La construction de la télécabine du Pontillas est désormais officielle à Serre Chevalier Vallée. Les travaux préliminaires au chantier de la remontée ont été effectués cet automne, ce qui justifie l’ouverture de ce sujet.
Serre Chevalier Vallée
La station de Serre Chevalier Vallée est située dans les Hautes-Alpes, à environ 3h30 de route de Marseille et de Lyon.
Implantée dans la vallée de la Guisane, affluent de la Durance prenant sa source au Col du Lautaret, Serre Chevalier Vallée se compose de 3 ensembles de villages, Chantemerle, Villeneuve et Le Monêtier-les-Bains, et d’une ville, Briançon. Le domaine s’étend sur 250 kilomètres de pistes tous niveaux. Celles-ci alternent murs en forêt, chemins avec vue imprenable sur la vallée de la Guisane et de la Durance et champs de bosses pour les skieurs les plus expérimentés.
Ces pistes sont desservies par 59 remontées mécaniques allant du tapis roulant à la nouvelle télécabine de Ratier. Le domaine compte d’ailleurs le premier DMC au monde, celui du Pontillas. Les remontées mécaniques de Serre Chevalier Vallée sont composées de 7 tapis et télécordes, de 25 téléskis, de 8 télésièges à pinces fixes, de 11 télésièges à pinces débrayables, de 5 télécabines, d’un DMC et d'un téléphérique.
L’histoire de Serre Chevalier Vallée a commencé en 1941 avec l’inauguration du premier téléphérique, reprenant le nom du sommet qu’il atteint : le Serre Chevalier. Ensuite, le développement de la liaison avec Villeneuve et des secteurs de l’Aravet, du Prorel et des combes au-dessus de Serre Ratier s’est accéléré jusqu’à l’incendie du téléphérique en 1983. En cette année, la décision est prise d’ouvrir la liaison avec Le Monêtier-les-Bains avec l’installation de plus de 12 remontées mécaniques ! De plus, un nouveau téléphérique est construit sur le tracé de l’ancien. Celui-ci réutilise beaucoup d’éléments du premier appareil. 1983 restera l’une des dates importantes dans la création de Serre Chevalier.
En 1989, le domaine de Briançon est créé avec l’installation de 9 remontées mécaniques dont le fameux télésiège de Puy Chalvin (qui n’a pas fait une saison et qui a été revendu par la suite). Depuis 2004, la station est gérée par la Compagnie Des Alpes (CDA) qui renouvelle progressivement le parc de remontées mécaniques de Serre Chevalier, la plupart des appareils datant des années 80. Les investissements se poursuivent et la station réaménage tous les secteurs du domaine afin d’optimiser encore les liaisons.
Villeneuve depuis le télésiège de la Casse du Bœuf.
Contexte du projet
La Compagnie des Alpes a, depuis son arrivée à la tête de la station en 2004, investi plus de 100 millions d’euros sur le domaine skiable. Ce montant regroupe l’ensemble des chantiers, que ce soient les remontées mécaniques, les pistes, la neige artificielle, les engins de damage ou encore les infrastructures d’accueil. Au niveau des appareils, depuis 2004, ce sont 7 télésièges débrayables six places, 1 télécabine, 3 télésièges fixes quatre places (dont 1 réimplantation) et 2 téléskis qui ont été construits. Ces investissements étaient nécessaires dans le but de simplifier les liaisons sur le domaine skiable mais aussi pour rationaliser le domaine. Cela s’est fait au prix du sacrifice de certaines parties du domaine, à l’image du sommet de Clôt Gauthier, le bas du plateau de Briançon, la Balme ainsi que plusieurs pistes plus isolées.
Après avoir modernisé le plateau de la Rouge, Clôt Gauthier et drastiquement amélioré la liaison de Monêtier vers Chantemerle, la CDA et SCV se sont penchés sur le réaménagement du plateau de Fréjus. L’enjeu est de supprimer un certain nombre d’appareils vieux et coûteux en entretien avec, en particulier, la télécabine de Fréjus, âgée aujourd’hui de 55 ans, ainsi que le DMC du Pontillas. Depuis la réalisation du télésiège de Côte Chevalier et la suppression du télésiège de Fréjus, le DMC ne mène plus qu’à un cul-de-sac. Le seul moyen de rejoindre le domaine d’altitude et de redescendre au télésiège de la Casse du Bœuf ou à la télécabine de Fréjus. Plus haut, le secteur des Barres / Méa est composé de 5 téléskis des années 60 à 80 dont 3 comportent des virages. Ces équipements sont désuets pour les débutants et doivent être modernisés. Le projet actuel consiste à remplacer les deux gros porteurs et à remodeler la zone d’arrivée de la future télécabine pour faire un espace débutants le plus adapté possible aux attentes des skieurs d’aujourd’hui.
