la procédure est actée, cela apparaît moins évident concernant la troisième.
L’arrivée de l’Espace Diamant a permis de fortement augmenter la demande des clients en termes de services, qu’ils soient liés à l’activité neige (ski, randonnées, événements à thèmes etc...) ou à la vie sur place. Pour le développement des stations, les différentes mairies des communes sur lesquelles est situé le domaine skiable misent, à part sur la modernisation des pistes et des remontées mécaniques, sur une expansion de leur urbanisme, qui devra se traduire par une augmentation du nombre d’hébergements. Rien qu’aux Saisies, on prévoit d’élever le nombre de lits à plus de 15000 à terme. Mais qui dit accroissement de la capacité d’accueil, dit plus de monde en stations, ce qui implique nécessairement une hausse des besoins de la vie de tous les jours, tels que la nourriture, ou bien… l’eau ! Et c’est sur ce point qu’apparaît un contentieux entre les communes de Hauteluce et de Notre-Dame de Bellecombe : l’eau potable est un sujet épineux et assez sensible car elle constitue une denrée rare en montagne, d’autant plus depuis l’avènement des stations de ski, grandes consommatrices des ressources naturelles locales. Il se trouve que la commune bellecombaise exploite déjà quasiment à son maximum l’ensemble des sources présentes sur ses terres : elle est donc incapable d’augmenter de ses propres moyens son volume d’eau potable, cette dernière étant indispensable pour le bon fonctionnement de la station. D’autant plus que sans élévation suffisante de son stock d’eau, toute réalisation de nouveau programme immobilier est inenvisageable - et par la même toute amélioration du domaine skiable, les projets le concernant étant également tributaires du bon aboutissement de ces programmes immobiliers. En échange de l’autorisation de traverser son cadastre, la mairie de Notre-Dame de Bellecombe souhaitait donc que Hauteluce lui fournisse de l’eau en provenance de l’une de ses zones de captage, au Revers.
Des pourparlers auraient eu lieu entre les deux mairies sur ce sujet, la possibilité d’exécution du projet tel qu’initialement prévu étant donc dépendante de la décision finale de ceux-ci.
Durant ces négociations, pour éviter de se retrouver au dépourvu dans le cas d’une réponse négative de la mairie de Hauteluce, la Régie des Saisies a envisagé une variante au premier projet, en concertation avec Labellemontagne et les élus crest-volantins.
Au début 2011, on se retrouva donc avec deux solutions : si accord il y a, le projet initial serait réalisé, et les appareils du Covetan et du Nant Rouge seraient remplacés par un télésiège 6 places débrayable, tandis que le tracé du côté des Bâches serait doté d’un télésiège fixe 4 places. Mais en cas de désaccord, le Covetan se verrait remplacer en lieu et place par un télésiège à pinces fixes 4 places, le même sort réservant les deux tire-fesses de Crest-Voland.
A la fin de l’hiver 2011, la nouvelle tombe : suite au rejet de Hauteluce de donner suite à la demande de la mairie bellecombaise, cette dernière aurait purement et simplement refusé toute construction d’un téléporté sur ses terrains situés sur les pentes ouest du Chard du Beurre.
La deuxième version du projet sera donc mise en œuvre, à ceci près que, la Régie des Saisies ayant décidé de revoir sa politique d’investissements en matière de remontées mécaniques, au lieu d’un fixe 4 places, le vieux Covetan sera remplacé par un télésiège débrayable 6 places. Quant au versant des Bâches, les moyens financiers limités de la station entraîneront la création d’un télésiège fixe 4 places pendulaire afin d’éviter de construire deux appareils, ce qui impliquera toutefois la disparition du mur des Bâches. A noter qu’après quelques péripéties administratives, le nouveau télésiège des Bâches / Nant Rouge ne pourra néanmoins être réalisé qu’à l’été 2013.
Voici donc une vue aérienne du projet tel qu'il sera finalement réalisé :
La construction du nouveau débrayable du Covetan est donc actée pour l’été 2011, le démontage du vieil appareil opérant en juin et le reste du chantier à partir de la fin de la saison estivale. La station souhaite en effet perturber le moins possible l’accès à la montagne du Chard du Beurre, très prisée pour ses descentes en VTT et ses chemins de randonnée. Quant à la nouvelle piste bleue prévue, suite là aussi à des retards administratifs, seul le déboisement du tracé aura lieu en 2011, pour un achèvement des travaux à l’automne 2012, celui-ci voyant donc la fin de la première tranche de la modernisation de la liaison entre Crest-Voland/Cohennoz et Les Saisies.
