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 TCD8 Expo 2000 I & II

Hanovre

Leitner

T2 HS
Description rapide :
Télécabine en 2 tronçons qui desservait l'Expo 2000.

Options techniques :
  • Motrice enterrée
Année de construction : 1999
Année de fin de service en : 2000

Réimplanté comme : Suivre la discussion sur le forum



 
Auteur de ce reportage : monchu
Section écrite le 23/10/2018 et mise à jour le 25/01/2019
(Mise en cache le 25/01/2019)

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En 2000, la ville allemande de Hanovre accueillait l’Exposition Universelle du millénaire. Comme souvent dans ce genre de manifestation, une télécabine desservait le champ de foire, pour offrir une vue panoramique sur les pavillons et permettre aux visiteurs de se rendre d’une entrée à l’autre sans effort. A partir de documents d’époque, voici un reportage sur cette télécabine qui n’a été exploitée que 6 mois, mais qui continue encore à fonctionner en Allemagne et en Autriche après une réimplantation réussie.



1. Hanovre et ses foires


Capitale du Land de Basse-Saxe, Hanovre est avec ses 500 000 habitants l’un des principaux centres industriels du nord de l’Allemagne. La ville a été presque entièrement reconstruite après 1945, autour de nombreux plans d’eau des rives de la Leine et du Mittellandkanal.

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Le Nouvel Hôtel de Ville.


La ville dispose du plus grand parc d’expositions au monde, sur une surface de près de 500 000 m². Il accueille de nombreux congrès et foires chaque année, dont la Foire de Hanovre, le plus grand salon mondial de la technologie industrielle qui attire environ 225 000 visiteurs chaque année.

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Le parc des expositions à l'occasion de la foire de Hanovre en 1975 .


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Le parc des expositions de nos jours.



2. L’Expo 2000 et ses télécabines


La ville de Hanovre, située à l'époque en Allemagne de l’Ouest, fut choisie le 14 juin 1990 pour organiser l’Exposition Universelle de l’an 2000. Les travaux d'aménagement d’un parc de 160 hectares commencèrent en 1996. Le site était divisé en deux parties séparées par une autoroute. Pour relier les différentes entrées entre elles et offrir une vue panoramique sur le site et les différents pavillons, une télécabine en 2 tronçons fut construite. Elle reliait les entrées nord-ouest et sud à une gare intermédiaire centrale sur l’Expo Plaza, cœur de l'exposition et principal accès aux transports en commun.

Le marché pour la construction et l'exploitation des télécabines fut attribué à Leitner, qui avait construit les télécabines des précédentes expositions de Séville en 1992 et de Daejon en 1993. Le chantier de Hanovre débuta dès 1999, afin que les télécabines soient prêtes avant la construction des pavillons que les lignes devaient survoler.

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Le site de l'Exposition Universelle, divisé en 2 parties nord-ouest et est, reliées par les télécabines en violet, se rejoignant à l’Expo Plaza.


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Au début de l'an 2000, la ligne est déjà tirée, alors que les chantiers de construction des pavillons sont encore peu avancés.


Techniquement, il s'agissait de deux appareils identiques et indépendants, avec débarquement obligatoire en gare intermédiaire de l’Expo Plaza. Les gares extrêmes étaient retour tension, et la gare centrale motrice fixe souterraine.


3. Caractéristiques techniques


Voici les caractéristiques techniques des deux lignes :

    Caractéristiques administratives

    Télécabines Expo 2000 I et II
    Exploitant : Leitner
    Constructeur : Leitner
    Année de construction : 1999
    Année de démontage : 2000

    Caractéristiques d’exploitation

    Saison d'exploitation : été
    Capacité : 8 personnes
    Débit maximum théorique : 1910 personnes/heure
    Vitesse d'exploitation maximale : 5 m/s
    Temps de trajet minimum : 5 min 48 s (section I) - 2 min 28 s (section II)
    Sens de fonctionnement : gauche