La télécabine de Fréjus est un appareil Poma de 1968 qui a été construit à l’époque du grand développement de Serre Chevalier. Elle donne un accès direct à un plateau d’altitude, protégé par la végétation, avec des pistes pour tous les niveaux. Les débutants peuvent s’entraîner sur les agréables tracés des Barres et de Chaméant tandis que les bons skieurs vont préférer les pentes de Clôt Gauthier, du téléski du Pré du Bois ou encore du Malparti. La télécabine en elle-même était classique des années 60-70 : les gares étaient abritées dans de grands bâtiments en tôle avec une chaîne cinématique au niveau du sol. Les cabines, les mythiques œufs avec les pinces S, arboraient une couleur bleue à l’origine avant d’être repeints en jaune orangé. Le type de pinces à l’époque ne permettait pas de laisser les véhicules en ligne hors exploitation et ainsi, les cabines étaient rangées tous les soirs dans le garage partagé entre les deux gares. Le contour est gravitaire ainsi que les lanceurs et ralentisseurs. La tension du câble se faisait par un contrepoids placé à l’intérieur du dernier pylône.
Cliquez sur la bannière pour en apprendre davantage sur cette télécabine :

Le DMC du Pontillas, appareil pionnier issu d’une collaboration entre Denis Creissels et Poma, était quant à lui une seconde porte d’entrée sur le secteur de Fréjus. A l’origine, il était prévu que l’installation soit en deux tronçons avec une gare intermédiaire à l’actuelle arrivée. Le projet n’a jamais vu le jour et le DMC est resté relativement peu fréquenté depuis. Il servait essentiellement aux skieurs à la journée qui profitaient du grand parking en aval ainsi qu’aux personnes qui séjournent dans les résidences de tourisme à proximité.
Pour consulter le reportage sur cette installation, cliquez sur la bannière :

Présentation de la future télécabine du Pontillas
La nouvelle installation a donc des objectifs très variés au sein du domaine skiable : elle doit permettre d’accéder au haut du plateau de Fréjus depuis Villeneuve, servir d’ascenseur vers le futur espace débutants d’altitude tout en assurant les liaisons vers Chantemerle et Monêtier de façon efficace.
Cependant, de très nombreuses contraintes ont rendu le choix du tracé difficile et avec très peu de marge de manœuvre : à la suite des crues du torrent du Bez dans les années 90, le site actuel du départ de la télécabine de Fréjus est inconstructible, ce qui empêche toute implantation de la gare aval à cet endroit. Reprendre le tracé de l’appareil est donc impossible. Un funitel débrayable ou un téléphérique type 2S ou 3S aurait été impossible financièrement pour l’exploitant ce qui a imposé de choisir un appareil monocâble, en l’occurrence une télécabine. Ainsi, les hauteurs de survol sont réglementées, ce qui ne permettait pas de survoler le télésiège de Côte Chevalier ainsi que des barres rocheuses de façon sécuritaire. Enfin, des contraintes géotechniques ont empêché le choix d’autres tracés, ce qui a contraint SCV à faire installer sa télécabine entre le départ actuel du DMC et les environs du départ du téléski de Méa.
Les contours du futur espace débutants sont encore un peu flous : il est projeté une modification du téléski de Méa ainsi que la construction d’un téléski à enrouleurs à l’arrivée de la télécabine.