IV- Le télésiège du Covetan, nouvelle version
Après plusieurs mois de chantier, que vous pouvez revivre en intégralité en suivant ce lien, le télésiège à pinces débrayables 6 places du Covetan ouvre ses portes au public comme prévu en décembre 2011. Rapide, confortable, ce téléporté signé Leitner, constructeur qui au passage réalise ici sa première remontée mécanique sur l'Espace Diamant, n’a rien à envier à son prédécesseur tant il facilite les rotations sur la superbe piste des Sangliers et sur la nouvelle bleue de la Chapelle ouverte en 2012 ainsi que les retours sur Les Saisies depuis Crest-Voland/Cohennoz.
On peut même dire que ce remplacement en lieu en place confère une meilleure configuration au secteur par rapport au projet initial, car il évite notamment aux pistes desservies d’emprunter le long plat au bord du torrent du Nant Rouge jusqu’au bas des anciens téléskis.
Enfin, concernant le débit du Covetan nouvelle version, qui s'élève pour le moment à 2100 personnes/heure, il est suffisant et permet d'absorber en quelques petites minutes l'attente qui peut se former en aval, notamment l'après-midi et en fin de journée lors des retours Espace Diamant, et de manière plus générale du fait de la fréquentation assez élevée des pistes desservies.
Au sommet du télésiège du Covetan, on retrouve donc :
-la rouge des Sangliers : il s’agit surement de la piste la plus connue et la plus prisée des Saisies, tant pour sa technicité que pour sa vue imprenable sur le Mont Charvin, sa bonne exposition ouest garantissant à ses virages successifs et ses multiples murs une neige de qualité tout au long de la saison. A noter qu’elle passe au-dessus de la route départementale D218B avant l’entame du schuss final.
-la bleue de La Chapelle : créée spécialement dans le cadre de la rénovation du Covetan, cette piste rend accessible ce secteur au plus grand nombre, et notamment aux familles, grâce à son tracé face aux différentes montagnes du Beaufortain et des Aravis (Bisanne, Mirantin, Grand Mont, Mont Charvin pour ne citer qu’eux) et à son alternance de parties vallonnées et tronçons à l’inclinaison plus prononcée en forêt. Elle enjambe également la route départementale D218B via un pont skieur avant de passer sous la D71A grâce à un tunnel - dont la construction avait au passage nécessité la fermeture de la route durant quelques jours fin octobre 2012. Cette piste est équipée en canons à neige depuis la saison 2014/2015.
-la bleue du Tétras : piste contrastée par un début pentu en forêt et une fin plate sur le plateau du Bénéton, il s’agit avant tout d’un des accès principaux au secteur de la Légette et à la liaison Espace Diamant via la bleue des Trolliers et la Combe de Douce depuis le sommet du Chard du Beurre
-la bleue du Renard : principalement desservie par le téléski du Chard du Beurre, cette piste est le retour station par excellence depuis le sommet éponyme
Côté freeride, bien que les nombreuses barres rocheuses du secteur ne se prêtent pas trop à la discipline, le télésiège du Covetan dessert également un des principaux itinéraires hors-pistes de la station des Saisies sous la partie amont de sa ligne, ainsi que quelques autres situés dans les bois accessibles depuis les pistes des Sangliers ou de La Chapelle.
En bref, le télésiège du Covetan marque une première phase de modernisation réussie de la liaison historique entre Crest-Voland/Cohennoz et Les Saisies, tant par ses caractéristiques apportant vitesse, confort et sécurité, que par le ski propre desservi.
V- Situations
Sur le plan des pistes de l’Espace Diamant :
En zoom :
VI- Caractéristiques de l’appareil
- Caractéristiques administratives
TSD-Télésiège à attache débrayable : Covetan
Maître d’ouvrage / Exploitant : Régie des remontées mécaniques des Saisies
Maître d’œuvre : CNA
Terrassement : Sibille TP
Installation électrique : SEMER
Constructeur : Leitner
Année de construction : 2011
Montant de l’investissement : 6,9 M€
Caractéristiques d’exploitation
Saison d'exploitation : Hiver
Capacité : 6 personnes
Débit à la montée : 2100 personnes/heure
Débit à terme : 2600 personnes/heure
Vitesse d'exploitation : 5,50 m/s
Équipement d’aide à l’embarquement : Non
Caractéristiques géométriques
Altitude aval : 1534 m
Altitude amont : 1891 m
Dénivelée : 357 m
Longueur développée : 1496 m
Longueur horizontale : 1465 m
Pente maximale : 68 %
Pente moyenne : 24,37 %
Temps de trajet : 4 min 32 sec
Caractéristiques techniques
Type de gare :
Emplacement motrice : Amont
Type de motorisation :
Puissance développée : 630 kW
Emplacement tension : Aval
Type de tension : Hydraulique
Nombre de pylônes : 14
Fournisseur du câble : ArcelorMittal
Diamètre du câble : 46 mm
Type de véhicules : LPA6 OCCA
Nombre de véhicules : 53
Dispositif d’accouplement : LPA-M
Sens de montée : Gauche
Largeur de la voie :
Type d'embarquement: Tangentiel
VII- Photos
Elles ont été majoritairement prises le 18 février 2015. Certaines datent de février 2012.