    Caractéristiques géométriques

    Altitude motrice : 97 m
    Altitude retour : 70 m
    Dénivelée : 27 m
    Longueur développée : 1750 m (section I) - 861 m (section II)
    Pente moyenne : < 1 %

    Caractéristiques techniques

    Emplacement motrices : gare Expo Plaza
    Type de motorisation : moteur à courant continu
    Diamètre poulies motrices : 4,80 m
    Puissance développée : 473 kW (section I) - 295 kW (section II)
    Puissance au démarrage : 650 kW (section I) - 386 kW (section II)
    Puissance de freinage : 499 kW (section I) - 321 kW (section II)
    Emplacement tension : gares nord-ouest et sud
    Diamètre poulies retour : 5,30 m
    Dispositif d’accouplement : Pince LA-612
    Nombre de véhicules : 48 + 1 (section I) – 84 + 1 (section II)
    Distance entre véhicules : 48 m
    Intervalle : 9,6 s
    Largeur de voie : 5,50 m
    Diamètre du câble tracteur : 46 mm
    Nombre de pylônes : 12 (section I) - 8 (section II)



4. Voyage sur les deux lignes


Voici un voyage sur les lignes d'origine, du sud au nord-ouest en passant par l'Expo Plaza.

La gare sud

Comme pour toutes les gares de l'exposition, la mécanique était apparente, sans la couverture composite habituellement utilisé par Leitner. La gare était protégée des intempéries par une structure provisoire constitué d'une toile tendue. Comme la gare nord-ouest, la gare sud était retour tension. Compte tenu du caractère temporaire de l'installation, il n’y avait pas de garage. Les cabines n'étaient jamais décyclées, mais quelques-unes pouvaient en cas de besoin être retirées sur une courte voie de service, grâce à un rail amovible qui venait se raccorder au contour par le dessus.

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Schéma de la gare, avec la voie de service à l'arrière et le rail amovible sur le dessus.


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Gare abritée sous une toile tendue.


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A l'arrière, l'espace vert du Parc de l’Expo.


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Poulie retour et vérin de tension.



La ligne sud

La section de l'entrée sud à l’Expo Plaza était certes la plus courte, mais elle qui offrait les vues les plus spectaculaires, car elle longeait en grande partie une large artère piétonne baptisée Avenue de l'Europe, alors que l'autre ligne survolait surtout les hangars des pavillons et des halls d'exposition.

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La ligne s'élevait rapidement pour survoler les principaux pavillons. A droite, la grande allée des Jardins en Evolution.


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La hauteur de survol avoisinait les 50 mètres, la ligne était soutenue par des pylônes tripodes.


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Image insolite au passage du pavillon des Emirats Arabes Unis.


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Survol du pavillon de l'Irlande.


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Survol du pavillon de l'Espagne puis de la Belgique avec la structure métallique blanche.


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Demi-tour pour voir en enfilade toute la ligne et le pavillon de la Belgique.


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La ligne passe au-dessus de l'avenue de l'Europe.


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Les pavillons de la Belgique et de la Suède.


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Le pavillon de la Suède.


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L'étrange pavillon des Pays-Bas pendant les travaux.


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Il comprenait notamment un étage de verdure et une véritable serre horticole.


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De nuit…


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Juste après le pavillon des Pays-Bas, la ligne atteignait la gare de l’Expo Plaza sur la gauche.


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La hauteur de survol n'était plus que d'une quinzaine de mètres.



La gare Expo Plaza

Les 2 télécabines se rejoignaient dans la gare dite de l'Expo Plaza, du nom du cœur névralgique de l'exposition universelle, à proximité de la principale station de tramways et du seul pont permettant de relier les secteurs d'exposition sud et nord-ouest, séparés par l’autoroute. Pour gagner de la place au sol, les télécabines avaient été placées à environ 15 mètres de hauteur, au dernier étage d'un bâtiment, où se tenait également une exposition sur le thème de la montagne, mise en scène par l’alpiniste Reinhold Messner.