Illustration sur un plan des pistes (en orange les appareils démontés ou modifiés et en rouge la nouvelle télécabine) :


Sur une vue aérienne du domaine, le projet prend cette forme :

La légende est la suivante :
- A : TCD10 du Pontillas (à bâtir)
- B : TCD4 de Fréjus (à démonter)
- C : DMC du Pontillas (à démonter)
- D : téléskis de Méa et du Clot (à modifier et démonter)
En violet les remontées non concernées (a priori pour les repères 7 et 8) par le chantier : 1, TSD4 de la Casse du Bœuf ; 2, TCD4 de l’Aravet ; 3, TSD6 de Côte Chevalier ; 4, TSD6 des Vallons ; 5, TSD6 de la Forêt ; 6, TSD6 de Clôt Gauthier ; 7, TKD des Barres ; 8, TKD des Crêtes ; 9, TSD4 de l’Orée du Bois ; 10, TKE1 de l’Alpage.
N.B. : L'arrivée de la télécabine sera plus basse qu'affichée sur les plans. La gare amont se trouvera à proximité des actuels départs des téléskis du Clot et de Méa.
De façon plus précise, la télécabine sera un appareil Poma issu de la gamme Multix. Il s’agira de la première installation fournie par le constructeur français à fonctionner à une vitesse maximale de 7 m/s. Ce choix de vitesse s’explique par la grande longueur du tracé (environ 3700 m) afin de proposer un temps de trajet acceptable pour les standards d’aujourd’hui. La gare aval sera retour tension et la gare amont hébergera un moteur Direct Drive pour mettre en mouvement le câble. Les cabines seront des véhicules de type EVOXLine d’une capacité de 10 personnes. Le tracé comportera 18 pylônes tubulaires avec plusieurs très longues portées et des pylônes dont certains seront très hauts (> 25 m). L’essentiel des balanciers sera constitué de gros supports (8, 10, 12S), de support-compressions (4 et 8SC). Les deux gares auront des bâtiments attenants : en aval, les caisses, le garage des cabines ainsi que des locaux de SCV seront construits au minimum. Le bâtiment en gare amont abritera essentiellement les quais.
Les premières esquisses sont visibles ici (modifiées depuis) : https://www.serreche...t&comment=21356
Recueil de caractéristiques
- Caractéristiques Administratives
TCD - Télésiège à pinces débrayables : PONTILLAS
Maître d’ouvrage : SCV Domaine Skiable
Maître d’œuvre : DCSA
Montage / génie civil : Comag
Exploitant : SCV Domaine Skiable
Constructeur : Poma
Année de construction : 2023
Montant de l’investissement : €
- Caractéristiques d’Exploitation
Saison d'exploitation : Hiver
Capacité : 10 personnes
Débit à la montée : 2800 personnes/heure
Débit à la descente : 2800 personnes/heure
Vitesse d'exploitation : 7 m/s
- Caractéristiques Géométriques
Altitude aval : env. 1390 m
Altitude amont : env. 2280 m
Dénivelé : env. 890 m
Longueur développée : env. 3680 m
Pente maximale : %
Pente moyenne : env. 24,2 %
Temps de trajet : env. 8 min 46 s
- Caractéristiques Techniques
Type de gare : Multix
Emplacement tension : Aval
Type de tension : Hydraulique
Emplacement motrice : Amont
Type de motorisation : Synchrone
Puissance développée : kW
Sens de montée :
Embarquement : De plein-pied
Nombre de pylônes : 18
Largeur de la voie : 6,6 m
Dispositif d’accouplement : Pinces LPA-XL (?)
Nombre de cabines : entre 82 et 90
Espacement : 90 m
- Caractéristiques du Câble
Constructeur :
Diamètre du câble :
Type d’âme :
Composition :
Année de pose :
Revêtement :
Etat des lieux le 17 janvier 2023
A ce jour, le défrichement de la partie aval du tracé a été effectué. De plus, les piquetages ont été réalisés pour l’ensemble de la ligne.
Photos des premiers mètres de la ligne – 29 octobre 2022
Le piquet de la G1 (tension).
Le futur P1.
Le piquet du P2.
Les deux piquets du P3.
Le layon déboisé en partie.
Sans le trait rouge.
Layon depuis la piste du Bez – 18 décembre 2022
A proximité du P3 du DMC, vue vers l’amont.
Vers l’aval.
La photo est prise depuis le tracé. Ici le P3 du DMC.
Jusqu’à la gare aval. On devine le départ du DMC.
Les deux avis en délibéré de la MRAe :
- https://www.mrae.dev...021appaca35.pdf
- https://www.mrae.dev...021appaca43.pdf
Le chantier sera à suivre sur le site