La gare aval
La gare aval du télésiège du Covetan est implantée à 1534 mètres d'altitude, en bordure de la route départementale D71A, elle-même surplombant le torrent du Nant Rouge. Pour les vacanciers de toute saison des Saisies, il s'agit typiquement de la première gare de remontée mécanique des Saisies que l'on aperçoit en venant des Gorges de l'Arly et de Crest-Voland. C'est ici qu'est effectuée la tension de cette installation reprenant le schéma de couleur noir adopté par la Régie des Saisies pour ses appareils débrayables.
Du fait de la place limitée en aval causée par la présence de la route, l'embarquement des skieurs se fait perpendiculairement à la ligne.
Approche depuis l'arrivée du télésiège du Nant Rouge :
La zone d'embarquement :
Les caractéristiques de l'appareil inscrites sur le pilier arrière béton de la gare :
C'est parti !
La ligne
Le télésiège du Covetan possède une ligne plutôt accidentée. Après avoir quitté la gare aval, elle survole la piste des Sangliers au niveau d'une clairière jusqu'à croiser la route départementale D218B entre les pylônes 10 et 11. De là, la ligne quitte la piste rouge pour entamer une première montée assez forte dans une portion en dévers tout en entrant dans la forêt du Covetan, qui a donné son nom à l'appareil. Le pylône 6 vient redonner au câble une inclinaison proche de l'horizontal jusqu'au 3ème ouvrage qui permet à la ligne d'imprimer la montée finale jusqu'au sommet du Chard du Beurre, où se situe l'arrivée de l'installation.
La ligne dans son intégralité :
P14, compression en sortie de gare aval :
P13 :
P12 et la fin de la rouge des Sangliers sur la gauche :
De plus près :
P11 :
P10, support/compression, et le pont skieur des Sangliers qui passe au-dessus de la route départementale D218B :
P9, au pied de la piste des Sangliers :
Survol des Sangliers et aperçu de la première difficulté de la ligne :
P8, deuxième compression de la ligne :
P7, construit sur une pente en dévers :
Portée jusque pylône 6, exposée nord et donc souvent dans l'ombre :
P6 :
P5 :
P4, et vue sur la fin de la ligne :
La fin de la ligne :
P3, troisième et dernier compression, entamant la montée finale jusqu'au sommet du Chard du Beurre :
Au passage, on aperçoit le télésiège du Chard du Beurre entre les sapins sur la droite.
Dans la portée finale :
Les deux derniers pylônes, de type support. Remarquez les protections thermiques et le remblai technique pour l'assise de la gare amont :
Zoom sur les têtes des pylônes 1 et 2, et l'arrivée du télésiège du Chard du Beurre sur la droite :
Les deux derniers pylônes une fois débarqué, avec l'intégralité de la ligne et le Charvin en toile de fond :
La gare amont
Située à 1891 mètres d'altitude, elle est construite sur une avancée matérialisée par un remblai technique, ce en raison du manque de place au sommet du Chard du Beurre, du fait notamment de la présence de l'arrivée du télésiège éponyme à proximité.
Il s'agit de la gare assurant la motorisation de l'appareil. Elle reprend également le schéma de couleur noir des appareils débrayables de la station.
Arrivée en gare amont :
De devant, avec le chalet technique à droite :
Vue des trois-quarts :
De côté :
En s'éloignant un peu :
Et depuis la piste des Sangliers avec les deux derniers pylônes :
Les sièges
Le télésiège du Covetan dispose de 53 sièges LPA6 OCCA fournis par Leitner. Pour plus de sécurité et de confort, les dossiers ont été relevés et les garde-corps munis d'un système de verrouillage semi-automatique enclenché après leur abaissement en sortie de gare aval et leur permettant de se relever d'eux-mêmes en gare amont. Un dispositif anti sous-marinage a également été installé à chaque place.
L'appareil est enfin doté d'un véhicule de service stocké sur un rail en gare aval.
En gare aval :
En ligne :
Détail de l'arrière du siège, on y remarque le câblage pour la fermeture semi-automatique du garde-corps ainsi que le levier de déverrouillage manuel :
Le véhicule de service :
La pince
Leitner a équipé chaque siège de pinces LPA-M assurant la fonction débrayable de l'installation.
Vue sur une pince :
On remarque le dispositif de galet à gauche de la suspente pour le relevage des garde-corps en gare amont.
Pour finir, je vous invite à aller voir la vidéo de l'intégralité de la ligne faite par DarkHunt lors de la saison 2011/2012 :
Voilà pour ce reportage !
Je tiens à remercier Rodo_Af et Guillaume69 pour leurs super photos, sans lesquelles ce reportage ne pourrait exister.
Bonne soirée !