Les 2 tronçons n'étaient pas reliés. Les visiteurs qui souhaitaient enchaîner avec le tronçon suivant devaient descendre de cabine, puis repasser les bornes de contrôle des billets, de l'entreprise autrichienne Team Axess. Les 2 gares étaient motrice fixe, avec un entrainement souterrain placé à l'étage inférieur.

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Schéma d'implantation de la gare avec les flux de visiteurs.


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Gare implantée en hauteur.


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Les 2 tronçons se rejoignaient derrière le pavillon des Pays-Bas.


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La gare vue du tronçon nord-ouest.


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La mécanique apparente était protégée par une toile tendue.


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Juste à côté de la gare, le pavillon de la France.


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Les lanceurs et les ralentisseurs n’étaient pas protégés par la toile.


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L'arbre lent incliné


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Lanceur et ralentisseur de la section sud.


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Lanceur et ralentisseur de la section nord-ouest.


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Contour de la section sud.


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Contour de la section nord-ouest.



La ligne nord-ouest

La plus longue section de 1752 mètres reliait l’Expo Plaza à l'entrée nord-ouest, où se trouvait une autre série de pavillons nationaux. Entre les deux, la ligne survolait une vingtaine de halls d'exposition sur les 3 thèmes de l'Expo 2000 : l'homme, la nature, la technique. D'une architecture moins soignée que les pavillons nationaux, ils formaient un ensemble compact de bâtiments qui rendait le voyage en télécabine moins attractif que sur la ligne sud.

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En sortie de gare, un pylône tripode à double-tête.


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Vue vers l'arrière, la ligne passait au-dessus du pont de l'Exponale qui permettait de relier les 2 secteurs et de franchir l'autoroute.


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Toujours vers l'arrière, la ligne pénètrait dans le secteur nord-ouest entre les bâtiments consacrés à l'homme à gauche et à la Planet of Visions à droite.


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Le grand escalier après le pont.


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L'allée des Arbres Unis.


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Long passage au-dessus des halls d'exposition thématiques.


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Passage au-dessus du pavillon du Mexique et descente vers la gare nord-ouest.



La gare nord-ouest

La gare nord-ouest était identique à la gare sud. Simple station retour tension sans couverture composite, elle était abritée sous une tente toile tendue. A l'arrière, un rail permettait de décycler quelques cabines. Autour de la station se trouvait une autre série de pavillons nationaux, ainsi que plusieurs parkings pour autobus.

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Schéma de la gare et de la fin de la ligne avec une hauteur de survol d'une trentaine de mètres.


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Coupe de la gare avec le rail de service à l'arrière du contour.


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La gare était abritée sous une toile tendue.


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Lanceur et ralentisseur avec une couverture basse sommaire. A l'arrière le pavillon du Venezuela sous le dôme fermé.


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La gare avec le pavillon du Venezuela, dôme ouvert.


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Station retour tension.


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A l'arrière, le rail de stockage perpendiculaire à la ligne.



4. Des cabines emblématiques


Les cabines du type "la Perla" fournies par Fibercar à Piacenza (Italie), cabinier historique pour Leitner, avaient un vitrage panoramique et une livrée jaune aux couleurs de la Poste Allemande, qui sponsorisait l'appareil et marquait sa présence sur l’Expo avec une tour géante appelée la Postbox ou boîte aux lettres. Les pinces débrayables utilisées étaient les LA-612 (Leitner Automatic). Les 2 tronçons assuraient chacun un débit de 3000 personnes par heure et par sens à la vitesse de 5 m/s.

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Le chapelet de cabines jaunes au-dessus des toits reste une des images marquantes de cette exposition.


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Les cabines lors de leur première mise en ligne.


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Certaines ont reçu ultérieurement un marquage au nom de la poste allemande, comme la cabine au troisième plan.


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Les cabines jaunes devant la Postbox.



5. Après l’Expo : de Hanovre à Fieberbrunn et au Belchen


Les deux télécabines ont fonctionné sans interruption du 1er juin au 31 octobre 2000, à l'exception de deux journées de juin 2000, où l’exploitation a été interrompue totalement en raison des rafales de vent, amplifiées par endroits par la forme des toits qui généraient de fortes turbulences autour des cabines. Même si globalement l’Exposition Universelle a été un échec commercial avec seulement 17 millions de visiteurs au lieu de 40 millions attendus, la fréquentation des télécabines a été très élevée. Près de 8,8 millions de passages ont été enregistrés, soit près d’un visiteur sur deux, malgré un supplément à acquitter de 5 marks (2,50 euros). Les télécabines ont généré un chiffre d'affaires de 44 millions de marks (22 millions d'euros) et contribué à l'image positive de l’Expo 2000. La ville de Saragosse tenta de reproduire la même recette pour l'exposition universelle de 2008, en confiant à Leitner la construction d'une télécabine et à Reinhold Messner la réalisation d'une exposition sur la montagne dans les gares.

Contrairement à d'autres expositions passées comme Séville ou futures comme Saragosse, l'avenir de cette de télécabine avait été prévu avant la fin de l’Expo 2000. Dès la construction, il était acté de réimplanter le tronçon le plus court en Forêt Noire, au Belchen, pour concrétiser le projet de 1996 de remplacer un téléski et de fermer au trafic la route d'accès au sommet. Puis la station autrichienne de Fieberbrunn annonça mi-octobre 2000 qu'elle se portait acquéreur du tronçon le plus long, pour un montant de 6,7 millions de marks (3,4 millions d’euros). Elle pouvait ainsi à moindre cout remplacer le téléski à enrouleurs de Doischberg et préparer la future liaison avec le domaine voisin de Saalbach-Hinterglemm. La station communiqua largement sur cet achat en postant des photos de skieurs autrichiens embarquant dans la télécabine à Hanovre.

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L'office de tourisme de Fieberbrunn envoya ses équipes poser avec des skis dans la zone d'embarquement de la télécabine sud en octobre 2000, avant le démontage.


Les opérations de démontage ont commencé en novembre 2000 et ont duré 4 semaines. L'ensemble du matériel est reparti dans l'usine de Leitner à Sterzing, sauf les cabines qui ont été envoyées pour révision chez Sigma. Depuis la construction de la télécabine, Poma avait rejoint le groupe de Michael Seeber, et Leitner pouvait ainsi se passer de son cabinier historique.

A Sterzing, le tronçon le plus court, destiné au Belchen, a été révisé et adapté pour doter les gares d'une couverture composite et modifier profondément l'entraînement. Le nouvel exploitant ne souhaitait pas un treuil souterrain, qui a donc été placé en hauteur dans la gare. Le tronçon le plus long, destiné à Fieberbrunn, a également été modifié, en particulier les automates ont été remplacés par un modèle aux normes autrichiennes, la conformité CE n’existant pas à l’époque. La partie haute de tous les pylônes a également été réimplantée sur les deux nouvelles télécabines, tandis que la partie basse des pylônes tripodes a été réemployée pour construire une halle de l'usine Prinoth de Sterzing.



Remerciements

Les photos de ces installations ont été prises par les personnes ou institutions suivantes, que nous remercions chaleureusement :
- Falko Haase, pour son site www.elchontour.de,
- Jürgen Reichmann, pour son site www.juergen-reichmann.de,
- Jürgen Goetzke, pour le site www.railfaneurope.net,
- Reinhard Luszcz, pour son site www.luszcz.de,
- Aménagement & Montagne, dont le numéro 161 a été archivé et scanné par Guillaume Attard,
- Leitner.

Remerciements appuyés au musée de l’Expo 2000, dont le site www.exposeeum.de rassemble de nombreuses photos et informations intéressantes.


Pour aller plus loin

Les reportages consacrés aux télécabines réimplantées sont disponibles sur notre site :

Pour le Belchen (Allemagne) : TCD8 Belchenbahn
Pour Fieberbrunn (Autriche) : TCD8 Doischbergbahn


Vidéo de la télécabine

De nombreuses vidéos amateurs ont immortalisé l'exposition universelle. Parmi celles-ci la vidéo suivante montre un voyage complet sur la ligne nord-ouest :

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